chère croisière !

fanou

-Je ne lâcherai jamais le bastingage, décréta d'une faible voix Magalie Dumont. Quand nous serons de retour sur la terre ferme, je te ferai payer au centuple ce coup fourré.
Aurélien Passemont se mit à rire bruyamment.
- Tu as donné ton accord au chef avant qu'il ne t'informe du sujet de notre enquête. Tu n'as qu'à t'en prendre à toi-même. Notre reportage est important pour nous deux. Si tout se passe bien, nous aurons enfin la promotion que nous attendons depuis des mois.
- Si je suis encore vivante. Avec la chance qui me poursuit, nous n'allons pas tarder à faire naufrage. Alors pourquoi se faire de vaines illusions pour une promotion que nous ne verrons jamais. Précisa Magalie, l'estomac au bord des lèvres.
- Une croisière ne se refuse jamais. Et c'était la dernière enquête qui nous manquait. L'inauguration d'un palace flottant ne se fait pas tous les jours. Et c'est à nous que Robert a pensé pour couvrir l'évènement. Alors cesse de ronchonner et accompagne-moi au buffet. Déclara Aurélien sans vraiment s'inquiéter de son amie et collègue.
Celle-ci n'osait pas bouger, et fixait sans vraiment la voir la mer méditerranée qui s'étalait à perte de vue autour du navire.
- Je me fiche de cette promotion, je veux retourner sur la terre ferme. Déclara Magalie d'une voix qu'elle espérait assez ferme pour que son collègue l'entende.
- Hors de question. Nous avons devant nous deux semaines de rêve, à côtoyer le gratin de la société tout en nous la coulant douce. Quelques heures de travail par jours, et à nous le farniente.
- Tu es d'un optimisme désespérant. Ce ne sont pas des vacances pour moi.
- Prends la chose comme tu veux, mais ce sont vraiment des vacances. Robert à insisté sur le fait que nous ne devions nous surpasser. Ce bateau est magnifique.
- Un paquebot Monsieur, rectifia une voix grave derrière lui.
Aurélien se retourna pour voir la personne qui lui parlait.
- Un paquebot, si cela peut vous faire plaisir. Lui répondit-il tout en détaillant l'homme qui lui faisait face.
Celui-ci portait une simple chemise blanche et un jean qui faisaient ressortir son bronzage.
Alors qu'Aurélien était déjà plus grand que la moyenne, cet homme le dominait aisément.
- Monsieur? Demanda Aurélien, persuadé de l'avoir vu quelques part.
- Serge. Et il tendit la main à Aurélien, tout en jetant un œil sur Magalie, qui, toujours cramponnée au bastingage, n'avait pas bougé d'un pouce.
- Votre amie, apparemment, n'aime pas voyager sur un paquebot. Affirma-t-il lentement.
- Vous pouvez le dire. Nous ne sommes pas partis que depuis deux heures qu'elle veut déjà rentrer.
- Nous avons rarement de passager ayant le mal de mer. Le paquebot est doté d'un système qui justement annule les effets du tangage et évite ainsi ce genre de désagrément.
- Pour moi rien de fonctionne, Monsieur, plaida Magalie qui se demandait encore pour quelle raison elle se retrouvait là.
- Non, je n'en croies rien. Je suis persuadé que nous allons vous trouver le remède miracle, insista l'homme.
- Vous faîtes partie du personnel? Interrogea Aurélien, curieux de nature.
- Si on veut. Je fais de brefs séjours sur les paquebots, pour m'informer de la bonne marche de ces énormes machines.
- Ne nous sommes pas déjà rencontrés quelque part? Insista Aurélien.
- Possible. Nous nous sommes peut-être croisés pendant l'embarquement. Qui sait? Il y a tant de passagers... Déclara Serge, en haussant les épaules.
- Hum... certainement. Répliqua Aurélien, sans insister.
- Peut-être devrions-nous raccompagner votre amie dans votre cabine! Affirma Serge, changeant rapidement de sujet.
- Magalie, nous allons t'emmener à ta cabine. Répéta Aurélien en se penchant sur la jeune femme.
- Non, laisse-moi agoniser seule. Je veux que ma dernière vision soit la mer et non le plafond d'une cabine.
- Ne fais pas l'idiote. Tu seras certainement mieux allongée que pliée en deux en plein courant d'air.
