Carnet de pensées : 13 Novembre

Nicolas Miot

Ensemble de pensées notées à la suite des attentats du 13 Novembre.

16 NOVEMBRE – 20H25

Cette petite boule au ventre, cette sensation indescriptible d'un trou béant au milieu du cœur.

Comme une plaie qui te suit partout, qui revient sans interruption te rappeler que le monde a changé. Que la haine est présente, qu'elle prospère, qu'elle suinte de tous les pores de l'humanité.

Une journée difficile, reprendre comme si de rien n'était, une aberration pour le cœur, mais à priori un pansement pour l'esprit.

Une journée douloureuse où affronter le quotidien nous prouve que l'on fait partie de ceux qui restent.

Une journée où chacun de nos frères cherche des réponses, veut extérioriser son ressenti, une journée où il faut se confronter aux autres alors qu'on ne voudrait que les aimer.

Ne pas avoir à réfléchir, laisser le cœur s'exprimer, lui qui a tant besoin en ces heures de se remplir d'humanité.

Pourtant, en continuant, en œuvrant, en regardant ce qu'offre cette journée, une perception forte apparaît : la chance d'être de ceux qui restent, de ceux qui ont le choix, de ceux qui sont là.

A toi qui éprouve cette peur, à toi qui doute, qui cherche des réponses, qui veut blâmer, qui veut te battre.

Ressens aujourd'hui la chance que tu as de pouvoir serrer ton prochain contre toi, de pouvoir échanger, de rencontrer, d'aimer.

16 NOVEMBRE – 07H40

Encore un de ces réveils, étrange et avec son gout de sang dans la bouche.

Encore sous le coup d'une émotion viscérale qui bouffe le ventre, bouffe le cœur, bouffe l'esprit.

Mais on reprend, on continue, parce que la victoire doit être nôtre, parce que l'espoir est notre meilleur arme contre la haine et la terreur.

Face à l'extrémisme, face à ces « petites politiques » qui débordent, malsaines et opportunistes.

Opposons à ces poisons modernes l'amour. On retournera voir des concerts, on continuera à boire et échanger aux terrasses de nos cafés, à s'enivrer jusqu'à la lie.


15 NOVEMBRE – 11H30

Parce que l'on ne devrait jamais avoir à s'habituer à ce genre d'actes.

Parce que c'est réel, parce que des vies ont été sacrifiées sur l'autel de l'inhumanité.

Parce que nous sommes tous frères et que peu importe la distance, le sang qui a coulé, les vies qui ont été gâchées blessent mon âme et mon esprit.

Parce qu'il n'y a pas de petites ou de grandes actions et parce que Besançon m'a rendu triste et agar hier.

Nous avons eu besoin d'agir, de créer un petit quelque chose, trois fois rien, pour que chacun puisse se recueillir, se sentir moins seul face à la peine, à l'angoisse latente que tout le monde ne semblait pas ressentir.

Acte égoïste puisqu'il s'agissait  pour nous d'un moyen d'occuper nos esprits et nos mains.

Acte social puisque visant à ce que chacun puisse se recueillir, poser son esprit et concrétiser, peu importe la manière, ce que le cœur a du mal à définir.

Hier, nous avons vu l'amour et le dédain.

Nous avons entendu des mots blessants ils ne vont quand même pas commencer à se recueillir à chaque fois qu'il se passe quelque chose.

Nous avons rencontré, échangé avec des personnes d'horizons, d'origine et d'affinités différentes.

Nous nous sommes enlacés, nous avons partagé nos émotions et laissé sortir les larmes d'une blessure commune de l'esprit.

Hier, nous avons remporté une petite victoire sur ceux qui ont agi contre l'humanité.

Des rencontres anonymes qui permettent de combattre la peur, de reconnecter avec l'humanité.

Et même si pour certains, ce qui s'est passé reste virtuel, ça ne peut pas être chez nous, à oublier que des vies ont été perdues, que des frères humains sont morts pour leurs loisirs, pour avoir choisi de vivre dans un monde libre, de profiter des petits plaisirs qu'offre la vie, à nous habituer aux actes du 13 Novembre, nous ne devons-nous résoudre.

#Jesuishumain

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