Chapitre 5

Mow S

5

Il n'y a pas que la mort qui cause de la peine, la perte de quelque chose. Il y a aussi le changement RADICAL, celle de toute une vie entière. Le changement d'une destination qui parfois s'écroule en une fraction de seconde. Il y a aussi le changement physique qui se dégrade, mais le plus éprouvant dans tout ça, c'est le moral. Le moral qui en prend un coup, le moral qui baisse sous le champ.


Je me demande encore pourquoi ? Oui, pourquoi, c'est si dur ? Pourquoi ça fait aussi mal ? Ce mal que j' encaisse autant, de toutes ces choses. Tout peut disparaître en un clin d'œil. Hier, je pouvais rire et sourire aux éclats jusqu'à m'en rendre sourde, jusqu'à ce que ça me percent les tympans, jusqu'à ce que ma gorge brûle. Aujourd'hui, je ne respire plus correctement, j'oppresse. Je n'arrive plus à rien. Ni bouger, ni respirer comme il faut. Je crie encore. Je veux pouvoir avoir le cœur par balle à cet instant mais la douleur est bien trop profonde. Elle me compresse la poitrine.


Je préfère la chaleur de mon lit, plutôt que celle qui m'envahit tout entièrement. Je me sens absente et pourtant ma présence est bien là. Je suis vivante, je respire encore, je suis consciente de mes faits et gestes, mais j'ai mon esprit ailleurs. Je suis comme dans un coma artificiel. Je reste figée. Je me déporte dans un autre univers comme l'apocalypse dans les nuages.


Il n'y a plus de ciel présent, il n'y a plus de terre vivante.


-" Est-ce que tu vas-bien ? "


-" Oui, je vais bien "  de mon sourire le plus menteur. Cette phrase qui revient sans cesse au début des conversations, cette phrase qui résonne encore faux sur mes lèvres, et qui résonnera maintenant très mal. C'est une mauvaise note qui s'interprète. Je ne suis pas sincère. C'est une face un peu mensongère, mais je m'en moque, car personne ne m'écoute, personne ne m'entends, personne ne me vois, personne ne me comprend.

Je suis comme un cri faible dans la foule.
Je suis comme une plante verte qu'on laisse à l'abandon.
Je suis comme invisible, la transparence de moi-même.
Je suis comme un fantôme.
Je suis le nuage qui cache le soleil.

Je veux pouvoir dire à quel point, je vais mal, combien je pleure et que ça me tiraille. Je reste là les poings qui se serrent, je crie, j'ai envie de tout casser, comme tout ce qu'il y a de détruit inconsciemment devant moi. En moi trop de colère qui me ronge. Il faut que je casses tout ce que je touches.
Ça me ronge, ça me ronge tout à l'intérieur de moi.
Si vous savez toutes les larmes qui se jettent dans mes entrailles quand la nuit s'éteint.
Si vous savez toute la douleur qui se comprime en moi quand ce silence s'absente.
Je n'entends que la résonance de mes larmes, celles qui coulent à flots. Je suis à fleur de peau. La nostalgie guide toujours mon esprit. Tout revient un à un et tout se détruit comme cette maison de la mort. Mes joues sont rouge sang, je sens un liquide qui me coule le long de mes yeux. C'est des larmes qui m'irrite profondément, ma vue se brouille petit à petit. Elles restent indélébiles, qu'elles soient voyantes où non. Je perds de plus en plus ma conscience. Je veux encore avoir la chance de ramassée, ces morceaux de souvenirs qui s'éparpillent.

Ces morceaux enfuis plus que jamais.
Ces morceaux qui ne sont plus que des cendres.

Et je vois encore des appartements et des maisons en flammes sous mes yeux. L'appartement brûle juste devant moi. Devant nous, à ceux de mon fils, il hurle, il pleure de tout son corps, il n'a pas pleuré autant quand il a vue la nôtre se détruire, il a si peur, peur que ça recommence il prend conscience tout de suite du bruit des camions de pompiers qui lui alarme très fort les oreilles. Il y a une fumée et des flammes qui sortent juste là, juste là devant nos yeux, je le sens vraiment très mal. Je me dis au fond de moi qu'on est maudit, que tous ces malheurs, c' est à cause de nous, à cause de nous parce qu'on a peut-être de mauvaises ondes. Heureusement, une fois de plus, il n'y a aucun blessé, juste beaucoup de de lumière rouge, bleue et de la fumée. Ça aurait plus être beaucoup plus pire, encore une fois.

- Je lui répète que ce n'est pas chez nous, mais il hurle très fort encore. Mes larmes tombent aussi, j'angoisse très fort.

Dont ce bâtiment on a failli recommencer notre vie, celle qu'on a perdue. Heureusement on fait finalement un autre choix. Car on a le choix entre deux appartements. Mon Dieu, j'imagine même pas un instant encore l'horreur. Je crois que je me serais pas du tout remise mais vraiment pas. Déjà que j'ai du mal à y faire face, je ne réalise pas. Mon mari et mes enfants non plus d'ailleurs. Vous aurez plus nous enterrer, nous enfermer pour toujours. Ca me bouffe encore les tripes, toute ces histoires de feu un peut partout dans ce monde. Dont ces appartements, dont ces maisons, aux informations, chez nous, partout. Je me dis que ça ne s'arrêtera jamais, je ne peux pas avancer comme il faut, je reste à mes gardes, avec beaucoup trop de méfiance. Je n'ai plus du tout confiance. J'ai vraiment peur !
Oui ça fait peur de voir ça, je me dis que ça peut recommencer à tout moment, chez nous, chez eux, chez des voisins...


Partout !!!

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