Butte

My Martin

Moderne

A Kafir,

l'inoubliable chat noir

aux yeux d'or, à la cravate blanche



kāfir - en arabe, « infidèle, mécréant, incroyant »



"Le Chat Noir" - chanson d'Aristide Bruant



Je cherche fortune

Autour du Chat Noir

Au clair de la lune

A Montmartre, le soir

...



Rodolphe Constant Maximin Salis Châtellerault, Vienne, 1851-Naintré, Vienne, 1897

né le 29 mai 1851 à Châtellerault (Vienne)

et mort le 20 mars 1897 à Naintré (Vienne) - 46 ans



Rodolphe Salis (1851-1897) crée à Paris, "Le Chat Noir" (1881-1897 - 15 ans), le premier cabaret du genre : boissons, musique, chansons, spectacles, ...

Famille (limonadiers) originaire de Suisse - fils d'un négociant en vins et liqueurs de Châtellerault, Rodolphe Salis, arrivé à Paris en 1872 à la sortie du régiment, s'installe au Quartier latin, à l'hôtel de Rome, rue de Seine. Il fait les Beaux-arts, pressent qu'il ne sera jamais un peintre reconnu

Pour gagner sa vie, il fabrique des chemins de croix et autres objets de piété, qu'il peint en série avec des amis (un premier fait les têtes - un second, les corps - un troisième, les décors - fastidieux et les gains sont minimes)

Il fonde « l'École Vibrante ou Iriso-subversive de Chicago », pour donner de la visibilité artistique à son groupe et inspirer confiance aux éditeurs d'imageries religieuses



Il imagine un café

« du plus pur style Louis XIII… avec un lustre en fer forgé de l'époque byzantine, où les gentilshommes, les bourgeois et manants seraient dorénavant invités à boire l'absinthe habituelle de Victor Hugo -celle que préférait Garibaldi- et l'hypocras, dans des coupes d'or »



L'absinthe - Alphonse Allais, à l'heure de l'apéritif :

"Cet élixir perfide est composé d'extraits de six plantes, dont trois sont stupéfiantes et les trois autres, épileptisantes. C'est une liqueur vraiment diabolique"

Interloqués, les clients pressent Allais de continuer :

"L'anis, l'absinthe à l'état sec, le fenouil vert, la badiane, l'armoise et la menthe"



*



Premier Chat Noir

Novembre 1881-juin 1885 (3 ans 7 mois)

84 boulevard Rochechouart - 18e arrondissement

Le premier "Chat-Noir" -idée géniale- est situé dans un local de deux pièces. Il doit son nom à un chat noir perdu sur le trottoir, que Salis recueille pendant les travaux ? Allusion grivoise ?

Edgar Allan Poe 1809-1849 - "Le Chat noir", nouvelle publiée en 1843 ? Le chat Pluton... « j'avais muré le monstre dans la tombe »



La boutique voisine est occupée par un horloger ; Salis organise le harcèlement -affiches collées sur la vitrine et la porte, que l'homme mer des jours à racler, ...-, jusqu'à ce que le commerçant renonce et rende son bail. Salis annexe le local



Fin 1881, auteur du mémorable Discours du Bitume, Salis aménage en café-concert le guichet postal au bas de son immeuble, boulevard Rochechouart. Le caveau adopte le style "troubadour"

Salis brocarde le bourgeois de passage, déclame en «vieux françois», convoque les mânes de Villon et Rabelais. L'arrière-salle accueille poètes, dessinateurs, musiciens, qui fondent l'Union des Arts. La salle est baptisée «l'Institut», les serveurs sont habillés en costumes d'académicien



Mauvais vin, décor sommaire. A la porte, les clients sont accueillis par un Suisse chamarré, couvert d'or. Il fait entrer les peintres et les poètes, il laisse dehors les « infâmes curés et les militaires »

Le décor est pseudo-historique, style époque de Rabelais. Style Salis

Propriétaire, créateur, animateur. Salis, pince-sans-rire, fait admirer sur une haute cheminée de marbre, « le crâne de Louis XIII enfant »

Associer débit de boisson, divertissement, art. Il installe un piano -première dans un cabaret, avec l'autorisation de la police

Albert Tinchant 1860-1892, Gustave Charpentier 1860-1956, Paul Delmet 1862-1904,

Claude Debussy 1862-1818, Erik Satie 1868-1925,



La chanson de cabaret voit le jour au Chat Noir



1882-1892 -la revue hebdomadaire du Chat Noir - Paul Verlaine ou Alphonse Allais signent une tribune. Journal satirique emblématique de la butte libertaire, absurde et décalé

