Cette femme qui me plait

Dominique Capo

poème onirique

En toute honnêteté, je dois avouer que, lorsque je contemple une femme à la beauté, au charme, à la sensualité, exceptionnels, je suis à la fois fasciné et terrifié. Toi qui appartient à cette catégorie de femmes à la séduction qui frôle la perfection, ce n'est que de loin que j'ai le droit de te contempler. Toi qui es l'élégance personnifiée, dont la grâce rivalise avec celle de nos antiques Déités, comment pourrais-tu comprendre à quel point ta céleste élégance m'émeut de manière immodérée ? Comment pourrais-tu imaginer que m'approcher de toi est une épreuve à laquelle je n'ose me confronter ? Comment pourrais-tu savoir que je vacille à chaque fois que ton regard de braise se pose sur moi ; qu'il anéantit l'ensemble de mes humaines facultés.

Moi qui ne suis qu'un humble parmi les humbles, je suis impuissant à refouler ces multiples sentiments qui m'envahissent et me blessent si brutalement. Épuise, je repousse ce qui, de toi, m'éblouit et affole mes désirs les plus ardents. Je néglige mes besoins les plus élémentaires ; mon sommeil se meurt progressivement ; la nourriture n'a plus ni saveur ni agrément. Car tu as envahi mon âme, mon cœur et mon corps bien plus sauvagement que mille armées de déments. Et bien que mes sens cherchent sans cesse à imposer leurs besoins d'explorer cette magnifique femme qui illumine mes jours et hante mes nuits, je reste indigne d'elle, j'en suis conscient.

N'es tu pas la privilégiée des privilégiées ; celle qui peut se permettre de choisir celui de combler sa vie de milliers d'avantages et de bénéfices ? N'es tu pas celle qui, du haut de son piédestal, observe cette humanité grouillante et insipide ; puis, qui de son regard flamboyant, bénit ou maudit ceux qui ont l'audace de s'aventurer bien au-delà de son enchanteur firmament ? N'es tu pas celle qui, d'un simple geste, d'un seul mouvement, est capable de transcender ces foules d'humains ignorants ? Ou bien, de canaliser leurs plaisirs charnels les plus virulents ?

Je ne suis rien ; tu es tout, je suis lucide de cela, bien évidemment. Alors, pourquoi me confronter à tant de médisance, de malfaisance, et de triste illusion avide d'espérance ? Non, je ne veux pas souffrir de cette mise à l'écart permanente. Non, je ne souhaite pas me sentir rejeté si je m'approche trop près de toi imprudemment. Non, je ne désire pas attirer ton regard empli de pitié envers quelqu'un qui, comme moi, est différent. Je préfère donc t'admirer depuis l'ombre de cette demeure où le bonheur est envers moi indulgent. Et ainsi tenter de rétablir cette ultime sidération qui me tenaille véritablement : amoureux de toi, je le suis sincèrement. Mais jamais je n'oserai franchir cette frontière qui me sépare de toi, autrement que dans mes rêves les plus fervents. J'ai trop peur de briser cet incroyable enchantement dans les filets duquel je me plais à songer à des lendemains moins déstabilisants...

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