Calins/tendresse #1

Matthieu Minable

Elle est si belle, ce soir. Elle m'attire, entre en moi. Elle me fait oublier les autres, autour. Elle me regarde droit dans les yeux, et moi je la suis avec mon corps tout entier. Elle me prend par la main, et m'emmène loin, très loin. Loin du bar, des amoureux d'un soir, des solitaires en manque de sexe, loin du stroboscope qui m'aveugle presque. Je suis aveuglé. Je ne vois plus rien qu'elle, immensément belle. Intangible. On dirait presque que je peux la toucher, qu'elle est près de moi. Ce soir, je suis venu pour elle. Pour la musique, et rien d'autre. C'est avec elle, que je danse. Pas les autres qui m'observent, là, sur la petite piste de danse improvisée au milieu de ce bar miteux. Je me fais l'amour avec mes bras, mes mains, pas besoin d'eux pour me sentir aimé, ce soir. Pas cette fois. La musique est là. Elle est là. Pour moi, rien que moi. Elle me dit que je suis beau, désirable. Qu'elle veut qu'on baise, là maintenant, sur la piste de danse. Alors j'enlève mon chandail, la laisse effleurer mon corps de ses ondes sonores qui se frappent contre mon torse. Je la sens sur moi. C'est bon. Il y a ces mains, qui parcourent mon corps, les miennes. Je regarde autour, ils ont arrêté de danser. Tous, me fixent avec leurs pupilles aussi dilatées que les miennes. Pleines de solitude et de tristesse. Ils commencent à faire comme moi, à enlever leur haut, en ne lâchant pas leur regard du mien. Je vois dans leurs yeux qu'ils te voient aussi. Ils t'aiment, je crois, mon amour. Tu es libre, tu n'appartiens à personne, tu flotte dans ce petit bar, à la recherche, toi aussi, d'un peu d'affection. Tu te sens seule. Tu deviens mélancolique, le rythme se ralenti, tes mélodies qui me donnent envie de pleurer. Ils ont recommencé à danser. J'ai vu un gars beau comme une Rockstar enlever sa ceinture, et détacher son pantalon. Mes yeux qui croisent les siens, qui y restent. Je fais pareil, et tout le monde suit, envahit par ta beauté, par ton effet pervers. Nus, nous devenons nus, face à toi qui nous regarde, excitée. Ils commencent à baiser, autour de moi, je les regardent et ils font pareil. Les sexes dur et humides, leur fentes innondées, les corps qui bouge sur toi. Et moi qui dansent encore que pour toi.

 

Tu n'es plus seule. Je suis là. Ils sont là. Nous t'écoutons, tous, sans dire un mot, sans attendre de parler, rien. On t'écoute. Pour vrai.

 

Je me réveille, j'ai mal à la tête, j'ai mal au cœur, j'ai mal à l'âme, j'ai mal à l'âme-sœur. J'ai en ai un malaise, un mal-être. Je ne suis rien. Je veux disparaître. Tiens, voilà, sous mes couverture. Sous la mer, l'océan, je veux m'y noyer, qu'on ne me retrouve plus. Très vite, les vagues me donnent le mal de mer. Je remonte à la surface, mais je n'ai pas le temps de contenir un flot immense sortant de ma bouche. Une immense marre de vomi, étendue à la grandeur de mon grand lit. Exaspéré je tente de me lever, je parviens à me retirer de cette océan de puanteur immonde, qui me rappelle combien je le suis. J'enlève mon linge, le mets dans ma laveuse. Je fais de même pour mes draps. Je me prends une serviette et je pars me doucher. Le fond du bain est sale, mais ça m'importe peu. L'eau coule. et je vois ces petits bouts de nourriture qui se glissent loin de moi pour enfin disparaitre.

 

Je suis propre. Je vais mieux.  

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