Chagrin d'amour

cathy97430

Elle ferma les yeux. Tout était fini. Plus jamais elle n'aimerait. Elle l'avait décidé.

Elle, c'était Maya, une jeune femme de dix-huit ans, qui venait de connaître son premier vrai chagrin d'amour. Vous savez, celui qui vous retourne le cœur, l'esprit, et même le corps. Celui qui nous fait nous sentir si vide. Pas celui que vous avez connu à l'école primaire, quand votre amoureux vous avez quitté pour Sophie, la fille la plus jolie. Celui-là, ce n'était rien de plus qu'un entraînement au vrai chagrin.

Elle avait été heureuse avec Tom pourtant. Ils se connaissaient depuis le début du lycée, alors qu'ils avaient seize ans. Ils avaient commencé par être amis. Ils se taquinaient sans cesse. Tout le monde les appelaient « Les Amoureux », et eux souriaient, béats. Et puis, un jour, ils s'étaient embrassés. Elle ferma les yeux, au souvenir de ce premier baiser. Elle n'avait jamais embrassé auparavant, et bien qu'elle ait beaucoup lu sur le sujet, son premier vrai baiser la surprit. Vous savez, ce n'était pas juste le baiser-papillon. Non, c'était celui avec la langue, celui qu'on appelle le « French Kiss ». C'est peut-être parce que son premier baiser a été aussi sérieux qu'elle a tout d'abord ressenti du dégoût, qui sait. Et puis, elle s'y est habituée, et elle n'arrêtait plus d'embrasser Tom. Elle aimait tellement cela.

Et puis, les baisers avaient commencé à descendre dans le cou. Et au fil des rencontres, les choses allaient plus loin. Elle se souvenait encore de leur première fois. Elle était en première. Ses parents étaient partis en urgence voir sa grand-mère qui était malade, mais elle avait dû rester, car elle avait des épreuves blanches pour le baccalauréat. Elle avait été déçue au début, mais après elle avait fini par imaginer un plan pour que Tom passe la soirée chez elle. Elle avait tout préparé : le repas, la musique, et même ses sous-vêtements. Elle en avait acheté de nouveaux, qui étaient aguicheurs. Ils n'avaient cessés de se lancer des regards brûlants de la soirée. Ils n'avaient même pas tenu jusqu'au dessert. Ils s'étaient laissés emportés par leur passion, et avaient eu leur première fois, sur son lit à elle.

Elle avait craint ce moment. Et elle avait eu mal, très mal. Et il avait été maladroit, car il n'en était qu'à sa première fois, lui aussi. Il n'avait pas su l'apaiser, mais elle s'en fichait. La douleur était vite passée, ne laissant qu'une gêne sourde, et le plaisir avait pris le dessus. Il s'était endormi,repu, et elle l'avait regardé tendrement. Elle s'était levée et avait tout rangé, un sourire niais sur ses lèvres.

Elle avait eu un peu peur qu'il ne la quitte, mais leur histoire avait continué. Puis la dernière année de lycée était arrivée. Les disputes commençaient à se faire de plus en plus fréquentes. Ils se disputaient pour un rien. La jalousie détruisait leur couple. Il était jaloux des amis qu'elle avait. Elle tolérait à peine les regards déplacés que les filles portaient sur lui.

Et puis, étaient venus les résultats du baccalauréat. Elle l'avait eu. Elle était folle de joie. Elle l'avait même eu avec mention ! Elle s'était jetée dans ses bras. Elle était si heureuse qu'elle n'avait pas vu son regard distant. Et sans le savoir, elle lui donna ce jour-là son dernier baiser et sa dernière étreinte.

Le lendemain, il lui avait envoyé un sms, disant que tout était fini. Elle n'avait pas compris. Elle avait peur de comprendre. Il ne pouvait pas lui faire cela, n'est-ce pas ? Elle l'aimait, il l'aimait, non ? Mais il rompit de cette manière, prétextant que s'ouvrait aujourd'hui une nouvelle vie, de nouveaux horizons. Et il voulait être seul, pour tout recommencer sur de nouvelles bases.

Elle était assise sur son lit, et regardait stoïquement son téléphone. Les larmes coulaient et elle ne s'en rendait même pas compte. Que c'était douloureux ! Son cœur était comme pris dans un étau. Sa poitrine était compressée et elle avait du mal à respirer. L'amour blessait-il de cette manière ? Elle avait osé poser cette question à sa mère, et celle-ci lui avait jeté un regard empli d'amour et de pitié, avant de hocher doucement la tête.

Elle avait pris sa décision. Plus jamais elle n'aimerait. Plus aucun homme n'entrerait dans son cœur. Cela faisait bien trop mal quand on le brisait.

« Petite sotte !, s'écria sa grande sœur de vingt-cinq ans, lorsque Maya lui fit part de sa résolution. Ne ferme pas ton cœur ! Tu ne feras que rendre la prochaine désillusion encore plus douloureuse ! Aime et profite de la vie chaque jour ! Qu'importe les blessures, les cicatrices ! Vis ! Et il n'y a rien de mieux pour se sentir vivant que de se laisser emporter par l'amour, la passion, la tendresse. Si tu ne le trouves pas, n'abandonne pas ! Profite de chaque jour, de chaque petite douceur, de chaque sourire d'enfant ! La vie n'est pas ce qu'on raconte dans les contes de fées. Il n'y a pas de prince charmant, ni d'amour éternel. L'amour se construit chaque jour, petit à petit, à force de compromis. Ne l'oublie jamais, petite sœur. »

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