Chapitre 1: Cirah

manavolpa08

Je m'appelle Cirah. Je n'ai jamais eu de nom de famille, car celle qui était censée m'adopter m'a abandonné. Les familles de l'île du Bélier ne cherchent pas à comprendre, si tu ne sais pas te battre, tu t'en vas. Si tu n'as pas la carrure d'un guerrier, tu t'en vas aussi. Tu te retrouves seul, sans aucune île pour t'accueillir. Mais, moi, ce n'est pas pour ça que l'on m'a abandonné. Je fais partis de cette infime partie de gens qui naissent avec des pouvoirs. Nous sommes appelés « les dragsems ». Certains arrivent à le cacher toute leur vie, d'autres sont sur des îles assez clémente pour les laisser vivre normalement, d'autres, comme moi, sont lâchement abandonnés. Mon pouvoir est dangereux et à l'époque il était incontrôlable. C'est celui du Tonnerre.

C'est le pirate le plus recherché, Lord Brandon, qui m'a trouvé. Je n'avais que 4 ans, il a pris pitié de moi et m'a élevé comme sa propre fille. Ses matelots voyaient d'un mauvais œil l'amour que Lord Brandon me portait. Je suis devenue une pirate.

Quand j'avais 14 ans, le bateau fut attaqué par un navire impérial. Ce n'était pas un navire ordinaire, c'était un navire de l'île du Scorpion. Il était parfaitement construit, sans aucune faille. Et les passagers étaient des combattants venant sûrement de l'île du Bélier. Autant vous dire que nous n'avions aucune chance. Lord Brandon fut tué sans que je ne puisse rien faire. La plupart des matelots furent capturés et exécutés sur l'île de la Balance. Cette île est étrange. Les habitants ne savent pas mentir et ne font jamais de crimes. Ce sont des gens très parfaits, mais ils n'ont pas de pitié en ce qui concerne la loi. Il n'existe pas de deuxième chance pour les criminels des autres îles ou pour les pirates. En elle-même, l'île n'a rien de particulier : les quelques villes se ressemblent toutes et des petits forets les entourent. Les maisons sont toutes blanches et noires et elles sont de la même taille, pour la plupart.

Je réussis à m'enfuir de la cellule où on m'avait enfermé avant ma sentence. Je n'avais qu'une idée en tête : venger Lord Brandon.

Maintenant, je suis devenue la pirate la plus recherchée de Volparéso. Mais surtout la plus craint. Mon bateau est le plus beau de tous. Il se nomme L'écaille rouge. Sa proue est un dragon crachant du feu faite en bois d'ébène, beau et résistant. Les voiles sont très grandes et elles peuvent supporter presque toutes les tempêtes. J'ai aussi un bon équipage : Il y a d'abord Soléas, un jeune homme d'abord envoyé sur l'île du Lion, puis sur celles de la Vierge et du Poisson, il fut abandonné, car aucune île ne lui correspondait. Même à Anvers, les îles inversées, il fut attaqué par des crémaniens, des créatures à six pattes. C'est moi qui lui est sauvé la vie. Plutôt beau garçon, Soléas est châtains, les cheveux légèrement bouclés et en désordre, il a des magnifiques yeux bleus et des fossettes couvrent ses joues quand il sourit. Après, il y a les jumeaux Mathias et Loukas, que j'avais sauvé des soldats impériaux. Ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Ils sont blonds, avec des yeux marrons et des dents parfaites. Chesley, lui, est un cas particulier. Il habitait sur l'île du Taureau, une île qui lui correspondait parfaitement, mais en manque d'argent, il dut voler de quoi se nourrir. Il a été emmener sur l'île de la Balance pour être jugé, mais je l'ai libéré avant sa sentence. Il a les cheveux roux et le visage parsemé de tâche de rousseurs. Il est très musclé et grand. Le dernier est un petit nouveau, qui vient d'arriver il y a deux semaines. Il se nomme Melchio. Nous l'avons sauvé sur l'île du Gémeaux. Il venait d'être abandonné, car aucune île ne lui correspondait. Devenir un pirate faut mieux que d'errer en Anvers. Il a les cheveux noirs, les yeux gris et il a un visage d'ange. Il est petit, mais très agile.

Tous ont une grande dette envers moi. Je sais qu'ils donneraient leurs vies pour moi, sauf peut-être Melchio que je ne connaissais pas trop encore.


Je crois que je n'ai jamais eu aussi froid de toute ma vie. La pluie griffe mes joues et le vent me mord mes mains qui tremblent de froid. Les voiles de L'écaille rouge claque dans un bruit de catastrophe. Soléas s'approche de moi pendant que j'essaye de tenir le gouvernail.

- Capitaine Cirah, un bateau de marchandises arrive vers le Sud. Il semblerait qu'il viendrait de l'île de la Vierge, dit-il de sa voix de velours.

