Carla
Sébastien Stasser
Prologue
Il ne dormait plus depuis plusieurs semaines maintenant, derrière lui 7 ans de vie commune avec une femme formidable. Et ensuite, l'incompréhension... internet, les réseaux sociaux lui avaient enlevé sa joie de vivre. Il avait partagé tant de choses avec cette jeune femme. Il en était tombé amoureux, sans se poser de question et son amour pour elle, s'était renforcé au fil des mois et des années... une petite flamme ondulant dans le vent, d'abord prête à s'éteindre à la moindre bourrasque et ensuite un brasier se terminant en véritable incendie de forêt ravageant des hectares de feuillus sur son passage... Elle était partie depuis six mois et le seul reproche qu'elle avait pu lui faire était qu'il était trop gentil... il aurait dû être un connard apparemment et la traiter comme un objet...
Il était passé par toutes sortes de phases, la première étant l'écriture, mais cela n'avait rien donné. Écrire sa peine ne lui suffisait pas et même s'il notait les défauts qu'il apercevait enfin la concernant, ça le rendait plus mal qu'autre chose. Ensuite une phase de retour vers ce qu'il était avant de la rencontrer, mais, la encore ses vieux démons n'avaient rien changé à la situation. L'alcool et le cannabis n'arrangeaient rien au final, tout au plus, ils reportaient les souvenirs ou les accentuaient encore plus, inlassables et tenaces, un peu comme une tache de vin rouge sur un vêtement blanc qui après des dizaines de lavages, laisse encore planer son ombre. Alors, il avait fini par se poser un peu et tenter de voyager sans elle... mais, la saveur des petites choses avait aussi disparu, son goût de la vie était parti en même temps qu'elle. Sans elle, il ne savait plus quoi faire. Il aimait lui parler le soir avant de dormir et maintenant il se retrouvait seul sans personne avec qui discuter ou partager ses journées, ses joies, ses peines, son amour. On lui avait dit que le temps arrangeait les choses et que très vite, il retrouverait quelqu'un, conneries ! Le temps ne fait que passer et rien ne change vraiment au fond... on vieillit tout simplement et on finit par accepter, un goût amer dans le fond de la gorge!
Le sommeil lui manquait, le travail devenait de plus en plus difficile. Quand il arrivait à s'endormir, il partait pour maximum 2 heures et se réveillait en sueur. Alors commençait pour lui le temps des questions, de la rage et enfin de la tristesse. Parfois il se remettait un peu d'alcool dans le gosier pour tenter de se rendormir quelques minutes...
Il se demandait pourquoi elle l'avait quitté, pourquoi elle était tombée amoureuse d'un autre homme que lui. Il l'imaginait heureuse et le fait qu'elle ne prenne plus de ses nouvelles renforçait encore plus cette idée, alors la crise de rage montait lentement de ses tripes vers son cerveau et il se tapait la tête sur l'oreiller battant ses jambes l'une contre l'autre. Il voulait mourir tous les jours, mais, il n'en avait pas encore eu le courage. Venait ensuite la phase de tristesse. Elle l'avait poussé à la demander en fiançailles et à l'épouser et avait finit par lui faire entendre qu'elle aimerait un enfant de lui. Alors, la rage descendait et se transformait en profonds désarrois, jamais il n'épouserait une femme et jamais il n'aurait d'enfant, il ne voulait plus y croire... il jeta une nouvelle fois un coup d'œil au dernier message qu'il lui avait envoyé avec son GSM, sur la page d'accueil, il pouvait lire 7 février 2017, deux heures du matin, 4 mois déjà...
Qu'est-ce qu'une lettre ?
Un son.
Qu'est-ce qu'un mot ?
Une association de lettres.
Qu'est-ce qu'une phrase ?
Une suite de mots.
Qu'est-ce qu'une histoire ?
Une mélodie de phrases.
Tu as été une mélodie pour moi, dommage que je n'ai été que des mots pour toi.
Je te souhaite de vivre une mélodie un jour !
Au fond de lui, une autre personne lui disait que tout irait bien, qu'il devait tenir, qu'elles étaient toutes pareilles et qu'au final on n'était pas si mal seul. On faisait ce qu'on voulait et en plus, il pouvait se faire plaisir. Parfois, il parvenait à se calmer et à fermer les yeux une paire d'heures supplémentaires... Il voulait l'oublier, mais, comment faire ?
Mathew
43 ans ! Mathew venait de fêter ses 43 ans. Le temps filait à une vitesse, un jour on sortait de l'école et on se réveillait un matin... 20 ans venaient de s'écouler... les cheveux gris ! Son réveil venait de sonner, il avait un peu mal à la tête, il avait encore bu sa bouteille de rhum la veille... enfin, il avait l'habitude, personne ne l'empêchait de se mettre une mine quand il en avait envie... Quelle heure était-il ? Ah oui! 7 h, il avait un rendez-vous ce mercredi 17 février à 10 heures. Il se gratta le ventre et se décida à sortir de la couette, elle lui tenait chaud et comme tous les matins, il ne voulait pas la quitter, on était si bien au chaud dans son lit.Direction la salle de bain, un nettoyage en profondeur s'imposait, un petit rasage complet aussi, avec sa barbe d'une semaine, il paraissait avoir plus de cinquante ans. Il regarda son visage dans le miroir du meuble de la petite salle d'eau, il n'était pas si moche au final, il venait de perdre 10 kilos en quelques mois, son visage autrefois rond commençait à creuser légèrement. Il retrouvait son corps de 20 ans, il sourit, il n'avait rien fait de particulier pour les perdre, s'arrangeant juste pour sortir de table en ayant encore légèrement faim et ça marchait... La brosse à dents électrique se ficha contre ses dents en vibrant et commença son rituel de nettoyage, devant, derrière, dans le fond. Après deux minutes, sa tache était terminée et elle regagnait son chargeur. De l'eau chaude commença à couler du pommeau de la douche et glissa le long de son corps, la chaleur du liquide qui coulait sur lui réveillait ses membres encore engourdis, sa migraine disparaissait avec l'écoulement de cette chaude ondée tropicale. Le rabot trois lames glissa le long de son visage, coupant au passage les poils trop longs, il passait dans le sens du poil et revenait en sens inverse, comme ça, le rasage était parfait, surtout sous la douche, la peau était douce et facile à raser. Pour terminer, la bouteille d'après-rasage entra à son tour en action, elle sortit du petit meuble dans lequel elle se cachait depuis si longtemps et aspergea la peau rougie par les lames du quadragénaire de quelques gouttes qui le picotèrent, il aimait cette sensation qui contribuait à le mettre d'aplomb, il avait presque oublié cette impression piquante. 7 heures 30, il était temps de filer...
Mathew avait un rendez-vous aujourd'hui, il était impatient et stressé à la fois, un doux mélange qu'il n'avait pas connu depuis son adolescence, l'époque où il avait flirté et s'était rendu compte que l'amour faisait mal. En 43 ans, il n'avait jamais connu les dessous d'une princesse, quelques flirts, quelques caresses gauches, mais ce matin, il s'apprêtait à franchir le cap ! Enfin, c'est ce qu'il espérait au plus profond de lui. Ses démons l'avaient toujours mis en garde, ne tombent jamais amoureux ! Et durant ses 40 années de vie, il avait résisté ! Mais, il voulait aussi goûter à cet interdit qu'il s'était fixé. Ne jamais tomber amoureux ! On était bien mieux seul que mal accompagné. Parfois, on pensait connaître une personne et au final, elle vous décevait et bien malgré vous, elle vous entraînait vers le fond ! L'infidélité ou le mensonge parcouraient la vie de tant de couples qu'il avait côtoyés ! Mathew n'était pas très sociable, il choisissait ses amis et ne laissait que peu de personnes entrer dans son petit cocon intime. Il jugeait les gens sur leur dire et dès qu'il sentait un mensonge ou une entourloupe, il se refermait et devenait une forteresse imprenable. Et surtout pas une femme ! On devenait amoureux et con comme un manche ! En 43 ans, il en avait vu des cons devenus cocu parce qu'ils étaient trop gentils... il en avait vu aussi des cons qui après 20 ans de vie commune se suicidaient parce que la femme qu'ils aimaient les quittait sans raison valable... il en avait vu des pauvres gars qui attendaient le retour de la femme qui les avait trompés œuvrant à leur propre destruction... Alors, lui non, son démon protecteur veillait sur lui. Et, il pouvait compter dessus, il ne le décevait jamais ! Toujours aux aguets, il veillait constamment sur ses rencontres et ses espoirs. Dès qu'une opportunité se présentait où qu'il se sentait attiré par une femme, le protecteur plaçait ses barrières... faisant capoter la moindre possibilité. Un peu d'alcool et s'était fini, il se ridiculisait ! Et la belle s'enfuyait...
Math s'enfilait son café bien corsé du matin lorsqu'une nouvelle pensée sombre envahit son esprit ! Il tombait amoureux d'une femme! Il était célibataire et vierge et comme le credo d'une de ses profs de son adolescence, fier de l'être. Il partait ce matin pour voir cette femme et comprendre si cette rencontre donnerait quelque chose. Il se rendit dans son jardin pour fumer sa première clope de la journée, il avait repris depuis peu, un concours de circonstances, une soirée trop arrosée avec ses potes et la petite cigarette qu'il ne fallait pas accepter... c'était ridicule surtout après quatre ans ! Il faisait froid ce matin, à peine deux degrés au-dessus de zéro, mais, pas de neige, l'hiver avait été relativement clément cette année. Son voisin se trouvait aussi à la fumette dans le petit jardin jouxtant sa propriété... il le salua de la main, mais, l'homme ne lui rendit pas son signe, il devait encore être bourré, sa femme l'avait largué pour un gars qu'elle avait rencontré sur le net...décidément un con de plus ! Le pauvre Mickey, 7 ans avec cette femme et un mariage en vue pour le mois de septembre prochain...
La cigarette se consumait lentement, les premières bouffées le faisant légèrement planer et finit par s'éteindre dans le cendrier qu'il laissait dehors en toute circonstance, jamais il ne jetait un mégot sur le sol. Mathew grimpa ensuite dans sa petite voiture, il était 08h05, d'ici une heure trente, il serait à son rencart et presque en compagnie de sa muse. Il avait tout prévu, une petite bouteille d'eau pour le trajet et surtout son plan de route, il n'aimait pas les GPS et préparait toujours son itinéraire papier avant de partir vers l'inconnu. Sa beauté roumaine ne vivait pas la porte à côté et il avait alors regardé sur Google Map pour trouver l'endroit de la rencontre, un petit hôtel en périphérie de la petite ville allemande où il se rendait ! Le GPS, il n'en avait pas besoin, son instinct et ses cartes suffiraient, il avait été scout... et des parachutages, il en avait fait des dizaines, on vous bandait les yeux, on vous plaçait dans le coffre d'une voiture et on vous emmenait à plusieurs kilomètres de votre camp. Ensuite, une boussole en main et une carte et vous deviez rentrer le plus vite possible !
Mathew avait peur, il avait rencontré Marika sur internet, mais jamais il ne l'avait vue et un sentiment qu'il connaissait depuis longtemps l'envahit, allait-il tomber amoureux de cette femme pour de vrai et devenir con comme la plupart des hommes qu'il connaissait ? Le rhum qu'il avait englouti la veille devait-il le protéger de cette rencontre ? Et, s'il n'était pas à la hauteur de l'attente de Marika ? Et si en la voyant pour de vrai, ses sentiments se confirmaient et qu'il voyait dans son regard un genre de déception ou alors, si tout s'éteignait d'un coup n'étant au final pas conquis et qu'il ne savait pas comment le lui dire... Ils ne se connaissaient pas depuis longtemps, une semaine tout au plus, alors, il avait les foies, son ventre gargouillait jusqu'à avoir des crampes. Si ça se trouve, elle le trouverait moche et son déplacement ne servirait à rien. Enfin, il était tant qu'il se bouge, depuis toujours, il avait hésité et il n'allait pas renoncer maintenant, ce serait trop bête... Il conduisait et regardait sur le siège passager, son plan de route papier... 120 kilomètres et au moins 90 sur autoroute, une grosse heure trente et il serait à destination. Il n'avait pas choisi la femme la plus proche, mais, pour une fois, il avait écouté son cœur... Et celui-ci le portait vers cette belle femme, une jolie poupée slave, yeux bruns et cheveux bruns, pas un kilo en trop, un visage d'ange avec un petit bouton au coin de l'œil gauche, peut-être une marque de naissance. Elle devait faire 1 mètre 65 tout au plus et 52 kilos toute mouillée... un regard de braise sur les photos qu'elle lui avait envoyées avaient percé ses défenses...
Math venait de passer la frontière Allemande, il avait perdu un peu de temps, une portion de l'autoroute était fermée pour réfection et il avait du se détourner de sa route pour suivre une déviation, 20 minutes de perdues pour rien... Devant lui, il n'y avait maintenant plus que 38 kilomètres et il sortirait de la voie rapide. Il enclencha ses phares lorsqu'il traversa un long tunnel, la limite de vitesse était de 90 kilomètres-heure, il l'adapta et traversa le trou noir, il y en aurait encore deux autres à franchir avant d'arriver à destination. Son cœur battait de plus en plus vite. Il se demandait ce que ce premier rendez-vous allait donner. Jamais, il n'avait connu une femme et jamais, il n'était vraiment tombé amoureux. Et là, en quelques jours, Marika avait brisé sa carapace, ses barrières qui le protégeaient de la gent féminine avaient finalement été renversées. Depuis toujours, il s'était interdit de tomber amoureux, trop de déception à la clé. Autour de lui, tant de couples avaient éclaté et la plupart du temps, c'était l'un ou l'autre qui avait fauté. Apparemment, l'amour durait trois ans comme le livre de Beigbeder et lui il cherchait plus... il cherchait pour la vie et au-delà... Alors, tous les exemples autour de lui avaient fini par le faire fuir, ne jamais se mettre avec une femme, trop de risque ! Comme cela pas de déception !
Il avait envie d'uriner, son petit café matinal faisait son effet diurétique, il aurait dû s'en douter... Il s'arrêta sur une petite aire d'autoroute, deux bancs, des tables, des poubelles et un petit bâtiment contenant les sanitaires pour se soulager. Il remarqua un homme louche avant d'entrer dans les toilettes, un gars d'une cinquantaine d'années, la clope au bec qui n'avait pas arrêté de le mater depuis son arrivée... Lorsqu'il se trouva en face de l'urinoir et qu'il se soulageait, l'homme bizarre entra dans la petite pièce et déballa son ustensile à côté de lui. L'individu n'arrêtait pas de le regarder pisser et pas dans les yeux... ça le mettait mal à l'aise, il pensa que ce pervers devait attendre chaque homme qui venait pisser un coup pour mater son pénis... Il rengaina son arme et retourna à sa voiture, content de quitter le mateur de parties génitales. Il remonta ensuite dans sa voiture en sifflotant, direction la maison de Marika, elle habitait un petit hôtel en périphérie de la petite ville Allemande. Il chassa vite l'image du quinquagénaire, dans ses pensées, la jolie brune l'accompagnait !
Il quitta l'autoroute quelques minutes plus tard, consultant son plan de route une nouvelle fois. Il devait tourner à droite et ensuite encore à droite et puis enfin à gauche... Un quart d'heure plus tard, il n'avait toujours pas trouvé le petit hôtel... Il tournait en rond et l'heure avançait, bientôt 10 heures, il allait être en retard... Un signe du destin peut-être ? Il avait toujours refusé de se mettre avec une femme, il avait toujours voulu rester célibataire alors, peut-être devait-il le rester ? Le destin lui faisait sûrement comprendre qu'il devait passer à autre chose, en plus elle vivait si loin de chez lui...
