Ce pain au chocolat
elyne
J’avais faim.
Ma flemme m’avait ordonnée de rester au bureau, sans manger. Les restos sont nombreux dans les alentours, mais je n’avais aucune envie de marcher. Alors, j’ai attendu que mon ventre soit plus injonctif.
Je suis soumise, oui.
Flemme et faim ne s’associent pas bien et le peu de pas qui me sont accordés m’amènent à la boulangerie la plus proche.
Le pain au chocolat me semblait être le met idéal pour ce petit creux. Je l’achète et repars. Je suis heureuse, je me sentirais tellement mieux après.
Je m’installe à mon bureau. Sors du sachet mon précieux.
Je croque. Je souris. Je mâche.
Qu’il est bon de manger.
A la deuxième mastication, quelque chose cloche. Mes papilles et mon odorat s’affolent : ça sent l’alcool !
Je dois délirer, la faim joue probablement sur mes perceptions.
Une autre bouchée. Je marche. Je déglutis. Ma langue palpite. Mes narines se bloquent.
Non, je ne rêve pas !
Je colle mon nez sur l’étrangeté que j’ai dans les mains. Mais oui, ça pue !
Non, ce n’est pas possible.
Je renifle encore et la une question me vient : ça fermente, le chocolat ?
Ma bouche devient pâteuse. Mon ventre tente de déloger cet échec gastronomique.
Je regarde ce qui aurait du être le sauveur de mon après-midi et les extrémités de mon sourire deviennent victime de l’apesanteur.
Mais, enfin, n’ont-ils aucune conscience professionnelle dans cet endroit ?
Je suis outrée.
Non, en fait, j’essaie de calmer ma salive. Elle est arrivée en renfort et s’applique en couches généreuses afin de sauver mes papilles gustatives.
Mon ventre, je le sens, va me faire payer cet affront. Ma flemme, elle, ne se sent pas concernée.
Je vais sur google. Je tente de ne pas m’étrangler. Je regarde si le chocolat peut vraiment fermenter.
Je regarde la poubelle les yeux écarquillés de dégout. J’ai envie de sauter à pied joints dedans pour me venger de ce pain au chocolat qui a ruiné mes rêves.
Je me dis que, la prochaine fois, j’irais dans cette même boulangerie pour leur dire : Non, je ne veux rien ! Rien n’est bon, ici ! Et je placarderais partout des panneaux pour épargner au monde cette déception.
La guerre est déclarée !
Mais, pas tout de suite.
Ma flemme me dit que ce n’est pas encore le bon moment.
Mon ventre, lui, est dans sa propre bataille.
Et moi dans tout ça ?
Moi, j’ai faim… mais heureusement, j’avais pensé à l’eau.
Hum ! Tu n'es pas une vraie paresseuse sinon tu aurais pensé à....la livraison au bureau ! ^^
· Il y a environ 12 ans ·L'avarié a du bon tout de même, il t'a inspiré ce joli texte plein d'humour qui m'a bien fait sourire !
waleriane