blabla 1
Tarsa
J'aime savoir que mon grand-père mort, que je ne connais pas, était spécialiste de Stravinski et du luth au 16ème siècle. Qu'il menait des orchestres à la baguette. Que ma grand-mère, morte encore plus tôt, était excentrique et élégante. J'aime leur tragédie aussi. Et elle me fait aimer encore plus mon père. Mané, grand-père j'aime que vous soyez en vie et que nous puissions nous regarder, nous sourire, échanger un peu sur des choses et d'autres. J'aime qu'Oléron existe. J'aime que Paris existe. J'aime que Charles existe. Et Violette, Anouk. Juliette. Mes parents, j'aime qu'ils me fassent des câlins et me disent que je compte. J'aimais bien entendre ma psy dire que je suis sensible.
Je n'aime pas toutes ces choses en suspension dans mon corps et qui me font bourdonner le crâne, peser lourdement, comme après un repas en plein cagnard. Ces angoisses latentes, qui certaines fois explosent, imprévisibles. Ça j'aime, mes larmes, le menton qui tremble, le balbutiement, la crise. Elle me libère. Tout comme le moment, après avoir couru. Ou quand je jouis, de concert avec toi. Que je rigole, bruyamment, de façon incontrôlable. Quand je suis allongée, la joue contre le carrelage frais, en été, dans l'entrée d'une grande maison de vacances, ou encore, au bord de mer, le ventre couché sur un sable brûlant que caresse ma paume. Moi, qui somnole.