La voiture allait remonter sur la bretelle d'autoroute lorsqu'il aperçut une petite route sur sa droite, en regardant d'un peu plus près juste derrière le LIDL du coin, il réussit à lire un petit panneau indicatif, la rue qui y était indiquée correspondait à celle de l'adresse du motel de Marika. Il tourna dans la ruelle et s'enfila dans le petit quartier industriel, il y avait des garages principalement, un Aldi, un MacDo un carrossier et même une petite pizzeria, le genre qui livrait à domicile et ne s'encombrait pas de tables pour accueillir des clients.
10h05, il arrivait enfin à destination, en retard, mais, le hasard l'avait conduit jusqu'ici pour finir, alors il irait à son rendez-vous et tant pis s'il tombait amoureux pour de vrai, il mourrait moins bête sans aucun doute. Il se gara dans le petit parking situé à l'intérieur de la propriété. Une Ford bleue et une camionnette blanche étaient parquées au fond du petit parc.
Son véhicule passa devant une grande statue de sphinx d'un blanc cassé, elle donnait un genre à l'établissement, un peu kitch, mais ça en jetait ! Sortant de sa voiture il se dirigea vers ce qui semblait être la porte d'accès du petit hôtel. Sur sa droite un petit bar, et un distributeur de cash, pratique pensa-t'il. Il continua son chemin vers ce qui lui semblait toujours être la porte d'entrée. Une fenêtre était ouverte au rez-de-chaussée, il vit deux femmes faire la vaisselle, les cuisines ! Dans sa tête, sans le savoir, il faisait déjà le plan des lieux.
Il arriva enfin devant l'entrée, les vitres de la porte étaient occultées par un voile noir, il tenta de pousser la porte, mais elle ne s'ouvrit pas. Alors il fit le tour par l'autre coté pour trouver un autre accès et la encore il tomba sur les cuisines, il y avait un restaurant dans l'hôtel et pas moyen d'y entrer... Il se demandait si ce n'était pas un signe de plus pour lui faire comprendre qu'il n'avait rien à faire là ! Il revint sur ses pas et remarqua qu'à la première porte qu'il avait tenté d'ouvrir, il y avait une petite sonnette. Il finit par sonner, 10h08.
Après un petit cliquetis, la porte s'ouvrit ! Ouf, il n'était pas si en retard que ça !
Chapitre 1
C'est facile d'agir,
On se laisse porter,
La réflexion nous quitte un moment,
Et si on n'était pas responsable,
Rage, déception, meurtre,
Et alors, tout pourrait arriver !
L'homme sortit de la maison close l'arme au poing. Une jeune femme apeurée aux longs cheveux bruns le suivait. Elle tremblait, elle ne savait pas quoi faire. L'homme qui venait la voir pour la troisième fois venait de tuer deux hommes de sang-froid. Il était venu comme d'habitude, bien propre sur lui avec un sac à dos. Au début, elle avait pensé que c'était pour la faire rire. Le mois précédent lorsqu'il était venu la voir pour deux heures, il lui avait dit que la prochaine fois qu'il viendrait, il porterait un sac à dos et la glisserait dedans pour la ramener chez lui ! Elle avait trouvé cela mignon et lui avait dit qu'elle attendait son retour avec impatience mais, qu'il n'arriverait pas à la mettre dans le sac et à la porter... Il lui avait répondu qu'il était fort et qu'il l'emmènerait en passant par la fenêtre...
Alors quand elle le vit arrivé ce matin du 2 avril 2017 avec le sac en question, elle éclata de rire avec lui, il lui avait dit aussi qu'il tenait toujours sa parole.Il y avait peu d'hommes de parole et ce geste la toucha.
Elle était venue le chercher dans le petit salon où il l'attendait et elle fut surprise et contente de le voir à nouveau. Trois fois qu'il venait lui rendre visite maintenant. Elle l'avait emmené dans une chambre à l'étage, une chambre avec plein de miroirs et un petit jacuzzi, elle se rappelait qu'il lui avait demandé s'il était possible de profiter d'un petit bain en tête à tête, alors, elle avait décidé de lui offrir son petit fantasme humide. Personnellement, elle n'appréciait pas les bains, ça mouillait ses cheveux et elle passait tant de tant à les entretenir qu'une fois trempés, elle devait se démener des heures à les remettre en état.. Elle appréciait cet homme, il était si correct, il sentait bon, il était doux et tendre, un moment de pur plaisir... Il demandait toujours s'il ne lui faisait pas mal, il la caressait aussi si tendrement. Quand elle lui parlait, il continuait à la câliner, ses mains étaient douces et fines. Ses ongles grattaient légèrement sa peau quand il lui faisait l'amour, il ne quittait jamais ses yeux, il ne regardait jamais son corps. La première fois, ça l'avait troublée, d'habitude c'était son corps que les yeux regardaient et cet amant ne perdait jamais les siens. Et, comble de bonheur, elle avait droit à un massage à chaque fois qu'il venait. Un vrai massage, le genre qui vous détendait et ne vous donnait pas envie de reprendre le travail. Il commençait toujours par ses épaules et descendait doucement le long de sa colonne vertébrale, ensuite, il passait le long de ses côtes et remontait toujours vers ses épaules, il sentait un nœud sur son omoplate droite et tentait de le faire partir. C'était tellement bon. Mais, il ne s'arrêtait pas là, il descendait ensuite sur ses jambes massant ses cuisses et ses mollets énergiquement pour finir par un massage de la plante des pieds. Quel plaisir, quelle extase. Elle marchait tout le temps en hauts talons et ses jambes souffraient le martyr ! Parfois elle s'endormait et il la réveillait tendrement. Elle s'était un peu confiée à lui et aujourd'hui, elle voulait lui dire quelque chose qu'elle ne croyait pas possible avec son travail... mais, l'homme qui était entré dans la chambre ce matin-là était différent. Il lui avait demandé si elle était prête à le suivre. Elle avait répondu que oui ! Mais, elle avait signé un contrat et ne pouvait le suivre de suite. Elle ne pourrait même probablement jamais le suivre. Elle était liée à cet établissement, son patron ne la laisserait partir qu'une fois vieille et moche !
̶̶ Tu vois ce sac Marika ? C'est le sac de la liberté !
Elle avait souri quand il avait dit ça, son cœur s'était même emballé, ses collègues lui avaient dit de ne jamais tomber amoureuse d'un client. En deux ans, elle avait tenu... jusqu'à son arrivée...
Il n'était pas l'Apollon dont elle rêvait, il était plus vieux qu'elle, 10 ans de plus. Il avait les cheveux plus blancs que poivre et sel, il avait aussi pas mal de ventre et n'était pas bien grand . Enfin plus grand qu'elle quand même, sans ses talons de 15 centimètres ! Pourquoi lui ? Elle ne savait pas, il était un peu cassé suite à sa rupture précédente où alors vierge, elle ne savait plus vraiment en fait. Tant d'hommes traversaient sa vie, ce qu'elle savait c'est qu'il lui parlait beaucoup et surtout, qu'il retenait ce qu'elle lui racontait. Quand il revenait la voir, il continuait les conversations entamées comme si de rien n'était... Une fois l'acte consumé, elle le regardait toujours et elle se perdait dans ses yeux noisette. Elle cherchait à savoir ce à quoi il pensait, elle le rassurait en lui disant qu'il retrouverait rapidement quelqu'un, mais à chaque fois il levait les yeux au ciel... Elle ne comprenait pas cette attitude, peut-être ne voulait-il plus être amoureux et juste profiter de son corps... Elle chassait vite cette pensée, il était différent des autres !
Cet homme était à la fois bizarre et attachant. Tantôt sûr de lui et quelques instants plus tard, timide et gauche. Elle s'était surprise à lui parler de son jeune garçon, chose qu'elle n'avait jamais partagée avec un client... Elle se protégeait toujours, se dévoilant peu à peu à chaque rendez-vous, on ne savait jamais sur quel genre de type on allait tomber. Ça faisait partie du travail !
Elle se trouvait derrière lui, il attrapa sa main menue et l'entraîna tout contre lui,
̶̶ Tu restes là ! Enlace-moi ! Et ne bouge jamais de derrière-moi ! Tu es mon ombre !
Le sang, les morts avaient fait de Marika un pantin. Elle enlaça son chéri d'une matinée sans réfléchir. Elle pensa qu'ils allaient prendre une voiture et filer !
Son amant violent se dirigea vers le petit parking de l'établissement, elle aperçut une plaque belge. Oui, ils allaient partir ! Il venait de Belgique, elle se rappelait la première fois qu'il était venu, tout timide et tout tremblant, en parlant avec lui, elle avait pensé qu'il venait de France. Elle lui avait demandé s'il venait de loin et il avait répondu qu'il vivait à une heure trente de route environ et qu'il venait de ce pays où la bière coule à foison ! Elle parlait couramment 5 langues, le français, le roumain, l'allemand, l'espagnol et l'italien et de toutes, elle préférait la langue de molière, plus de mots pour faire passer ses sentiments et souvent plus d'un sens à une phrase. Souvent d'ailleurs, elle devait demander à cet homme de répéter ses phrases pour en saisir le sens qu'il voulait leur donner.
Ils traversèrent la petite allée étroite qui menait au parking mais, le tueur bifurqua sur la droite et s'engouffra dans le petit bar. Le petit bar où certains clients venaient se mettre une mine avant de profiter des services des demoiselles de l'établissement, un genre de lèche-vitrine où il était possible de boire un coup avec les filles qui n'étaient pas occupées et ensuite les emmener vers une chambre en monnayant bien entendu. Elle n'aimait pas les hommes saouls, oh que non ! D'ailleurs, quand elle revenait après avoir encaissé son argent, elle ramenait toujours des bonbons à la menthe, comme ça, si l'un d'entre eux puait du bec, elle lui collait cette douceur sucrée et parfumée dans la bouche avant de l'embrasser !
Marika
Perdue dans mon désir de bonheur,
Rien que pour l'amour de mon fils,
Inconsciente sur les conséquences
Si naïve au départ, si sûr de moi,
On se rend vite compte de nos erreurs,
Non, ce n'est pas mon destin !
Elle venait de sortir de son lit. Il était huit heures et le réveil lui rappela que nous étions déjà le 18 février 2017. La soirée précédente s'était terminée plus tôt que prévu. Plus de clients à contenter, alors elle en avait profité pour se coucher assez tôt pour un samedi soir. Elle se dirigea vers les douches communes de son hôtel, combien de douches avait-elle prises, depuis deux ans ? Elle ne se rappelait plus... après chaque nouvel homme, un lavage complet sauf les cheveux... L'eau qui s'écoulait le long son corps la réveilla. Elle avait mal au cou et son bras droit la lançait, elle massait les parties douloureuses à l'aide du jet du pommeau de douche, ça lui faisait du bien... ses journées de 15 heures à assouvir les phantasmes des hommes qu'elle rencontrait chaque jour de travail usaient son joli corps, elle le savait. Elle mit une nouvelle fois un temps fou à arranger ses cheveux, elle voulait qu'ils prennent du volume, mais, à chaque fois c'était pareil, ils retombaient et restaient lisses, elle avait beau les peigner, ils retombaient à chaque fois...Dans la trousse de maquillage qu'elle posait sur l'évier, elle prit le nécessaire pour se faire belle, son ricil pour allonger ses cils, son fond de teint pour le visage, son mascara pour ses yeux, terminant toujours par son gloss sur ses lèvres... Elle avait perdu ses valises en arrivant ici deux ans plus tôt, la compagnie aérienne qu'elle avait prise avait égaré toutes ses affaires et elle s'était retrouvée sans rien à Munich avec son fils ! Un petit gamin de 2 ans et une femme de 26 ans... Un petit dédommagement d'une cinquantaine d'euros lui avait permis de se dépanner une journée sans plus... Aujourd'hui encore, rien que d'y penser ça la rendait malheureuse... elle en avait pour une fortune dans cette valise, trousse de maquillage, affaires personnelles, un peu de liquide... Elle quittait son pays pour courir vers la réussite et ça commençait mal !
Elle se dirigea vers la cuisine commune de l'établissement où elle vendait son corps, des collègues à elle et des amies se trouvaient aussi là, c'était l'heure du café du matin et des papotages... Ensuite, il faudrait reprendre le travail... Café noir avec un sucre pour elle, elle ne déjeunait jamais en se levant, elle attendait toujours quelques heures que son estomac se réveille et elle partait dîner avec une amie des lieux ! Deux heures de pauses sans sexe ! Elle y tenait !
Son homme l'avait larguée le jour où elle lui avait appris qu'elle était enceinte, quel connard celui-là ! Cet homme si charmant qui lui avait promis de vivre avec elle jusqu'à la fin du monde et bien plus encore ! Alors, elle avait accouché seule et avait du s'occuper de son petit garçon, pas vraiment seule, ses parents l'avaient aidée bien entendu, ils étaient si bons avec elle et si gentils avec son enfant !. Et ce n'était pas simple, elle ne roulait pas sur l'or à l'époque et vivait encore dans son pays natal, la Roumanie dans un petit deux-pièces miteux. Après six mois, elle ne parvenait toujours pas à joindre les deux bouts et elle voulait le meilleur pour son enfant. Alors, elle était partie rejoindre ses parents en Allemagne, son père travaillait là-bas depuis plus de 10 ans et avait fini par acheter une petite maison dans la banlieue de Munich. Il avait un bon salaire, alors, elle pensait pouvoir trouver une bonne place bien payée et elle aussi, s'installer et rendre son fils heureux !
Marika avait cherché du travail en arrivant et s'était installée dans la maison de ses parents temporairement avec son bambin, dans l'espoir d'acheter un petit meublé situé dans le bloc d'appartements situés en face de chez ses géniteurs. N'ayant que peu de qualification, ce qu'on lui proposait ne lui rapportait pas assez d'argent et surtout, la crise en Allemagne était aussi forte que chez eux et les allemands payés une misère pour quarante heures de travail par semaine... Pas assez d'argent, en tout cas pas assez pour avoir son propre appartement et encore moins s'occuper décemment de son enfant...
Après quelques semaines, elle avait décidé de franchir un cap. Elle était jolie et elle le savait, alors elle pourrait vendre son corps quelques années pour mettre un maximum d'argent de côté et vivre ensuite la vie de ses rêves avec son petit galopin. Elle avait alors dit à ses parents qu'elle avait trouvé du boulot à quelques heures de route de chez eux et avait rejoint une connaissance qui comme elle bientôt, vendait son corps pour de l'argent. Ça rapportait gros et c'était facile, dans sa tête quelques années, deux ou trois ans, ensuite elle arrêterait et aurait son appartement à elle et de quoi s'occuper de l'éducation de son fils avec un travail moins bien payé, mais, elle aurait toutes les bases qu'il lui faudrait pour vivre correctement et l'argent ne serait plus vraiment un problème... Et aujourd'hui en février 2017, elle avait son appartement dans le bloc à côté de la maison de ses parents, il était en cours de rénovation, quelques semaines et elle emménagerait pour de bon... Hélas, elle était bien malgré elle liée à cette maison close qui lui faisait gagner tant d'argent ! Elle aurait dû s'en douter, il y avait toujours un revers à la médaille... Partir lui était impossible désormais, elle pouvait avoir ses congés, repartir chaque semaine à Munich voir son garçon, mais, pas partir à jamais... Ses rêves de jeunes filles s'étaient peu à peu évanouis. Certaines femmes devenaient addicts à cet argent gagné facilement, elle, était plutôt contrainte de continuer à pratiquer, son patron ne voudrait jamais la lasser partir...