Salis et le poète Émile Goudeau 1849-1906 -journaliste, romancier- créent le journal en 1882, pour faire la promotion du Chat Noir

Poètes, écrivains, peintres rédigent des articles

Félix Fénéon, Paul Verlaine ou Jacques Villon (frère aîné de Marcel Duchamp). L'auteur maison Maurice Donnay 1859-1945 parle d'un «esprit Chat noir», Alfred Jarry ébauche Ubu roi

Les poètes, chanteurs, musiciens, chansonniers, se produisent au Chat Noir et sont publiés dans la revue hebdomadaire du samedi

journal, tiré à l'époque à 19 000 exemplaires numérotés, chaque semaine, vendu le samedi

Novembre 1887, démission collective de la rédaction

1892, éloignement d'Alphonse Allais



La Vie drôle (1893-1894) - « gazette chatnoiresque hebdomadaire »

La Vie Drôle est un périodique issu du Chat Noir et son dissident (à la suite de la vente du journal Le Chat Noir)

Alphonse Allais et George Auriol n'ont pas réussi à racheter la revue du Chat Noir, malgré de multiples tentatives –y compris d'intimidation. Ils lancent leur journal fin 1893



Les cabarets sont nombreux à Montmartre, une cinquantaine de journaux paraissent à partir de l'après-guerre

Des établissements -salles avec scènes- ouvrent à Paris, transformé par le baron Hausmann



Salis déménage pour un local plus vaste. Le chansonnier Aristide Bruant ouvre Le Mirliton (1885), sur les lieux du premier Chat Noir

1892, apogée de la carrière du chansonnier - magnifique affiche à l'écharpe rouge par Henri de Toulouse-Lautrec. Bruant est invité aux Ambassadeurs, café-concert des Champs-Élysées. Silhouette massive, cape noire, chapeau noir à larges bords, écharpe rouge, bâton en guise de canne - derrière lui, une porte dans laquelle s'encadre un personnage à casquette -un marlou ? Il assiste au spectacle, bras levé appuyé sur le chambranle

Fils de famille aisée, il choisit la vie des marges et des classes dangereuses. Ses chansons disent la misère, la révolte, avec une rude humanité



Les Loupiots (chanson)



C'est les petits gars des grandes villes,

Les petits aux culs mal lavés,

Contingents des guerres civiles

Qui poussent entre les pavés.



Et quand ils meurent dans ces fanges,

Ils vont, tout droit, au paradis

Car ces petits-là sont les anges

Des ruelles et des taudis.

...



Des souteneurs veulent élire le chat Noir comme lieu de rendez-vous. Bagarre, mort d'un homme -tué à coups de tabouret

Émile Goudeau part à la recherche d'un local plus spacieux, pour un public croissant



*



Second Chat Noir

10 juin 1885 - octobre 1896 (11 ans 4 mois)

Ouverture le 10 juin 1885, 12, rue Laval -aujourd'hui rue Victor-Massé -compositeur, 1822-1884- 9e arrondissement



Manque de place. Salis veut agrandir son Chat Noir du boulevard de Rochechouart. Il rachète l'hôtel du peintre belge Alfred Stevens

Le lieu -consacré aux muses et à la joie- devient l'un des endroits les plus créatifs, les plus fréquentés, de Montmartre



Trois étages, décors imaginés par les illustrateurs Henri Rivière 1864-1851 et Caran d'Ache (Emmanuel Poiré) 1858-1909.



Deux énormes lanternes dessinées par Eugène Grasset 1845-1917, de style néo-médiéval, ornent le premier étage de la façade

Sur la façade, reprenant le mot de Charles Baudelaire 1821-1867 -Le Peintre de la vie moderne (1863)-, une pancarte enjoint le passant à être «moderne»

"Il faut être absolument moderne". Arthur Rimbaud 1854-1891, Une saison en enfer (1873)



Au deuxième étage, au centre de la façade, un énorme blason place un chat noir rayonnant en terre cuite, réalisé par Alexandre Charpentier, au centre d'une « gloire » d'autel, en forme de rayons de soleil dorés

À l'extrémité est de la façade, l'enseigne, en tôle peinte : un croissant de lune argenté tourné vers la droite porte un chat noir, dessiné par Adolphe Willette 1857-1926

À l'intérieur, les vitraux illuminent la salle du rez-de-chaussée. Œuvre d'Adolphe Willette, ils évoquent l'épisode biblique du Veau d'Or

