Cher Ami avec un grand A

bulledelou

Hommage pudique

Cher Ami avec un grand A,

 

Souvent et aujourd'hui plus particulièrement je pense à toi.

Mon esprit divague et je me demande comment serait la vie si tu étais là ?

Est-ce que tu opterais encore pour le même look ?

Est-ce que tu relèverais toujours soigneusement le col de tes habits ?

Aurais-tu cette démarche assurée qui trahissait paradoxalement ton manque de confiance ?

Est-ce que tu aurais une famille ? Des projets de voyages ?

Tu aurais certainement opté pour une belle voiture, de ça je suis presque certaine.

Je te verrai alors arriver à tout berzingue pour m'emmener encore dans de folles aventures.

Ou peut être finalement qu'assagi par les années, tu roulerais comme un petit vieux.

Peut être même dans une voiture familiale avec des images de la reine des neiges sur les vitres.

Peut-être que tu me présenterais tes enfants et ta femme que j'aimerai forcément.

A chaque dîner, tu me sortirais de la vodka ou du rhum et je déclinerai poliment.

Et tu raconterais alors la montagne de dossiers que tu as sur moi à qui voudrait bien l'entendre.

Tu me taquinerais en reprenant mon « non merci je suis devenue sage avec les années ».

Et c'est là que ton rire s'élèverait, ce rire si communicatif qu'on rirait tous ensemble.

Je t'aurai bien sûr présenté la personne de ma vie et le feeling serait passé c'est certain.

Je t'aurai aussi présenté les amis de ma vie d'aujourd'hui qui t'aurait eux aussi aimé.

On aurait fait des virées incroyables, des randos magnifiques, des dérapages dans la neige.

Je t'aurai fait découvrir le plaisir d'avoir son potager et tu aurais préféré ton kilo de pâtes.

Je me sentirai encore plus chanceuse que je ne le suis déjà et tout serait à sa place.

Je retrouverai cette amitié formidable, sans chichi, sans contrainte, emplie de respect.

Je continuerai d'apprendre à tes côtés la bienveillance et l'absence totale de jugements.

Et en me tapotant sur l'épaule tu me dirais combien tu es fier du chemin que j'ai parcouru.

Parfois, je pense à ça et cela me donne du courage, parfois le retour au réel m'attriste.

La mémoire du corps a cela d'incroyable qu'elle te reconnecte au réel instantanément.

Elle te rappelle ce que le cerveau aurait tendance à mettre de côté par excès de protection.

Alors, je laisse le fil de mon imaginaire se dérouler tranquillement, comme il le souhaite.

Et c'est reparti, te revoilà, un sac de victuailles à la main, marchant dans le parc Saint Pierre.

Nous revoilà, à Saint Leu à 3 heures du matin à éponger la soirée à coup de kebab dégoulinant.

12 ans… Où que tu sois Chouchou, sache-le, je n'oublie rien et tu existes toujours en moi.

Où que tu sois, dans la prochaine vie, je t'attendrai là, un paquet de pâtes sous le bras.

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