Après s'être enfilé son café sucré, elle prépara son petit sac avec tout ce qu'il fallait pour la journée, son lubrifiant, des capotes et des bonbons à la menthe pour ceux qui refoulaient de la gueule... Le fait de pratiquer le sexe avec tant d'hommes ne la dérangeait pas, ce qu'elle voulait en arrivant dans cet endroit, c'était pouvoir rendre son fils heureux toute sa vie. Pouvoir lui offrir ce qu'il y avait de mieux, il était tout pour elle, alors elle parvenait à ne pas être mal dans sa peau. Elle ne pensait qu'au bonheur de son enfant, un homme une femme, c'est normal... et c'était sa devise pour tenir... Et en deux ans, elle en avait vu défiler des hommes, des vieux, des jeunes, des timides, des pervers et des hommes bourrés qui passaient au petit bar se donner le courage de tromper leur femme en buvant de l'alcool ! Les vieux, ils ne parlaient pas, ils étaient chiants et ne pensait qu'à la baiser... Elle préférait les jeunes, ils parlaient beaucoup plus et elle aimait les entendre palabrer, elle en apprenait des choses sur leur vie et même des choses utiles parfois ! Les soûlards, elle détestait, ils puaient de la gueule et ne pensait qu'à leur sexe !
Il allait être 10h00 et elle avait un rendez-vous avec un homme qu'elle n'avait jamais vu, son nom ne lui disait rien. Elle avait ses habitués et ceux qu'elle appréciait, elle tentait de les fidéliser un maximum, au moins, elle savait avec qui elle allait coucher ! Mais, ce matin du 18 février 2017, elle allait découvrir un nouvel homme qui allait louer ses services pour deux heures ! Elle avait un peu peur, son patron ne la laisserait jamais partir, elle lui rapportait trop d'argent, mais, il était tolérant, dans le petit salon où les clients l'attendaient, il y avait une petite caméra et si le gars en question ne lui plaisait pas ou ne lui inspirait pas confiance, elle pouvait refuser et attendre un meilleur partit ! Et si on lui demandait quelque chose qu'elle n'aimait pas, elle refusait tout simplement ! Et, si le pervers devenait trop insistant, un petit cri et le service d'ordre débarquait. Et les hommes de son patron n'étaient pas tendres avec les connards et encore moins avec ceux qui ne payaient pas ! Il y en avait quatre en permanence sur place, deux près des cuisines et deux autres à côté du bar.
Il était passé 10h00 et l'homme en question n'était toujours pas arrivé, un dégonflé du dernier moment, ou un retardataire... Son argent allait s'envoler pour deux heures... En général les clients arrivaient plus tard dans la journée, vers midi et ensuite le rush en soirée. C'est pour cela qu'elle commençait si tôt, elle avait souvent deux heures de tranquillité avant de commencer réellement son service. Cet homme du matin l'intriguait, allait-il venir ?
10h11, l'homme en question se trouvait dans le petit salon finalement, elle jeta un coup d'œil rapide à la caméra. Pas trop moche, rasé de près, l'air normal, une quarantaine d'années. Elle fit signe à son amie qui lisait un livre pour enfant en attendant un client potentiel et matinal et qui comme elle aimait commencer avant midi pour ces deux heures de farniente sans sexe,
̶̶ Souhaite-moi bonne chance !
Chapitre 2
Deux molosses se trouvaient près du distributeur d'argent. Ils avaient entendu les cris, mais ils ne savaient pas vraiment ce qui se passait. De toute façon, le service d'ordre à l'intérieur de la villa devait s'en occuper. Il y avait parfois eu des passages à tabac de gars qui exagéraient avec les filles, mais jamais rien de grave... Alors, à quoi bon se bouger ou même s'inquiéter.
L'homme qui pénétra dans le petit exigu les surprit. Une femme se trouvait derrière lui, une fille de l'établissement. Stanislas sentit tout de suite le malaise, l'homme en face de lui avait tout du fou et il portait une arme à feu munie d'un silencieux ! Il s'apprêtait à dégainer son arme lorsqu'il fut fauché par une balle en pleine tête, son corps se raidit restant encore debout un moment avant de s'écraser sur le sol, plus de son, plus d'image. Marika hurla ! L'amant fou enchaîna sa pluie de balle sur le second homme qui s'écroula à son tour, mort, sans pouvoir rien faire...
̶̶ Voilà, une bonne chose de fait ! Accroche-toi, on va voir ton patron !
Il était fou, complètement taré, cet homme qui lui changeait les idées quand il venait, qui prenait le temps de s'occuper d'elle sans trop de sexe, avait fondu un boulon. Elle restait derrière lui comme si elle était aimantée. Il était le côté négatif et elle le côté positif. Elle voulait fuir, mais quelque chose l'en empêchait. Elle sentait que cet homme était déterminé, qu'il n'arrêterait qu'une fois sa mission accomplie. Elle le suivit dans le petit bureau du maître de maison sans broncher, sans le lâcher. Elle tremblait, tout son corps était parcouru de spasmes qu'elle ne pouvait contrôler. Son esprit était déconnecté, incapable de réfléchir...
Le local n'était pas bien grand, un petit bureau et un genre de buffet où était rangé des dizaines de fardes. Le maquereau se trouvait assis sur une chaise de bureau, un ordinateur portable devant lui. Il n'avait pas l'air plus surpris que ça. Il avait tout vu grâce aux caméras qu'il avait placées un peu partout dans le petit hôtel. Il considéra l'homme un instant, ne montrant pas sa peur...
̶̶ Tu veux quoi ? Et surtout tu crois quoi ?
Handy ne réfléchit pas très longtemps avant de répondre, il savait que l'homme assis devant lui venait deux fois par semaine faire ses comptes, il savait aussi qu'il avait un fils un peu imprévisible et il devinait aussi que l'homme mûr qui se trouvait en face de lui n'hésiterait pas à le descendre à la moindre occasion...
̶̶ Je viens prendre Marika. Tu annules son contrat, tu la laisses partir et tout se passera pour le mieux !
Le propriétaire ricana, laissant échapper un petit scintillement au coin de sa bouche, des dents en or... Sa main droite glissa lentement sous la table, il avait toujours une arme à portée de main... pour ce genre de situation ! Il rétorqua à l'homme qui venait de tuer quatre de ses videurs de sang-froid,
̶̶ Elle m'appartient !
L'amoureux psychopathe renchérit sans hésitation aucune, dégainant son arme aussi vite qu'un éclair qui frappe un arbre le long d'une route et le terrasse d'un simple foudroiement...
- Ce n'est pas la réponse que j'attendais, dommage !
Son revolver s'exprima une nouvelle fois. Le tenancier tomba au sol, percée par une balle en pleine tête, Handy adorait s'exprimer de la sorte, personne ne pouvait lui tenir tête... les armes, c'était son domaine !
̶̶ T'as vu Marika ? Que des head-shot* !
Marika ne comprenait pas, dans sa tête tant de confusion. Elle venait de perdre tous ses repères, sa tête lui tournait, elle décida de se laisser aller, de se laisser porter par cet homme qui l'enlevait. Elle vit la statue de sphinx située dans le petit chemin qui menait au parking, elle la trouvait si moche... et ensuite plus rien ! Elle perdit connaissance...
* head-shot : tir en pleine tête en anglais.
Chapitre 3
Mathew pénétra dans l'établissement, une femme bien habillée l'accueillit, la concierge peut-être ou une femme de ménage. Elle lui demanda s'il avait un rendez-vous. Il confirma qu'il venait voir Marika et elle le fit patienter dans un petit salon. Son cœur battait la chamade, il allait enfin rencontrer cette femme qu'il connaissait depuis une semaine. Il n'avait jamais pensé la rencontrer aussi vite.Ses mains étaient moites, il transpirait pas mal, la peur que ses aisselles trahissent sa nervosité l'obnubilait, il regarda sous ses bras, pas de trace de transpiration. Il souffla un grand coup et finit par placer son nez sous chacun de ses bras, ouf il ne sentait pas mauvais ! Dans la petite pièce quelques fauteuils et deux écrans plats. L'un accroché au mur diffusait les informations locales, l'autre posé sur un meuble bas probablement en chêne massif était tactile, il proposait de faire le tour des attractions touristiques de la région en les développant façon smartphone. Il s'assit confortablement, en face de lui, il y avait une petite table en bois et posé en son centre, un genre de menu comme on trouve dans les restaurants. Mathew l'attrapa pour le feuilleter et surtout occuper son esprit apeuré. Enfin, elle arriva avant qu'il ne puisse lire le manuel. Elle portait une longue robe noire qui descendait jusqu'au bas de ses jambes se fendant au niveau des genoux ! Elle était magnifique, encore plus belle que sur les photos qu'elle lui avait fait parvenir. Longs cheveux bruns courant jusque derrière ses épaules, un visage de muse, le teint bruni par le soleil, des yeux d'un brun étincelant. Un petit bouton collé près de son œil gauche lui donnait encore plus de charme et ce sourire à réveiller un mort. Une silhouette de rêve, pas un kilo mal placé... La beauté roumaine lui dit bonjour avant qu'il ne puisse regarder ce qu'il y avait à manger sur la carte... La jeune femme lui fit remarquer que la ponctualité était de mise ici et arriver à l'heure était une chose qu'elle appréciait apparemment ! Elle le prit par la main et l'entraîna à l'étage, la chambre, déjà ? Mathew était plus que surpris, il pensait engager la conversation, lui proposer un petit café, tenter de la connaître un peu plus... Il montait maintenant les escaliers en la suivant de près, un peu gêné, alors, ça se passait comme ça quand on rencontrait une femme ? Il se demandait ce qu'allait donner cette nouvelle expérience ! Il avait envie de partager avec elle ce qu'il était, il avait tant de choses à lui raconter et tellement de questions à lui poser. Arrivée à l'étage, la jeune femme tourna à gauche et ouvrit une des petites portes du long couloir qui défilait devant eux. Une petite chambre, un petit lit planté au milieu, bien dressé, un petit évier et un meuble où reposaient quelques bibelots sans importance... Elle s'installa sur le lit et lui demanda de la rejoindre. D'abord hésitant, Mathew finit par poser ses fesses dodues à côté d'elle...
Deux heures plus tard, il sortait de la chambre et il se sentait bien. En plus elle avait un si joli accent, et elle parlait tant. Son origine slave et sa façon de parler l'avaient déjà conquis. Il avait passé beaucoup de temps à parler avec elle, et cette jolie Roumaine venait de conquérir son cœur, il s'attendait à un échec, une confirmation qu'il n'était pas fait pour ce genre de chose, l'amour n'était pas pour lui... Que du contraire ! Ce matin, il n'avait pas vécu ça, il avait partagé une expérience agréable avec une très belle fille qui aimait parler à qui voulait bien l'entendre. Une jolie Roumaine ! En plus, pour la première fois de sa vie, il venait de découvrir les dessous d'une princesse, il n'en attendait pas tant. Son cerveau était en ébullition, son âme apaisée !
Il descendit les escaliers le sourire aux lèvres se retournant et lançant un baiser papillon à la belle, il avait remarqué qu'elle aussi avait craqué pour lui... Il reprit sa route aussitôt, mais avant de quitter l'établissement il observa que deux hommes se trouvaient dans le petit bar à l'entrée du parking. Plutôt genre molosse, il lui faudrait de gros flingues ! Il chassa cette pensée de son esprit.
La semaine qui suivit, il ne pensa qu'à elle. Il voulait retourner la voir, l'enlacer, l'embrasser, lui parler, lui raconter sa vie... lui faire l'amour à nouveau. Dans sa tête un air de you are so cool de Hans Zimmer. Ce True Romance quel film quand même !
Il ne pouvait s'empêcher de penser à ce film de Tarantino, son film d'amour préféré. Il revit le petit local où se trouvaient deux hommes à côté du petit salon où il avait attendu. Il se remémora aussi les deux molosses du bar, repensant à la disposition des salons et des chambres de l'établissement.
La semaine suivante se déroula sans encombre, il rayonnait. Beaucoup de gens autour de lui pensaient qu'il se serait écroulé après ce qu'il avait vécu, mais il était toujours debout. Il avait bien des moments plus difficiles, mais très vite il avait appris à les dompter. Tout doucement ce qui devait n'être qu'une mauvaise expérience devint une habitude et deux semaines plus tard, il prit à nouveau rendez-vous avec Marika ! Il était amoureux pour la première fois de sa vie !
Chapitre 4
L'homme plaça sa tendre moitié sur le siège passager. Il prit soin de boucler sa ceinture de sécurité. Il ne voulait pas qu'il lui arrive malheur en cas de course-poursuite ! Le tueur se dirigea vers sa place de conducteur et démarra sa voiture. Il la regarda encore une fois, elle était si belle et maintenant elle était libre de l'accompagner. Il ne l'emmenait pas pour le sexe. En trois mois, il avait eu le temps de préparer sa maison. Il avait aménagé deux chambres supplémentaires et sacrifié sa salle cinéma. Une chambre d'enfant et la chambre de Marika. Il fallait qu'il la réveille, elle était tombée dans les pommes, mais il avait besoin d'elle comme copilote. Il se risqua à la secouer tendrement jusqu'à ce quelle reprenne connaissance,
̶̶ Réveille toi, c'est fini on rentre !
Marika sortit du brouillard où elle se trouvait, elle se rappelait de coup de feu, d'hommes morts... Devant elle, son client... Elle était attachée, un sentiment de panique s'empara d'elle, mais il s'agissait juste de la ceinture de sécurité, elle souffla un instant,
̶̶ Tu fais quoi ?
Il finissait d'attacher sa ceinture, il avait entamé une marche arrière. Au loin, ils entendaient les sirènes de la police allemande se rapprocher,
̶̶ Je t'emmène !
Que se passait-il ? Elle trouvait cet homme si bon, mais que faisait-il ? Il l'enlevait ? Avait-il conscience de ce qu'il faisait ? Était-ce un fou ? Il venait de tuer cinq hommes, sans réfléchir...
Elle le regarda un instant, il souriait, on aurait dit un ange venu juste pour elle. Mais, cet ange amenait la mort dans ses valises !
Lorsqu'ils sortirent du buis-buis, ils croisèrent une voiture. Son cœur s'arrêta, c'était le fils de son patron, un jeune fou furieux,
̶̶ Tu sais qui c'est ?
L'amoureux ne sourcilla aucunement, il continuait de sourire, oui, il savait... Il avait fait la rencontre du jeune homme 15 jours plus tôt lors d'une soirée et s'était arrangé pour se rapprocher de lui et avait vite compris qu'il s'agissait d'un vrai enculé. Ce bâtard ne voulait qu'une chose, reprendre la boite de son père et la gérer à sa façon, alors, il avait passé une soirée en boite avec ce Dieter et l'avait arrosé toute la nuit. Après son second rendez-vous avec Marika, il avait pris une chambre en ville. Les femmes de ménage qui s'occupaient de l'hôtel où vivait sa muse l'avaient renseigné sur le jeune homme. Il savait où trouver le fils du patron et il savait aussi qu'en jouant finement, il apprendrait tout ce qu'il devait savoir grâce à lui...
̶̶ Tu parles de son fils ? Je connais mon dossier. Et notre histoire se termine bien. J'ai tout prévu, même ce qui arrive maintenant !
La jeune femme ne comprenait pas, il semblait si sur de lui, toujours calme, pas une seule hésitation dans la voix,
̶̶ Tu sais qu'ils savent où je vis, où vie mon fils, où vivent mes parents ?
Handy se retourna et de ses yeux noisettes fixa sa belle brune aux yeux bruns. Encore une fois, il savait,
̶̶ Je gère, tu ne dois penser à rien. Je veux juste l'adresse de tes parents. Et ton enfant, il vit avec eux quand tu es ici ? Ou dans ton appartement avec ta copine ?