Insista Aurélien, d'un ton autoritaire.
- Je croies que votre amie n'est pas décidée à bouger. Que cela ne tienne...
D'un mouvement rapide, il mit un bras sous ses jambes, l'autre autour de ses épaules, et souleva Magalie avant qu'elle ne réagisse.
- Pourquoi n'y ai-je pas penser plus tôt, marmonna Aurélien qui se résigna à les suivre.
- Donnez-moi le numéro de votre cabine. Ordonna Serge, ainsi que la clef magnétique.
- le 306 b, Pont C. Répondit Aurélien. La carte de Magalie se trouve dans son sac.
Serge marcha rapidement et interpella une femme portant un uniforme. Il lui parla rapidement en Italien. Celle-ci lui répondit dans la même langue et repartit dans le sens inverse.
- Nous aurons la visite du médecin rapidement. Et nous pourrons vous soulager. Dit serge en regardant Magalie fixement.
Celle-ci ne l'écoutait que vaguement. Tout ce qu'elle voulait c'était un endroit qui ne bouge pas. Mais comment demander l'impossible sur un ''paquebot''. Pensa-t-elle tout en appréciant la fermeté des bras qui la portait.
Elle n'était pas sujette à ce genre de divagation. Jamais elle ne s'était sentie une faible femme, et elle prenait un malin plaisir à dérouter tous les hommes qui se prenaient pour de fiers à bras, croyant, à tort, qu'étant petite et fine, elle ne pouvait se passer d'eux.
Grosse erreur de leur part, et ils repartaient dépités de s'être autant trompés à sont sujet.
- Jamais plus je ne mettrait un pied sur un bateau. Chuchota-t-elle.
- Palace flottant, c'est ainsi que la presse à nommé ce ''bateau''. Répondit Serge en riant doucement.
- Bateau, ou palace flottant, c'est du pareil au même pour moi. Ils sont tous les deux néfastes pour ma santé.
C'est ainsi que Magalie commença sa croisière imposée et honnie.

Les trois hommes étaient autour d'elle, cherchant un remède efficace contre son mal de mer.
- C'est la première fois que je voies un cas de ce genre. Habituellement mes pilules agissent en dix minutes... J'en perd mon latin, bougonna le médecin de bord.
- Bien, dans ce cas vous devrez me débarquer le plus rapidement possible, lança Magalie, heureuse de trouver un prétexte pour quitter cet enfer flottant. Tant pis pour la promotion.
- Certainement pas. Répliqua serge du haut de ses 1 mètre 90. Vous êtes un défi pour nous. Et nous ne vous lâcherons pas tant que vous serez dans cet état.
- Pitié pour mon estomac, messieurs.
Et Magalie, forte de son expérience avec ses deux grands frères, prit un air contrit qui marchait admirablement et qui avait plus d'une fois fait changer d'avis tous les membres mâles de sa grande et nombreuse famille.
Serge sourit d'un air entendu, et Magalie intercepta son regard qui en disait long sur sa tentative de manipulation.
En voilà un qui ne s'en laissait pas conter.
Il emmena le médecin vers la large baie et discuta avec lui en Italien.
Aurélien, que cette situation ennuyait considérablement, décida de se rendre au bar.
Ensuite ce fut au tour du médecin de partir, non sans avoir encore donné à Magalie d'autres pilules miracles.
Et elle se retrouva seule, avec un homme qu'elle ne connaissait pas encore il y a quelques minutes.
Elle s'en fichait. Elle voulait partir!
- Je constate que vous savez manipuler les hommes, jeune femme. Lui dit Serge en prenant une chaise et en s'installant devant elle.
- J'avoue que c'est devenu automatique. Si vous connaissiez ma famille, vous sauriez que c'est la seule manière d'arriver à mes fins. Et croyez-moi, je suis la meilleure à ce jeu.
- Oh, que non. J'ai également une grande famille, mais jamais mes sœurs, ou mes cousines,n'ont eu recours à cette ruse.
Magalie essaya de rire, mais son estomac n'apprécia pas ce genre de mouvement. Elle cessa tout mouvement, en contrôlant du mieux qu'elle pût sa respiration. Hors de question de vomir devant un inconnu, si beau soit-il.
