Brigitte Fontaine au Transbordeur

lala

Avec: Brigitte Fontaine - Areski Belkacem (percussions, guitare, chant) - Yan Péchin (guitares) - Dondieu Divin (clavier) - Bobby Jocky (basse) - Patrick Baudin (batterie)

"Salut les lionceaux, les lions, les lionnes, les lyonnaises et les mayonnaises. Salut les loulous. Salut les petits..."

19 heures. Attraper le billet. Depuis des mois: magnétisé. S'armer contre le froid. Dans les chaussures: la chaussette est polaire. Braver le froid. Se diriger vers des contrées lointaines: Transbordeur. J'arrive. Brigitte. J'arrive. ça donne des ailes. Tenter l'impossible: s'orienter. Demander son chemin avant de se perdre. La méthode. Et après une journée chasse-cadeaux, les jambes sont lourdes, on sent les os, la peau, les muscles... Pourtant. Tête légère. Coeur palpitant. La Folle humeur. Look de libellule, j'arpente les rues et dépasse les passants. Là. Il est là. Le Transbordeur est là. Incroyable. Il a toujours été là. Il fallait prendre à gauche. Pas à droite. Pas à droite. Sortir le précieux billet et entrer dans l'enceinte. C'est bleu. C'est noir. C'est transbordeur. Comme à chaque fois. Scruter la salle. On ne sait jamais. Presque au centre. Pas le choix. Petite. Alors s'avancer. Il faudra investir dans des talons ou des échasses. Attendre. Attendre. Attendre. Longtemps. Laisser trainer ses oreilles. Cut up de conversation "Philippe Katerine  /a mal au dos / c'est normal / il a chanté avec des choristes/ en revenant de Singapour..." "c'est à vous la plante, parce que là, cette anecdote moi j'y crois, vous étiez allongés au milieu de la route et la plante attendait le taxi..." Attendre. Longtemps. Encore. Mal au dos et aux jambes. Un peu fatiguée. Il ne faudra plus faire les courses de Noël avant d'aller à un concert. Parce que même si le froid conserve... le reste... ça compresse les pieds... Lutter contre certains spectateurs. Ne pas s'énerver. Non ce sac qui te compresse l'épaule. Ce n'est pas grave. Pas mal. Non, ce coude au milieu du dos. Ce n'est pas grave. Tout va bien. J'attends Brigitte dans la joie et la bonne humeur. Laisser les pensées s'évader. Patienter encore un peu. Lumières s'éteignent. Applaudissements.

Première partie: Benjamin Paulin

Dans la pénombre, deux silhouettes tentent de se diriger sur scène. Mais ce n'est pas simple avec des talons.  Quelques hésitations. Trouver sa place. Derrière le clavier. Lumière. Les premières notes. Univers percutant et coloré. Benjamin Paulin entre en scène. Costume noir. Sourire. Il commence à chanter. Belle voix. Une première chanson entraînante et puis après... après... se lasser... s'agacer. Textes faciles. Une fausse provocation. De nombreuses maladresses. Manque de profondeur, toujours les mêmes thèmes: l'égo. L'égo. Benjamin Paulin: Ken avec une belle voix! Dommage, les mélodies sont sympa. Mais patience, on ne sait jamais...