Comment était-ce possible, il avait vraiment pensé à tout. Même à ses parents. On lui avait toujours conseillé de ne pas trop partager avec ses clients, mais avec lui elle n'avait pas pu faire autrement. Il ne la quittait jamais des yeux quand il profitait d'elle, ses yeux passaient tant de messages à la fois. Des vieux, des moches, des pervers oui, mais des comme lui, jamais. Elle se rappelait son nom, alors qu'elle l'appelait chéri d'habitude comme tous les hommes... Mathew ou Handy, non, il s'appelait Mathew!
Elle continuait d'observer cet homme rond et grisonnant, cet homme d'une quarantaine d'années, quand elle l'avait rencontré la première fois, il semblait si calme, si timide, si charmant !
Et devant elle se trouvait maintenant un tueur froid et implacable. Certes, il venait la libérer, mais, à quel prix ?
Elle se rappelait leur deuxième rencontre, étrangement l'homme assis à côté d'elle, ressemblait plus à cet homme-là ! Toujours tendre, toujours calme, mais froid et déterminé, plus de timidité, plus de regards hésitants. Juste un homme sûr de lui et convaincu de bien-fondé de ses actes !
Le break belge sortit de la petite ville allemande sans être inquiété, il entama sa route vers Munich et avala des litres d'essence sans tousser. Le soleil était de sortie et la température agréable pour ce début du mois d'avril 2017. Handy sortit ses lunettes de soleil pour la première fois de l'année.
Handy
Toujours courir,
Rechercher le passé,
Inexorablement,
Souvenirs, souvenirs,
Toujours courir,
Et perdre pied,
Souvenirs, stigmates,
Souffrance,
Encore et toujours !
Handy s'était levé de bonne heure, 07 heures. Ce matin du 18 février 2017, il avait rendez-vous, il sortit de sa couette en pleine forme. Son ex ne le troubla aucunement. Son ex petite amie, cette femme si gentille et si douce, cette femme qu'il avait aimé jusqu'à ne plus penser à lui... Maintenant elle convolait avec un con qu'elle avait rencontré sur Parano, un site belge de sois disant rôle-play, ancêtre de Facebook... Un site de rencontre déguisé où des chasseurs mangeaient leurs proies... il avait perdu sa compagne à cause de ce site de baise en ligne, il y avait même un secteur qui s'appelait Cul, un autre s'appelait Latex... Elle était partie, lui disant qu'elle avait rencontré un homme qui avait besoin d'elle, un homme qui la rendait plus heureuse que lui ! Trois mois de discussion, et voilà, il avait réussi à la retourner contre lui, des années de vie commune effacée en un clic... Il en avait chié, il avait été jusqu'à toléré les allées et venues de sa belle entre chez cet homme, chez ses parents à elle et chez lui. Elle lui avait dit qu'elle ne savait qui choisir... Au début, elle ne lui avait pas tout dit... elle l'avait embrassé, point à la ligne. Alors lui, Handy l'avait cru sur parole. Il avait confiance en elle et en lui annonçant la nouvelle en le regardant droit dans les yeux, il l'avait cru... Bouffon ! Alors, il avait tenté de la reconquérir... de petites attentions, un voyage à Dublin de quelques jours organisé par ses soins, une séance de cirque... Bouglione à Namur en plus... Mais, rien n'y fit, le cœur de la femme qu'il voulait épousé était parti... Lorsque la tête de la brosse à dents arriva au fond de sa gorge, Handy eut un haut-le-cœur, il cracha dans l'évier, au fond de la vasque, le visage de son ex... L'amour rend aveugle...Des mois qu'elle hantait ses nuits, des mois qu'il voulait partir pour ne jamais revenir. Il avait pris l'habitude de boire régulièrement pour mieux dormir et il s'était si bien habitué que maintenant, il encaissait trop et le breuvage n'arrivait plus à la chasser de sa tête ou à le faire dormir !
Mais, ce matin, il avait décidé de revoir tous ses principes à la con ! Il était trop gentil, c'est ce qu'elle lui avait reproché en partant... Merci Victoria ! Va te faire baiser par un blaireau !
Jamais, il n'aurait payé pour du sexe, mais ce matin, il allait franchir le cap... Principes à la con !
Alors, il s'était fait tout beau, rasé de près de la tête au pied, il n'avait pas peur, il avait envie de se faire plaisir, de penser à lui pour une fois... Il s'était tant privé pour rien... dans sa tête, il voulait effacer son ex pour toujours ! Une femme pour deux heures de plaisirs, une femme qui savait comment contenter un homme.
Une semaine plus tôt, il avait pris rendez-vous avec une prostituée, grâce à internet. Cet internet qui lui avait enlevé sa belle... Il suffisait de se rendre sur le site de la maison close, de choisir sa dame de quelques heures, de convenir des dates et des heures et au final envoyer un petit mail. Ensuite on recevait une réponse, soit confirmation, soit il fallait choisir une autre date ou d'autres heures ou encore une autre femme. Et Handy était toujours le premier ! Son choix se porta sur une jolie brune roumaine de 26 ans. Cheveux longs, silhouette fine, petits seins au contraire de son ex et surtout la femme qui offrait le moins de service... dans sa tête une femme pure ! Certaines d'entre elles faisaient même des choses qu'il ne connaissait pas...
Handy n'était pas d'accord avec certaines personnes, le GPS était la solution à tous les maux. Il ne comprenait pas ces gens qui ne l'utilisaient pas... alors qu'avec ce système, on trouvait toujours son chemin.. Il fallait évoluer et passer au vingt-et-unième siècle. Les cartes, c'était joli, mais, il fallait 10 feuilles pour faire son itinéraire, les retourner et lire en conduisant, dangereux... Alors que la voix du GPS vous guidait vous prévenait et au final, dans le doute, un petit coup d'œil rapide vous rassurait sur le chemin que vous suiviez ! Après une bonne clope dans son jardin et avoir salué son voisin Mickey qui fumait lui aussi à l'arrière de sa propriété. Son voisin vivait la même situation que lui... ils allaient monter un club ensemble, celui des cocus de leur village... Handy sourit et se dirigea vers son garage. Installé à bord de sa voiture, le moteur ronronna et le CD qu'il avait préparé la veille commença à diffuser de la musique, derrière lui il voyait la petite église de son village qui s'effaçait peu à peu.
Il aimait préparer les morceaux qu'il entendrait avant de prendre le volant, un vieux truc de son ex, en chaque circonstance, son son ! Il avait gardé ça d'elle et c'était plutôt une bonne chose. Il enclencha son GPS, direction la citadelle de la joie, l'antre du plaisir...
Handy conduisait sa voiture depuis 1 heure maintenant, il venait de quitter le Luxembourg et s'engageait sur l'autoroute qui le conduisait vers la maison de passe située en Allemagne, une bifurcation lui avait fait perdre du temps, mais, le GPS l'avait aidé et rassuré confirmant les indications de secours plantées un peu partout sur le chemin. Ce samedi matin du 18 février 2017, la circulation était fluide, 38 kilomètres et il serait à destination. Loin de lui son ex, il ne pensait qu'à Marika, sa belle d'une matinée. Cette jolie brune allait l'aider à oublier son ex! Il en était convaincu. L'horloge du tableau de bord indiquait 09H25. Dans 40 minutes, il serait dans les bras d'une femme, la plus belle qu'il ait jamais vue... Il souriait et écoutait la voix du GPS, se demandant comment allait se passer cette rencontre, juste du sexe ? Du sexe et des paroles ? Ou alors, panne d'outil et que dalle ? Il chassa cette idée ridicule de son esprit, il allait assurer !
À quelques kilomètres de la ville du plaisir, il s'arrêta sur une aire d'autoroute pour pisser un coup ! Le café du matin faisait son effet. Il gara sa voiture juste à côté des sanitaires. La bouffée d'air frais qu'il prit en quittant l'habitacle s'engouffra jusqu'à sa petite vessie... elle le pinçait maintenant ! Il fumerait après avoir pissé finalement... Sur la distance le séparant de sa voiture aux toilettes publiques, il remarqua un homme qui fumait un petit cigare, ce visage lui rappelait quelqu'un, un sentiment de déjà vu parcourut son esprit. L'homme en question ne le quitta pas des yeux, Handy n'aimait pas son genre, son regard soutenait le sien et il ne baissait pas les yeux ce con... Il urinait tranquillement lorsque le fumeur de havane d'une cinquantaine d'années se posa à côté de lui et dégaina lui aussi son ustensile d'arrosage. Le problème est qu'il ne pissait pas, le quinquagénaire se contentait de regarder son engin par-dessus la séparation des deux urinoirs... Le connard regardait sa bite... Handy termina sa vidange et remballa son outil, un vieux pervers le matait uriner. Il n'aimait pas les libidineux alors, il fit ce qu'il devait faire. Avant de sortir du petit bâtiment, il écrasa la gueule du type contre le mur, le pauvre gars perdit quelques dents dans l'histoire, mais, Handy n'en avait pas finit pour autant avec le mateur de sifflet, il termina son travail en éclatant la tête de l'homme dans les latrines, une gerbe de sang tapissa le petit mur blanc des toilettes et heureusement, aucune projection ne tacha ses vêtements... Le gars réfléchirait à deux fois avant de regarder un autre homme pisser ! Handy était comme ça, un sanguin et personne ne l'ennuyait très longtemps. Un faux calme aurait dit son ex.
Il regagna sa voiture en sifflant, jamais il ne se laissait marcher sur les pieds ! Et personne ne regardait sa queue dans les chiottes !
Quelques minutes plus tard, il sortait de l'autoroute et cherchait la maison close et c'est là que son GPS le lâcha pour quelque temps. Au final il était 10H07 quand il se gara dans le petit parking discret de l'établissement, une statue de sphinx en gardait l'entrée, elle était horrible, la personne qui l'avait mise ici ne devait avoir aucun goût. Handy passa devant un genre de bar, sûrement l'endroit où l'on venait boire son verre et choisir sa belle de quelques heures si on n'avait pas pris de rendez-vous. Arrivé devant une porte aux vitres noires à doubles battants, il remarqua une petite sonnette.
Chapitre 5
La deuxième fois, Handy partit plus tôt. Et comme la première fois, il ne trouva pas tout de suite la maison du bonheur malgré cette formidable invention qu'était le GPS, il arriva en retard comme un mois plus tôt. La concierge qui l'accueillit à l'entrée le fit patienter dans le petit salon. Les deux écrans plats étaient toujours aux mêmes endroits, l'un diffusant les filles présentes dans la maison close ce jour-là l'autre, toujours tactile, proposait de toucher les dames en question et voir leurs photos dénudées, un genre d'avant goût. Sur la table basse, le menu, mais pas celui des plats, plutôt celui des tarifs et des prestations des demoiselles... Au moment d'entrer dans la petite pièce, il aperçut sa belle d'un matin en petite tenue. Elle était ravissante. Son cœur battait la chamade. De toutes les femmes qui pratiquaient le sexe payant dans l'établissement, elle était celle qui proposait le moins de services. Il patienta quelques minutes dans le petit cosy et enfin, elle arriva. En lingerie fine et noire, sa couleur préférée ! Longs cheveux bruns disparaissant derrière ses petites épaules. Des yeux d'un brun brillant, le visage d'une elfe genre Arwen et un délicat bouton coincé à côté de son œil gauche. Le teint hâlé, certainement les UV d'un banc solaire. Des petits seins emballés dans un soutien-gorge en dentelle noire. Des chaussures noires à talon complétant la sculpture d'Alberto Giacometti. Elle lui dit bonjour avec un sourire ravageur, lui fit aussi remarquer que la ponctualité était de mise ici, qu'elle aurait très bien pu assouvir les phantasmes d'un autre homme pendant le temps qu'elle attendait et elle ne plaisantait pas. Elle le prit par la main et l'entraîna à l'étage vers une chambre. En montant les escaliers, il ne put s'empêcher de regarder ses fesses, il était un peu gêné, mais une fois encore moins qu'il ne le pensait. Il se demandait ce qu'allait donner cette nouvelle expérience ! En tout cas, il était ici pour effacer son ex...
Elle lui demanda ensuite l'argent pour les deux heures en lui expliquant qu'ici, c'était comme ça ! Elle encaissait et ensuite elle s'occupait de son client ! Il obtempéra en lui précisant que pour lui, c'était la première fois qu'il utilisait ce genre de service. Elle l'embrassa avec un regard bizarre, l'air légèrement perturbé et l'entraîna avec elle vers les joies du plaisir,
̶̶ ça va aller, il faut te détendre ! Un homme, une femme, c'est normal !
Deux heures plus tard, il sortait de la chambre et ne regrettait pas. En plus elle avait un si joli accent, elle était si tendre, si douce, si joyeuse... Durant ces deux heures, il apprit que Marika avait un enfant et que normalement quand elle travaillait ici, ses parents s'en occupaient. Qu'elle avait un appartement à Munich et qu'elle le rénovait, une amie à elle vivait dedans quand elle était à son travail et surveillait l'avancement des travaux de rénovation. Qu'elle n'appréciait pas plus que ça la viande ou comme elle disait la carne, mais plutôt le poisson. Qu'elle avait perdu sa valise en voyage et que malgré elle, elle s'était retrouvée coincée en plein vol au-dessus de la Turquie lors de l'attentat du 28 juin 2016. Il apprit aussi que son garçon était tout ce qui comptait pour elle et qu'elle l'éduquait tellement bien. Elle lui conseilla de s'essayer à la cuisine roumaine et lui donna l'adresse d'un site sur internet. Avant de partir, il lui expliqua que la prochaine fois qu'il viendrait, il aurait un sac à dos, qu'il la placerait dedans pour l'enlever...Elle lui avait alors répondu qu'il devrait passer par la fenêtre et il ne se démonta pas, il réussit encore à répondre qu'il était capable de sauter et en même temps la porter.
Lorsqu'il quitta le petit motel ce matin-là, Handy se dirigea vers le petit bar, il observa les deux molosses et le barman. Il fit mine d'avoir besoin du distributeur d'argent et fit semblant de retirer quelques devises. Il devait laisser le moins de traces possible ! Il remarqua bien vite le petit bureau du marchand de sexe ! Il reviendrait quand le patron serait présent !
En rentrant, il commença à prévoir la suite de son aventure avec Marika. Oui, il l'aimait, il ne comprenait pas pourquoi, on aurait dit qu'il l'a connaissait depuis longtemps et qu'elle aussi le connaissait. Oui, il ne voulait plus profiter d'elle, il voulait l'emmener loin de tout ça et la diriger vers une autre voie.
Dans sa tête tout un plan se mit en place, il pensa jusqu'au moindre détail et tout ce qui pourrait se passer s'il venait la chercher.
Les semaines suivantes, il continua de penser à elle, il avait beaucoup perdu avec sa compagne précédente, mais il se sentait prêt à recommencer l'aventure. Il commença à préparer les chambres et par la même occasion, commença à étudier la façon d'aborder l'enlèvement ainsi que les conséquences.
Il avait revêtu son armure de samouraï, personne ne se mettrait en travers de sa route, de leur route !
À mes dépens,
Mon cœur s'est réveillé .
Outre mes craintes,
Une nouvelle vie commence.
Rien ne me fait plus peur désormais !
Chapitre 6
Sait-elle que je l'aime ?
Aura-t-elle les mêmes sentiments que moi ?
Une vie à deux pour toujours ?
Vivra-t-elle comme je vis pour elle ?
Et que pensera-t-elle de mes actes ?
Rationnel, le suis-je encore ?
Elle lui avait donné son adresse et l'adresse de ses parents, elle ne voulait pas partir, il était fou, mais il était venu pour elle. Personne n'avait jamais fait une chose pareille jusque maintenant. En plus, son air décontracté, sa joie affichée la troublait. Quelque chose transcendait cet homme. Elle était roumaine et elle ressentait les émotions, il ne se dégageait rien de mauvais de son kidnappeur, elle sentait plutôt une chaleur douce sortir de son corps et parfois un froid glacial le protégeait lorsqu'il faisait parler ses armes,
̶̶ Pas besoin d'aller à mon appartement, mon fils est avec mes parents...
