Catharsis à trois

Johann Corbard

Petite séance de défoulement organisé autour du mot "sucre".
Une comédie mécanique, absurde et défoulatoire.

Texte protégé par les droits d'auteur(SACD).

CATHARSIS A TROIS

de Johann Corbard

 

Personnages :

2 femmes, 1 homme

Durée :

10 minutes

A chaque fois que le mot « sucre » est prononcé, les trois personnages doivent avoir un sursaut nerveux, incontrôlé.

Les déplacements,  positions et attitudes des personnages doivent être mécaniques, symétriques.

 

 

Dans son petit salon, une femme dresse une table avec notamment des tasses à thé. Elle chantonne.

 

Quelqu’un sonne à la porte d’entrée (geste du comédien en avance par rapport au bruitage).

 

LA FEMME HÔTE: Ah ! On sonne ! J’arrive, j’arrive !

La femme hôte ne bouge pas. L’invité homme fait deux pas vers elle.

 

LA FEMME HÔTE : Bonjour, bonjour !

INVITE HOMME : Bonjour, bonjour !

Ils se bisent sans contact, à un mètre l’un de l’autre. L’invité homme se retourne.

La femme hôte retire le manteau noir et l’écharpe rouge de l’invité homme.

Il se déplace en suivant des lignes droites vers son fauteuil.

LA FEMME HÔTE : Tu n’as pas eu de problèmes pour te garer ?

INVITE HOMME : Non, non, non, pas du tout ! Aucun problème ! Et toi ?

LA FEMME HÔTE : Mais non, voyons ! Je suis chez moi !

Tous deux rient de manière très exagérée.

 

Quelqu’un sonne à la porte d’entrée (geste du comédien en avance par rapport au bruitage)..

 

LA FEMME HÔTE : Ah ! On sonne !

INVITE HOMME : Oui, oui, oui ! Il me semble bien avoir entendu aussi !

 

LA FEMME HÔTE : J’arrive, j’arrive !

La femme hôte ne bouge pas. L’invitée femme fait deux pas vers elle.

 

LA FEMME HÔTE : Bonjour, bonjour !

 

INVITEE FEMME : Bonjour, bonjour !

Elles se bisent sans contact, à un mètre l’une de l’autre. L’invitée femme se retourne.

La femme hôte retire le manteau noir et l’écharpe rouge de l’invitée femme.

Elle se déplace en suivant des lignes droites vers son fauteuil.

LA FEMME HÔTE : Tu n’as pas eu de problèmes pour te garer ?

INVITEE FEMME : Mais voyons ? Tu sais bien que j’ai horreur des voitures ! Je pédale.

Les trois personnages rient de manière très exagérée en tournant mécaniquement la tête de chaque côté.

L’invitée femme salue l’invité homme pendant que la femme hôte va poser les manteaux et écharpes sur le porte manteau rouge.

 

LA FEMME HÔTE : Je vous ai préparé du thé et des petits fours !

INVITEE FEMME : Oh !

INVITE HOMME : Mmh !

INVITEE FEMME : Et bien, et bien ! Nous sommes gâtés !

INVITE HOMME : Ma fois dis donc, tout ceci me semble parfait !

Les trois personnages rient de manière très exagérée en tournant mécaniquement la tête de chaque côté.

LA FEMME HÔTE : Je vais chercher le thé !

La femme hôte sort, guillerette.

 

INVITE HOMME : C’est tout à fait charmant chez toi !

INVITEE FEMME : Oui, oui, oui ! Très coquet !

La femme hôte revient, une théière à la main. Elle est ravie des remarques de ses invités.

 

LA FEMME HÔTE : Oh, merci, merci ! Il est vrai que j’aime beaucoup mon petit chez moi !

INVITE HOMME : Et tu as bien raison !

INVITEE FEMME : Oui, oui, oui ! Tout à fait ! Ne change rien !

Les trois personnages rient de manière très exagérée en tournant mécaniquement la tête de chaque côté.

La femme hôte sert le thé sans approcher de la table basse noire, avec des mouvements très minimes.

 

INVITE HOMME : Hop, hop, hop ! Pas plus que le bord!

INVITEE FEMME : Merci ! Merci ! Je ne voudrais pas trop abuser !

Les trois personnages rient de manière très exagérée en tournant mécaniquement la tête de chaque côté.

INVITE HOMME : Aurais-tu un tout petit sucre afin que je le mette dans mon thé ?

INVITEE FEMME : Oui, oui, oui ! Pour moi aussi ! J’aime quand c’est un peu relevé !

Les deux invités rient de manière très exagérée en tournant mécaniquement la tête de chaque côté.

La femme hôte ne rit pas. Elle sort.

Les deux autres attendent, il ya beaucoup de bruit dans la cuisine, des éclats de vaisselle, des tiroirs et placards ouverts et fermés frénétiquement.

Les deux invités tournent petit à petit leur tête en direction du bruit, symétriquement.

Une porte claque, ils se remettent droit.

 

 

La femme hôte revient, complètement débraillée, dans un état de furie difficilement contenue.

LA FEMME HÔTE : Je n’ai plus de sucre.

Un silence nerveux. Le mot sucre accentue la tension.  

 

INVITE HOMME : C’est embêtant ça !

INVITEE FEMME : Ah oui, oui, oui ! Je ne vais pas pouvoir boire de thé !

INVITE HOMME : Mais je suis sûr que les petits fours seront exquis !

L’invité homme et l’invitée femme rient de manière très exagérée en tournant mécaniquement la tête de chaque côté.

La femme hôte commence à fulminer.

 

LA FEMME HÔTE : Ah bon ? Et pourquoi ? Il n’est pas bon mon thé ? Je ne fais les choses comme il faut ?

