Chapitre 10: "Ceci est bientôt la fin".

sarahlambert2030

Les jours qui ont suivis cette révélation de Zaalaak ont été très calmes. Zaalaak et moi-même rions toujours autant et nous sommes toujours autant complices. Je n'avais jamais eu d'amis avant toute cette histoire mais Zaalaak, même s'il est d'ailleurs, est comme mon meilleur ami, même si il est plus vieux que moi et qu'il me donne des ordres. John, lui, rougit toujours quand on est ensemble. Il a tenté de m'avouer ses sentiments mais, cela m'a fait de la peine, je lui ai dit de ne pas espérer quoi que ce soit. Il a tourné la tête et a répondu "Ok" avant de partir s'entraîner, seul. Le lendemain je pensais qu'il n'allait pas me parler, mais il m'a apporté mon petit-déjeuner plusieurs fois et quand Zaalaak était là, il nous regardait -ou plutôt il regardait John- avec insistance, comme si il voulait lui dire quelque chose. J'ai l'impression que ces deux-là mijotent quelque chose. Je crois que connaissant Zaalaak et John, je devrais faire l'innocente, mais rester aux aguets.
Les jours ont passé et rien n'a vraiment changé, sauf que John m'apporte tous les jours le petit-déjeuner, et que tous les matins, une fleur accompagne le tout. La plupart du temps, il s'agit de petites fleurs trouvées ici et là mais de temps à autres, c'est une rose rouge. Mes parents avaient d'ailleurs remarqué ce détail.
- Ce garçon est très gentil, dit-on père en me regardant.
Je ne réponds pas. Clairement, ça se voit comme le nez au milieu de la figure que j'ai rougi, je me demande bien pourquoi.
- C'est vrai, je l'aime beaucoup, il dit toujours bonjour. Très poli. C'est plutôt rare ces derniers temps, dit ma mère.
- Oui, il est gentil, je réponds vaguement.
Papa s'en va un moment et maman en profite pour me regarder.
- Dis-moi, chérie, c'est vrai ce que m'a dit Zaalaak ? Tu as rejeté ce pauvre garçon ?
- Hein ?! Dis-je choquée.
- Ne fais pas l'ignorante. Ce n'est pas parce que Zaalaak t'a dit que tu es destinée à être la sauveuse de la prophétie que c'est forcément vrai. Pourquoi tu l'as rejeté ?
- Et bien tu dois savoir pourquoi, parce que je lui ai expliqué à John. Et que, apparemment, il a tout raconté à Zaalaak, dis-je amèrement.
- Tu es jeune, sois pas si dure avec les autres.
- Maman, on me demande beaucoup de choses. Je ne suis plus cette fille qui vivait dans les bois à vivre comme les hommes des cavernes. Je suis toujours naïve, mais j'ai grandi ! Si cette prophétie est vraie et qu'il s'agit bien de moi, alors je me dois de faire souffrir le moins de gens possible. Je...
- Chloe, m'interrompt ma mère, je te parle de femme à femme. Si tu aimes quelqu'un, amitié ou amour, ça finira par se voir et se savoir. Et, ça se voit.
- Pardon ?
- Tu as rougis quand ton père et moi on a parlé de John. Pourquoi ?
- Parce que c'est gênant. Et cette conversation est finie.
Je me lève, et sors de la salle de commandement. Je me dirige vers la salle à manger. Je croise Zaalaak.
- Toi, viens avec moi, dis-je avec sécheresse.
- Oui, bonjour Chloe, tu as bien dormi ? Demanda Zaalaak surpris de mon ton.
- Sois pas si désinvolte. Suis moi c'est tout.
Il semble surpris par mon ton, mais il me suit. J'entre dans la salle et d'emblée, je dis:
-Tu manigances quoi avec John ?
-Hein?
- Comment ça se fait que John t'aies raconté que je l'ai rembarré, et pourquoi mes parents sont au courant de ça ? Tous les deux, j'ai remarqué que vous cachiez quelque chose...