Elle se sentait même apaisée, fini le labeur, fini les cons, une nouvelle vie, peut-être courte, mais une nouvelle vie. Elle finit par se détendre, le dernier panneau de signalisation qu'elle vit indiquait qu'on se trouvait à 147 kilomètres de Munich. Il prenait la bonne direction. Elle se laissa partir dans un sommeil profond, elle était en sécurité et complètement lessivée !
Mathew continuait sa route. Il était heureux,la femme qu'il aimait avait décidé de le suivre. Elle venait voir sa maison. Il avait tout préparé, la maison était propre ! Il avait passé l'aspirateur partout et mis un bon coup de torchon dans toutes les pièces. Il aimait que sa demeure soit propre quand il avait de la visite ! Et à chaque fois, c'était pareil, il prenait son temps pour tout mettre en ordre, époussetant la moindre trace de poussière ! Après avoir vu la femme qu'il aimait trois fois, il avait réussi à la faire venir chez lui ! Elle n'avait pas de voiture et il avait dû venir la chercher, mais ce n'était pas un problème, une récompense plutôt ! Une preuve de confiance et il en avait besoin.
Il pensait déjà à l'avenir avec elle. Elle avait un enfant, mais elle était plus jeune que lui et n'était pas contre le fait d'en avoir un deuxième. Une petite fille de préférence, elle avait déjà un petit garçon. Il s'appelait Max. Oui, c'était son prénom !
Mathew malgré ses principes avait toujours rêvé d'avoir une fille ! Une famille recomposée, sauf que lui n'avait pas encore d'enfant !
Dieter
Il s'était levé tôt, pas comme d'habitude . Il avait horreur de se lever le matin. S'il se levait avant midi, il était vaseux pour toute la journée. En mode zombie comme il aimait dire. C'est aussi pour cela qu'il n'avait jamais aimé l'école. Se lever à 7 h tous les matins était un calvaire. Il n'en voyait pas l'intérêt, son père avait de l'argent et un business florissant... il n'avait pas besoin de se casser la tête. Ou il reprendrait la boite de son père ou alors, il vivrait sans soucis de pognon jusqu'à la fin de ses jours. Son père insistait pourtant pour qu'il fasse des études de gestions pour pouvoir gérer son affaire avec lui. Il aimait son père, mais il était chiant et exigeant. Dieter n'était pas un abruti comprenant les rouages du business de son père. Il souffrait depuis longtemps du fait que son géniteur semblait le prendre pour un con ! Oui, il n'avait pas réussi ses études, oui, il ne réagissait pas comme il fallait, mais, il n'était pas bête et son futur taf, il l'apprendrait sur le tard. Quand son père avait commencé, il n'avait pas plus de qualifications que lui et il avait construit son petit empire sans l'aide de bouquins à la con !
Ce matin-là, il s'était alors levé plus tôt qu'à son habitude, son père voulait le voir dans son antre du plaisir ! Il tenait depuis 20 ans un buis-buis crasseux et miteux ! Et jamais, il ne l'avait impliqué dans ses affaires... Dieter avait 25 ans maintenant, pas de diplôme, mais il avait sa vision de la suite des affaires. Son père vieillissait et il était peut-être temps de passer le flambeau !
Il souffrait de ce fossé que son père avait créé entre ses affaires et lui ! OK d'accord, il avait foiré toutes ses études, mais il savait ce qu'était l'argent et il savait aussi que son père pouvait encore en gagner plus s'il changeait sa politique ! Il était beaucoup trop souple et laissait beaucoup trop de liberté à ses poules. Il ne comprenait pas pourquoi son père permettait tant de liberté à ses putes. Il avait été jusqu'à installé des caméras dans les petits salons d'attente et il leurs laissait le droit de choisir si oui ou non, elles voulaient coucher avec tel ou tel homme. Les hommes qu'il engageait, une dizaine au total viellaient sur elles ! Vieille école! Si elles étaient là, elles n'avaient qu'à faire ce qu'on leur demandait point à la ligne ! Dieter avait son passe-droit lui et il pouvait profiter de n'importe laquelle d'entre elles, son père payait quand même ses heures de plaisirs ! 150 balles l'heure sans fioritures, si on demandait des extras, la note passait rapidement à 250 balles l'heure. Et en plus, il devait rester correct à chaque fois, sinon son père l'aurait interdit d'user de sa marchandise. Alors, il se comportait correctement avec les femmes de l'établissement de son cher papa. Il en avait vu des hommes se faire jeter parce qu'ils ne payaient pas... d'autres parce qu'ils n'étaient pas corrects ou demandaient des choses que les prostituées ne voulaient pas faire... Elles avaient choisi de venir ici et de se faire payer pour des parties de plaisir avec des hommes, alors, elles n'avaient qu'à assumer ! Et son con de père ne demandait que 50 euros par heure de location des chambres. Il en aurait demandé le double lui. Une qualité indéniable de son père était qu'il empêchait les poules aux œufs d'or de quitter l'établissement ! Et il y en avait des bombes aux mains dorées ici !
11h30, il finit son thé vert et se dirigea vers l'hôtel que tenait son père. Il était anxieux, jamais son père ne le convoquait sans avoir de reproche à lui faire. En même temps, il gardait espoir. 25 ans maintenant et il n'était plus un gosse, merde, il était possible qu'enfin son père l'initie aux ficelles du métier ! Il avait rendez-vous à midi avec lui autour d'un bon repas.
Dieter démarra sa Ferrari bleue, pourquoi bleue ? Parce que ça flashait et que c'était hors du commun et surtout, ça ne passait pas inaperçu ! Il aimait qu'on le remarque, qu'on l'adule ou même qu'on le déteste... De toute façon, les hommes de son père s'occupaient toujours des connards qui le prenaient de haut. Il s'amusait parfois à foutre la merde, juste pour voir les colosses de son père entrer en action et foutre des mandales aux pauvres types qu'il avait provoqués ! C'était jouissif de se sentir protégé... Dès qu'il le pouvait, il faisait chier des gens au hasard ! Un mois où peut-être 15 jours plus tôt, un Belge s'était incrusté près de lui en discothèque et lui avait rincé la gueule comme jamais, il n'avait pas sorti son portefeuille cette soirée-là. En fin de nuit, il était bourré et avait décidé de péter la gueule à ce vieux con de buveur de bière spéciale... il l'avait suivi quand il était parti pour pisser... dans l'espoir de l'avoiner. Pourquoi, il ne savait pas. Il aimait avoir le dessus sur les gens en général, il aimait simplement foutre la merde et il savait que sa garde rapprochée interviendrait en cas de coup dur. Alors, après avoir bu à l'œil toute la soirée grâce à ce type, il avait décidé de lui fracasser le crâne. Quand il était arrivé dans les chiottes, le diable rouge avait disparu.
Au volant de son Italienne, il s'envola vers son père en espérant qu'enfin, il le prenne à sa juste valeur ! Il était un homme et même s'il n'avait pas de foutu papier dans les mains, il était capable maintenant de comprendre et d'ajouter sa touche personnelle et ses conseils au business de son padre.
Chapitre 7
Dieter entra dans le petit bureau, son père gisait dans une mare de sang. Quatre de ses hommess étaient au tapis, les deux molosses de l'hôtel et ses deux gardes du corps personnel. Une femme de ménage lui apprit qu'un homme était venu chercher une employée et qu'il était parti avec. C'est cet homme qui avait foutu la merde. Le jeune homme se dirigea vers le PC de son père, l'homme en question avait pris rendez-vous par le biais du net, avec l'adresse mail et avec ses connaissances en informatique, il pourrait facilement le retrouver ! Il décida de regarder le portable, mais lorsqu'il ouvrit la session de son père un message s'afficha,
Tu me prends pour un con ?
Toute l'infrastructure de leur réseau avait été piratée, toutes les données effacées. Le portable était mort. Il ne savait pas trop quoi faire. Son père avait monté cette exploitation, il n'était pas doué pour l'école et sa roue de secours était ce business... S'il foirait, il perdrait tout. Il réfléchit longuement à ce qu'il devait faire. Sa conscience lui dictant d'en rester là, son cœur lui ouvrant la voie de la vengeance. C'est la raison qui au final l'incita à se venger. S'il laissait tombé, il serait vulnérable dans le milieu et vulnérable signifiait la déchéance ou pire encore, la mort !
Il demanda à la femme de ménage de lui montrer la chambre où ils avaient discuté avant l'incident. Le petit enculé avait bien du laisser un indice ! Il retourna la chambre de fond en comble et finit par tomber sur un ticket de caisse. Une station-service en Belgique, un début... Il s'adressa à la femme de ménage qui était toujours sous le choc des événements,
̶̶ Elle crèche où cette Marika ?
La femme de ménage hésita un moment, elle connaissait toutes les femmes qui traversaient ce bar dédié aux plaisirs de la chair. C'est l'arme du fils de son patron pointée sur sa tempe qui déclencha sa réponse, elle bégua,
̶̶ Munich !
Dieter commença à échafauder son plan. D'abord vérifier que son fils était avec elle, sinon, il aurait un argument de poids dans la suite des événements. Ensuite, on lui confia aussi l'adresse des parents de la déserteuse. Il n'avait pas beaucoup d'hommes sous la main, mais suffisamment pour envoyer deux équipes pour sonder les deux destinations. L'appartement de la déserteuse et la maison de ses parents. Il repensa au comportement de son père lors d'une réunion à laquelle il avait assisté sans qu'il le sache...
Dieter s'était réveillé ce soir-là, il avait fait un cauchemar. En se réveillant, il avait entendu des voix en bas. Il n'avait plus sommeil et il avait soif, il était alors descendu pour se diriger vers la cuisine de la villa de son paternel.
La discussion provenait du grand salon, avant de se diriger vers la cuisine, il avait décidé de passer par le salon.
Son père s'y trouvait en réunion, il y avait pas mal de monde. L'un ou l'autre homme d'affaires et les gardes du corps ! Deux d'entre eux gisaient morts non loin de son paternel maintenant !
Le jeune homme savait que son père ne voulait pas encore l'impliquer dans ses affaires, alors il décida de rester en retrait, caché derrière la petite porte qui menait vers le couloir.
La discussion semblait tournée autour de voitures. Son père voulait un nouvel arrivage de véhicule pour la semaine prochaine, il avait convoqué ses employés pour discuter des modalités.
Tout le monde semblait d'accord avec le boss. Mais, en écoutant un peu plus, Dieter s'était rendu compte que l'un d'entre eux était réticent. L'homme avait déjà réglé ses dettes et ils ne semblaient pas pouvoir honorer un nouveau contrat, trop risqué disait-il. Il argumentait, pour lui deux disparitions de voitures consécutives dans son petit garage attireraient l'attention...
Dieter observa alors la réaction de son père, il se dirigea vers l'homme et lui demanda de poser ses mains sur la table de billard située au centre du salon. Il demanda aussi à l'homme de laisser ses doigts à l'intérieur du plan de jeu. L'homme ne savait quoi faire, il semblait hésiter, mais, il était le seul à vouloir refuser la proposition du patron. Il regarda autour de lui, personne ne voulait l'aider, il n'y avait que du mépris dans le regard des hommes qui l'entourait. Tout le monde savait ce qu'il se passait si on refusait les ordres du boss! Dieter allait probablement assister à une exécution... son cœur s'emballa, il adorait les films de gangsters, il adorait les règlements de compte ! Et, déjà il savait qu'il adorerait voir les gens souffrir ou mourir quand il serait aux commandes !
Son père se dirigea vers l'étendoir à queue et en saisit une. Il plaça les boules au centre du billard, déposa la boule blanche à l'endroit prévu et il dévisagea l'homme qui lui tenait tête,
̶̶ Voilà ce que je te propose Mark ! Tu gardes les mains dans le billard et je joue mes boules. Si tu ne les retires pas quand je frappe, tu gagnes et tu passes ton tour pour cette fois... Si au contraire tu les retires pour éviter les boules, je gagne et tu me fournis ce que je te demande !
Ah oui, tu n'as pas le choix !
L'homme ne répondit pas, il avait l'air apeuré, il chercha une nouvelle fois du regard un peu d'aide, mais personne ne lui tendit la main ! Que du contraire les hommes de main de son patron portaient leur main à l'intérieur de leur veste...
Le père de Dieter arma sa queue et cassa le triangle de boule, elles s'éparpillèrent sur la table sans toucher les doigts de l'homme. Dieter jubilait, il n'avait jamais vu comment son père procédait pour recadrer un rebelle. Le quinquagénaire arma à nouveau sa queue et frappa violemment la boule blanche. Elle percuta une autre boule qui frappa les doigts du pauvre homme. Il hurla. Mais, ses deux mains restèrent encrées dans le billard.
̶̶ Pas mal, voyons la suivante !
Le père de Dieter frappa une nouvelle fois avec encore plus de force et deux boules se fracassèrent dans les phalanges du contestataire, il gueula encore plus fort. Dieter était en émois, il souriait, il voulait lui aussi jouer au billard avec son père, mais, il se retint, il ne devait pas être vu !
À nouveau, la queue suivie de la boule blanche frappa le jeu. La violence du coup était telle que le bout de la queue vola en éclat. Le garagiste retira ses mains pour éviter de se faire casser d'autres doigts. Il se tenait les mains, du sang perlait de ses phalanges meurtries...
̶̶ J'ai gagné, tu m'en mettras 10 pour la semaine prochaine. Bonne - fin de soirée !
L'homme quitta le salon en passant par la baie vitrée, il ne se retourna pas, il avait perdu.
Dieter reprit ses esprits, il avait adoré voir son père régler une situation de crise. En se dirigeant vers la cuisine pour se servir un verre d'eau bien frais, il pensa que s'il avait été dans la même situation, il aurait flingué le gars et demandé aux autres protagonistes de compléter la commande à sa place !
La ronde de policier entra alors en action. Des sellés furent placés autour de l'hôtel du plaisir et tout le monde questionné, même Dieter qui décida d'en dire le moins possible et de ne surtout pas parler du ticket de caisse qu'il avait trouvé dans la chambre des deux amants. Au bout de deux heures, il était libre et commençait déjà à échafauder son plan, sa vengeance !
Chapitre 8
Handy continuait sa route, son instinct le guidant. Marika dormait à côté de lui.
Il n'était pas son homme, il était même plus que clair que jamais il ne le serait, mais il l'aimait. Ça lui était tombé dessus, il n'avait pas choisi. Jamais il ne se battait contre son cœur, il l'écoutait. Il devait vite retrouver son petit garçon et prévenir ses parents. Tout le monde devait être à l'abri le temps de régler le problème. Le souvenir d'une femme italienne qu'il avait rencontré sur le Net traversa son esprit, des heures au téléphone, trois rendez-vous et une erreur. Si bien qu'elle l'avait envoyé balader... Pour lui, elle avait commis une faute en lui mentant, pour elle, il n'avait pas suffisamment confiance en elle ! Mais, en trois semaines avec cette Slave au caractère de feu, il avait connu à nouveau l'amour, le vrai, celui qui vous enivre et vous donne envie de déplacer des montagnes. Il retourna à sa route, il devait rester concentré.
Handy était satisfait, et le petit accroc qu'il avait prévu avait bien eu lieu.
Il approchait de Munich lorsqu'il décida réveiller sa passagère. Encore une fois il caressa son visage tendrement jusqu'à ce qu'elle émerge de son sommeil, passant sa main droite sur son visage si doux,
̶̶ Marika, Marika ? On arrive, j'ai besoin de toi pour récupérer ton fils !