- Elles sont simplement plus fines que vous ne le pensez.
Le silence retomba dans la cabine.
- Vous n'avez rien d'autre de mieux à faire, qu'à me regarder souffrir? Lança enfin Magalie, exaspérée de le voir en face d'elle.
- J'attends que les pilules agissent, mademoiselle. Je ne laisse jamais un passager dans une situation délicate.
- Je ne suis pas dans une situation délicate, je suis simplement sujette au mal de mer.
- Personne n'a le mal de mer sur un paquebot.
- Et bien moi si. Et j'en parlerai dans mon ar...
Mon dieu, voilà qu'elle avait faillit vendre la mèche.
- Ne vous en faite pas, je connais les raisons de votre présence ici. Vous venez faire un article sur toutes ces vedettes, et pensez, à tort, déterrer je ne sais quelle histoire croustillante, qui alimentera votre ''journal''.
- Voilà un sujet clos. Et mon ''journal'' sans le nommer, n'est pas un torchon, comme vous le pensez. Nous ne donnons pas dans l'évènementiel, ou le sordide. Nous informons nos lecteurs.
- J'en suis conscient, mais permettez-moi de garder pour moi l'opinion que j'ai de vos pratiques ''d'espions''.
- Pfff, soupira Magalie. Je ne vais même pas chercher à vous faire changer d'avis. Vous ne pouvez pas nous empêcher de faire notre travail.
- Oh, mais je ne vais pas vous en empêché, loin de là, mais pour la tranquillité de nos passagers, je vais vous surveiller de près, et de très près, mademoiselle. Ainsi que votre petit ami.
- Ce n'est pas mon ….
Devant le sourire satisfait de son interlocuteur, Magalie constata avec un peu de retard, qu'il l'avait manipulée en beauté.
- Vous êtes fort, très fort, mais je ne vous laisserais pas me dicter ma conduite.
- C'est ce que nous verrons. Je joue pour gagner. Et je vais prendre plaisir à vous battre à votre propre jeux.
- Je peux vous faire expulser du bateau pour harcèlement, Monsieur Serge. Qui que vous soyez, je n'aurais aucun scrupule à le faire.
Serge partit à rire tout en se levant.
- Je vais enfin apprécier cette croisière...
Et il sortit de la cabine, après avoir lancé un regard triomphant à Magalie, qui s'était enfin assise.
Alléluia, elle n'avait plus la nausée....


Elle eut plaisir à s'habiller pour aller dîner, et contempla les résultats dans la glace.
Sa robe descendait souplement sous les genoux, et son décolleté, sans être trop profond, mettait en valeur ses épaules. Ses cheveux auburn s'étalaient dans son dos, maintenus simplement par un léger foulard.
Elle prit en passant son étole, et se rendit seule, car Aurélien n'était pas venu la chercher, vers le pont où se trouvait la salle à manger. Ce qui, pour elle, était un défi.
Munie d'un plan, elle tenta vainement de s'orienter dans ce dédale de couloir. Après plusieurs essais infructueux et après maintes explications des membres de l'équipage, elle déclara forfait.
- Ma vieille, ce n'est pas ce soir que tu mangeras. Il faut te faire à l'idée que tu vas errer dans les couloirs pendant longtemps. On retrouvera ton corps dans un coin, toute desséchée.
- Voilà qu'on parle toute seule maintenant. L'équipage m'a informé qu'une sirène se promenait dans les couloirs, et tentait de prendre dans ses filets de pauvres passagers....
En se retournant elle voulut répliquer, mais le vue de cet homme en smoking lui coupa la parole.
Elle réussit, sous son regard moqueur, a répliquer.
- La sirène en a assez de tourner en rond, et voudrait bien manger.
- Vos souhaits son des ordres, mademoiselle. Je suis à votre service pour toute la soirée.
Et il lui tendit un bras qu'elle prit sans hésitations.
Elle avait trop faim pour se quereller avec lui.
- C'est pour mieux me surveiller, avouez-le. Lui dit-elle en glissant sa main sous son coude.
- Vous m'avez démasqué. J'espère que vous n'allez pas me dénoncer au capitaine?
- si vous vous tenez correctement à table, je saurais être indulgente
Il partit d'un grand rire sonore.
