Bleu de mer

Depuis plusieurs jours, des milliers de physalies ("vessies") de couleur bleu et rose s'échouent sur la côte vendéenne et les pertuis  

Physalia physalis. Ordre des siphonophores, colonie comportant quatre types de polypes, soutenue en surface par un flotteur de 10 à 30 centimètres 

Siphonophore ("qui porte des siphons"). Organisme zooplanctonique, souvent bioluminescent, vivant en colonies composées d'individus différenciés. Tentacules flottants équipés de cellules urticantes, afin de capturer les proies (larves, poissons, crustacés, …) 

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Elles vivent dans la colonne d'eau, plus au sud, vers les côtes du Portugal  

Mers tropicales et subtropicales des océans Atlantique et Indien 

En période hivernale, entre novembre et janvier, les physalies dérivent jusqu'aux côtes européennes ; vents dominants, tempêtes, forts courants 

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Charente-Maritime. Aquarium de La Rochelle. Guillaume Éveillard, biologiste. « La physalie a un coussin d'air et flotte en surface. Elle est portée non par le courant, mais par le vent, grâce à sa voile 

Le flotteur est bleu électrique. 20 à 30 cm de long. Ne pas toucher les tentacules, jusqu'à 10 à 50 mètres de long » 

Minuscules harpons, associés à une source de venin. Le poison paralyse les proies -poissons, crustacés, plancton 

Les tentacules rétractables conduisent les proies jusqu'à la bouche 

Les physalies provoquent des lésions cutanées (sensation de piqûres d'ortie). Chez les personnes sensibilisées / allergiques, risque de gêne respiratoire -voire complication cardiaque 

« Grâce / à cause d'elles, le choc anaphylactique a été mis en évidence par les scientifiques » 

La réaction anaphylactique (anaphylaxie) est une réaction allergique rapide, susceptible de provoquer la mort, commune aux maladies allergiques. 0,05% à 2% de la population développe une réaction anaphylactique, au moins une fois en cours de vie 

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La physalie ne résiste pas aux conditions climatiques qui l'ont fait dériver, aux températures actuelles de l'Atlantique 

Même mortes, elles restent dangereuses pendant plusieurs semaines 

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Été 1901. Navire Princesse Alice. Le prince Albert Ier de Monaco 1889-1922 « le Prince savant », « le Prince navigateur » dirige son expédition annuelle dans l'Atlantique, des îles du Cap Vert aux Açores 

Au cours de ses campagnes précédentes, avec le Dr Jules Richard, son secrétaire aux travaux scientifiques, il observe les matelots. Au contact d'une sorte de méduse, un cnidaire pélagique (physalie. Physalia physalis), ils manifestent une douleur extrêmement vive, pouvant aller jusqu'à la syncope. Un venin est sans doute en cause 

Charles Richet 1850-1935, professeur à la Faculté de Médecine de Paris, et Paul Portier 1866-1962, assistant de physiologie à la Sorbonne, sont invités à se joindre à l'expédition, afin d'étudier cette réaction et d'isoler le venin  

IIs travaillent à bord du yacht,  

avec la physalie 

puis à leur retour à Paris, notamment avec les anémones Actinia equina (actinie rouge) et Anemonia cereus, reçues de Roscoff. Ils extraient l'actinotoxine 

Ils injectent dans des animaux cobayes (chiens et pigeons) des extraits de cnidaires. Toxines à faible dose. Entre chaque injection, laps de temps suffisamment long,  

Les animaux ne s'immunisent pas ; ils manifestent une sensibilité de plus en plus forte, jusqu'à la mort 

1902. Mise en évidence de l'anaphylaxie ("inverse". "Garde, protection"). Article des Prs Charles Richet et Paul Portier. « Nous appelons anaphylactique (au contraire de phylaxie) la propriété dont est doué un venin, de diminuer (et non de renforcer) l'immunité, lorsqu'il est injecté à des doses non mortelles »  

