Chapitre 9: Secret révélé

sarahlambert2030

Ça fait déjà plus d'une semaine que ma première mission s'est déroulée. Depuis ce temps, Zaalaak ne m'a pas beaucoup parlé, bien que je me sois excusée et qu'il m'a pardonné notre conversation houleuse. Malgré tout, le malaise planait au-dessus de nous dès qu'on se croisait dans les couloirs.
Ça me manque de n'avoir de fous rires avec lui. Maintenant, John me fait m'entraîner plus longtemps puisque je n'ai plus de cours de Gadanok. Je ris pas mal avec lui. Je me suis rendue compte qu'il rougit dès que je lui parle. C'est mignon... Et c'est pour ça que je le bats et le mets au tapis !
"L'amour rend faible" me dis-je quand il est étendu. Mon cœur n'est pas de glace, loin de là, mais, selon Zaalaak et cette prophétie, je dois sauver le monde. En gros, c'est une guerre, même si j'ai du mal y croire. Dans une guerre, des gens meurent, c'est inévitable. Je me refuse de perdre quelqu'un que j'aime. Peut-être mourrai-je aussi ? Voilà pourquoi je refuse de tomber amoureuse ou de donner de faux espoirs à John. Je compte bien le lui faire comprendre tôt ou tard, même si je suis désolée si cela le blesse. J'espère qu'il comprendra.
Il est déjà huit heures et demie ce mercredi matin quand de petits coups retentissent à ma porte.
- C'est ouvert ! Je crie, le nez dans un livre où l'héroïne doit se battre pour sa survie.
La porte s'ouvre et Zaalaak entre, visiblement pas à l'aise, et parle:
- Bonjour, Chloe. On peut parler une minute, s'il te plaît ?
J'acquiesce et pose le livre sur la table basse à côté de moi.
- Salut.
-Tu as eu raison Chloe de me sermonner. Bien que je sois un alien, tu m'as traité comme un humain. Certains de mon peuple diraient que c'est être rabaissé mais on se fiche de ce qu'ils pensent.
- Tu as peut-être raison toi aussi Zaalaak. A propos du lavage de cerveau... et tout ça.
- Ce serait pas drôle s'il n'y avait pas d'embrouilles, hein ? dit-il avec un sourire.
- Ouais, je réponds avec un sourire.
- Câlin ?
- Câlin.
On rit.
- Bon, j'ai cru comprendre que tu ne voulais plus apprendre le Gadanok ?
- Bah...
- Je t'en voudrais pas, tu sais, dit-il avec un sourire. Enfin, si, un peu, ajouta-t-il en riant.
- Désolée, c'est une torture pour les neurones, dis-je timidement.
- T'en fais pas, je comprends, répond-t-il en me donnant une grande claque dans le dos.
On passe la journée à parler et à rire. Notre dispute appartient au passé.
Le soir venu, après avoir apporté à manger dans la chambre on s'installe devant la télé holographique pour regarder un film. A la fin de celui-ci, soit deux heures plus tard, Zaalaak dit:
- Au fait, je devais te parler de ce fameux secret...
J'écoute attentivement. Il poursuit:
- Maalok... cette fameuse rumeur à son sujet... C'est moi qui l'ai balancée. Et -il soupire- ce n'est pas qu'une rumeur, c'est la vérité.
- Comment tu sais ça ? Je demande, intriguée.
- Je sais beaucoup de choses, dit-il en souriant.
- Mais sérieusement ?
- Je... la connaissais bien avant qu'elle devienne telle qu'elle est aujourd'hui. Cruelle, avide de conquêtes interplanétaires, avide de pouvoir, et tout ça.
- Comment était-elle avant ?
- Tout l'opposé. Enfin semblait-il. Gentille, attentionnée, pacifique, toujours prête à aider, répond-t-il avec une lueur que je n'avais jamais vue chez lui.
Il semblait perdu dans ses pensées, un sourire rêveur accroché à ses lèvres.
- Hé ! T'es toujours là ?
- Hein ? Euh oui, oui, dit-il en sursautant.
- Ca va ?
- Hum. Oui, ça va.
- Comment elle est devenue comme ça ?
Il soupire.
- Ce n'est pas pour rien que je la connais bien. Nous avons été ensemble pendant très longtemps.
Quoi ?! Je dois avoir la bouche grande ouverte tellement que je suis choquée par la révélation qu'il vient de faire ! Oh là là !
- Combien de temps ça a duré ?
- 3 siècles.
- Purée, c'est long.
- Je sais.
- Vous n'avez pas eu d'enfants ?
Il s'étouffe quand il entend ma question.
- Oh non !
- Pourquoi ?
- On n'a pas eu le temps. Comme tu sais, j'étais dans l'armée royale. J'étais haut-placé, respecté. Je partais toujours pour les missions les plus périlleuses... donc je partais longtemps. Elle a fini par aller voir ailleurs. Avec mon supérieur, le Général. Mais elle s'est sentie coupable et a fini par me le dire. Tu te doutes bien que je l'ai mal pris. Alors je suis parti. J'ai été volontaire pour une mission très longue, je voulais penser à autre chose qu'à elle et sa traîtrise. A mon retour de mission, j'ai appris le décès du Général. Il a été remplacé par sa veuve. Tu devines qui est la veuve...
- Maalok, répondis-je avec amertume.
- Oui. Le mariage n'existe pas comme ici sur Terre. On dit juste que le couple est "officiel".
Bref, c'était désormais officiel entre eux. Ils avaient officialisés tandis que j'étais loin pour pas mal de temps.
Je peux entendre la tristesse dans sa voix et la voir dans ses yeux.
- Je devais obéir au nouveau Général. Peu de temps après, en revenant d'une autre mission, la famille royale avait été assassinée ainsi que tous les militaires qui étaient à la base au moment du massacre. Elle n'avait plus aucunes limites. Je tenais à garder ma place, mais elle devenait de plus en plus parano. Alors j'ai décidé qu'il était temps que quelqu'un lui apprenne les bonnes manières. Pour résumer, elle a toujours eu deux faces, elle a toujours su ce qu'elle faisait. Sa gentille n'était qu'une comédie.
Wow ! Tu parles d'une histoire !
- C'est... je ne sais pas quoi dire, Zaalaak. Rien n'a dû être évident.
- Non, c'est vrai. Dans le fond, j'avais fini par abandonner tout espoir que cette prophétie soit réelle, au nombre d'êtres qu'elle a tué. Je ne pensais pas que je rencontrerai la sauveuse de ce monde de mon vivant.
- Oh, t'es pas si vieux.... si ? Je demande en tentant de changer de sujet. Cette histoire m'a fichu la trouille. Maalok est vraiment dingue. Zaalaak devait vraiment tenir à elle, il semblait tellement ému...
- Non, je ne suis pas à l'article de la Mort, t'en fais pas, on a une très bonne espérance de vie, dit-il taquin.
- Papi.
- Gamine, va. Il me sourit et se lève. Je vais te laisser dormir, il est tard. A demain ! Et, personne ne doit savoir tout ça, Chloe, on est bien d'accord ?
- Ne t'en fais pas, je serai muette, promis-je avec un clin d'œil.
Zaalaak s'en va. Je vais me brosser les dents et je me couche avant de tomber dans un sommeil lourd peuplé de rêves.

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