Je hoche la tête et annonce haut et fort pour que tout le monde entende, ce qui n'est pas gagné à cause du vacarme du vent :

- On l'attaque.


Nous entrons très facilement dans le bateau de marchandises, sans que personne ne nous voit. Nous parcourons les couloirs à pas de loup, les épées prêtes à être utilisées si nécessaire. Pour l'instant, c'est un jeu d'enfant. Nous nous séparons pour trouver plus vite des marchandises. J'avance donc, seule avec Melchio qui marche dans mes pas. Ses yeux s'illuminent quand nous entrons dans une réserve, avec des coffres remplit d'or et de vivres. Mais il n'y a toujours personne. C'est trop facile. Nous entendons des bruits de combat au-dessus de nous, puis des cris. Un frisson d'effroi me parcourt le dos. Melchio est déjà en train de voler ce qui l'intéresse dans les grands sacs en tissue qui ont été tellement utilisés qui vont sûrement craquer s'il y met trop de choses. Les cris deviennent de plus en plus perçants. Au fond de moi, je viens de comprendre : il n'y a pas que des marchands sur ce bateau, il y a aussi des soldats impériaux. Si j'ai raison, il faut se tirer tout te suite.

J'attrape Melchio par le poignet qui a à peine remplit son sac. Il me regarde, surpris, mais ne dit rien. Nous parcourons les couloirs le plus silencieusement possible. Les bruits de combat ont cessé. Melchio et moi arrivons à une grande salle circulaire. Les murs sont ornés de tapisseries rouges et blanches et les grandes fenêtres donnent sur l'île du Lion qui apparaît au loin derrière les nuages et la pluie. Il y a beaucoup de monde dans la pièce. Surtout des soldats impériaux qui sont armés de longs sabres tachés de sang. Au centre de la pièce, mon équipage est ligoté à une longue corde. Ils sont couverts de sang et Mathias est inconscient. Je murmure quelques mots grossiers et ordonne à Melchio qui tremblent de peur :

- Retourne dans le bateau et dans cinq minutes tu démarre.

- Et si vous n'êtes pas revenue ? Demande-t-il paniqué. Et si vous vous faites capturer comme eux ?

Je me souviens d'un coup de Lord Brandon. Lors d'une intrusion dans un bateaux de l'île du Taureau, tous son équipage c'était fait capturé, comme maintenant. Je lui avait posé la même question et il m'avait répondu : Les matelots peuvent faire des erreurs, Cirah, mais le capitaine n'en fait jamais. Et il les avait tous libérée.

Je répète doucement ces paroles :

- Les matelots peuvent faire des erreurs, mais le capitaine n'en fait jamais.

Melchio me fixe de ses grands yeux gris, pas très rassuré, mais il obéit. Je le regarde s'en aller en courant. Je sors mon épée dorée qui reflètent sur les tapisseries. Soléas le voit et il regarde dans ma direction. Il semble désolé, mais il a peur aussi. Lord Brandon disait qu'il ne valait jamais avoir peur. Quand il disait cela je lui répondais toujours que c'est impossible de ne jamais avoir peur. Tout le monde a des peurs cachées.

Alors il faut être courageux, pour savoir affronter ses peurs, ajoutait Lord Brandon.

Je m'avance dans la pièce. Les soldats sortent leurs sabres prêts à m'attaquer.

- Je ne vous le demanderai pas deux fois, libérez mes compagnons, dis-je d'une voix douce et fière.

Des murmures de peur montèrent dans la salle. Tout le monde me connaît.

- Nous n'avons pas peur de toi, Cirah, crie un soldat qui pourtant tremble comme une feuille.

Je souris. Je lève mon épée qui tranche l'air, puis la chair. Les hurlements montent, mais je fais tous pour ne tuer personne. Personne ne mérite la mort, sauf peut-être moi. Je brise la corde qui retient mes compagnons et ils se lèvent en boitant. Un soldat essaye de me frapper au visage, mais je l'évite facilement avant de lui donner un coup dans la mâchoire. Il s'écroule. J'attrape le poignet de Loukas qui se débat avec un marchand un peu trop musclé a qui j'assène un coup de mon épée au flanc. Nous nous mettons à courir, fuyant les soldats et nous arrivons sur L'écaille rouge essoufflés et couvert de sang, du notre et de nos victimes.

Melchio met les voiles et le bateau décolle sans problème.

Nous n'avons rien récupéré. Pas une seule pièce d'or, ni rien autre que des blessures. La colère monte en moi comme un volcan en fusion. Je regarde mes matelots. Ils sont tous sérieusement amochés et ils ne pourront pas reprendre le combat avant une bonne semaine. Leurs airs peinés m'énervent encore plus.

- Nous sommes désolés d'avoir échoués Cirah.... Commence tristement Chesley.

Je balaye ses excuses d'un geste de la main.