- Alors je serais un grand garçon bien sage. Votre petit ami n'est pas avec vous? Demanda-t-il, changeant subitement de sujet.
- Pas réapparu depuis cet après midi. Mais c'est également un grand garçon, je ne me fais pas de soucis pour lui.
- Alors je suis rassuré. J'aurais eu quelques scrupules à lui faire comprendre que vous n'aviez aucun avenir ensembles. Décréta Serge.
- Aurélien et moi... C'est vraiment tordant... Je le considère comme un frère. Nous nous connaissons depuis l'enfance. Il faisait partie de la bande de copains de mes frères... Nous passons notre temps à nous chamailler, mais nous nous adorons. Il est un peu soupe au lait, mais je l'aime bien quand même. Répondit Magalie, en souriant.
- Me voilà bien aise de l'entendre. Mai il s'est comporté comme un gougeât. Il n'aurais jamais du vous laissée seule avec un étranger.
- Il me connait assez pour savoir que je suis assez grande pour me défendre. Vous avez devant vous une ceinture noire de karaté.
- Mazette, je vous engage tout de suite comme garde du corps.
- Cela ne m'intéresse pas. Je fais uniquement ce sport en loisir et pour m'empêcher de taper sur mes supérieurs.
- Tiens, c'est une méthode assez peu banale. Je devrais l'imposer aux membres de l'équipage.
Magalie s'arrêta alors qu'ils arrivaient, enfin, à la salle à manger.
Un sympathique brouhaha régnait dans cette immense pièce, et un fumet des plus agréable flottait non loin d'eux.
- Je suis persuadée que vous n'êtes pas un simple membre de l'équipage. Mon petit doigt me dit que vous n'êtes pas non plus un innocent passager venu à ma rescousse.
- Vous êtes douée pour un reporter, mais la solution était trop facile. Je ne me suis jamais caché, mais j'aurais voulu que le suspense dure plus longtemps.
Au même moment Aurélien arriva et, avec sa délicatesse coutumière s'adressa à Magalie.
- alors, microbe, je voie que tu te portes comme un charme.
- et ce n'est pas grâce à vous, rétorqua sèchement Serge. Nous avons enfin trouvé un remède efficace.
- Hé, ne montez pas sur votre grands chevaux. Je ne fais que constater...
Puis Aurélien ignora Serge pour se concentrer sur Magalie.
- Viens avec moi, nous avons une superbe table. Elle es idéalement placée. Nous pourrons admirer toute la salle de notre place.
- Désolé de vous décevoir, mais j'ai déjà invité Magalie à ma table. Coupa Serge, d'un ton toujours peu amène.
Aurélien regarda tour à tour Magalie et Serge, et un sourire satisfait apparut sur son visage.
-OK, je m'incline. Mais si tu as besoin de moi, microbe, tu connais le numéro de ma cabine.
Et sur un signe de la main, il retourna s'installer à sa table.
- Comment faites vous pour le supporter? S'exclama Serge, en passant une main nerveuse dans ses cheveux, qu'il avait assez longs.
- C'est une question d'habitude. Je ne fais même plus attention à ce qu'il me dit. Nous travaillons depuis si longtemps ensemble que ses réflexions ne me touchent plus. Il n'est pas méchant, juste un peu lourd.... Oui c'est ça, lourd de chez lourd.
Magalie rit de sa plaisanterie, constatant qu'elle n'avait jamais vraiment réfléchit à sa relation avec Aurélien. Si certains les considéraient comme un couple, il n'en était rien. Si la familiarité d'Aurélien à son égard pouvait en surprendre plus d'un, Magalie n'y faisait plus attention.
- Vous avez alors une patience d'ange. Admis serge en détaillant Magalie, d'un regard insistant.
- Avec lui, mais pas avec d'autres personnes qui se permettent de me reluquer d'un peu trop près.
Fit remarquer Magalie, qui n'aimait pas ce genre de regard.
- J'ai le droit d'admirer ce qui est beau... Répliqua serge en souriant.
- Seulement regarder, et de loin. Précisa Magalie en lui rendant le sourire.
- Vous voilà enfin rétablie, lança le docteur, qui s'avançait vers eux.
- Merci à vous, docteur, répondit Magalie en lui tendant la main.
- Ravi de vous avoir été agréable, bien que je commençais à me demander si j'allais trouver la bonne posologie.
