Celle qui l’écœura des femmes
pigeonsanspoils
Il me fallait t'écrire. Il fallait le faire aujourd‘hui. Tu ne te rappelles probablement pas pourquoi, tiens. Disons que je souhaitais symboliser les choses. Te souviens-tu de notre rencontre pour le moins authentique ? Je sens déjà ton air dubitatif.
Allez, revenons un peu en arrière…Le vendredi 13 mars 2010, je décidais d'aller me changer les idées suite à la mort de Ray. J‘en étais malade ! (Quoique la tropézienne de la veille y contribuait également…) A ce sujet, ton incompréhension envers l'amour que j'ai continuellement porté pour les animaux estropiés faisait le comble de mon exaspération. Mais passons. Direction le bar « Texas coriace » , type saloon, histoire de noyer mon chagrin dans une bonne dose de tequila. L'archétype du vigil patibulaire trônait devant les portes, et me recrachait la fumée désobligeante de son cigare en plein visage. Une fois entrée, un serveur complètement débordé me heurta, en n'omettant pas de renverser le litre de Mojito perché sur son plateau. Je fulminais. Ma colère me poussa à vociférer à travers tout le bistrot, jusqu'à ce que j'entendis un rire si communicatif et ridicule à la fois. C'était toi. Tu ressemblais à un bellâtre italien, charmeur, quelqu' un qui en un clin d'œil aurait pu mettre toutes les nanas à ses pieds. Il ne manquait plus qu'une rose épineuse te ruinant les lèvres. Il a suffi que mon regard se pose un peu plus bas. Tu maintenais un énorme porc par une laisse. La seule explication que tu aies eu à fournir était : « Tous les jobs étudiants sont bons à prendre ! ». Je me suis écroulée, me trouvant grotesque à rire comme une bécasse avec cette pâquerette toute fraîchement cueillie dans ma tignasse. Littéralement hypnotisée, j'espérais que tu sois célibataire. Je nous imaginais toi…moi…des « je t'aime » incessants, flottant dans l'eau turquoise du pacifique, encerclés de dauphins nous entraînant dans une danse aquatique endiablée..
En ayant mûrement réfléchi, les dauphins se sont soudain métamorphosés en méduses mortelles. Tu vas sans doute être un peu surpris de la tournure que va prendre cette lettre, mais imagine ma stupéfaction lorsque ta mère m'a témoigné ton attirance pour les hommes. Je me décomposais comme si tout un troupeau d'antilopes me piétinait. Je suis navrée, comme un poulpe sans encre peut l'être, de t'apprendre que le partage n'est définitivement pas ma tasse de thé. Et puis, je refuse de t'infliger un boulet que tu dois traîner sans le moindre attachement. Afin de ne pas brusquer les choses, je souhaite reconsidérer notre CDI en CDD. A quoi rime une relation dépourvue de réciprocité ? Je suis même prête à parier que cette nouvelle n'affectera aucunement tes sens. Tes joues seront certainement épargnées de chaudes larmes, mais sache que tu perds une occasion d'évacuer tes déchets visuels.Nous sommes le 13 mars 2011. Je ne te cache pas que cela fait maintenant 2 mois que je suis au courant. Ma motivation résidait dans la volonté de surpasser la durée de ma précédente relation. J'y suis parvenue grâce à toi, et je t'en remercie. En attendant, je t'encourage dans ta quête de l'amour. Ne t'inquiète pas, tu les trouveras tes pectoraux idéaux…Si jamais, je présume que tes proches t'apporteront un certain réconfort à titre buccal !
Bien amicalement,
Lisa (primée pour son obtention à écoeurer de la gente féminine)