La jeune Roumaine repris peu à peu ses esprits, elle était toujours avec cet homme dont elle ne connaissait pas vraiment le nom. Ah si Mathew ou Handy ? Il avait toujours l'air si tendre en toute situation. Une tache de sang séchée couvrait sa joue gauche. Elle prit son mouchoir et l'humecta avec sa salive, ensuite elle frotta la joue de son libérateur fou. Elle se rappelait ce qu'elle faisait ici, elle devait mettre sa famille en sécurité !
Il sourit et encore une fois, il plongea ses yeux dans les siens. Rien de mauvais n'animait ses pupilles, il avait juste les yeux un peu brillants, il était amoureux d'elle, elle le sentait,
̶̶ Voilà ! Tu prends à droite maintenant. Ce sera la troisième maison - sur la droite.
Mathew obtempéra, la voie douce et l'accent de Marika firent à nouveau battre son cœur. Ils étaient les premiers !
La partie la plus risquée du challenge venait de se conclure comme il le voulait. En partant aussi vite après la fusillade, il ne laissait pas beaucoup de temps aux mafieux de se retourner. Ils allaient venir enlever l'enfant pour leur mettre la pression, mais il serait trop tard... Il farfouilla dans la poche de son pantalon en se garant devant la belle demeure. Les parents de Marika habitaient en périphérie de la ville et étaient bien installés. Une très belle villa écartée de la petite route municipale d'une dizaine de mètres. Un petit bambin jouait avec son petit tracteur bleu dans la portion de terrain attenante à la maison. Une belle femme d'une cinquantaine d'années était assise sur un vieux rocking-chair, elle gardait un œil sur le bambin. Un homme aux cheveux blancs sortit de l'habitation et vint à leur rencontre,
̶̶ Privet* ma puce !
Marika sortit du véhicule et courut vers son fils. Un beau petit bout, il avait les cheveux et les yeux de sa mère, il souriait et ne pensait pas voir sa maman aujourd'hui. L'enfant commença à vouloir expliquer à sa mère ce qu'il avait fait durant son absence, mais, la jeune brune aux cheveux lisse ne l'écouta pas, elle l'embrassa et se dirigea vers son père,
̶̶ Papa écoute moi ! Toi et maman vous allez partir chez papy en Roumanie. Et tout de suite, je vous confie Max, prenez-en soin, je reviendrai le chercher dès que je peux !
Elle pleurait et tenait son enfant très fort dans ses bras. Son père comprit rapidement qu'elle ne plaisantait pas, l'enfant lui ne comprenait pas la situation, il continuait de raconter ce qu'il avait fait avec son tracteur, il labourait la pelouse pour pouvoir semer des fleurs et des jaunes, il savait que sa mère adorait les tulipes jaunes.
Le vieil homme prit le temps de regarder la voiture garée à l'entrée de sa propriété. Une plaque belge ? Qui était cet invité délocalisé ? Il aimait sa fille et le son de sa voix l'avait alerté, il avait peur pour elle,
̶̶ Qui est cet homme dans la voiture ?
Elle n'avait pas le temps d'expliquer la situation, il fallait qu'ils partent, sa mère comprendrait l'urgence de la situation, c'était une femme comme elle, elle comprenait toujours plus vite que son papa,
̶̶ Maman, vous devez partir maintenant ! Je ne plaisante pas !
Handy regardait la scène depuis sa voiture. Elle avait compris la suite de l'histoire. Ils allaient partir tous les deux chez lui et attendre la suite. Elle mettait tout le monde en sécurité. Quelle femme quand même, il avait fait le bon choix ! La petite famille s'activa à enfin partir de la banlieue de Munich. Ils prirent le strict minimum, la mère de Marika finissait d'installer le petit garçon dans son siège lorsque le père de la jeune femme vint à la rencontre d'Handy. L'homme semblait déterminé, un père protège toujours sa fille, surtout d'un homme qu'il ne connaît pas,
̶̶ Je ne sais pas trop ce qui se passe jeune homme. Mais, prends soin de ma fille !Ou tu connaîtras ma colère !
Handy comprenait la réaction du vieil homme, il savait aussi que sa fille reviendrait, dans sa tête, aucun doute, il avait tout prévu, le moindre détail. Marika reviendrait chercher son fils rapidement,
̶̶ Je m'occupe de tout, dans moins d'une semaine, elle reviendra ! Faites-moi confiance !
Le break familial quitta la petite villa, un petit bout faisant signe de la vitre arrière à sa maman qui pleurait, mais tentait de le cacher. Mathew sortit de la voiture et se dirigea vers sa muse. Il s'approcha tout doucement d'elle, essuya quelques-unes de ses larmes du revers de la main et l'enlaça. Marika fut d'abord réticente et finit par s'abandonner à cette étreinte. Une nouvelle fois une douce chaleur parcourut son corps, une nouvelle fois elle plongea son regard dans ses yeux. Handy sortit un papier chiffonné de la poche de son pantalon, il le laissa tomber dans l'allée qui conduisait au garage de la villa et ramena sa belle vers la voiture.
Mathew rentrait chez lui accompagner ! Il n'était plus seul... Il connaissait enfin l'amour après tant d'années seul !
Privet : Salut en russe.
Chapitre 9
Dieter avait rassemblé tous ses hommes. Suite à la fusillade de la matinée, son établissement était fermé durant l'enquête. Il ne devait donc laisser personne là-bas. Ils étaient 8 pour finir l'histoire. Il n'avait pas droit à l'erreur. Le parrain local allait passer le voir et lui demander des explications... Pour gagner du temps, il avait envoyé 4 de ses sbires à Munich. Il fallait récupérer le gosse avant qu'elle ne le fasse. Ensuite, il ferait ce qu'il voudrait d'eux. Et, il était clair qu'il les ferait souffrir !
Il attendait dans son petit appartement la visite du parrain local, il n'aimait pas rendre des comptes, encore moins à un inconnu.
La limousine s'arrêta devant l'allée où il garait sa Ferrari. Il était 16 heures pile. Dieter sortit de son loft pour venir à la rencontre de son futur boss.
Le grand patron n'était accompagné que de son chauffeur. Celui-ci sortit du véhicule et ouvrit la porte à son passager. Un type d'une cinquantaine d'années en sortit, il portait une casquette des Chicago Bulls, une longue barbe grise et tenait aussi une canne pour s'aider à marcher. Il se déplaça tant bien que mal vers le fils de son vieil ami, chaque pas lui faisant faire la grimace,
̶̶ Alors, c'est toi, le fils de Hank !
Dieter s'assit sur les marches d'escalier qui menaient à la porte d'entrée de son appartement, il était hors de question qu'il se déplace plus loin, le vieux n'avait qu'à se bouger jusqu'à lui, en plus ça lui ferait du bien. Il était gros, marchait en boitillant, l'exercice l'empêcherait de finir en fauteuil roulant,
̶̶ Oui ! C'est moi et je reprends les rênes !
Le vieillard continua sa route vers le jeune homme, il n'avait plus besoin de sa canne maintenant, il effectua un petit jeu de jambes avant de s'asseoir à côté de Dieter et de reprendre la conversation,
̶̶ Je suis venu te voir pour te raconter une histoire, j'aimerai que tu écoutes !
Et voilà, un vieux con voulait lui raconter une histoire. Il venait de perdre son père, il reprenait le flambeau, et un trou du cul venait lui raconter une putain histoire. En plus, il lui devait le respect au risque de se prendre une balle dans la tête...
̶̶ Vas-y grand-père je t'écoute !
Le quinquagénaire s'assit à côté de lui, il sortit un cigare, en coupa le cul et l'alluma. Il cracha la première bouffée au visage de Dieter,
̶̶ Elle est courte, mais pleine de bon sens ! Tu vois ce cigare, il est composé de trois parties. La première, le foin, lorsqu'on l'allume, il n'est pas très bon, c'est pour cela que je te crache la fumée au visage. Ensuite vient le divin, la meilleure partie ! Crois moi, une saveur exceptionnelle, un petit goût qui reste en bouche et vous donne envie de continuer. La troisième partie, c'est le purin ! La partie infecte du cigare, quand on en arrive là, on le jette et on en allume un autre... Médite ça gamin !
Dieter ne comprenait pas vraiment, qu'est ce qu'un cigare venait faire là-dedans ? Il voulait quoi au juste ce vieux sénile. Il lui devait une part de ses rentrées d'argent mais, il n'avait pas besoin de ses histoires à la con,
̶̶ C'est quoi la morale DOC ?
Le quinquagénaire se redressa, et se dirigea vers la limousine, son chauffeur lui ouvrant la porte. Le vieux pénétra dans la voiture et regarda une dernière fois Dieter,
̶̶ Je me demande quelle partie du cigare tu es...je serai ton ombre tant que tu n'auras pas réglé cette histoire !
Dieter prit conscience de la signification de la petite histoire, la pression commença à se faire sentir, il ne pouvait être que le divin... sinon, il perdrait tout !
La limousine s'éloignait de la rue lorsqu'il reçut un appel. Une mauvaise surprise l'attendait au bout du fil, la maison à Munich était vide, plus personne! La rage monta dans son ventre, il allait fracasser son GSM au sol lorsque son homme de main précisa qu'il avait trouvé un morceau de papier chiffonné. Il y avait une adresse griffonnée dessus et elle était de Belgique. Dieter jubilait, c'était un abruti qui avait foutu la merde, il allait lui régler son compte ! Son GSM ne s'envola pas pour un dernier voyage, il retrouva la poche droite de son pantalon.
L'homme de 25 ans demanda à ses sous-fifres partis pour Munich de revenir rapidement. Demain matin, il partirait en Belgique ! Demain serait son jour ! Vendetta !
Chapitre 10
Il était 19h00 lorsque Handy passa la frontière luxembourgeoise, encore une bonne heure et il serait chez lui ! Ils avaient du trouver son petit bout de papier... Il s'arrêta à une station-service pour faire le plein, il paya par carte le plein et se dirigea vers le parking. Il avait soif et Marika devait avoir faim. Il ne mangeait qu'une fois par jour, mais elle, elle n'avait rien avalé depuis ce matin, il savait qu'elle ne déjeunait jamais et qu'en général elle mangeait avec une copine entre 12 et 16 heures,
̶̶ Tu veux quelques choses ?
La jeune slave ne l'écoutait pas vraiment, elle réfléchissait à la situation, que pouvaient ils bien faire maintenant. Son enfant était en sûreté, c'était déjà ça,
̶̶ Je n'ai pas très faim, mais je veux bien un café glacé.
Mathew sortit du véhicule et se dirigea vers le petit magasin. Il prit deux cafés au lait froid, paya en cash et retourna à son véhicule. Marika n'avait pas bougé. Il lui ouvrit son café et le lui tendit, elle le but d'un trait, le sucre qui envahit son corps à ce moment-là réveilla son esprit, une petite dose d'énergie se diffusa dans ses veines, son cerveau retrouva toute sa réactivité,
̶̶ Merci, ça fait du bien. On va faire quoi maintenant ? Tu me fais peur...
Le ravisseur buvait une gorgée de son café, il souriait toujours autant, que pouvait-il arrivé maintenant que sa famille était en sûreté...
̶̶ On continue de vivre Marika. On va chez moi, je te ferai à manger et ensuite tu iras dormir, j'ai préparé une chambre pour toi.
Marika hurla sur le psychopathe, elle ne maîtrisait plus sa colère, elle était à nouveau elle, il risquait sa vie et celle de son enfant,
̶̶ Mais t'es con, ils vont te retrouver, te tuer, me tuer, tu te rends compte de ce que tu as fait ?
Il alluma le moteur de la voiture et repris sa course vers sa maison, il ne semblait toujours pas réaliser dans quelle merde il était et ça l'exaspérait, elle voulait le frapper, un bon crochet du droit en pleine mâchoire,
̶̶ Calme toi ! On ne va pas mourir ! Demain, tout sera fini !
Marika ne se démonta pas, elle continuait de crier, ça lui faisait un bien fou, elle vidait son sac,
̶̶ Comment peux-tu parler ainsi, ils seront nombreux et préparés, pas comme ce matin ! Tu es fou, complètement taré ! Et si je voulais partir, tu ferais quoi ?
Il sourit à nouveau, ses yeux brillants se posèrent à nouveau sur ses beaux yeux bruns, son visage toujours si détendu, si calme,
̶̶ Je viens de te donner l'opportunité de partir, tu ne l'as pas fait...
Ho et puis merde, elle abandonna la discussion, il ne comprenait vraiment pas ce qu'il avait fait. C'était peine perdue, il allait lui faire à manger, voilà ce à quoi il pensait pour l'instant. Et il avait raison, elle pouvait partir quand il s'était absenté chercher les cafés, mais, elle ne l'avait pas fait. Était-elle amoureuse ? Non, pas vraiment, enfin, elle ne savait pas, elle aimait sa compagnie quand il venait la voir, une belle personne pensait-elle à chaque fois qu'il posait ses yeux sur elle. Elle savait aussi qu'il ne venait que pour elle, c'était, sa deuxième femme lui avait-il dit. Il n'en voulait pas cinquante ! Elle adorait ses baisers, prenant du plaisir à l'embrasser, pour le reste, elle avait gardé le contrôle de son corps, mais, en même temps, elle ne pouvait s'empêcher de penser à ce qu'il se serait passé si elle l'avait rencontré quelques années plus tôt, avant qu'elle ne vende son corps... avant de tomber enceinte...
Elle se laissa une nouvelle fois aller, elle ferma les yeux et s'endormit à nouveau. Avant de sombrer, elle posa sa tête sur l'épaule de son sauveur.
Mathew continuait de rouler, il passa la frontière Belge et se dirigea vers sa petite maison achetée 10 ans plus tôt. Il pensait au petit plat qu'il allait préparer pour elle. Elle n'était pas friande de viande. Comment en parlait-elle déjà ? Ah oui, de la carne ! Son choix se porta alors sur son met préféré, les pâtes au gratin, mais sans jambon pour elle. Elle aimerait, il en était sur. Il quitta l'autoroute et emprunta les nationales qui le mèneraient devant sa petite maison.
30 minutes plus tard, il posait sa voiture devant son garage. Il réveilla Marika.
La maison ne semblait pas bien grande de l'extérieur, elle était collée à deux autres bâtisses. Une seule fenêtre donnait sur la rue, une autre à l'étage avait le volet fermé.
Il l'invita à entrer et elle le suivit, son cœur battant très fort alors que quelques minutes plus tôt, elle était prête à le tuer !
Chapitre 11
Dieter avait donné rendez-vous à tous ses hommes à son appartement pour 20 heures. Les hommes partis pour Munich arrivèrent un peu en retard.
C'était sa première réunion de crise, il n'en avait jamais donné. Il s'était connecté sur google map et avait tapé l'adresse du petit connard qui avait dézingué son père. Grâce à la vue subjective, il avait repéré les lieux,
̶̶ Je ne vous attendais plus...
Les quatre hommes s'excusèrent pour le retard, ils avaient été pris dans des embouteillages, un con de camion s'était renversé sur la route, une heure d'attente avant de pouvoir reprendre la route. Le patron était dans tous ces états, Kurt tenta d'en placer une, mais Dieter le coupa instantanément, c'était lui qui parlait, pas ses gardes du corps,
̶̶ C'est moi qui parle ! L'enfant de putain vit dans un petit village du sud de la Belgique ! On part ce matin vers 04h00 ! Soyez prêt ! On formera deux groupes, le premier entrera par l'avant de la maison, le second groupe par l'arrière, on peut facilement y accéder. Je veux un travail propre ! On les bute tous les deux et on rentre ! Des questions ?