Puis en se penchant vers elle, il lui chuchota à l'oreille:
- Ne dites à personne que j'ai faillit échouer. J'ai une réputation à faire respecter.
Et sur le même ton de la confidence, Magalie lui répondit:
- Je serais une tombe, cher Monsieur.
- appelez-moi Gustave. Je me suis fait une nouvelle amie, mon cher. Dit-il en se tournant vers Serge, qui les regardait en riant.
- Vous êtes impayable, Gustave, mais je vais vous battre encore une fois. Préparez cette bouteille de champagne immédiatement.
- Non, nous avons deux semaines devant nous. J'ai une nouvelle technique imparable. Serez-vous installée à notre table, Mademoiselle? Demanda-t-il à Magalie en lui tendant le bras.
- Je sens que je vais passer la soirée à éloigner de votre petite personne toutes sortes d'individus peu recommandables.
Le docteur partit à rire.
- méfiez-vous de cet homme, dit-il à Magalie. Il est un danger pour les jeunes femmes sans défenses.
- Qui vous dit que je suis sans défenses? Voulez-vous que je vous fasse une démonstration? J'ai reçus récemment les félicitations de mon professeur d'autodéfenses.
- Alors je vais de ce pas m'installer, seul, à ma table. Répondit le docteur, goguenard.
- Rejoignons ma table, avant que je n'en vienne aux mains. J'ai une de ces faim, pas vous?
- Plus que vous ne croyez. J'ai brûler mes dernières forces à tourner en rond dans ces fichus couloirs. Vous ne pourriez pas trouver un système plus facile pour circuler d'un point à un autre sans ses perdre!
- Vous êtes la seule que je connaisse, qui n'ait pas le pied marin et un horrible sens de l'orientation.
- Je sais m'orienter quand il y a des points de repères ou des indications claires. Tous vos couloirs se ressemblent.
- Quand nous aurons le temps, je vous apprendrai tout sur l'art et la manière de circuler sur ce paquebot. Répondit serge tout en se dirigeant vers la table du capitaine.
Celui-ci en grande tenue discutait avec une femme d'un certain âge. Il la regardait comme si elle était la seule femme à cette table.
Serge tira une chaise pour Magalie, et celle-ci s'installa tout en faisant un signe aux autres convives. - Vous êtes quelqu'un t'important, sur ce bateau? Demanda Magalie à Serge, alors qu'il s'asseyait à ses côtés.
- Bonne déduction, sherlock.
Mais il n'en dit pas plus, le commandant s'adressant à lui.
- Alors Serge, satisfait de votre inspection? Aurais-je un blâme, ou simplement un avertissement, plaisanta-t-il légèrement.
- Je ne vous le dirait qu'à la fin de la croisière, mon ami. Je ne vais pas vous gâcher la traversée. Nous n'en sommes qu'au premier jour.
- Vous êtes dur en affaire. Mais bon, je prendrai mon mal en patience. Ce jeune homme, mademoiselle, est le meilleur bluffeur que j'ai affronté au poker. Ne jouez jamais contre lui.
- Je sais, il joue pour gagner. Répondit Magalie, qui avait déjà cerné le personnage.
Me voilà bien, pensa-t-elle. Cet homme beau comme un dieu l'attirait fortement. Il avait des principes, des manières assez vieillottes, mais tellement agréables qu'elle aurait pu tout lui pardonner. Mais il ne fallait pas qu'elle succombe. Elle avait un travail à effectuer, et il était exclu qu'il la détourne de sa mission. La seule manière était de l'éviter le plus possible jusqu'à la fin du voyage. Deux semaines à jouer au chat et à la souris. Cela allait pimenter agréablement ce séjour, qui, au départ, lui paraissait comme une punition.
Jamais elle n'avait eu à faire un reportage sur les peopples. Ce n'était pas son créneau, et elle avait eut beau tempêter, négocier, supplier, Robert n'avait jamais céder. Il fallait qu'elle fasse ce reportage avec Aurélien, et après, seulement après, elle pouvait postuler comme rédacteur en chef.
Elle comptait sur Aurélien pour l'aider à rédiger des fadaises sur des personnes qui ne l'intéressaient pas plus que ça. Non que les vedettes ou autres personnalités en vues l'indiffèrent, mais leurs vies privées ne l'attiraient pas. Le mot privé voulait bien dire ce qu'il voulait dire.