Sur les murs, des dessins de plusieurs artistes : Rodolphe Salis lui-même, George Auriol, Henri Rivière, Steinlen, Somm et Caran d'Ache



Des pièces sont jouées pour le Théâtre d'ombres en couleurs -"Les Ombres Japonaises"-, imaginé par Henri Rivière. Silhouettes par Caran d'Ache. Musique composée par Georges Fragerolle 1855-1920. Le Théâtre inspirera le mouvement postimpressionniste des Nabis

Le théâtre d'ombres se tient au deuxième étage du cabaret. Henri Rivière est à l'origine de ce spectacle : derrière un écran tendu d'une toile blanche, les silhouettes en zinc découpé défilent, éclairées par la lampe. Le récitant -dont Rodolphe salis- joue avec l'actualité, improvise au fil de la représentation. Le pianiste accompagne les pièces

De nombreux artistes collaborent à la réalisation des silhouettes, des décors

Des journalistes et des écrivains, à l'élaboration des pièces

Des dessinateurs, venus le plus souvent du monde de la presse, à la réalisation des figures. Forte expressivité, gestuelle comique, stylisation

Silhouettes-charges, dessinées par Jules Depaquit 1869-1924 et Henri Rivière pour "Le Rêve de Zola" -1894, adaptation du "Rêve", en dix tableaux par Jules Jouy 1855-1897, goguettier, poète et chansonnier



Des pièces épiques, tirées de l'Épopée, du dessinateur Caran d'Ache ; 1886, la pièce militaire connaît un immense succès - pantomime sur les guerres napoléoniennes et l'héroïsme de la Grande Armée



Albert Jules Alexis Robida 1848-1926 ; illustrateur, caricaturiste, graveur, journaliste et romancier français

1889 - "La Nuit des Temps ou l'Élixir de rajeunissement" - pièce en 2 actes et 42 tableaux - dont les derniers (hilarité générale)

38 - La vie aérienne

39 - L'invasion chinoise

40 - Combat naval aérien

41 - L'explosion



Saillies antisémites contre le juif rapace. Caran d'Ache. « Adolphe Willette fera une Saint-Barthélemy de tous les Juifs de Montmartre »

Revanche, sentiment anti-allemand à position franchement nationaliste. Jehan-Rictus, Aristide Bruant



Toulouse-Lautrec illustre les livrets. Le japonisme de cette lanterne magique trouve un écho du côté de Edouard Vuillard et Pierre Bonnard (Les Nabis), et cet art voilé inspire les fondateurs du symbolisme



Des artistes peintres de chevalet, décorateurs, illustrateurs, caricaturistes



Steinlein, frise en six parties, Chats et lunes (vers 1885) - décor pour le Chat Noir

Théophile-Alexandre Steinlen 1859-1923 est Suisse, anarchiste et artiste. Rodolphe Salis l'engage, avec Alphonse Allais, pour amuser la clientèle et créer les affiches. Steinlen se nourrit de l'humour dans l'absurde, l'injustice ambiante, et devient en une dizaine d'années l'un des principaux illustrateurs de son temps. Il expose au Salon des Indépendants de 1893 et, régulièrement, à celui des Humoristes. Il illustre, pour les revues satiriques « Gil Blas » ou « L'Assiette au Beurre », la vie quotidienne de la rue, croque les gens simples, les miséreux. Il délaisse parfois les pinceaux, les plumes et les pastels et sculpte les chats, sa seconde passion

Adolphe Willette (1857-1926) -carton pour l'enseigne du cabaret

Henry Somm (1844-1907) - peintre, aquarelliste, dessinateur, graveur, et caricaturiste français

Alfred Émile Méry (1824-1896) - peintre animalier

Henri Rivière (1864-1951) - artiste peintre, graveur et illustrateur français

Henri-Gabriel Ibels 1867-1936 - peintre, dessinateur, graveur et affichiste libertaire français. Le « Nabi journaliste » - ses illustrations sont préparées par de délicats pastels ou des dessins

George Auriol 1863-1938 - poète, chansonnier, peintre et graphiste français. Création de nombreux caractères typographiques



Yvette Guilbert chante "Nini peau d'chien" (paroles d'Aristide Bruant) ou "J'suis une pocharde" (paroles de Léon Laroche, musique de Louis Dubost)



A la Bastille

On aime bien

Nini-Peau-d' chien

Alle est si bonne et si gentille !