Kurt qui avait une certaine expérience de ce genre de travail en profita pour reprendre la où il avait été coupé. Il avait déjà réglé quelques affaires par le passé et ce que l'homme avait fait ce matin, il ne l'avait jamais vu, il doutait un peu de la facilité à terminer cette affaire,
̶̶ Le plan est pas mal patron, mais quand on voit ce qu'il a fait ce matin, je me demande si c'est une bonne solution. Il doit avoir de la famille, on le connaît maintenant. On n'en profiterait pas pour lui mettre la pression et l'amener là où on veut ? Je ne le sens pas ce type !Il nous donne trop d'indices, je dirai même qu'il nous attend !
Dieter n'avait jamais aimé être contredit, dans son rêve de domination, personne ne lui disait quoi faire. Son père n'était plus là, c'est lui qui décidait maintenant. Il sortit son flingue et logea une balle dans la tête de Kurt. L'homme s'écroula sur le sol, les autres reculèrent. Hank les avait prévenus, il ne fallait pas laisser un flingue chargé dans les mains de son fils. Le nouveau patron était imprévisible et tout le monde comprit qu'il n'y aurait plus qu'une seule personne qui parlerait à partir de maintenant !
̶̶ D'autres suggestions ?
Personne ne répondit, Dieter venait de tuer son premier homme et il n'éprouvait aucun remords, oui, il était le patron, et personne ne lui chierait dans les bottes ! Surtout pas un Belge ! Il se rappelait celui qu'il avait rencontré en boite 15 jours plus tôt. Ils avaient bu ensemble toute la soirée et refait le monde. Mais, il se rappelait aussi que l'homme grisonnant au moment de payer la note s'était barré sans rien dire ! Il était parti pisser et plus de traces de lui !
Le corps de Kurt fut placé dans le coffre d'une des voitures qui emprunteraient le chemin de la vengeance le lendemain.
La petite bande de mafieux commanda des pizzas pour le souper à un petit vendeur ambulant qui cuisait ses pizzas au feu de bois, un régal. Il venait chaque semaine avec son camion sur la place un peu plus loin, son fils s'occupait des livraisons. Et les pizzas étaient délicieuses, une pâte fine et bien croustillante et bien garnie par-dessus le marché !
Vers 20h30, le livreur apporta la commande, Dieter lui ouvrit la porte, il regarda si tout était là et paya le livreur. Au moment où il allait refermer la porte, il se rendit compte que la pizza qu'il avait commandée ne se trouvait pas dans la pile qu'il tenait en main, il voulait une quatre fromages et il n'y en avait pas ! Il invectiva le jeune homme,
̶̶ Hé, machin ! Le compte est là, mais où est ma pizza quatre fromages ?
Le livreur se retourna, il avait bien donné le bon nombre de pizzas, alors, son père avait du faire une erreur en prenant la commande,
̶̶ Désolé monsieur ! Je ne savais pas pour votre pizza ! Je peux retourn....
Un petit bruit de détonation étouffé retentit dans la petite allée... Une balle perça l'œil droit du pauvre pizzaiolo qui s'écroula aussitôt,
̶̶ Ils font vraiment chier ces Italiens !
Trois hommes sortirent de l'appartement, un nouveau cadavre finit dans le coffre de la seconde voiture. Un scooter rouge trouva une place dans le garage de Dieter.
La fine gâchette ne mangea pas ce soir-là, une autre faim le tenaillait et en plus, il n'avait pas eu sa quatre fromages !
Chapitre 12
Aimer quelqu'un ?
Pour toute la vie ?
Peut-être une utopie ?
Encore un mirage ?
Tant de questions me rongent.
Incertitudes, confiance, fidélité ?
Tant de questions sans réponses...
Marika fut surprise en pénétrant dans la maison. Elle semblait vieille à l'extérieur, la façade partait en lambeaux, mais une fois en son sein, elle découvrit des escaliers en bois qui conduisait à l'étage, sur la droite une petite porte avec un hublot donnait sur la cuisine qui se prolongeait sur un petit salon qui lui-même donnait sur une belle grande véranda. L'endroit était très propre, un chat noir passa le long de ses jambes,
̶̶ C'est Saya, elle veille sur la maison quand je ne suis pas là !
Il n'y avait pas beaucoup de meubles, une grande télévision se trouvait dans le salon, une petite table basse et un fauteuil coloré, côté kitchenette, une belle grande cuisine équipée moderne avec un superbe plan de travail, de quoi préparer de bons repas aisément. Une vraie maison de célibataire ! Cependant quelques détails attirèrent son attention, il y avait des traces sur les murs, comme si a un moment donné, des cadres ou des meubles s'étaient trouvé planté la... Elle se rappela de ses conversations avec cet homme dont elle avait du mal à retenir le nom, Handy, Mathew ? Il avait vécu 7 ans avec une femme, oui, c'est ça, 7 ans... il s'agissait certainement des stigmates de son ancienne vie avec cette femme qui l'avait conduit à venir la voir... Mathew se dirigea vers elle et l'enlaça, elle se laissa faire, un doux frisson parcouru son corps tout entier, elle aimait son contact, à la fois si tendre et dégageant tant de force... ̶̶ Je vais te montrer la salle de bain et ta chambre pour cette nuit, suis moi !
Elle suivit l'homme fou dans les escaliers, il lui montra sa chambre, une petite pièce avec un lit une personne et une grande bibliothèque. Elle aimait lire... en Roumain de préférence. Elle savait écrire le français, mais, le lire n'était pas simple trop de vocabulaire qu'elle ne connaissait pas hélas ! Ensuite il lui montra la salle de bain. Elle était très grande, un évier surmonté d'un meuble avec une grande glace, une grande baignoire et un combi douche la remplissait. Il ouvrit le meuble et lui montra les têtes de rechange pour le brossage de dent, elle pouvait se servir, heureusement ! Utiliser la brosse à dents d'une autre personne, c'était horrible !
̶̶ Je te laisse, prends soin de toi, je prépare le souper !
Marika laissa l'homme sortir de la pièce, elle souffla un instant. Elle avait eu chaud, elle sentait mauvais, une petite douche la remettrait d'aplomb ! Elle se déshabilla et fit couler l'eau, sur le coté de la douche, un essuie propre et un peignoir étaient posé. Elle prépara la tête de brosse à dent neuve et se laissa bercée par l'écoulement de l'eau tiède sur son corps, elle souffla à nouveau.
Lorsqu'elle descendit habillée de son peignoir, elle vit l'homme qui l'avait entraîné dans cette histoire folle s'affairer au fourneau. Il cuisait des pâtes et préparait une sauce béchamel,
̶̶ Alors, ça t'a fait du bien ?
Elle se glissa derrière lui, prête à l'enlacer, mais, elle se contint. Non, elle ne devait pas céder, cet homme était fou...
̶̶ Oui, ça fait du bien ! Tu nous prépares quoi ?
Il continuait d'ajouter du fromage à sa sauce tout en remuant énergiquement la préparation, la minuterie du four retentit,
̶̶ Pâtes au gratin sans carne...
Elle sourit, il retenait vraiment tout depuis le début de leur rencontre ce con, elle adorait le fromage et les pâtes. Elle toucha ses cheveux, elle aimait passer la main dans ses cheveux poivres et sel,
̶̶ Je t'attends devant la télé, je peux ?
Il versa les pâtes égouttées dans un plat et y ajouta la béchamel. Un peu de fromage sur le dessus de la préparation pour le gratin et il enfourna le met dans le four pour 15 minutes à 200 degrés,
̶̶ Fais comme chez toi !
Elle s'installa dans le divan et alluma le poste de télévision, elle cherchait à savoir si aux infos on parlait de leur histoire. Elle tomba sur le journal télévisé français et juste au milieu des nouvelles, le présentateur parlait de ce qui était arrivé ce matin,
̶̶ Tu as vu qu'on parle de toi ?
Mathew venait de rejoindre sa belle dans le salon, il s'assit à côté d'elle, il avait faim et il n'avait cure des journaux télévisés
̶̶ Non , pas de moi, de nous, ils ne savent pas qui je suis, et puis je m'en moque, tout sera fini demain ! On va bientôt manger, plus que cinq minutes !
La minuterie retentit à nouveau rappelant Mathew à ses fourneaux, sa sentait bon, il commençait à saliver, en général quand il cuisinait, il perdait son appétit, mais, pas ce soir...
̶̶ Voilà, c'est prêt ! Tu as fort faim ?
Elle mourrait de faim, le café avait ouvert son appétit, elle aurait mangé n'importe quoi pourvu que ça cale son ventre, même de la carne...
̶̶ Assez oui, tu peux bien me servir...
Mathew lui servit une bonne assiette, ensuite il s'installa devant la télévision, mais pas tout à côté d'elle, il la laissait respirer et digérer la situation. Encore une fois, il l'a trouva apaisée, une fois son assiette terminée, elle se leva et débarrassa la table, elle s'apprêtait à faire la vaisselle lorsqu'il saisit son bras,
̶̶ J'ai un lave-vaisselle...
Il l'aida à ranger dans le lave-vaisselle, ensuite il posa un baiser sur son front,
̶̶ Je pense qu'il est temps que tu ailles dormir, ne pense pas à demain, j'ai tout prévu ! Alors, file dormir, je te réveillerai quand ils seront là!
Une nouvelle fois elle écouta cet homme sans broncher, elle monta dans sa chambre, enleva son peignoir et se glissa sous la couette. Avant de s'endormir, elle pensa à son petit bout, le reverrait-elle un jour ? Une nouvelle fois, elle s'endormit d'un sommeil profond, la situation et les risques de ne plus jamais voir son fils quittèrent son esprit de mère rapidement.
Rêve
Encore une désillusion,
Non, j'étais plus intelligente que ça !
Comment me suis-je fait avoir ?
Honte de croire que ce serait si facile !
Alors qu'au fond de moi,
Intérieurement, je savais ce qui m'attendait,
Ne suis-je pas maître de ma vie ?
Est-ce une fatalité ?
Et si, quelqu'un venait pour moi !
Son enfant se trouvait devant elle. Il était assis sur son petit tracteur bleu en plastique injecté. Il pédalait comme un fou dans le petit parterre situé juste devant la maison de ses parents. Le soleil était haut dans le ciel, pas un nuage ne le couvrait. Il faisait doux, elle avait gardé son petit polo pour protéger ses bras. Marika regardait son fils jouer et comme à chaque fois, il faisait comme s'il labourait un champ ! Son Max faisait le bruit du moteur et regardait derrière lui les sillons imaginaires qu'il herserait plus tard dans la journée...
Ses parents étaient de sortie et elle avait une semaine de repos pour s'occuper pleinement de son petit garçon et quand elle était en congé, elle ne perdait pas une miette de son temps avec son petit trésor !
De l'autre côté de la rue, les gars qu'elle avait embauchés pour rénover son appartement continuaient leur labeur. Elle pouvait entendre les machines de la où elle se trouvait. Ils en étaient à la fin des saignées, bientôt de nouveaux câbles porteraient l'électricité partout dans son petit loft. En achetant l'appartement, de nouvelles normes électriques étaient passées et elle avait quelques mois pour remettre tout cela à neuf. Avec son travail, l'argent ne manquait pas au final alors, elle avait décidé de ne pas tricher et tout mettre en état. Et puis, avec cette vieille installation, il y avait des risques pour son enfant !
Lorsqu'elle tourna la tête pour voir le travail de son fils, elle aperçut le petit tracteur cyan sans son conducteur... son cœur se souleva, elle chercha du regard partout son petit hobbit ! Où était-il ?
Au coin de la rue, elle remarqua vite les deux voitures noires et son bambin s'en rapprochait. Trois hommes l'appelaient et son petit chérubin se dirigeait vers eux... Marika reconnut tout de suite l'un d'entre eux, c'était le fils de son patron, Dieter... Elle sentit qu'il venait pour enlever son fils. Elle hurla et se précipita vers les voitures. Elle sentait son cœur s'arracher à chaque enjambée, pourquoi venaient-ils chercher son fils ? Elle ne s'était pas enfuie, c'était juste sa semaine de congé !
Dieter saisissait déjà la main du petit garçon et l'emmenait à l'arrière de l'un des deux véhicules. Marika hurla de plus belle, mais personne ne semblait l'entendre. Les gens autour d'elle et les ouvriers qui travaillaient dans son 5 pièces continuaient de vaquer à leurs occupations sans même se retourner ! On enlevait son fils et elle criait de toutes ses forces !
C'est à ce moment-là, où elle croyait que tout était perdu et que son petit bout montait à l'arrière de l'une des voitures qu'un autre véhicule s'engouffra dans la rue. Elle était grise et la plaque d'immatriculation peu commune, détail saisissant qu'elle aperçut aisément... Son fils allait disparaître et elle pouvait voir et identifier la plaque d'immatriculation du break qui venait d'entrer sur la scène de crime ! Une plaque belge ! La fenêtre du conducteur était ouverte et elle aperçut un visage sombre, un visage sans yeux, sans nez, sans bouche... La créature ou l'homme qui conduisait sortit la main par la fenêtre. Cette même main était armée d'un revolver !
Carla entendit plusieurs détonations, au moins trois et lorsqu'elle reprit ses esprits, trois hommes étaient couchés sur le sol, elle pouvait distinguer des mares de sang sous la tête de chacune des victimes.
L'homme sans visage lui ramenait son Max en le tenant par la main ! Elle pouvait voir son visage maintenant. C'était Mathew ou Handy, elle ne savait plus très bien...
Marika se réveilla en sursaut, elle regarda tout autour d'elle...
Un instant, elle eut très peur, elle ne dormait pas là où elle devait dormir ! Peu à peu, les souvenirs de la folle journée qu'elle venait de vivre remontèrent à la surface. Elle était chez cet homme fou, son fils était en sécurité avec ses parents, et elle allait peut-être bientôt mourir et laisser un enfant sans maman.
Le visage de Mathew apparu devant elle, telle une ombre, il souriait comme à son habitude... étrangement, cette vision rassura la jeune femme, elle se retourna et se remit sous la couette. Quelques instants plus tard, elle dormait à nouveau d'un sommeil profond.
Chapitre 13
Handy profita du départ de la jeune femme pour préparer un accueil chaleureux à la petite bande de gangsters qui viendrait lui rendre visite tôt le lendemain matin. Il avait tout prévu, mais il ne voulait pas effrayer Marika avec tout ça. Maintenant qu'elle dormait, il pouvait se concentrer à ses plans. Alors, il nettoya ses deux flingues et remplit les barillets de balles artisanales. Il aimait le tir, il était vice champion de Belgique et il avait appris depuis longtemps à confectionner ses munitions lui-même. Il savait aussi fabriquer des explosifs, rien de bien difficile en soi, enfin l'électronique et les commandes à distance n'étaient pas son fort, mais, il avait réussi à se débrouiller... En fait, il savait tout faire. Certains de ses amis lui avait même dit que si un jour sa maison prenait feu, un énorme cratère se formerait au centre du village où il habitait. Il sifflotait tout en prenant soin de ne pas oublier certains détails. Il posa une charge sous sa voiture et vers deux heures du matin, sa besogne étant terminée, il s'installa dans son divan et ferma les yeux une paire d'heures. Il cala sa respiration sur le tic-tac de son horloge de salon. Trois secondes d'inspiration pour trois autres d'expiration. Il savait que les hommes de Dieter seraient là de bonne heure, il savait aussi comment ils procéderaient. Il répéta sa stratégie et ses déplacements dans sa tête une dernière fois. Il n'avançait pas au filing, loin de là ! Tout était étudié depuis un mois maintenant. Il n'y avait pas place pour l'imprévu, la machine Handy était en marche et plus rien ne pourrait la stopper. Marika retrouverait son fils sain et sauf et ils vivraient heureux encore de nombreuses et belles années !