La découverte pose les premières bases de l'allergologie. Ensemble des connaissances relatives aux réactions provoquées dans l'organisme par l'introduction d'une substance étrangère, appelée antigène 

1913. Charles Richet reçoit le prix Nobel de Physiologie et Médecine  

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Galère portugaise. La vessie qui flotte à la surface de l'océan, fait penser à une caravelle, jadis utilisée par les navigateurs portugais 

Atlantique Nord-Ouest tropical. Atlantique Nord-Est tropical. Océan Indien. Océan Pacifique 

L'animal est composite, colonie à quatre types de polypes ; spécialisés, ils ne vivent pas les uns sans les autres 

un flotteur ou pneumatophore  

des tentacules rétractables ou dactylozoïdes. Nombreuses cellules urticantes, les nématocystes, au venin toxique. Les tentacules nourriciers sont situés sous le flotteur. Ils capturent la nourriture paralysée par les dactylozoïdes et la portent jusqu'à la bouche 

des polypes nourriciers ou gastrozoïdes 

des organes émetteurs de gamètes pour la reproduction, les gonozoïdes. Les organes reproducteurs sont mâles et femelles. Les sacs contiennent chacun ovaires et testicules 

La reproduction sexuée se produit au printemps et en été. Les gamètes sont expulsés en nombre dans l'eau de mer. Les larves se développent et flottent rapidement 

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Carnivore, la physalie se nourrit de poissons -70 à 90 % de sa nourriture ; crevettes, crustacés, animaux planctoniques 

Elle capture ses proies à l'aide de ses tentacules couverts de cellules urticantes, qui les paralysent 

Les physalies sont souvent accompagnées de colonies de poissons rayés Nomeus gronovii. Le poisson physalie vit en bancs, uniquement au milieu des tentacules des physalies ; en symbiose avec son hôte 

Les physalies, colonies de plusieurs dizaines d'animaux  

En pleine eau, elles sont consommées par des poissons ou tortues. Ainsi que par la limace de mer nudibranche Glaucus atlanticus -dragon bleu ou hirondelle de mer. Grâce à sa radula (ruban mobile armé de dents situé sur le plancher buccal) composée d'une dizaine de dents, le nudibranche s'accroche aux hydrozoaires -les physalies, les vélelles et s'en nourrit 

Ses proies sont souvent venimeuses mais le prédateur est immunisé contre leur toxine 

Il utilise à son avantage, les cellules venimeuses des physalies ; il les stocke dans son corps et dans ses cérates (appendices dorsaux ou latéraux), devient lui-même venimeux 

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Les cnidaires constituent un embranchement d'animaux aquatiques (99 % marins. 1 %, eau douce -les hydres) 

Lorsqu'ils sont fixés, les polypes -coraux, anémones de mer 

Lorsqu'ils sont nageurs,  

les méduses. Embranchement Cnidaria. Classe Scyphozoa. Ordre Rhizostomea  

les physalies (Physalia physalis). Embranchement Cnidaria. Classe Hydrozoa. Ordre Siphonophora 

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La physalie est une espèce de siphonophores marins -colonie comportant quatre types de polypes, soutenue en surface par un flotteur de 10 à 30 centimètres ; elle n'est pas une méduse (classification scientifique des espèces différente) 

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Sir Alister Clavering Hardy, biologiste anglais, spécialiste du zooplancton 1896 - 1985. « The Blue Fleet » (la Flottille bleue) 

La physalie fait partie du neuston ("nager", "flotter") -ensemble des organismes dont la physiologie dépend de l'interface air-eau ; en particulier, du film de matière organique caractéristique de cette interface 

Catégorie d'organismes aquatiques liés à la surface de l'eau. Deux autres cnidaires 

la porpite (Porpita porpita). Bouton bleu ; flotteur bleu turquoise à la périphérie, plus foncé au centre 

la vélelle (Velella velella). Flotteur allongé, ovale, surmonté d'une courte excroissance triangulaire