Boussole mystère.
partikule-x
Tu vois la fleur là bas ? Viens regarde, on va s'en approcher. C'était un oiseau en fait. Et bien dis-toi que tout le chemin parcouru, c'est la vie. Que l'endroit d'où nous sommes parti, c'est ce que l'on nous a dit à propos de notre futur, ce que l'on voyait. Maintenant que l'on y est, c'est différent, c'est ce qui est vraiment. Et y'a plein de choses comme ça. On s'rend compte en grandissant que finalement, tout n'était pas vrai.
A moins de t'appeler Armstrong, tu ne peux pas monter au ciel, tu sais. On m'a dit qu'les meurtres c'était que dans les films, que quand Papa dit à Maman qu'il l'aime, c'est parce qu'il l'aime vraiment. On m'a dit qu'ensemble on ferait de grandes choses, comme bombarder des fleurs dans les vallées d'la Marne. On m'a dit qu'on naissait tous égaux. Égaux, égaux, c'n'est qu'une question d'ego. On m'a dit qu'être grand c'était pas vraiment compliqué, boulot métro dodo, sortir le chien et payer les impôts. On m'a dit qu'on serait tous heureux, qu'importe les guerres, c'est pas trop notre galère. On m'a dit qu'l'amour ne s'expliquait pas, qu'on s'aimait et puis qu'c'était comme ça.
On m'a dit sourit à la vie, la vie te sourira. Mais mes mâchoires ont mal, et pourtant l'soleil garde mauvaise mine. S'endormir sur ses lauriers, n'est pas si confortable frère. Parfois tu sais, il pleut, et les feuilles tombent. Alors lève les bras, lève les bras bien haut et surtout, ouais surtout fait gaffe à pas t'prendre un avion, y paraît qu'c'est bonder là-haut. Du moins de c'que j'en sais, j'en connait pas mal qui sont partit y vivre, j'sais pas pourquoi, on les a pris comme ça et on les a envoyé faire j'sais pas trop quoi dans les nuages. C'est bizarre, ouais je sais et puis sur l'coup c'est pas simple, t'as envie d'les baisser tes bras, de peur d'les déranger là-haut. T'façon, on va pas s'mentir, entre nous, les bras l'vés, ont vite tendance à s'baisser, car c'est bien plus difficile d'aider que d'tout laisser tomber. Pourtant faut pas, faut jamais. Garde la tête haute frère. Accroche là si il faut. T'as pas à avoir honte tu sais, t'es grand, bien plus grand qu'moi d'ailleurs. On m'la souvent dit, qu'j'étais p'tit et gros, tu sais. Les gens se plaisent à faire faner les fleurs, c'est drôle de c'qu'on m'a dit. Mais j'te conseille pas d'essayer, sa met plus longtemps d'les faire pousser qu'd'aller les arracher.
Ah oui aussi, tu f'ras attention en jetant ton papier par la fenêtre de la voiture, qu'il y ai personne derrière. On y pense pas à ça, après tout, c'qui compte c'est nous, notre personne et puis c'est tout. Pourquoi se soucier des autres, de toutes façons j'suis sûre qu'eux ils ne se soucient pas de nous, alors ça sert à rien. Tu vois ça ? C'est c'que j'appelle la facilité, "j'suis tolérant, mais j'tolère que c'qui m'dérange pas", tu comprends l'truc. C'est pour les faibles, les minables, les gens qui s'lève le matin et qui s'prenne le pied dans l'coin d'la table. Ça fait mal et ça nous arrive à tous, car ouais, on est tous comme ça. Mais ça fait honte d'le dire, t'as vu, on a honte de nous même. Mais sache une chose, l'homme est une contradiction à lui-même. Fait c'que j'dis, mais pas c'que j'fais s'te plaît. Et si j'trouve un truc nouveau, j'te l'dis pas, j'le garde pour moi. Par contre, j'te dirais que l'partage c'est important. Qu'si aujourd'hui on sait faire du feu, bah c'est grâce à ça mon grand. J'te donnerai pas d'conseils, car j'suis personne pour ça. Par contre, j'te dis juste que moi, j'ai souvent tendance à tourner ma feuille pour écrire. Format paysage on dit, j'sais pas, c'est plus beau. Et puis comme ça, ceux qui ont l'esprit fermé, devront s'tordre le cou pour pouvoir lire ces quelques mots. Image bien-sur, mais tu comprends. Tu vois c'que j'veux t'dire ? Et puis t'façon, les nouvelles choses se trouvent que dans les endroits inexplorés. Après, tout dépend de toi, est-ce que tu préfères recopier ou découvrir.
Mais fait gaffe encore une fois, y'a des diables à tous les coins d'rue, au croisement d'la 7°, j'en ai vu un hier, sévère, noir, j'étais pas fier. Il m'a fait comme ça : "J'peux t'aider à trouver ton ch'min s'tu veux. Moi, je m'appelle Ecole et toi ?". Trace ta route tu sais. Et surtout, si tu casses ta mine, perd pas d'temps à chercher un taille crayon. C'est probablement qu'ton stylo était trop vieux, faut s'renouveler frère. Avancer, toujours. Tu regardes à droite, à gauche avant de traverser et t'y vas, c'est comme ça. Prie deux, trois fois pour pas tomber en plein milieu, ça s'rait con. Bah ouais, faut s'assurer du terrain, on a rien sans rien. Sur ton chemin, y'en aura sûrement qui voudront apprendre à te connaître, tout ça. Refuse pas, refuse jamais. Tu sais, c'est en allant sentir la fleur qu'on sait si elle sent bon. Après y'aura p't'être quelques abeilles autour d'elle, méfie toi, sa pique. C'est la leur, elles voudront pas la perdre. Oublie pas non plus qu'tout ça c'est fragile, regarde bien la météo tout les soirs, et couvre toi bien avant de sortir. Oui maman. Brosse toi les dents, et couche toi pas trop tard. Oui maman. On a annoncé du vent du hier soir, les vestes se retournent, courant d'air pas trop prévu et c'est bon, la fleur est partie, envolée. J'veux pas t'influencer ni rien, tu sais. C'est juste que j't'aime bien et qu't'as encore long à faire. J'voudrais pas qu'tu prennes le mauvais ch'min frère. Tu sais, c'est pas très bien indiqué, et t'auras pas toujours une boussole sur toi. Y'a des voleurs partout, t'as bien vu, même ceux qu'on s'y attend pas. Une boussole c'est précieux, on en a que deux. Le ciel nous en a d'jà pris une frère. Fait gaffe, il peut prendre la deuxième à tout moment. Tiens-toi prêt, sort tes griffes mais touche personne. Touche avec les yeux, touche avec les mots. T'as touché un cœur et c'est la boussole mystère, un cadeau du ciel putain.