Cauchemars et Traumatismes

Dominique Capo

Moi, d'autres, et le commun des mortels...

Il y a des gens, comme moi ou d'autres, qui ne ressortent pas indemnes des cauchemars et des traumatismes aperçu, vécus, subis, durant son enfance. Ils se battent avec leurs armes, du fait de leurs expériences, du fait de leurs victoires et de leurs défaites, pour tenter de les oublier ou de les dépasser.

Certains y parviennent plus ou moins. Car la vie le veut ainsi. Cependant, quel que soit son age, son métier, son niveau social, sa famille, ses amis, quelque part en eux, ces cauchemars et ces traumatismes sont toujours présents en nous. Ils font partie intégrante de leur personnalité, de leur caractère, de leur façon de nous comporter vis-à-vis des autres ou de nous-mèmes.

Ils sont à la fois leur force et leur faiblesse : leur force, parce qu'ils les poussent, malgré eux, à affronter davantage que le commun des mortels les difficultés et les épreuves de la vie ; à chercher et trouver en permanence des solutions afin de les surmonter. Leur faiblesse, parce qu'ils les rendent ultra-sensibles. Ils endurent avec plus de force, avec des émotions et des ressentis exacerbés à leur maximum - presque à les en faire devenir fous parfois - ce que l'existence, ce que leur destin, ce que les gens, considèrent comme "normal".

Il y a des gens - comme moi, comme d'autres - qui sont au quotidien à fleur de peau, blessé par ce que le commun des mortels considère comme négligeable. Ces gens fuient parce que ce commun des mortels leur fait du mal quand ils cherchent à leur offrir ce que nous cachons de beau, de grand en eux. Ils pleurent dans le silence et la solitude le plus souvent.

Et puis, ce commun des mortels se moque de leurs blessures, de leurs peurs, de leurs cauchemars. Ce commun des mortels se détourne d'eux parce qu'ils ne sont pas comme eux, parce que ce sont des étrangers à leur "norme". Parce qu'ils sont des "handicapés" - puisque différents, et quelle que soit la forme que prenne cette différence ; il ne faut pas grand chose le plus souvent...

Alors que tout le monde est heureux autour de ces gens - comme moi, comme d'autres -, alors que tout le monde profite de la vie pleinement, avec inconscience, sans se préoccuper des conséquences, puisque ce sont eux qui comptent avant le reste, ces gens - comme moi, comme d'autres - se rendent compte de la futilité, de l'éphémérité, de la superficialité, que ce commun des mortels dévoile. Et cela les attriste, les désespère, les fait fuir. Cela les oblige à se replier sur eux-même, bien que parfois, ils tentent maladroitement d'aller vers ces communs des mortels pour profiter un peu de bonheur qui est hors de leur portée. Mais ce commun des mortels les ignore, les repousse, se rit d'eux, etc. parce que ces gens - comme moi, comme d'autres - ce n'est pas cette futilité, cette éphémérité, cette superficialité, que nous voulons, que nous avons besoin, de partager avec eux.

Ils n'en sont pas conscients, ça ne les touche pas, puisque ça ne les fait modifier leur comportement à l'égard de ces gens - comme moi, comme d'autres - qui n"ont pas les capacités de se débarrasser de ces cauchemars et de ces traumatismes sur lesquels ils se sont construits. Pire, ils seront en eux toute leur vie, qu'ils le veulent ou non.

De fait, par la façon dont ce commun des mortels se manifeste à eux, les voient, les jugent, leur font porter leurs préjugés et leurs à-priori, ils ravivent sans cesse, ils perpétuent continuellement, ces cauchemars et ces traumatismes qui, s'ils ne se voient pas, sont aussi déflagrateurs qu'une bombe atomique dévastant l'intérieur du corps, du cœur, de l'âme de gens comme moi ou d'autres plus ou moins semblables...

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