INVITEE FEMME : ça n’a rien à voir avec toi, voyons ! C’est juste que je ne supporte pas le thé sans sucre, voilà tout.

LA FEMME HÔTE : Sans sucre… Parce qu’il y a des trucs que tu supportes, toi ?

INVITEE FEMME : Qu’est-ce que tu veux dire ?

LA FEMME HÔTE : Tu sais très bien ce que je veux dire !

INVITEE FEMME : Mais non ! Je ne sais pas de quoi tu parles !

LA FEMME HÔTE : Oh, la pauvre ! Elle ne sait pas ! Mais tu supportes quoi, dans la vie ? Hein ? Les voitures ? « Non ! Ça pollue ! » Les hommes ? « Non, c’est poilu ! » Les animaux ? « Non ! Ça pue ! » Le thé ? « Non ! Il faut que ce soit sucré ! » Je n’ai pas de sucre ! C’est clair ?

L’invitée femme reste figée, furieuse.

 

INVITE HOMME : Mais calme-toi, voyons !

LA FEMME HÔTE : Toi ta gueule ! Monsieur «je suis toujours poli et propre sur moi » ! La perfection incarnée ! Ça ne m’étonne pas que tu n’arrives jamais à te taper quoi que ce soit, homme ou femme. Tu es trop… mielleux ! Un vrai petit chienchien ! Tout poli ! Tout gentil !

L’invité homme la regarde, furieux.

 

INVITE HOMME : Retire ce que tu viens de dire !

LA FEMME HÔTE : Il te manque juste de remuer un peu la queue de temps en temps !

 

INVITE HOMME : Retire tout de suite ce que tu viens de dire !

LA FEMME HÔTE : (Le défiant du regard) Non ! J’ai pas envie ! Et même, figure-toi, j’ai pas fini ! Parce que finalement on n’a jamais su : tu préfères quoi ? Les hommes ou les femmes ? Parce que c’est pas très clair…

INVITE HOMME : Tu vas retirer tout de suite ce que tu viens de dire ! Espèce de…

INVITEE FEMME : Garce ! Tu sais pourquoi je ne supporte rien ? Mais c’est parce que dès que je suis avec toi, dès que tu es quelque part avec moi, dès que je te vois, tout devient sans intérêt, nul, ennuyeux ! C’est toi que je ne supporte pas !

LA FEMME HÔTE : Et bien nous y voilà !

INVITEE FEMME : Oui nous y voilà ! Madame « je suis parfaite », partout, tout le temps ! Je hais tous tes faux-airs de respectabilité ! Je maudis  ta soi-disant bienséance ! Tu n’es qu’une pauvre et misérable égocentrique ! Tu ne vaux pas mieux que…

INVITE HOMME : Ma petite queue de petit chienchien ne frétille peut-être pas pour toi, ma vieille ! Mais je ne vois vraiment pas quel animal pourrait être excité par un monstre comme toi !

La femme hôte hurle et se jette sur lui pour le taper. Ils se battent.

Cette scène doit être jouée au ralentit complet.

 

INVITEE FEMME : Espèce de crevure !

Elle se jette sur les deux autres.

 

LA FEMME HÔTE : Dypterosodomite !

INVITE HOMME : Chiassarde !

INVITEE FEMME : Raclure !

LA FEMME HÔTE : Crapaud de pissotière !

INVITE HOMME : Finie à l’urine !

INVITEE FEMME : Grosse truie violette !

Au bout de quelques secondes de bagarre, on entend le four sonner dans la cuisine.

La femme hôte se redresse et sort péniblement, en direction de la cuisine.

Les deux autres continuent à se battre au ralentit.

La femme hôte revient avec des petits fours.

Elle est de nouveau comme au début de la pièce.

Les deux invités reprennent leur position sobre et « culs serrés » d’invités.

 

LA FEMME HÔTE : Les petits fours sont prêts !

INVITE HOMME : Ah ! Formidable !

INVITEE FEMME : Parfait ! Parfait ! Parfait !

LA FEMME HÔTE : Et vous ne devinerez jamais ?

INVITE HOMME : Non ? Dis-nous tout !

Elle minaude.

INVITEE FEMME : Allons ! Allons ! Allons ! Ne nous fait pas attendre ! Je suis toute émoustillée !

Les trois personnages rient de manière très exagérée en tournant mécaniquement la tête de chaque côté.

 

LA FEMME HÔTE : Je te reconnais bien là ! Toujours aussi impatiente !

INVITEE FEMME : Et oui ! C’est mon petit défaut !

LA FEMME HÔTE : Mais c’est bien le seul ! Tu es un tel exemple pour nous tous !

INVITE HOMME : Tu me le retires de la bouche !

Lui seul rie de manière très exagérée en tournant mécaniquement la tête de chaque côté. Puis il se rend compte qu’il rie seul.

 

INVITEE FEMME : Alors ! Alors ! Alors ! Cette obscure cachotterie?

INVITE HOMME : Oui ! Dis-nous tout !

La femme hôte ménage un peu le suspense.

 

LA FEMME HÔTE : Et bien figurez-vous qu’en cherchant un couteau dans la cuisine…

Mouvement symétrique de recul des deux invités.

 

INVITEE FEMME : (inquiète) Un couteau ?

INVITE HOMME : Tu ne songeais pas à nous agresser par surprise tout de même ?

LA FEMME HÔTE : Bien sûr que non, quelle idée ! (Elle rit nerveusement) Je voulais vérifier que les petits fours étaient bien cuits et devinez ce que j’ai trouvé ?

 

 

 

Pour connaître la fin, veuillez contacter l’auteur : letheatrede@yahoo.fr

 

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