Ses chroniques judiciaires étaient, à ses yeux, beaucoup plus attirantes, que les frasques de la dernière vedette féminine du dernier film à succès.
Magalie soupira.
Que ces deux semaines allaient être longues, mais longues...
- L'entrée ne vous plait pas, lui chuchota Serge.
- Si, répondit Magalie, en découvrant une assiette de fruits de mer, superbement présentée.
- J'ai eus peur. Vous avez pousser un soupir si malheureux...
- Je pensais à ces deux semaines et à mon travail.
- Chut, on ne parle pas travail à cette table...
- Vous avez bien parler du votre, rétorqua Magalie, offusquée.
- Oui, mais je suis une exception.
Et il partit à rire.
- Mademoiselle, vous ne connaissez pas Serge de la Valière? Il est le ….
- Non, commandant, Mademoiselle doit mener son enquête pour découvrir ma véritable fonction sur ce paquebot. Je vous donne deux jours pour boucler l'affaire. Mais interdiction formelle d'utiliservos ruses de filles sur tous les membres du personnel naviguant.
Magalie le regarda d'un air effaré. Mais elle le prit au mot, et c'est avec plaisir qu'elle accepta le défi. Et quel défi. A n'en pas douter elle allait, en quelques heures, découvrir l'identité de cet énergumène.
- Je vais prévenir l'équipage qu'une partie importante se joue sur ce paquebot. Et quel en est l'enjeu? Un dîner, une excursion? Lança le capitaine, captivé par leur échange.
Magalie vit son compagnon de table réfléchir un certain temps, avant de répondre.
- Je vous offre un mois sur mon yacht, si vous me démasquez en moins de 48 heures. A partir de 6 heures demain matin.
- Pari tenu, répondit Magalie, alors que les convives applaudissaient en félicitant Magalie.
- Bien jouer ma petite, vous avez intérêt à rehausser la cause des femmes. Toutes mes félicitations.
Lui lança la femme assise à côté du commandant.
- Joséphine, tenez vous tranquille. Ne donnez pas de mauvaises idées à cette jeune femme. Vous n'êtes pas si malheureuse que ça. Lui lança son mari qui se resservait du champagne.
- Qu'en savez-vous, très cher. Je soutiens toutes les causes qui pourraient prouver la supériorité des femmes.
- Nous n'allons pas encore parler de ça. Pitié. Je sais que c'est votre cheval de bataille, mais c'est notre croisière. Ne pourrions-nous pas discuter d'autres choses?
- Mais bien sûr, mon chéri.
Et tout le monde s'esclaffa.
- Ne croyez pas que je n'aimes pas mon mari. Nous sommes ensemble depuis 35 ans. Il faut juste que de temps en temps je remette les pendules à l'heure. Si nous sommes trop douces, ces messieurs se reposes sur leurs lauriers, et ne font plus aucuns efforts pour nous séduire. N'est-ce pas, jeune homme? Dit Joséphine, en se tournant vers Serge.
- Entièrement d'accord avec vous. Nous ne sommes que de sombres brutes, et nous vous sommes reconnaissants de bien vouloir nous civiliser. Mais, entre nous, je ne me sens pas concerné par ce problème. Je suis né gentleman, et le resterai jusqu'à mon dernier souffle.
Joséphine gloussa en tapant légèrement l'épaule de Serge.
- Vous êtes incorrigible, mais je vous pardonne, car vous me faites penser à mon fils. Mademoiselle, profitez pleinement de votre croisière en compagnie de cet homme, si exquis. Mais ne vous laissez pas séduire par ce sourire ravageur. Si j'avais quelques années de moins...
- Joséphine, cesse de flirter avec tous les beaux gosses assis à cette table... Lança son mari, d'un ton blasé.
- Merci de m'inclure dans le cercle des beaux gosses, répondit le commandant. Je sens ma jeunesse refaire surface à grande vitesse.
L'ambiance légère perdura ainsi jusqu'à la fin du repas, et pendant la soirée dansante.
Serge en profita pour danser avec toutes les femmes invitées à la table du commandant.
Magalie eut le privilège, selon Joséphine de danser avec lui tous les slows.
