Chapitre 4

Mow S

4

Alors que je frotte mes yeux, je sens un picotement qui m'irrite, comme si une poussière de sable s'installe à l'intérieur. L'absence se fait tout de suite ressentir très fort, ce reflet de bonheur qui n'existe plus. Tout cela me semble maintenant très loin, je me sens monotone des choses que j'ai perdues.

Ce manque de quelque chose qui n'épargne pas ma peur. Mes prunelles bleues se perdent très loin. Comme des cris de douleur. Des cristaux qui roulent sur mes joues, elles s'abîment de toutes ces émotions. C'est infernale, irréparable, inconsolable. L'eau, peut éteindre l'incendie à en noyer toute la baraque, jusqu'à ce qu'il en reste plus que de la poudre grise, de la suie, mais ça n'étouffe pas mes larmes si profondes. C'est le silence glacial, de cet hivernage si froid. Des frissons qui en parcourt ma chair profondément, la nuit tombe. Mon souffle se coupe, j'ai de la poussière dans mes yeux, j'ai des lames dans ma gorge, c'est comme si je ne respire pas correctement, ça me bloque toute ma poitrine. Je manque beaucoup plus d'oxygène que d'habitude. Il me faut un inhalateur pour reprendre un peu d'air. Pour ces choses qu'ils s'achèvent, que je ne retrouve pas. Ce monde n'est pas le mien, ai-je encore la force et le courage de surmonter tout ça ? Je n'aurais jamais cru brûler autant intérieurement comme cette maison, la nôtre où les flammes eux dévastent tout en une seule fraction de seconde sur mon passage. Tout me semble si monotone. Je me coule un café bien corsé avec un petit nuage de lait, parce que je n'ai pas l'esprit à dormir, j 'ai mal, mes larmes coulent, c'est plus fort que la pluie qui tombe, c'est plus fort que un ruisseau qui déborde, c'est plus fort que la tempête, que la tornade, c'est plus fort que le bruit d'un tambour. Je prends quelque gorgée de caféine, il n'y a plus que ça que je peux avaler, je n'ai pas faim, j'ai tellement mal à m'en tordre le ventre et à en avoir la nausée, je me force, je me ressaisis pour tenir le coup, je me donne de la peine, je n'y arrive pas. Je le déguste, ça m'éveille un peu plus de mon état qui reste affaibli. Je me grille une cigarette dans la cuisine la fenêtre grande ouverte, j'ai besoin de nicotine qui s'écoule à travers mon sang si brûlant. Il fait froid, le vent se lève je me prend tout en pleine figure. Je regarde le ciel. Il est beaucoup trop sombre, la neige a déjà bien fondue, la nuit est bien présente. 

À cet instant présent, je pense à pouvoir rejoindre les nuages, la lune et les étoiles, mais elles ne brillent plus elles non plus. Mon état veut mourir, mais mes jambes ne suivent pas la cadence, il ordonne à mes gambettes, qu'elles ne bougent pas une seule seconde par la fenêtre. Alors je tremble, je meurs intérieurement. Ma cigarette se consume à petit feu. Elle se consume tellement fort comme mon âme et mon état. Il est grand temps que je change de pièce et que je m'écroule un peu-là, je me blottis lourdement d'épuisement dans ce fauteuil en cuire de cet inconnu qui me lègue gentille ment. Ce fauteuil vieillot avec son cuir collant. Je prends beaucoup de jours à y mettre mes fesses, je recule beaucoup devant, je prends beaucoup de temps. Du temps pour réfléchir si c'est vraiment raisonnable de pouvoir m'asseoir dessus, car ça ne m'appartient pas, ça fait vraiment bizarre, je me sent tout à coup mal à l'aise. Mais il faut que je m'accorde une pause, une pause de remise en question de ce qu'il se passe, de ce dont il s'écroule devant moi comme une tornade qui dévaste tout. Ce n'est pas une tornade, mais bien pire que ça.

Je n'ai toujours pas envie que mes yeux se ferment, je n'ai pas l'esprit d'ailleurs car je broie du noire, je fais des cauchemar quand ils se ferment, pourtant la fatigue se fait ressentir, j'ai comme l'impression d'avoir des vapeurs qui s'imprime sur moi voir qu'elles s'entrelacent. Mais c'est plus fort que moi, je laisse mes paupières grandes ouvertes. Je ne veux pas retrouver mon lit, ce lit qui n'est pas le nôtre, ce lit qui me fait si mal au dos. Je n'ai plus de force, mes jambes flageolant, mon cœur, mon corps hurle de douleur. Je m'affaiblis et pas qu'un peu. Je reste silencieuse dans cette pièce du salon avec ces odeurs qui ne sont pas les miennes. Silencieuse extérieurement, mais mentalement, je bouillonne comme une bouilloire. Le salon ne ressemble pas à une pièce à vivre, il n'y a ni vie, ni rythme. Il n'y a que le gouffre qui s'enfonce en moi, ça dégouline dans mes veines. C'est la pire sensation de ma vie, c'est vraiment horrible. Comme une piqûre douloureuse qui s'infecte. J'étouffe, ça me fait froid dans le dos, j'en ai la chair de poule, mes poils se dressent comme un courant d'air. Je ne respire pas. J'étouffe encore plus. J'étouffe dans mon mal. Les larmes coulent encore, elles me dégoulinent de mes joues, je crache ma peine. En un battement de paupières, je regarde autour de moi, je regarde que ce monde change, celui qui change dans le mauvais décor absolu. Je suis là, les yeux qui se rivent en silence. Je pense à cette nuit, cette nuit-là, la plus effroyable, la plus dramatique qu'il soit. Je regarde mon mari, je n'arrive pas à en dire le moindre mot, je veux lui dire que tout ira bien, que ce n'est qu'une mauvaise passe, mais je sais que ce n'est pas vrai. Je n'arrive même plus à croire que je puisse sortir la tête de l'eau. Il n'y a que ces bras qui me font du bien, mais je reste froide envers lui comme un glaçon, c'est l'hypothermie totale en moi. Les enfants se sont enfin endormies. Eux aussi me font du bien, malgré cette lourde épreuve, leurs odeurs, c'est la seule chose qu'il me reste, c'est la seule chose me rappelant qu'ils sont encore là et qu'ils respirent, qu'ils sont encore là à vivre. Ça me rassure un peu, mais ce n'est pas pour autant que je me sens bien. Je me noie petit à petit. Je me perds dans ma mémoire. Je repense à la nuit pas comme les autres, celle qui bascule ma vie qui l'a vole et pas qu'un peu, celle qui a pris un bout de mon cœur, je parle de cette nuit-là. Du vingt-cinq janvier deux mille neufs. Je ne sais pas maintenant si je vais être heureuse, ce manque de quelque chose me fera souffrir d'avantage à chaque jour de mon existence. J'ai besoin de cette pièce manquante. J'ai tout perdue, comment vais, je devoir vivre à nouveau ? Comment puis je me retrouvais ? On m'a arraché ma vie. Celle du Vingt-cinq Janvier Deux mille dix neufs où la mort est là tout prêt de moi. Celle que je sent pour la première fois de ma vie, à l'autre bout du couloir, la maison pleurant, les rideaux brûlant, les murs souffrant de douleurs. Les flammes emprisonnat tout ce qu'on a construit, la peine, la joie, la peur, les larmes, les souvenirs. Je m'arrête de vivre alors que le monde tourne encore.

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