- Oh mais ce n'est pas la fin du monde ! répliqua Zaalaak, contrarié. Devant mon regard noir, il avoue: bon si tu veux tout savoir, John t'aimes beaucoup, même un aveugle l'aurait vu. Il m'en a parlé et je lui ai dit d'être confiant et si il le souhaitais, t'en parler. Apparemment ça a loupé hein ? Je suis plus vieux que toi, que lui, mais je ne suis pas avare de conseils quand on me le demande, tu te doutes bien. Mais je n'ai pas fait exprès de le dire à tes parents, ils m'ont demandé si tu avais quelqu'un, ils avaient remarqué votre comportement à tous les deux... et je leur en ai parlé. Désolé.
Il semble sérieux, mais colère retombe.
- C'est super gênant, de parler de ça avec mes parents. Maintenant, ils croient que je suis amoureuse et que je refuse de l'admettre, et en plus ils essaient de me caser.
Je m'assois. Je n'aime pas être énervée le matin, ça me poursuit toute la journée ! Zaalaak s'installe à côté de moi et met une main sur mon épaule.
- La situation n'est certes pas facile, mais ce n'est pas une raison pour être aussi froide. Plus tu seras gentille, plus tu auras d'amis et surtout, d'alliés.
- C'est censé me réconforter ?
- L'amour, l'amitié, c'est plus important que le reste, si tu prives de ça, tu vas finir grincheuse, laide et seule.
- Pardon ?
- Tu finiras tes vieux jours seule si tu continues d'agir comme ça.
Il a peut-être pas tort, je me dis, tandis que Zaalaak, raconte des choses très gnangnan. Je réfléchi. Si je me place d'un point de vue extérieur, c'est vrai que je ne suis pas très aimable...
- Ouais, tu as raison, je vais être plus gentille et sociable.
-Oh en voilà une bonne nouvelle, allez retournons dans la salle de commandement.
Une fois de retour dans la salle de commande, je vais voir John:
- Salut.
- Salut, me dit-il, rougissant.
- Tu veux qu'on aille s'entraîner ?
Il hésite.
- Je suis désolée de t'avoir dit ça l'autre jour, on n'a pas beaucoup parlé depuis ce jour-là. Je suis désolée. Tu veux bien pardonner à cette idiote que je suis ?
Il me regarde bizarrement.
- Restes telle que tu es, ne me prends pas en pitié.
-John, je ne te prendrai jamais en pitié... on peut aller parler dans un endroit moins bondé ?
Il acquiesce et me suis dans la salle d'entraînement.
- Je ne prends pas en pitié loin de là, lui dis-je une fois arrivée à destination. Disons que je viens d'ouvrir les yeux et je m'en veux d'avoir été aussi... désagréable. Autant Zaalaak que mes parents m'en ont fait la leçon tout à l'heure. Tu es plus important pour moi que tu ne le penses, j'ajoute sans réfléchir.
Ah, ça ce n'était pas voulu. Pourquoi j'ai dit ça, moi aussi. Je sais plus où me mettre.
John arque un sourcil.
- Ah bon ? dit-il, intrigué, un sourire en coin.
- Bah ouais... Je voudrais qu'on aille sur le terrain ensemble. Je ne veux plus que tu sois que mon entraîneur et aussi celui que je mets au tapis.
Question excuse, j'ignore si je suis douée mais il a l'air plutôt heureux. J'en conclus que j'ai sauvé la mise.
- Mmh, alors ça c'est trop bien !
-Contente que tu sois content ! Câlin ?
-Euh...
- C'est un truc entre Zaalaak et moi, c'est très bête laisse t....
Il me serre dans ses bras sans prévenir. Je ne veux pas qu'il relache son étreinte, je suis bien là.
- Vous êtes trop mignons ! s'exclame une voix.
On sursaute, Zaalaak apparaît d'on ne sait où et il nous regarde avec un air faussement suspicieux, une lueur de malice dans ses yeux noirs.
- Haha faites pas cette tête. En plus j'approuve totalement la décision de la demoiselle Sociabilité en Herbe - je fais une moue choquée par ce surnom- Ce n'est pas plus mal d'être deux pour aller sur le terrain. Après le terrain... ajouta-t-il avec un ton de sous-entendu et un clin d'oeil.
- Non, je ne veux pas savoir quelle ânerie t'allais nous sortir, dit John. Apparemment il connaît les double sens des phrases de cette andouille galactique. Je commence aussi à cerner le personnage maintenant. Incorrigible !
- Oui, n'abuse pas.
