Bilan

ananke

On est jeune, grande, élancée, gironde juste ce qu’il faut pour attirer le regard des mâles jeunes et moins jeunes, la vie s’offre à vous, et le voilà ! Enfin ! Lui !

Celui a qui vous liez votre vie, pour le meilleur, forcément, quelle femme imaginerait le pire le jour où elle se donne tout entière à l’homme de sa vie ?

L’amour rend aveugle à ce qu’on dit, inutile d’accorder d’importance aux petits défauts qui finiront bien par s’arranger avec le temps. Avec l’amour et la patience, tout le monde est perfectible n’est ce pas ?

Il n’est pas très câlin ? Pas grave quand on l’est pour deux, on espère la « contagion ».

D’après la sagesse populaire, on reçoit ce que l’on donne, l’amour donné ne peut donc qu’être rendu.

Puis au fil du temps, sans baiser, sans caresse, sans tendresse, sans amour, la fleur d’espoir se fane.

Le corps produit ses propres hormones du plaisir, mais sans les mains qui l’« habillent » de caresses, sans les lèvres qui l’abreuvent de tendresse, le corps impatient, le corps en tension, le corps implorant mais le corps néanmoins fidèle à ses serments nuptiaux finit par se tourner vers d’autres centres de plaisir.

Et là, à petit pas, insidieusement, à coups de crèmes, de glaces et de chocolat, entrer en « grossitude » pour compenser le manque, les envies de douceur, de tendresse, de caresse, d’amour promis et non tenu.

Taille après taille, passer du 42 au 56. Insidieusement, entrer en crue et se répandre hors du lit de la gironde jusqu’aux rivages de l’obèse.

Mettre une barrière entre soi et les autres, inconsciemment pour ne pas trahir celui qui ne vous voit plus et qui, le premier a aussi mis en place la même barrière, taille par taille jusqu’à l’extrême.

Il n’aime pas faire l’amour, il limite sa vie affective à cela sans s’ouvrir aux autres possibles de la tendresse et sans voir les ravages de son égoïsme.

Au fil du temps, petit à petit se dissoudre et disparait dans son mariage.

Et puis un jour, après quelques enfants et une vie vide de sens : le bilan.

Que faire ?

Rester dans la sécurité du foyer sans amour mais confortable ou tout envoyer balader, reprendre sa vie en main et exister à nouveau, aimer à nouveau, sentir son corps vibrer à nouveau ?

Mais qui voudrait encore d’une chose aussi peu intéressante ? L’âge, l’ennui, la « grossitude » ont fait leurs ravages…

La mésestime de soi, le doute, l’envie de mourir, de disparaître aux yeux du monde et aux siens même… alors ?

Alors, l’espoir, encore et toujours, malgré la mauvaise image, malgré les doutes, malgré les handicaps des pages de magazines omniprésentes qui renvoient les plus de 50 kilos avec toutes leurs imperfections physiques, à la superficialité de l’avoir dans la dissolution de l’être, sans chercher plus avant la beauté de l'âme et la profondeur de l'humain.

Un jour, une bouche, des mains, un homme qui « ose » la « grosse » qui l’élève avec lui au 7ème ciel et lui fait découvrir les merveilles de son corps, l’élixir de jouissance dont elle est capable.

Le bonheur tout simplement.

Il revient, il l’aime, malgré les défauts, malgré les kilos, il permet à la souffrance de s’envoler du corps où elle se terrait.

Miracle de la jouissance, vite des kilos s’envolent, tout seuls, juste parce qu’ils n’ont plus leur place ici.

La « grossitude » voudrait ne pas laisser la place, elle tente d’ailleurs de la reprendre, quand le temps se fait long entre deux plaisirs.

Mais la gironde a compris la leçon, elle a retrouvé ses berges et  s’y « contient » avec sagesse.

Par delà les compromis foireux, les peurs, les a-priori, les consensus mous et les remises en questions nécessaires, pour elle : plutôt seule que mal accompagnée et surtout, plus jamais la vie sans amour !

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