Bienvenue au mariage de l'amour et de la haine.

candice

Alors ça, je m’y attendais pas. Mais alors pas du tout. Enfin, peut-être un peu. Tu m’as retourné le cerveau, et ça aussi j’suis sûre que c’était une volonté de ta part. Prendre mon coeur, le manier à ta guise et le lâcher ensuite comme une vieille chaussette en pauvre souvenir d’un temps révolu. Bah ouais, c’est malin mais il ne me reste que des souvenirs. T’as pas idée à quel point tu m’as déçu. A quel point tu m’as fait mal, à quel point tu me fais du mal. Parce que contrairement à ce que tu crois, je pense toujours à toi. T’as imprimé ton image, ta voix et ta présence dans mon coeur et dans ma tête. Avec tes belles paroles et ton sourire à la fois enfantin et terriblement tendre. Tes yeux rassurants. Le genre parfait quoi, le genre que n’importe quelle fille normalement constituée craquerait à coup sûr. Pas d’bol c’est tombé sur moi. La belle affaire... Du coup, je sais pas quoi penser. Je ne sais pas si j’dois me dire que t’es une personne rare, donc formidable, ou alors un formidable connard. Le mix des deux est peut-être pas si mal. Parce que les belles promesses, c’est facile. Comment aurais-je pu ne pas te croire ? Avec ta petite gueule et ton histoire, tu m’as piégée comme une pauvre conne et moi, j’avance plus. J’avance plus parce que j’y crois plus. J’y crois plus pour la simple et bonne raison que j’me dis que c’est pas possible, que sur Terre il ne peut pas exister une autre personne avec qui j’aurais une telle alchimie. De tels points communs ou une telle évidence. Mais à mon avis, l’évidence, elle t’est passée au dessus de la tête mon pauvre. Y a que moi qui l’ait ressentie. « On a été trop vite ». Ah bah ça, c’est clair. Peut-être que j’aurais du me méfier, finalement. Enfin bon, t’avais l’air si sincère que j’ai plongé naïvement. On a été trop vite ? Ouais, on a vécu en deux semaines ce que certains vivent en 6 mois. « Je veux pas te faire souffrir ». Ah ça fallait y penser avant. T’as pensé à moi ? A ce que je pouvais ressentir quand je t’ai ouvert mon coeur à ce point ? A ce que ça pouvait avoir comme conséquences , l’importance que tout ceci avait à mes yeux ? Tu le savais, et pourtant t’en avais rien à foutre. J’avais les yeux brillants du matin au soir, le regard rivé sur mon téléphone en espérant de tes nouvelles, qui ne venaient jamais... Pour la première fois en 21 ans j’avais senti mon coeur battre. Faire un bond bruyant dans ma poitrine comme si un nouvel organe essayait de sortir de mon corps. Comme si un nouvel organe venait de faire une brusque irruption sans que je m’y attende. Je savais pas ce que ça faisait. Cette sensation orgasmique et à la fois terriblement douloureuse. Je ne sais pas comment ça fait, la première fois qu’on sent battre son coeur pour une bonne raison. L’amour. Je ne sais pas si les bébés éprouvent cette sensation quand ils sentent leur coeur battre. Peut-être qu’eux aussi, ils la connaîtront quand ils tomberont amoureux... Pourvu juste qu’ils ne tombent pas sur des êtres aussi lâches que toi. Parce que même si j’te déteste de m’avoir fait ça, j’te vois partout. Y a un voile devant mes yeux, et c’est toi. J’me balade dans la rue, et j’te vois. Partout. Tout me ramène à toi. Pourquoi j’en sais rien, mais à mon avis, tes petites manipulations ont bien marché et je suis persuadée que c’est ce que tu voulais. Dans les moindres détails, tu es venu t’incruster, tu m’as fait espérer et au moment où tu commences à avoir les plus forts sentiments, au moment où tu comprends enfin la définition du mot « amour » , que tu sais dire pour quelle raison tu vis vraiment, y a plus personne. Un silence perpétuel et une absence, avec pour seule musique de fond, tes promesses en écho dans ma tête. Les promesses. Les promesses que j’ai crues, évidemment. C’était le but du jeu. J’en ai pas vraiment compris les règles mais bon, apparemment t’étais le seul arbitre. Et les actes, la sincérité , le respect, t’en fais quoi ? Non... y a plus personne quand il s’agit d’être sérieux cinq minutes. Même pas l’courage de dire un truc en face, histoire d’éclaircir une situation. La fuite. Ah bah ça m’connait, la fuite , puisque c’est ce que je fais depuis 6 mois. 6 mois que j’essaie de t’oublier mais que t’es toujours là, à me hanter plus ou moins. 