Chasseur

Cachée au cœur de montagnes rocheuses la petite ville de Kavench dormait sous la lumière protectrice de la lune. Ni le miaulement d'un chat, ni le bruissement d'une brindille ne venait troubler ce repos. Le vent ne soufflait pas. Ce silence fut remplacé par le bruit de la pluie. En quelques minutes la ville fut inondée sous des torrents d'eau et de boue.

Ce n'est pas bon se dit un homme qui courrait, caché sous une capuche noire. Les tuiles vont devenirs glissants d'un moment à l'autre et avec ce nuage la lune ne m'éclaire plus. Impossible de voir quoi que ce soit. Je cours littéralement à l'aveuglette ! Il sentit alors que l'avant de son pied ne reposait plus sur rien de solide, il en déduisit qu'il arrivait à la fin du toit sur lequel il courrait. Il sauta sans même savoir ce qui se trouvait en face de lui puis se réceptionna habilement sur des tuiles déjà glissantes. Il s'arrêta là, accroupi pour reprendre son souffle et analyser la situation.

En face se trouvait une rangée d'immeubles à 4 étages. Seul une fenêtre située au deuxième étage était éclairée dévoilant une famille nombreuse discutant avec émotion au bord d'une table dont les plats étaient finis sûrement depuis longtemps. Deux grands-parents étaient attablés à une extrémité pour surveiller les plus jeunes enfants installés en face d'eux. L'un des enfants utilisa sa cuillère comme catapulte mais la nourriture manqua sa cible et s'étala dans les cheveux d'une fille blonde qui discutait en milieu de table avec les parents. Le morveux responsable de cette attaque fut envoyé sans délai dans sa chambre.

Le chasseur secoua sa tête puis se releva. Il n'avait pas de temps à perdre. Il n'y avait rien à signaler. Il s'apprêta à repartir lorsqu'un cri des plus glaçant lui retourna les boyaux. Le temps qu'il tourne la tête il était déjà trop tard : Toute la famille venait d'être massacré dans un bain de sang et de chaire. Même du haut de son toit le garçon arrivait à voir les giclées de sang qui avaient repeins les murs ainsi que les corps sans tête évanouis dans des positions inhumaines.

– Putain de merde ! Cracha-t-il d'une voix grave.

 *

Vu de l'intérieur le spectacle était encore plus horrifiant. L'homme manqua de vomir en sentant l'odeur de cadavre, de pourri et de sang qui infectaient la pièce. Il ne céda cependant à aucune émotion. Les renforts de son escadron allaient arrivés d'un moment à l'autre, attirés par le cri. D'ici là il fallait trouver la créature responsable et éviter à tout prix des mouvements de panique. Il ferma donc les volets de la salle à manger puis éteignit les lumières. Il fallait rester discret. Pour y voir quelque chose il fit apparaitre une flamme au creux de sa paume.

Au moins, pensa-t-il, j'ai enfin réussi à m'approcher de cette créature. Elle ne doit pas être bien loin. Il faut que je reste sur mes gardes elle a quand-même déchiqueté tous ceux à table en moins d'une seconde… Tous ceux à table… Merde le morveux il est où ?

L'homme se précipita dans le couloir puis fracassa à coup de pieds chaque porte qu'il trouva. Mais derrière aucune d'elles ne se trouvait le corps de l'enfant, ni vivant ni mort. Il se tourna pour chercher autre-part, à ce moment-là il tomba nez à nez avec lui.

- Qui est là ? Demanda l'enfant d'une voix tremblante.

La flamme éclairait le petit morveux. Celui-ci était posté au bout du couloir de telle façon qu'il bloquait toute sortit au chasseur. Ses yeux étaient vides, son teint était extrêmement pâle, une odeur de cadavre l'entourait et il tenait dans ses mains un couteau dégoulinant de sang. Malgré la lueur de la flamme l'enfant ne semblait pas le voir.

- Maman ? Pépé ? Qui est là ?

La voix de l'enfant était étrange. C'était comme si le morveux parlait dans son sommeil. Puis tout à coup il se mis à avoir des spasmes. L'enfant lâcha son couteau, se tortilla au sol et tourna ses petits yeux apeurés vers lui.

- Je ne voulais pas. Couina-t-il en se relevant tell une poupée. C'est lui qui m'y a obligé...

 Pendant que l'enfant parlait l'homme encapuchonné fixait l'ombre qui grandissait dans son dos. 

- Vous devez me croire. Je ne veux pas vous tuer ! Pleura l'enfant en récupérant le couteau qu'il avait laissé tomber.

Puis dans un hurlement inhumain, celui-ci se jeta sur l'homme aux mains de feu. Avant que celui-ci ne put faire quoi que ce soit l'enfant était déjà tombé à terre, raid mort. Il en resta bouche bée.

- Tu viens de tuer un gosse abruti ! Rugit-il.

Un autre homme avait fait son apparition dans le couloir. Il était caché sous une armure chevaleresque rouge. Cet homme essuya son épée puis fixa l'enfant qui se noyait dans une flaque de son propre sang.