Chapitre 14
Dieter s'était levé du pied gauche à 04h00. Il avait botté le cul à ses hommes, il était temps de décoller et d'en finir une bonne fois pour toutes. Tony lui avait demandé quoi faire des deux cadavres et du scooter et il avait répondu,
̶̶ On jettera les corps en chemin sur une aire d'autoroute. Le scooter, je le ferai repeindre et je l'offrirai à mon neveu !
Tony ne put s'empêcher de rappeler à son patron que son neveu était âgé de trois ans et que le scooter, il ne l'utiliserait pas de si tôt,
̶̶ Détail... Disons que je le garderai jusqu'à ses seize ans ! Et, tu me fais chier !
Huit hommes embarquèrent dans les deux véhicules et ils étaient armés pour la chasse au Rhinocéros !
Dieter jubilait, il avait appris hier qu'il aimait tuer pour le plaisir, sa crosse le démangeait à nouveau,
̶̶ C'est moi qui les tue ! On est bien d'accord ?
Personne ne répondit et qui ne dit mot consent ! Il était impatient, il allait devenir le prolongement de son père, fini d'attendre qu'il crève et qu'il ait envie de le familiariser avec le milieu... C'est lui qui allait apprendre aux autres comment gérer une telle affaire ! Le temps de son règne était arrivé et il serait un dictateur... Un prince du commerce... Un trader de sexe... et l'argent coulerait à flot et on viendrait lui demander des conseils !
Il donnait les ordres maintenant, bon il y avait toujours ce vieux con au-dessus de lui, mais, s'il assurait, il ne devrait plus s'en méfier ! Et alors, il ferait ce que bon lui semble sans jugement aucun !
L'escouade meurtrière se mit en route pour 04H30, deux cadavres l'accompagnant, témoins bien malgré eux de la stupidité de Dieter !
Ils passèrent la frontière luxembourgeoise vers 5 heures 10 et ils livrèrent les deux colis refroidis sur une petite aire d'autoroute déserte très tôt le matin. Deux des malabars en profitèrent pour fumer une clope, le nouveau patron interdisant de fumer dans la voiture où il se trouvait. Au bout de quelques minutes et sous les appels de leur fou furieux de boss, ils remontèrent dans leurs voitures et reprirent la route de la vengeance !
Chapitre 15
Venu d'un autre monde,
Est-il à sa place ?
Ne devrait-il pas en finir ?
Genre à part, un super héros ?
Être sans compassion ?
Amoureux éternel ?
Nouveau chevalier ?
C'est à elle de décider,
Être amoureux tout simplement !
Handy ouvrit l'œil vers 05h00 du matin, l'excitation du combat à venir le sortant de son sommeil. Il se prépara un bon petit café noir, il regarda une nouvelle fois ses armes et la petite télécommande qui lui permettrait d'activer la charge à distance. Il monta à l'étage et continua son chemin jusqu'à une autre cage d'escalier, il gravit les marches en tentant de faire le moins de bruit possible, il ne voulait pas encore réveiller Marika, les escaliers craquaient sous son poids et passaient juste au-dessus de la chambre de son amoureuse. Il arriva sous le toit de sa petite maison, dans son grenier ! Il avait retiré deux tuiles sur chacun des deux pans de la charpente. De là, il voyait la rue en face de chez lui et en se retournant et se déplaçant un petit peu de quelques pas il pouvait aussi apercevoir son petit terrain situé derrière chez lui. Il était 05h20, ils ne devraient plus trop tarder. Il s'alluma une clope et patienta encore un moment.
Les deux véhicules entrèrent dans la rue vers 06h05, ils s'immobilisèrent devant le parking de la petite église. Huit hommes en descendirent. Mathew les observait de son perchoir. Il se demandait, si comme il l'avait prévu, ils allaient faire deux groupes. Il attendit encore quelques minutes pour avoir la réponse à sa question. Lorsqu'il quitta le grenier, Handy finit par remarquer une autre voiture qui se gara légèrement en retrait en face du Couarail le café qui avait appartenu à son grand-père. À l'époque, il n'y avait qu'une seule piste de bowling maintenant, il y en avait quatre. Il sourit en se dirigeant vers la chambre de Marika, rien ne manquait. Ah si, peut-être la police...
Il frappa assez fort à la porte de sa protégée, car oui, c'était sa protégée, pas son plan cul. Après ce matin, il la laisserait rentrer chez elle. Marika se réveilla tant bien que mal, elle enfila le peignoir de son protecteur et lui ouvrit la porte, un sentiment de honte l'envahit, elle n'était pas maquillée, il allait la voir sans artifice. Elle chassa cette idée de son esprit, était-elle amoureuse ?
̶̶ J'ai compris, je me cache où ?
Mathew la regarda une dernière fois, elle était parfaite, c'était la première fois qu'il l'a voyait sans maquillage, et elle resplendissait, même au sortir du lit, parfaite en toutes circonstances,
̶̶ Tu ne vas pas aimer, mais la cave ce serait judicieux !Au pire tu pourras te saouler, j'ai une bonne collection de vins...
Elle écouta son chevalier des temps modernes, elle avait remarqué la façon dont il l'avait regardée cette fois-ci, on sentait que pour lui c'était la dernière fois qu'il l'a verrait. Avant de descendre à la cave, elle déposa sur ses lèvres un baiser qui réveilla quelque chose au plus profond de son ventre, une sensation qui remontait à la dernière fois où elle avait aimé un homme, une envolée de papillon !
̶̶ Reviens-moi vite petit homme trop gentil !
L'homme qu'elle venait d'embrasser ferma la porte sur elle, il ne la regarda pas et ne lui répondit pas. Elle cherchait ses yeux du regard, mais, elle ne les trouva pas.
Handy était prêt à en finir pour de bon. Et toutes les pièces du puzzle s'imbriquaient parfaitement l'une dans l'autre !
Chapitre 16
Dieter en avait marre de la route, il commençait à s'impatienter. Ulrich lui fit signe qu'ils arrivaient enfin ,
̶̶ C'est la maison là patron ! En face de l'église !
Le petit boss demanda qu'on gare les véhicules le long de l'édifice religieux, elle était située juste en face de la maison du connard . En plus ils étaient suivi et pas par n'importe qui. Décidément, comme le vieux l'avait dit, il venait voir comment il allait régler l'affaire,
̶̶ Je serai ton ombre...
Ulrich ne comprit pas la phrase de son patron, était-ce un ordre, il craignait pour sa vie, son ancien boss lui avait toujours dit que s'il mourait un jour, il ne faudrait jamais laisser une arme dans les mains de son fiston, il était trop con... impulsif et si peu réfléchit, c'était pour cela aussi qu'il ne voulait pas l'impliquer dans ses affaires...
̶̶ Quoi ? Tu dis patron ?
Dieter reprit ses esprits, il regarda Ulrich et les 6 autres gars qui se trouvaient maintenant devant les voitures. Il se sentait admirer, ce matin, c'était son matin, il allait montrer qui il était, il allait prendre les armes et se faire justice et surtout prouver au fan des Chicago Bulls qu'il ne plaisantait pas !
̶̶ Bon, Ulrich tu passes derrière avec ces trois-là et tu veilles à ce qu'ils ne se barrent pas par l'arrière ! Nous, on frappe à la porte ! Et c'est moi qui descends ce con, OK ?
Les hommes se scindèrent en deux groupes, Ulrich entraînant ses deux collègues et Dieter emmenant les trois autres.
Le petit mafieux attendit quelques minutes avant de se diriger vers la porte d'entrée de la petite maison. Il attendait le signal d' Ulrich avant de sonner, le trou du cul ne devait pas pouvoir filer par l'arrière de la maison ! Le vibreur de son GSM s'enclencha, les autres étaient en place... il était temps. Dieter commença sa marche vengeresse, traversa la route et se dirigea vers le trottoir qui courait le long de la maison. Il passa devant la voiture de Mathew, il y avait quelque chose sur le capot, on aurait dit une petite boite. Lorsqu'il appuya sur la sonnette, la voiture explosa, elle projeta les trois hommes loin dans les airs, des morceaux de métal et de verre se fichèrent dans la chair des gangsters brûlés vifs.
Dieter fut secoué et brûlé au visage, mais l'homme qui se trouvait à sa gauche le protégea du souffle de l'explosion et des éclats. Il se trouvait au milieu de la route maintenant, il avait mal à la tête et au visage, ses oreilles bourdonnaient, un son strident perçait ses tympans,
̶̶ Mais putain, ça ne devait pas finir comme ça...
Le choc de la déflagration le plongea tout doucement dans l'inconscience... Son père lui disait qu'il avait fait le mauvais choix, qu'il aurait dû réfléchir un peu plus avant d'agir... Le petit Belge qui lui avait rincé le gosier quelques semaines plus tôt se trouvait devant lui, une arme à la main... Dieter ferma les yeux !
Un homme sortit de la petite maison par ce qui restait de la porte d'entrée, il ficha une balle dans tête de chaque homme, terminant par Dieter. Il valait mieux être sur...
Handy retourna dans sa maison, en n'oubliant pas de sourire aux deux messieurs de la limousine noire garée un peu plus haut à côté de l'église du village et qui profitaient du spectacle ! Il s'en occuperait après, d'abord ceux du jardin !
Chapitre 17
Handy avait attendu que les trois hommes soient assez proches de la voiture. Il regardait de la fenêtre de la salle de bain, avec les reflets du soleil du matin, il était invisible aux personnes qui regardait au travers de la vitre. Les quatre autres qui avaient décidé de faire le tour de la maison avaient du mal à monter le petit talus qui menait à son petit lopin de terre, l'un d'entre eux avait fini par comprendre qu'il suffisait de faire le tour et qu'un peu plus loin, il était aisé d'enjamber le treillis de la propriété plutôt que de jouer à l'alpiniste. Handy souriait, il avait à faire à une parodie de gangsters...
Il avait donc le temps de s'occuper d'abord des hommes situés à l'avant de sa casbah et de sa voiture. Il déclencha la petite bombe en prenant soin de se trouver loin de la fenêtre, lorsqu'elle explosa, il était dans la cage d'escalier, à nouveau ce sourire au coin des lèvres, la porte d'entrée volant en éclat...
̶̶ Je l'ai peut-être un peu trop chargée...
Il arma ses deux berettas, et sortit dehors pour achever le travail !
Ulrich et ses hommes se trouvaient derrière le treillis qui protégeait le petit jardin de la maison au moment de l'explosion. Ils furent tous surpris et se couchèrent sur le sol pour se protéger. Trois détonations supplémentaires retentirent, mais elles étaient moins fortes, plutôt des coups de feu !
Ulrich fut le premier à se redresser, il tenait son flingue en main, il regardait droit devant lui prêt à tirer.Un homme bondit vers lui en faisant feu. Une balle se logea dans le fond de son crâne avant qu'il ne puisse tirer. Trois balles supplémentaires mirent fin à la vie des autres malfrats qui étaient restés au sol, apeurés.
Handy rengaina ses armes, il se sentait vivre, il n'avait rien raté, il ne restait plus qu'à négocier avec la bonne personne. Il traversa sa maison une nouvelle fois, il sortit par devant traversant les lambeaux de sa porte d'entrée en bois et se dirigea vers la voiture qui avait suivi le déroulement des événements ! Il pensait à Marika, il allait la sauver !
Chapitre 18
Si tout devait finir maintenant...
Encore faudrait-il,
Ne pas faillir à sa tâche,
Tenter quelque chose,
Encore faudrait-il,
Ne pas douter,
Cette crainte,
Est désormais face à moi !
Handy était assis en face du vieil homme, la limousine était confortable, intérieur cuir. Le chauffeur attendait dehors, fumant une clope.
C'est finalement le parrain qui prit la parole, un cigare à moitié éteint au coin des lèvres
̶̶ Tu m'as foutu un beau merdier ! Je vais perdre l'établissement et tu me fais perdre quelques hommes ! Bon, je ne regrette pas Dieter, loin de là ! J'irai jusqu'à te dire merci. Tu veux quoi andouilles?
Mathew avait attendu ce moment depuis un long moment, dans ses pensées les plus folles, la seule façon d'en finir avec cette histoire, consistait à rencontrer une personne suffisamment influente pour acheter la liberté de sa protégée, où plutôt négocier un nouveau contrat, plus avantageux pour Marika, un contrat de liberté intégrale,
̶̶ Disons que je veux que tu laisses Marika tranquille à partir de tout de suite !
Don Corléone explosa de rire, alors, c'était juste ça, une histoire d'amour à la con... Il prit son temps pour se remettre de sa crise de fou rire, il toussa un long moment. Il avait vu des hommes amoureux tenter d'embarquer une de ses filles, mais, il les avait toujours recadrés ou refroidit. Celui-là lui plaisait vraiment, il était efficace et surtout, il ne plaisantait pas...
̶̶ Alors, tu as fait tout cela parce que tu l'aimes ?
Le quadragénaire ne détournait pas son regard des yeux du parrain, il pointait son arme vers le vieil homme, prêt à tirer à la moindre occasion...
̶̶ Bon, c'est quoi ta réponse l'ancien ?
L'ancien finit par comprendre qu'il n'en tirerait rien, il aurait aimé le garder avec lui, il avait des méthodes peu conventionnelles. Cet homme aurait été efficace en tueur ! Il savait aussi que s'il répondait mal, il prendrait une balle quoiqu'il tente et il ne voulait pas mourir pour si peu, il pouvait encore vivre bien des années,
̶̶ Barre-toi ! Reste avec elle si c'est ce que tu veux ! Elle est libre... Ah oui, ne me croise plus jamais !
Handy quitta la voiture, il tournait le dos au chauffeur en retournant vers sa petite maison. Il attendait la fin de l'histoire, il attendait une balle. Au final, un moteur ronronna et le bruit de la cylindrée de luxe s'éloigna. Il soupira un grand coup. Il avait gagné son pari. Marika était libre de partir ou de rester avec lui...
Lorsqu'il ouvrit la porte de sa cave, sa Marika bondit dans ses bras. Elle l'embrassa plusieurs fois, il n'était pas blessé. Elle souriait, elle était heureuse et dans son ventre une volée de papillon battit à nouveau des ailes...
̶̶ Je suis toujours vivant et tu es aussi libre de partir rejoindre ton fils ! Ils ne t'ennuieront plus !
La jeune femme fondit en larme, elle savait maintenant que l'homme qu'elle avait en face d'elle deviendrait l'homme de sa vie. Elle se risqua enfin à lui dire son vrai prénom,
̶̶ Je m'appelle Carla !
Le visage de l'homme qui se trouvait devant elle s'illumina, un grand sourire élargit son aura, son regard pénétra le sien. Elle retrouva l'homme qu'elle avait rencontré lors de son premier rendez-vous, celui qui voulait l'enlever avec un sac à dos,
̶̶ Moi, c'est Andrew !
Les sirènes de la police belge résonnaient déjà au loin lorsque les deux amants s'embrassèrent langoureusement !
Mickey quant à lui s'était réveillé plus tôt que d'habitude ! L'explosion et les détonations l'avaient sorti de sa nuit sans rêves. Et ce matin, il n'avait pas mal à la tête et il ne pensait pas non plus à son ex. De sa fenêtre de la cuisine, la seule d'où il pouvait voir le monde, la seule d'où il pouvait être vu, il distinguait l'étendue des dégâts ! Trois hommes à terre, une voiture en fusion et un pan de mur arraché à la maison de son voisin ! Les assurances allaient blêmir ! Sa maison avait sans doute pris chère aussi ! Il s'alluma une clope sur le pas de sa porte d'entrée, il attendait la venue des services d'urgence en regardant les deux amants s'enlacer !
Fin
Texte écrit par Stasser Sébastien.