Chaleur de Septembre (à durée indéterminée)

Je vois encore cette panthère sur son T-shirt. Dans un ton rose, elle contrastait parfaitement avec le teint de sa peau encore bronzée car l'été avait été chaud cette année là. Ce mercredi de Septembre, un des derniers jours de l'été, allait me provoquer ma plus grosse insolation, peut-être celle de toute une vie.

Un air timide, un peu emprunté. Un sourire gêné en coin, le regard se tourne et ses épaules se haussent. Lorsque mon regard l'effleure elle fronce les sourcils. Vibration banale de l'amour incroyable, c'est mon coeur qui se retourne dans ma poitrine.

C'est un cours de théâtre auquel nous assistons. Je ne connais personne ici ou presque - ou pas vraiment. Seulement cette fille que j'ai rencontré en classe, Lucie, et aussi Kader un chouette gars avec qui la discussion est venue facilement. Certaine personnes vous sont attachantes dès les premiers instants, c'est sans doute le simple fait de se parler tranquillement, avec patience et politesse puis un sourire pourquoi pas -  pas mal de recule et de tacte - ce que tout le monde ne sait pas faire. Il faut savoir s'oublier pour se sentir bien avec les autres, surtout s'ils sont des inconnus, et le bonheur c'est les autres - j'en suis encore plus convaincu quand je repense à cette première fois où je l'ai vu.

A part quelques bribes de volonté amoureuse, je n'avais jamais
sû reconnaitre le sentiment amoureux. Il ne m'avait encore jamais frappé. Oui ! L'amour, c'est beau ! Tout le monde vous en parle ! Et d'ailleurs il est partout - et vous le voyez partout - dans un roman ou au cinéma, aussi dans certains regards, l'été le long des terrasses où dînent les amants ou sur les plages le soir quand elles sont presques vides et où certains couples s'adonnent à des tendresses, admirant le coucher du soleil avant d'aller une dernière fois dans l'eau doucement salée d'amour, pas pressés d'en sortir si le temps le permet, ils y passeraient leur vie.

Nous ne connaissons pas le sentiment amoureux avant d'avoir croisé un certain regard, un seul et il suffit. Parfois même ce regard n'était pas pour vous, parfois même ce regard est le votre se posant sur une magnifique fille à la chevelure
dorée de laquelle s'emprunte quelques tons plus foncés - châtains - se mariant parfaitement avec ses jolis yeux marron clair desquels plongent de grands cils noirs qui vous envoûtent instantanément... Cet amour là n'est pas naturel. On y est pas préparé. J'étais parfaitement heureux avant de passer cette porte menant à la salle de théâtre, heureux parfaitement oui - ou alors plutôt ne connaissais-je pas encore la tristesse des sentiments brutaux à moitié assumés et indéfiniment inassouvis qui vous éclatent à la figure - et dans la poitrine aussi ! Vos poils qui s'hérissent, votre voix qu'est tremblante - et c'est votre cerveau aussi - qui se noue tant vous cherchez de nouvelles astuces pour vous faire valoir. A vrai dire, je ne suis pas certain qu'un seul organe n'échappe au sentiment amoureux...

Si on dit que le corps est une machine et qu'il est par conséquent mécanique, l'amour le rouille, en tout cas l'amour brûlant, inconsommable, laissera votre coeur pour pièces -autant le vendre aux enchères - pour six sous cinquante. Mademoiselle arrachez le moi, arrachez le moi ou bien je vous le donne !