Champagne's

touag

''' il y a x façons de dire les choses, de faire celles-çi et ou de démêler le reste.. le tout est d'y arriver sans oublier '''


abîmes

Un lieu sans fard, sans pluie, sans bruit.. figé.

Les lambeaux voilés de certaines embarcations aux coques éventrées étaient au repos.. les câles vides.. horizon mêlé de chaleur intense au bord de l'asphyxie.. irrespirable. Des entrailles du monstre, les cargaisons étaient déchargées au rythme des hommes.. d'une chaine humaine qui, sans le savoir, unissait certains peuples ignorant certains autres. Affâmés, ces noirs étaient là à contempler zieutant le moindre geste faisant chuter un espoir à l'eau. 

Des chiens pour la plupart étranges aux gueules béantes absentes de salive étaient de la fête eux aussi.. rôdant dans les parages à l'écart des hommes.. un environnement époustouflant de tristesse tant elle existait bel et bien.. cette misère tant de fois racontée mais jamais vue.. de ses yeux vue. Un 'plouF' se fit entendre suivi rapidement de plusieurs bruits de même nature.

Détournant mon regard de presque d'ado j'apercevais des corps squelettiques nageaient et ou se noyant dans l'eau sans rides.. juste des ronds artificiels que la détresse avait dessinée d'une main invisible.

Des sacs d'os à la surface de cet océan sans âge.. lui qui avait abreuvé les rois des vallées, marié des princes.. lui qui avait fermé à jamais ce trou à rats entre ses bras sans se soucier de ceux qui allaient y crever. Revenant au quai pour certains, les affâmés détalaient dès qu'ils touchaient terre.. se disputant au loin 'ces miettes du désespoir' de quoi se rasasier ou crever un peu plus vite. Les chiens quittaient la scène devenue journalière poursuivant certains de ces sacs d'os rescapés à la traîne et ou se hissant sur le quai, à vide.

Les nuits étaient l'inverse des jours.. pulls, chaussettes et casquettes étaient conseillés.. il grelotait.. impensable qu'il fasse aussi froid la nuit.

Des torches balayaient sans cesse la coque de cet oiseau couleur gris acier.. rencontrant quelque fois des têtes à la surface de l'eau s'approchant trop près du monstre au ventre tant convoité. Les anonymes faisaient machine arrière, haletant, lorsque des ailerons apparaissaient non loin d'eux tournoyant en crevant la surface de l'eau avec paraisse.. comme pour prendre le temps de se régaler.. les requins. Ils savaient, ils sentaient la mort se promener dans le coin, un vrai festin. Je n'osais deviner le reste. Chaque aurore était splendide.. mes yeux brillaient de bonheur à la montée de ce merveilleux ballon jaune silencieux s'arrachant vers le ciel mais semant chaque jour la discorde après avoir accordé la lumière sur cette terre déjà tant brûlée.

Les hommes revenaient sans cesse.. envahissant le quai se positionnant là ou là.. je pense qu'ils vénéraient des dieux afin que ces étrangers à la peau blanche osent jeter de quoi becqueter.. de quoi vivre.. de quoi tenir.

Les jours se suivirent aux rythmes incessants des déchargements. Le long d'une chaine humaine unifiant certains peuples ignorant certains autres. Quelque fois un 'plouF' se faisait entendre suivi d'un vacarne infernal. Je fermais alors mes paupières au goût de sel comme pour m'obliger à imaginer qu'ils puissent y arriver ne détournant plus jamais mon regard.

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