C'était silencieux comme une gare
Vanessa De Jesus Ribeiro
C’était silencieux comme une gare, seulement ses pas qui résonnaient.Je me souviens d’avoir chuchoté : Adieu. Puis de l’avoir regardé partir, sans bouger, ni même tenter de le retenir. Avec à l’intérieur l’envie de se vomir. J’ai entendu le craquement qu’a fait mon cœur quand il s’est fissuré. J’ai senti le froid de la solitude se répandre en moi quand son contenu s’est esquivé. Mon cœur n’était plus qu’une cavité à la fois vide et pleine de l’écho de ses pas qui me fuyaient. Rien ne serait plus jamais comme avant. Il avait refermé la porte en sortant. J’étais enfermée à l'intérieur de moi. J’ai ouvert une fenêtre, et me suis évadée. Alors dans la lumière des réverbères, dehors, contre le vent, j’ai avancé. J’ai suivi la route pavée de mes souvenirs, j’ai marché dessus, les ai battus, et les ai martelés jusqu’à ne plus pouvoir les sentir. Puis sans rien dire, je me suis effondrée. J’ai tenté de me relever, j’ai forcé mes lèvres à s’étirer, j’ai encouragé ma vie à avancer. Mais c’est comme jouer 1 million à quitte ou double, on peut tout perdre ou tout gagner, mais dans un cas comme dans l’autre, on n’ose jamais rejouer. J’ai déjà misé, et j’ai déjà perdu. J’ai déjà tenté et j’ai été déçue. Quel sentiment dire alors quand en face de soi, c’est seulement l’évidence qui s’expose, qui s’impose : je suis malade de toi. Puis partant, remontant une à une les rues qui m’avaient vu fuir, j’ai retrouvé ma fenêtre, l’ai de nouveau franchi, et en la refermant, j’ai senti le parfum lourd et entêtant du chagrin anesthésier chaque parcelle d’espoir tapie dans les recoins.Ainsi, enfermée dans ma rancœur, accablée par mes erreurs, plus rien ne pouvait ni m’atteindre, ni me nuire. C’est plus fort que tout la prescience de mourir.