CHAMPAGNE !
Catherine Killarney
Sandra se demandait si elle ne s'était jamais sentie aussi heureuse de sa vie. Elle était carrément sur un petit nuage. Elle était AMOUREUSE, amoureuse pour de bon, amoureuse pour de vrai et cette fois, c'était réciproque. Il lui avait dit qu'il l'aimait et aucun homme auparavant n'avait prononcé ces mots magiques. Ils la mettaient dans leur lit, puis ils disparaissaient comme des fantômes, la laissant triste comme la mort et humiliée chaque fois un peu plus fort. Lui, il était l'homme de sa vie, elle le savait. Ils s'étaient rencontrés six mois auparavant, il l'appelait tous les jours, la couvrait de SMS et ils se voyaient aussi souvent que possible, dans la limite de leurs emplois du temps respectifs.
Les autres Saint Valentin, elle restait chez elle. Elle voyait les messieurs courir chez les fleuristes, elle voyait ses amies chercher le petit cadeau qui ferait plaisir, tout le monde en parlait, tout le monde en rêvait. Mais pour elle, cela demeurait un jour comme un autre. Jusqu'à aujourd'hui. Il l'avait invitée au restaurant ! Dans un grand restaurant. "Fais-toi belle, avait-il précisé. Pas question de venir en jean ! Tu mets une jolie robe et des boucles d'oreille. Et surtout n'attache pas tes cheveux... je les aime tant quand tu les lâches, ils sont si beaux, si doux, si soyeux, si longs... c'est une merveille."
Elle avait donc mis une petite robe noire - impossible ainsi de faire une faute de goût -, des hauts talons, des bijoux en strass. Elle regardait les autres femmes dans la salle et ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle était la plus belle. Ce qui était vrai. Elle avait acheté un cadeau, un livre d'art sur un peintre contemporain qu'il affectionnait. Il disait toujours que dans leur futur appartement il comptait bien garnir les murs de toiles qu'ils choisiraient ensemble. Il parlait de voyages, de bébé, et Sandra s'attendait à qu'il profite de l'occasion de la Saint Valentin pour lui demander de l'épouser. Peut-être ferait-il comme dans les films : il s'agenouillerait soudain, tendrait un écrin, ferait sa déclaration et toute la salle applaudirait. Il en était capable, il était si romantique.
Elle était là, sagement assise, depuis une demi-heure. Il l'avait prévenue "Je serai peut-être en retard... On nous a collé une réunion en fin d'après-midi, ça risque de traîner... Je ferai au plus vite. Si tu arrives la première, demande la table que j'ai réservée à mon nom et commande du Champagne. Je t'aime."
Elle regarda sa montre. Elle était impatiente. Il allait arriver d'un instant à l'autre. Elle s'était installée de façon à ce qu'il voit sa chevelure en entrant, ses longues boucles blondes qui lui tombaient jusque dans le creux des reins. Elle sentit une main sur son épaule. Elle frémit, une onde de plaisir parcourut tout son corps.
Mais c'est une femme qui s'assit en face d'elle.
- Il a oublié de te dire qu'il était marié. Je voulais voir la tête que tu avais.
Elle remplit un verre, le jeta dans le visage de Sandra, puis repartit.
bien aimé la chute.
· Il y a plus de 7 ans ·"il l'appelait tous les jours, la couvrait de SMS et ils se voyaient aussi souvent que possible, dans la limite de leurs emplois du temps respectifs."
cette precision tres logique, insistant sur les espaces respectifs et leurs bords m'a bien fait sourire
Hi Wen
Quel gâchis... sans parler du champagne
· Il y a plus de 7 ans ·vegas-sur-sarthe
C'est vrai ! Ah ah ah.
· Il y a plus de 7 ans ·Catherine Killarney