Bord de Loire

katondutick

Le doux fracas de la simplicité

Sur son cheval à cru, dès que l'aube revient, une femme dénudée secoue ses longs cheveux de jais. L'animal familier descend vers le bord de l'eau, rétif. Son sabot se dérobe souvent comme face au précipice. Il sait que l'écuyère a la peau satinée car elle quitte sa monture sans remords .Chaque matin elle plonge dans l'étendue, laissant libre sa monture. Sans répit, la belle cavalière asperge ses épaules et ses reins au milieu des saumons réjouis.Elle est venue ici au pied du gros château pour épouser la Loire.C'est un fleuve parfois tout blanc qui enchantait Péguy.Et bien des paysages étonnants scintillent sous les tours de Chaumont.Dans les îlots partout parcourus de sable et d'herbes sages, nombre de demoiselles y abritent un marivaudage.Les flots presque invincibles quand vient le soir, inondent tard les fêtes des marquis pleins d'allant .Elle prend son temps la fourbe Loire et nul besoin de hâte qui la tourmente. Un peu gave, un peu refuge de mascaret, l'onde ici promène ses allures de barcarolle sur son domaine immense.Là- haut, dans la montgolfière qui leur semble un point rouge, je regarde les rives où des gens apprivoisent ainsi le présent, font rimer amour et ensemble dans les jardins de Loire.

Ici quand comme une preuve de bonté le fleuve se jette sous le pont et je m'y reflète indiscret ,A intervalles sous les arbres de Meung , fluet on entend le son des cloches qui s'en va léger dans le ciel , bleu comme un pigeonnier de Boucher.

En été, du côté de Loches, les pluviers dorés déclarent des mots doux aux tourterelles et s'ébattent contre la bouche close des herbes . la Loire détendue ne s'en soucie guère,elle passe sous un village contenant en cachette des sommes de couleur aux blasons .Alors  de fantastiques et brumeux visages  me narguent sur les esquifs.On bat le briquet d'ordinaire dans la maison dormante en souvenir des couleuvres dans le foin du temps des haquenées qui promenaient les châtelaines.Transi dans mon XXIème siècle, je leur envoie les tapisseries exténuées, le convexe monde enlaidi des méridiens , tout ce qui engluerait sans doute aucun leur désir de trouvère.


 


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