6 mois que deux autres garçons bourrés de qualités me font les plus belles avances du monde pour essayer de me redonner goût à l’amour. Et moi je fais quoi, au lieu de craquer pour eux ? Je fuis. Je fuis, je ne donne pas de réponse. Je les ignore, je ne sais pas quoi leur dire. Un peu comme toi , en fait. T’as dû me transmettre un peu de toi parce que j’deviens comme toi. L’amour ne m’intéresse plus si c’est pas avec toi que je dois le vivre. Ils en ont des qualités pourtant, certainement plus que toi même. Alors tu vas me dire, pourquoi j’veux pas d’eux ? Parce qu’ils sont banals. Insignifiants. Ils ne sont pas Toi. Ils n’ont pas appris à mon coeur à battre, eux. Ils n’ont pas inscrit leur image en moi, ils ne m’ont pas regardée comme tu m’as regardée, ils ne m’ont pas écoutée comme tu m’as écoutée. Ils ne m’ont pas sorti de la merde comme tu l’as fait , même si c’était pour mieux m’y remettre après. Ta confiance, ton charme et ton être tout entier : ils ne l’ont pas. Personne n’est parfait ! Je ne dis pas que tu l’es mais pour moi, tu avais juste ce qu’il me fallait. Le même vécu que moi. Mes passions. Ma façon d’être. Cette faculté à me lire. A me comprendre sans avoir besoin de dire quoi que ce soit. J’ai été l’actrice temporaire de ton film malsain qui ne s’est que trop mal terminé. Y aura une suite, un jour ? Non, parce que je veux pas d’un remake tu vois. J’veux une vraie suite. Pas un feuilleton sans lendemain, un épisode mauvais, un épisode génial. Une vraie histoire qui fait du bien, pas encore des belles promesses et ton petit sourire à la con. J’y crois plus trop, en fait. Je sais que je fais bien de ne pas y croire, mais pourtant, malgré les efforts que je déploie pour essayer de t’oublier, je n’y arrive pas. Parce que même si les gens me disent que tu ne m’aimais pas pour me lâcher ainsi, j’en ai eu l’impression moi, d’être aimée. Tu as exercé ta magie noire sur moi, sur mon coeur , et maintenant, j’suis dans la merde parce que j’arrive pas à t’oublier. Même que si j’me concentre un peu en fermant les yeux, j’arrive à éprouver à nouveau les sensations de ta peau sur la mienne, de ces baisers qui ont failli me faire perdre la raison. T’es définitivement pas comme les autres , t’es un peu moi, au masculin. Je m’aime peut-être trop pour vouloir d’un gars qui me ressemble beaucoup, la bonne blague. T’façon, j’suis pas guérie de toi et c’est ce que tu voulais dans le fond. Fais pas l’innocent , sérieux. J’veux pas redonner mon coeur à un autre, parce que même si tu ne mérites pas le mien, je suis bien trop conne et je sais pertinemment que je serais prête à te l’offrir à nouveau si jamais tu ramenais ta belle petite gueule dans mon champ de vision. J’ai ma part de connerie et t’as ta part de responsabilité. Je suis naïve et idiote, et toi t’es trop con. T’es méchant. T’as pas de coeur, même si tu m’as fait croire le contraire. T’as pas de courage, t’es pas un homme, t’es un gamin. Je sais pas ce que je ferais si je te revoyais, disons demain par exemple. Tout ce que j’écris, je ne te le dirais jamais de toute manière. Et tu sais pourquoi ? Parce que derrière cette supposée haine, se cache encore, comme tu l’espérais, un amour qui n’arrive pas à s’éteindre malgré le temps qui passe et la rancune qui s’accumule. Le coup de foudre qu’on décrit au cinéma. C’est parfois vrai et j’ai pris la gifle de ma vie. Pauvre con. Je t’aime mais t’es pas foutu de le voir. Trouves-en une de fille qui t’écrira tout ça et qui ressentira ce que je ressens, et tu me la présentes. Tu t’en fous sûrement et j’suis sans doute pathétique, mais j’en ai rien à faire. Tu vaux pas mieux. J’aurais pas toujours mal, mais j’aurais toujours des regrets. Parce que si je me souviens encore de toi dans 30 ans, j’me dirais quand même qu’on a loupé le coche. Que j’ai loupé l’épisode principal et qu’on a arrêté tout, trop prématurément. J’ai pas eu le choix donc c’est surtout à toi que j’en veux, normal hein, c’est de bonne guerre. Je t’en veux comme je t’aime. T’es trop fort, t’as pas raté ton coup. Je t’en veux comme je t’aime, alors imagine un peu l’ampleur de ce que je ressens ... Moi je parle, et j’peux ouvrir ma gueule pour dire ce que j’ai besoin d’évacuer, mais si y en a un qui parle plus depuis que t’es parti, c’est bien mon coeur. Aussitôt déclenché, aussitôt éteint. Je ne le sens plus battre. Il est en sourdine, il se fait discret parce qu’il me préserve, lui. Puis comme tout m’échappe, il a rien à dire. Il a parlé uniquement pour te dire qu’il était fou de toi, que j’étais folle de toi. Que je t’aime encore malgré les petites bribes de rancune que j’garde au fond. Avide de sentiments, avide de paroles, il avait envie d’en dire des choses... puis t’es parti, et il a cessé de dire quoi que ce soit. Il avait plus envie de se tuer à la tâche. Tu lui as pas laissé le temps de reprendre son souffle. Je me ménage à ma manière, j’essaie de pas trop le bousculer... mais putain, il aura vraiment pas parlé longtemps le pauvre.

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