C'était ma nuit
Camille
C’est la nuit. Le ciel est noir d’encre, et malgré le fait que mes parents pensent que je suis dans ma chambre, je continue à marcher. L’obscurité nocturne est telle que je ne vois rien, mais mes pieds me portent, comme s’ils connaissaient déjà le chemin. Mes pensées voguent et divaguent, errent et flânent. Je m'en vais, sans but. J'espère ne pas me perdre. Mais qu’importe, cette nuit est si belle que rien ne pourrait la gâche.
Je marche plus vite, encore plus vite, et j’arrive au bout d’une rue. Où suis-je ? C’est un cul-de-sac. Je savais bien que je finirai par me perdre ! Mais qu’importe, cette nuit est si belle que rien ne pourrait la gâche.
Je m’assois sur le béton dur.
"Immobilité. Silence. Liberté."
Tout ce soir inspire l’éternelle quiétude. Je m’allonge, et mes longs cheveux balayent le sol sale et froid. Je commence à grelotter, mais je ne rentrerai pas. Pas cette nuit, pas cette nuit qui m’appelle avec tant de force et d’insistance. Je regarde le ciel. Mon ciel. Il est nu, dépourvu d’étoiles. Cette nuit est mienne, c'est la plus belle de toutes. Le ciel est si noir et si pur... J'habite en ville, en plus ! On se croirait à la campagne. C'est pour cela que cette nuit est, que dire ? Si spéciale. Je regarde et admire le croissant de lune. Il me paraît si lointain ! Il est si bien dessiné ! On pourrait penser que c'est un faux. Décidément, cette nuit parfaite me révèle bien des surprises.
Serais-je en train de rêver ? Non, un vent froid se soulève et glace ma peau. On n'a pas froid quand on rêve, non ? De lourds nuages noirs s’approchent et tachent de gris mon ciel uniforme. Il n'est plus aussi pur qu'il y a une minute, mais qu’importe, cette nuit est si belle que rien ne pourrait la gâche.
De grosses gouttent de pluie se mettent à tomber. C'est malin, cette virée nocturne commençait bien. Et ça tombe, ça tombe, de plus en plus vite. C'est pas possible ! Il pleut tellement que je suis trempée en un rien de temps. Il ne fait plus frisquet : maintenant, il fait froid. Je peux même carrément dire : on se les gèle. Mais qu’importe, cette nuit est si belle que rien ne pourrait la gâcher. De grosses flaques de forment autour de moi. Oui oui, je suis toujours par terre. Je tire la langue au ciel, comme font les petits enfants pour "manger l'eau". Ca m'a toujours fait rire.
Le silence est tellement envoûtant. Plic, plic, plic. Seul le clapotis de la pluie se fait entendre. Le ciel. La lune. La pluie. Et moi. J’aimerais tant que le temps s’arrête. Je suis à l'abris de tout, ici. Soudain, un hurlement retenti au loin. Qui donc ose perturber l’harmonie et l’équilibre parfait de ce moment magique ? J'entend un autre cri, plus proche. Beaucoup trop proche. Ma gorge se serre.
On me frôle, c'est brûlant, qu'est-ce ? J'ai vraiment peur, là. Tout se mélange dans ma tête, oh la la, c'est tellement cliché ! Et pourtant ... J'ai l'impression que l'on m'encercle. Des chiens peut-être ? Mais ça grogne tellement fort que je n'ose pas vérifier. Je préfère me rouler en boule et attendre. Attendre que cela passe. Ils partiront sûrement, hein ? Aller, fais la morte, Camille. Ressaisis-toi, bon sang ! Rappelle toi, cette nuit est TA nuit. Mais ils se rapprochent de moi, je le sens. J'espère que c'est seulement un rêve, finalement. Un mauvais cauchemar. J'ai peur. Mais qu’importe, cette nuit est si belle que rien ne p...