Après. Attendre. Pendant très très très longtemps. Cela m'a semblé long. Une éternité. Les pieds endoloris. Supporter certains spectateurs... totalement... Leurs rires gras. Leurs gestes imprécis. Leurs remarques. Shootés. Les yeux au bord de l'implosion. Bref. Le bonheur!!! En même temps, si on veut être tranquille, il faut rester chez soi. Profitons du décor et de l'attente pour rêver. Les techniciens font les derniers réglages. Le nombre de guitares est impressionnant. La bande-son s'arrête. Les hommes en noir quittent le plateau. La salle est plongée dans  l'obscurité. Applaudissements. On peut entendre: "Brigiiiiiiiiitttttttttttttttteeeeeeeee iiiiiiiitttttttttteeeeeeeee" (il faut imaginer). Les musiciens atteignent leurs instruments. La musique de Dura Lex nous emporte dès les premières notes. Brigitte Fontaine entre à son tour. Chapeau. Petites lunettes. Une paire de menottes au poignet gauche. Du vernis noir sur l'index et le pouce. Chemise blanche. Veste noire. Bermuda en cuir. Bottes. (quel sens du détail!!!). L'énergie et l'élégance. Laissons tomber les guillemets - Brigitte est géniale, fatale, c'est un trésor. Belle énergie sur scène. Heureuse d'être là. Reine Fontaine a le sens de l'humour et a envie de partager ce soir cette humeur joviale. Bonheur. Les répliques fusent... "Bisous bisous bisous, des bisous, des bisous... des bisous, des bisous, des bisous... salut Philippe" Un petit clin d'oeil à ces autres, à ces artistes qu'elle aime. Ce soir, les étoiles veillent et la magie opère. Il ne reste qu'une chose à faire: se laisser aller. Emportée par le flot des mots et des sons. Merci. Sur scène - comme toujours - la complicité entre les musiciens... des sourires, des paroles échangées... ça dépasse les frontières... dans les coulisses - aussi - J'avais trouvé Brigitte Fontaine fatiguée lors de sa participation au concert d'Areski (au café de la danse), mais ce soir pas de fatigue... Au contraire. Ah que la vie est belle! Revivre. L'orchestration est très chouette, on redécouvre les morceaux. La guitare de Yan Péchin sied à merveille. Passer du rire aux larmes. A l'image de l'interprétation fragile et profonde de Prohibition. Texte puissant. Une larme s'échappe. Emportée. Brigitte. Parfois, la vie ça pèse. Il y a des vérités qui transpercent. Mais avec votre look de libellule, Reine Fontaine, vous avez bien plus qu'une carte vermeille. Alors que certains rient, moi, je... / Poésie... Interprétation magistrale de Patriarcat - entre la chanson et la lecture... Une première partie qui s'achève avec un duo magnifique - Yan Péchin est assis. Et Brigitte chante Brigitte. Emouvant. Doucement, elle s'éloigne et quitte la scène. Elle. Annonce Areski Belkacem.

Il entre. Se place au centre. Rencontre douloureuse avec le micro. La musique, ça peut faire mal!!! Mon voeu est exhaussé. J'espérais voir et entendre Areski. Il faut rappeler qu'il a sorti son deuxième album: Le Triomphe de l'amour. J'aime. "Cocher". Magicien Areski disperse ses mots et ses rythmes. Parle. Vit. Libre. Sur scène, il est chez lui. Se déchaîne. En dehors. En dedans. ça bouge. Trois chansons, c'est un peu court. Alors. On profite. Quelques accrocs sur le deuxième titre. Se trompe dans les paroles, esquisse un sourire, voix s'étrangle parce que le rire est sur le bord des lèvres. Quelques mots échangés avec Dondieu Divin. Puis. Face à nous. Les mains tiennent un instrument imaginaire. Le vent d'automne. Voix off de Brigitte Fontaine. Savoureux. Drôle. "Il est bien lui, surtout pour un débutant... il est exceptionnel... ça va marcher, ça va marcher" "A quoi bon, reparler de ça" "Et puis, il est sensuel" "A quoi bon puisque j'en suis là" "J'en peux plus, je dors, je dors, je dors..." Applaudissements. On a pu entendre "Crabouiffffff" (surnom de Jacques Higelin). Moi aussi, j'aimerais bien un concert avec ces trois là, mais cela semble difficile. On peut toujours rêver.

Dernière partie. Ragilia. Intense. Casquette en cuir. Menotte avec des "poils roses", exit la chemise blanche. Ne reste que la veste. Coquette./ "Moi qui vous parle..." Voix intacte. Elle qui vous parle dans un dédale de lessive. Soirée fumante et envoûtante. Energie se propage. S'inscrit dans les gestes, dans les mouvements des corps. Lionne rampante. Mention spéciale à Yan Péchin. Habité. D'incroyables solos, Eventre les sons, les cordes. Lance sa guitare. Se laisse envahir. Performance. Excellent. Un musicien d'exception. (Il a joué avec Bashung, Chloé Mons ou encore Higelin...). Rien que de la musique et des mots, des mots... comme à la radio (mais avec l'image en plus). Symphonie pastorale. La beauté du verbe. Sur le fil. Une dernière chanson: Conne. Crachée. Applaudissements nourris.

Quelques instants. La guitare d'Areski se prépare. Les silhouettes s'agitent dans l'ombre. Reviennent. Une dernière: Soufi. Brigitte Fontaine est là (lampe frontale)... Salam Salam Salam. Merci

la suite sur le Jardin poétique http://paulinecatherinot.kazeo.com/La-Boite-a-musique/Brigitte-Fontaine-au-Transbordeur,a2097091.html

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