On aime bien

Nini-Peau-d' chien

A la Bastille

...



Maurice Rollinat 1846-1903, poète et mélodiste - ses prestations captivent l'audience

Jehan-Rictus 1867-1933, poète. ''Soliloques du Pauvre'', ''Le cœur populaire''. Enfance misérable. Il chante la vie des simples, des pauvres



Les femmes ?... Œuvre niée, occultée, détruite... Marie Krysinska 1857-1908 ; poétesse et musicienne française d'origine polonaise. Fille d'avocat, venue à Paris pour apprendre la musique. Créatrice du vers libre, en concurrence avec Gustave Kahn -1859-1936, poète symboliste et critique d'art français ?

La République des Jules. Quatuor des Jules : Favre, Simon, Ferry, Grévy

L'époque : le boulangisme -l'idéal patriotique passe à la droite nationaliste-, les estaminets, l'alcoolisme



Le Chat noir est le refuge des Hirsutes exilés du Quartier latin, emmenés par Émile Goudeau, anciens de la bande des Hydropathes, qui se frottent aux Fumistes

Les Hydropathes précédant les Fumistes, les Hirsutes, les Vivants, les Décadents, les Amorphes -voire les Incohérents- ont franchi la Seine dans le sillage d'Émile Goudeau

Le cabaret parraine les expositions des Arts incohérents, dédiés à la caricature : sculptures en mie de pain, tableaux de fromage, la Vénus de Mille-Eaux, une pipe dessinée dans la bouche de la Joconde, les tableaux monochromes d'Alphonse Allais, précédant ironiquement de plusieurs décennies Marcel Duchamp et Kasimir Malevitch



Une goguette, la Goguette du Chat Noir, se réunit dans le cabaret

La goguette -"gogue", réjouissance - ancien mot, proche de "gag"- est une ancienne pratique sociale festive en France et en Belgique. Elle consiste à se réunir en groupe amical plutôt masculin de moins de vingt personnes, pour passer ensemble un bon moment et chanter. Cette pratique devient la base de sociétés festives et carnavalesques constituées

L'esprit révolutionnaire et républicain se réfugie dans les goguettes



Le musicien Erik Satie (né à Honfleur) se lie à la joyeuse bande du Chat Noir, menée par Georges Auriol, Maurice Donnay, Henri Rivière et Albert Tinchant. Salis l'embauche en tant que second pianiste (lorsque Georges Fragerolle, premier piano, est trop ivre pour jouer), Satie modifie son apparence et applique le rite « chatnoiresque » : « Barbe, haut-de-forme et large lavallière »

Il devient le musicien en titre de la confrérie. Il compose Uspud avec Patrice Contamine de Latour -poète espagnol-, un ballet chrétien en trois actes

Satie, seul amour dans sa vie, la modèle et peintre Suzanne Valadon -1865-1938, autodidacte, père inconnu. Milieux, regard sur la vie, trop différents. Ils se quittent. Elle laisse Satie avec

« rien, à part une froide solitude qui remplit la tête avec du vide et le cœur, avec de la peine »



En 1890, il fait la connaissance de Joséphin Péladan -client du Chat Noir-, grand prêtre de la Rose-Croix du Temple et du Graal

Le Sar Mérodack Joséphin Peladan, un des pseudonymes de Joseph-Aimé Péladan 1858-1918, est un écrivain, critique d'art et occultiste français



Des artistes se produisent au Chat Noir, dont la célèbre Betty, immortalisée par le peintre Henri-Lucien Doucet 1856-1895, en 1889



Laurent Tailhade 1854-1919

polémiste, poète, conférencier pamphlétaire libertaire et franc-maçon français

il n'aime guère Salis, pour cause des moqueries de Salis faites en public

(Salis) « Homme carré d'épaules, roux de poil et de teint vermillonné, sans âge encore que bedonnant, le visage griffé de nombreuses rides, il poitrinait dans un romantique pourpoint dont le satin à ramages contrastait avec la sobriété d'une redingote sombre

Intacte, sa chevelure fauve s'accordait avec sa barbe cuivrée et lui donnait l'air d'un reître flamand…

Baryton de bronze, emphatique, mordant et goguenard dont les tonnerres bafouaient cyniquement les philistins…

Prodigieuse nature de charlatan »



Un soir, le futur roi d'Angleterre Édouard VII 1841-1910 -"Dirty Bertie" ou "Tum-Tum", Gros-Bide. Le fils de la reine Victoria 1819-1901. Fêtard invétéré, roi de Paris- entre dans le cabaret. Salis l'apostrophe

« Eh bien, regardez-moi celui-là : on dirait le prince de Galles tout pissé ! »



Une autre fois : "Altesse ! Quel honneur pour ma maison !" A voix basse, sur le ton de la confidence : "comment va la Maman ?"



