Chaos intérieur
simon
Parfois la vie presse les gens, les compresse, les empoigne et les maintient fermement pendant que la foudre écarlate de l'amour leur éclate la figure. Et même longtemps après, leur visage, garde la triste trace fugace de cet amour. Mais le désir est inévitable. C'est de ce désir, de cet amour inévitable et des marques indélébiles qu'il laisse à jamais dont j'ai envie de parler, dont j'ai besoin de parler.
Je ne suis sûre de rien. J'ai envie de te dire les choses vraiment. De penser autrement. Mais je ne sais quoi penser.
Je devine bien que derrière notre amitié se cache un grand vide où l'on perd pied. Le vide d'un amour. Le tien. Tu voudrais plus de moi. Alors comme saisi par la peur je demande moins de toi. Je prend mes distances. Je joue au con. C'est facile de te faire affront, de te tourner le dos, de refuser tes sentiments, de ne pas leur faire front. Je dois réfléchir. Courir. Ne pas trop te sourire, pour prévenir ton désir. Mais où est l'intensité dans tout ça ? Où est la joie d'être et de partager ? Je ne peux ou ne crois pas encore pouvoir m'affirmer, te désir, me laisser prendre au jeu du plaisir et de la vulnérabilité. Tout cela me fait souffrir. Ou peut être ai je simplement peur ? Ce qui est surement pire. Mais le pire c'est que cette froideur qui me protège te fait aussi souffrir. C'est ce qui me pousse à revenir te le dire. Revenir pour te sentir. Pour ressentir.
Ces sensations sont nouvelles pour moi. Toi, tu en as fait l'expérience tellement de fois. J'ai peur de te décevoir. J'ai peur que tu changes de regard. J'ai peur d'échouer. Ma confiance me lache et se cache. Je ne suis qu'un lâche. Tu peux le dire. Cela me fait rougir mais j'avoue cette vérité. Je l'ai mérité. Quoi encore avouer sur moi et sur ce bordel qui s'est passé en toi quand j'ai décidé de ne pas me laisser la chance de t'aimer ?
Pour transformer cette situation bancale je te propose de rendre les armes une bonne fois pour toute. Une trêve s'impose. Nous sommes essoufflés, le souffle coupé par cette rude danse, cette bataille rance où nos âmes se sont manquées.
Mais pour l'instant tu te sens trahi et d'autres hommes t'ont envahi. En t'abandonnant dans leurs bras tu croyais oublier mon désir froid mais tes ardeurs te laissent peu de répit. Quand cet homme du fond de ton lit t'as avoué devoir partir, tu ne savais plus quoi faire. Ce sont des mots qui blessent. Le départ rend la tresse qui vous uni plus frêle, plus fragile. Elle fini par se couper et vous vous oubliez à jamais.
Ton retour vers moi fut déstabilisant. Panique.
Tu n'arrives pas à agir de manière prévisible. Tu ne peux entrer dans un moule. Tu veux être libre, te sentir courir à pleine vitesse vers l'inconnu, là où le stéréotype sera à jamais perdu. Comment venir à toi sans devoir affronter le poids des autres amours ? Le poids des autres désirs ? Ces agresseurs de l'intimité ne nous lâcheront jamais. Quelle calamité ! Je crois mauvais de me résigner tant que tu peux encore pardonner. Mais je répugne à reprendre l'initiative. Pourtant c'est le mieux à faire. Seul le courage pourra nous sauver alors que tout semble terminé.
Un autre ennemi se cache encore. Il est social. Il est horrible. Il est le regard de l'autre. Il scrute, juge, et critique. Il est effrayant. Il s'impose et nous détruit de l'intérieur.
Et puis merde !
Qui peut prétendre avoir un droit de parole sur nos choix ? Que tout ces idiots aillent se faire foutre ! Nous décidons de vie ou de mort sur nos propres élans amoureux. Et les démons qui nous hantent, et les pantins qui nous entourent, tristes et mécontents vomiront leurs tripes seuls sans tacher notre limpide assurance d'enfant !
J'ai ouvert et étalé mon chaos grotesque. Maintenant je n'ai plus honte de mon désir de vivre et d'aimer. La flamme est vive. Elle se ravive avec les mots. Vous pourriez dire alors : « Au fond ces mots ne font que cacher un terrible désespoir. Ils ne sont qu'illusion, que poussière dans les yeux mais ne valent rien. » En effet les mots cachent souvent des choses terribles. Mais ils ne sont pas une simple illusion. Les mots sont une arme contre nos tourments. Les mots sont là pour donner un sens.
Un sens à notre chaos intérieur.