- Je n'ai que faire de vos pardons, vous êtes des incapables voilà tout, dit je d'une voix sèche.

Je me tourne vers Melchio qui dirige le gouvernail, avant d'ajouter sarcastiquement :

- Quant à toi Melchio, félicitation, tu sais démarrer le bateau en moins de cinq minutes. Maintenant allez tous vous reposer.

Je prends le gouvernail, prête à passer la nuit aux commandes. Soléas me jette un regard en se pinçant les lèvres. Ses yeux bleus sont remplis de honte, mais aussi de tristesse.


Nos journées ne sont pas toutes comme celle-là. Combien de fois avons-nous festoyé devant des coffres remplit de lingots d'or, de pierres précieuses ou de vivres ? Trop pour les compter. Combien de fois avons-nous rencontré le manque de nourriture et la peur ? Beaucoup de fois aussi, malheureusement. Mais les populations des îles ne savent pas ça. Ils ne savent pas que si nous arrêtions nos crimes, nous n'avons plus rien. Nous ne pouvons tout simplement pas vivre. Parce qu'il n'y a rien de pire que de vivre en Anvers.

Je pousse un soupir de soulagement quand la pluie cesse de tomber. Mes mains me font mal. Elles crépitent d'électricité. Personne ne connait mon pouvoir sauf Soléas. Il m'a vue l'utilisé à plusieurs reprises, même si je pensais être discrète. Mais il n'a jamais fait de commentaire et n'en a parlé à personne. Je me souviens d'une fois où, plus jeune, j'avais tué une femme de l'île de la Vierge avec mon pouvoir. C'était une noble cruelle et tyrannique. Elle possédait une quantité phénoménale de bijoux et de pierres précieuses que j'ai volé quand elle a poussé son dernier souffle. J'avais pensé que Lord Brandon aurait été fière de moi, mais il avait seulement dit :

- Tu aurais pu lui éviter la mort, Cirah.

Et j'avais baissé la tête, honteuse.

D'après les marcheurs de rêve, ceux qui choisissent ton île quand tu viens au monde, il y a eu à peine une centaine d'enfants dans toute l'histoire qui avaient ou ont des pouvoirs. Cela fait très peu sur les milliers qui naissent par an. Mais assez pour créer de la panique. Tout le monde ou presque ont peur d'eux. Ont peur de nous. Je n'ai jamais rencontré d'autres personnes avec des pouvoirs. Peut-être n'en verrais je jamais.

Quand mes parents adoptifs de l'île du Bélier ont découvert mon pouvoirs, ils étaient très en colère. Il n'avaient déjà pas beaucoup aimé d'avoir eu une fille, alors qu'elle puisse contrôler l'électricité, les rendaient fous. La femme se nommait Selena. Elle était grande, fine et très belle, mais elle avait un sacré caractère : elle me détestait. Son mari s'appelait Cristopher. Il était musclé et avait des yeux vert émeraude. Il n'avait pas le caractère de sa femme, il était toujours dans la lune avec le regard pensif. Ce qui ne l'empêcha pas de m'emmener à Anvers, m'abandonnant à 4 ans.


La nuit se passe sans trop de problèmes, mises à part que j'ai me suis endormis un bref moment sur le gouvernail, envoyant le bateau sur des rochers flottants. Je me suis réveillée à temps pour éviter la catastrophe. Même si la pluie s'est arrêtée, il fait très froid et j'ai du mal à bouger mes doigt. Quand vient l'aube, Loukas s'approche, pas tout à fait remis du combat de la veille, mais il a déjà meilleure mine. Ses cheveux blonds en bazar le fait ressembler à un soleil ce qui me fait sourire.

- Capitaine Cirah ? m'appelle-t-il hésitant.

- Oui, Loukas ?

- Nous nous dirigeons bien vers l'île de Sagittaire ?

Je regarde le ciel. C'est difficile à dire à cause des nuages, mais il a raison.

- Nous venons de dépasser l'île de la Balance. Nous devons contourner la Tempête Asillas avant d'arriver à l'île du Scorpion et du Sagittaire. Pourquoi ?

Il scrute un moment les voiles qui claquent, pensif. Loukas a un don pour avoir des idées formidables. Et là il vient d'en avoir une.

- J'ai idée, mais elle est complètement folle, dit-il dans un sourire.

- Je t'écoute quand même, affirme je, un peu songeuse.

- Cirah, as-tu déjà pensé a enlevé quelqu'un de sang royal pour avoir une rançon ?

Un sourire s'étire sur mes lèvres.

Le reste de l'équipage sorte de leur chambre et je siffle pour attirer leur attention. Ils sont très mal réveillés, mais il tourne leur regard vers Loukas et moi, qui sourions de malice.

- Loukas vient d'avoir une idée géniale. Nous allons enlever la Princesse de l'île du Sagittaire.


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