Prince des dandys, il avait un fauteuil des voluptés, au Chabanais (au n° 12 rue Chabanais), le bordel le plus sélect de la Belle Époque. Une chaise à bascule spéciale, pour plusieurs participant.e.s



D'une pingrerie légendaire, Rodolphe Salis ne paye pas son personnel, ses fournisseurs, ses artistes. Il demande à être payé par les artistes qu'il accueille au Chat noir

Son bagout, son sens de l'organisation, sa personnalité flamboyante, attirent au Chat Noir, les artistes et le public. La Bohème fin XIXe siècle



Selon Fulcanelli -auteur et alchimiste 1899-1982-, ce cabaret est, jusqu'à la mort de Salis en 1897, « un centre ésotérique et politique », avec des symboles, signes, indices cryptés, un cheminement dissimulé dans le décor

Cette histoire est née dans le milieu ésotérique français, après la publication en 1930 des Demeures philosophales, de l'alchimiste Fulcanelli



Gay friendly ? Les autres lieux artistiques, festifs, à Paris

Paul Verlaine 1844-1896 - Louis Le Cardonnel 1862-1936 -jeune poète intime de Verlaine et futur prêtre (Frère Anselme) - Jean Richepin 1849-1926 - Jean Lorrain 1855-1906



Salis... Un fils, Jean Salis 1886-1963, artiste peintre (non reconnu par la critique), hôtel Russeil à Châtellerault - des frises, avec en motif, la tête d'un chat couronné - des souris dansent - paysages calmes ou fantastique, fantasmagorique, symbolisme, le Veau d'Or, le Christ, l'Apocalypse, ...


En 1890, Rodolphe Salis fait construire aux Ormes, la villa Belle Époque "Marie-Louise" pour sa maîtresse -Marie-Louise Barratier-, une danseuse dont il est amoureux fou. Vitraux, fresques à la gloire du corps de la femme. L'architecte est Henri Deglane 1855-1931, qui a conçu la nef du Grand Palais

En 1892, Salis achète le château de la Tour-de-Naintré, dans ce village de la Vienne



Après des années de succès, la fréquentation décline. Les music-halls se développent



Dans les années 1890, Salis se lance dans des tournées en France -innovation. Il loue les théâtres et établissements où il se produit. Il encaisse la recette et refuse souvent, sous divers prétextes, de payer le prix de la location de la salle



En 1896, Théophile-Alexandre Steinlen crée l'affiche inoubliable, avec le chat noir, reproduit à l'infini - pour la tournée des chansonniers : chat noir impérieux, yeux d'or, nimbe ouvragé rouge

Cette affiche tardive apporte une célébrité intemporelle au Chat Noir

Le cabaret est sur le déclin



L'aventure du Chat Noir commence au lendemain de l'amnistie des Communards (1880) et s'achève, tandis que s'esquissent les premières turbulences de l'affaire Dreyfus (1894-1906)



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Octobre 1896 mars 1897, mort de Rodolphe Salis

Il déménage pour s'installer au 68, boulevard de Clichy (18e arrondissement), au pied de la butte Montmartre

Il n'a plus la force de créer un troisième Chat Noir



Épuisé, découragé, Salis vend son "hostellerie" ainsi que son journal, qui survivent deux ans



Salis meurt dans son château de la Tour-de-Naintré (86) - donjon, XIVe, XVIe - décoré, musée original, ambiance Chat Noir

Deux ans après la mort de Rodolphe Salis survenue en mars 1897, le cabaret est racheté par le chansonnier montmartrois Henri Dreyfus 1866-1929 -dit Fursy-, et rebaptisé La Boîte à Fursy



En 1897 ouvre à Barcelone, Els Quatre Gats («Quatre Chats», en catalan) - en activité pendant six ans

Brasserie, cabaret. Discussions, créations, expositions. Revue. Pablo Picasso (1881-1973) organise ses premières expositions en février et juillet 1900. Il a 19 ans



Époque charnière, bouillonnante. "L'Art de la Vie moderne" est né



De nouvelles sources d'inspiration prennent le relais, le cirque Fernando (1873), le Divan Japonais (1883), le Moulin Rouge (1889)



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