- Oh ça va les jeunes, laissez papi dire des bêtises, répond-t-il avec une voix d'homme âgé.
On part tous les trois dans un fou rire. Zaalaak fini par s'en aller et John et moi décidons de nous entraîner.
- Aïe !
Il a retrouvé ses forces on dirait, mince, je vais perdre face à lui. Je lui assène un coup de coude dans les côtes mais il finit par me mettre K.O. Pendant que je suis au sol et complètement essoufflée, il me tourne le dos. J'en profite pour lui sauter dessus le plus discrètement possible et on perd l'équilibre. On se retrouve tous les deux à terre. Pendant un temps on se regarde puis une alarme sonne, ce qui nous surprend.
- Je me demande ce qu'il y a, dit John en se relevant.
- Je ne sais pas, mais il faut qu'on aille dans la salle de commandement retrouver Zaalaak. Il nous dira ce qu'il sait, dis-je tandis que John m'aide à me relever.
Arrivés au Commandement, Zaalaak, nous demande de nous approcher.
- Bien. On vient de recevoir un message.
- Et ? je demande, impatiente.
- Qu'est-ce qu'il dit ? demande John.
- "Ceci est bientôt la fin", répond Zaalaak.
- "Ceci est bientôt la fin" ? Je répète incrédule.
- Maalok nous lance un avertissement. Elle nous menace.
- Elle ? demande John.
- Je t'expliquerai, je lui dis. Ce n'est pas trop le moment. Il faut lui faire comprendre qu'on a reçu le message. Il faut qu'on en finisse avec tout ça.
- Je suis d'accord, répond Zaalaak, j'espère simplement que tout le monde sera au point et que tout va bien se passer.
- Tout va bien se passer, je lui dis pour le convaincre même si je ne suis pas rassurée par la situation.
- Bon, dit Zaalaak une heure plus tard, On va faire ça par groupe de trois. Antonin, Chloe et John, vous irez voir les esclaves, et vous en convaincrez le plus possible de se révolter. Trois autres personnes vont aller chez les soldats, il faudra en éliminer le plus possible. Trois autres iront à l'entrée principale. Faites le ménage de printemps... Et...
- Tu as une idée qui va se révéler mauvaise, c'est pour ça que tu ne le dis pas. Je me trompe ? l'interromp Antonin.
- Je vais voir Maalok et si la résonner ne fonctionne pas...
- La résonner ?! Je demande d'une voix aigüe.
Il me regarde.
- ... Je la tuerai, finit-il.
- On ne peut pas se permettre de tenter de la résonner. C'est un danger, une menace, une manipulatrice. Zaalaak, là les sentiments, il faut les mettre de côté, dit John.
- Je sais, dit-il, d'une voix brisée, triste.
Je suis désolée pour lui, ça me brise le cœur d'entendre la tristesse dans sa voix. John et moi on se regarde, il pense la même chose.
- Il faut qu'on y aille.
On se met - enfin tous sauf Zaalaak qui reste perdu dans ses pensées- en route. Je prends les commandes du vaisseau, John m'assiste.
-Où sont mes parents ?
- Partis s'entraîner avec Chernov. Ils disent qu'ils se sentent rouillés.
Je ris avant de me reconcentrer.
- Promets-moi que tu vas faire attention, Chloe, me dit soudainement John.
Je le regarde. Je sens qu'il est inquiet et moi j'ai peur.
- Je te le promets. Mais toi aussi promets-le.
- Je te promets de faire attention.
- Tu crois qu'il va tenir le coup ?
Il a deviné que je parlais de Zaalaak.
- Il est coriace, il en est capable, je le sais.
- Malgré ses sentiments ? Un aveugle le verrait.
- Ce ne sera pas facile mais il y arrivera. Au pire, on se débrouillera pour lui filer un coup de main.
On continue le chemin en parlant de tout et de rien pour alléger l'atmosphère. J'ai rarement autant ri qu'avec John, il a vraiment le sens de l'humour. Je l'aime beaucoup. Beaucoup trop.
On finit par arriver non loin de là où je me suis évadée avec Zaalaak il y a quelques temps.
"Ceci est la bientôt la fin", en effet Maalok, ceci est bientôt la fin de ton règne absurde, je pense avec haine.

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