Bouts d'hommes

mgxden

Les gens qui t'ont touchée, que t'as un jour rencontré puis quitté, tu les cherches. Tout le temps. Inconsciemment.

Tu croises leur putain de sourire dans ceux des autres en parcourant les couloirs du métro. Mais, non, à chaque fois, ce ne sont pas les bons yeux, pas le même regard, pas la même étincelle. T'entends le rire de Jules, tu reconnais l'allure de Pierrot, tu lis l'expression préférée de Marc dans un bouquin, il te vient une idée de blague que seul David comprendrait, ou tu repenses à la philosophie de vie d'Antoine. Tu avais tellement ri.

Ces bouts d'hommes marquants. Ces petites marches qu'ils t'ont fait grimper pas à pas pour construire ta personnalité. Les matins difficiles, tu les imagines même tous, en horde, t'attendant alignés les bras croisés, nonchalamment, en bas de ton bureau. L'air de dire « salut ma grande, on est là, pour toi. Qu'est-ce qu'il te faut ? Un sourire, un câlin, un mot délicat, une explication de texte sur la vie ? Tu le sais, qu'on t'aime, hein ? ». Le cœur qui serre, la larmichette. Tu déconnes vraiment ma petite mère...

Ces bons bouts d'hommes. Ils sont à des kilomètres de toi. Bien sûr qu'ils ont leur vie. Ils sourient eux aussi, parfois, au souvenir de vos moments partagés.

Ces bouts de bons hommes. Ils t'imaginent peut-être, dans leur tête, toquer à leur porte un dimanche soir un peu plus gris que les autres, pour leur apporter un rayon de soleil. Surprise, c'est moi ! Vous avez du blanc au frais ?!

Bien sûr, il vous reste ces petits messages, de temps en temps. Les qu'est-ce-que-tu-deviens-comment-va-la-vie, deux trois mots pour rire, des photos de pieds dans le sable, et des bisous en trois lettres, des "à bientôt", comme si on se reverrait toujours, peu importe quand ou comment, peu importe quand, où, comment.

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