- Vous n'en faites pas un peu trop, dit-elle alors qu'il l'emmenait au centre de la piste.
- J'ai une réputation à tenir. Donc si tout le monde me considère comme un séducteur, je me comporte comme tel.
- Alors, monsieur le séducteur, veuillez tenir vos mains un peu plus haut.
Magalie se retenait de le planter là, et de regagner sa cabine. Mais la perspective de devoir errer dans les couloirs l’incita à plus de mansuétude.
- Mes mains ont une fâcheuse manie de n'en faire qu'à leur tête quand elle se trouvent devant une si jolie fille.
- Quand êtes-vous vraiment sérieux? Demanda Magalie, en soupirant.
- Quand je travaille. Mais là, je danse.
- Non, vous me tripotez à chaque fois que nous dansons ensemble.
- Oui, et j'adore cela. Répondit Serge en riant.
Il resserra son étreinte, et Magalie ne pu que se coller encore un peu plus contre lui.
- Laissez-moi au moins respirer, ou sinon vous n'aurez plus rien à tripoter.
- Désolé, dit-il en relâchant légèrement son étreinte. Mais je vois que votre ''ami'' arrive. Je vous laisse en sa compagnie.
Et sur ces mots il poussa Magalie dans les bras d'Aurélien, qui ne put que réceptionner la jeune fille. - Oups, quelle galanterie. Pesta Aurélien, en prenant sans façons son amie dans ses bras.
- La soirée se passe bien pour toi? Lui demanda Magalie, qui regrettait déjà les bras de Serge.
- J'ai une touche avec une fille canon, Lui répondit Aurélien.
- Tu es désespérant. On ne parle pas ainsi d'une fille que l'on ne connait à peine.
- Je ne la connais pas, mais elle est quand même canon. De ma part c'est un compliment, microbe.
- Cesse de m'appeler microbe. J'ai l'impression de retomber en enfance. Rétorqua Magalie.
- Mais tu seras toujours un microbe, pour moi. Du plus loin que je me souvienne, tes frères t'ont toujours appelée ainsi.
- Alors trouve un autre surnom, mais plus celui-là. Robert s'est à moitié étouffé de rire, quand tu m'a appelée microbe, la semaine dernière.
- Désolé, j’essaierais d'être plus attentif à notre prochaine réunion.
- Tu as intérêt. En ce qui concerne notre papier de demain, je te donne rendez-vous à 7 heures pour faire le point.
- Pas sept heures du matin! Je veux faire la grasse mâtinée, moi.
- Sept heures tapante. Ou je vais te réveiller à ma manière.
- Merci de l'avertissement. O K . Sept heures du matin. Bourreau du travail.
- Et pas de folie cette nuit. Lança Magalie alors que la danse se terminait.
- Ça ne risque pas, mais sait-on jamais...
La salle se vidait lentement. Il ne restait plus à leur table que Joséphine et son mari, ainsi que Serge, qui dégustait lentement son cognac.
- Un verre, dit-il en montrant la bouteille.
- Non merci, j'ai assez bu pour ce soir, et pour toute la semaine.
- Une adepte de l'eau plate ou gazeuse?
- Oui, et fière de l'être. J'aimerai retourner à ma cabine. Dit-elle en se couvrant de son étole.
- A vos ordres, mademoiselle.
Il se leva de sa chaise et souhaita une bonne nuit à Joséphine et à son mari.
- Qu'elle soit douce pour vous, répondit-elle en souriant malicieusement.
Magalie n'eut pas le temps de répondre, car Serge l'avait attrapé par un coude et l'entrainait vers la sortie.
- Vous ne m'avez pas laisser le temps de rectifier la situation. Maugréa Magalie.
- Elle pense ce qu'elle veut, je m'en fiche un peu. Nous ne les rencontrerons jamais à terre. Alors pourquoi parler dans le vent?.
- J'aime que la situation soit claire entre nous. J'accepte de jouer le jeu, mais cela s'arrête là. Vous avez peut-être l'habitude de flirter avec les filles le temps d'une croisière, mais je ne ferai pas partie du lot.
- Je ne flirte pas avec vous, je prends soin de vous, nuance.
- Je ne vois pas vraiment la différence
- J'aimerai beaucoup vous faire voir la différence, mais je crains de me retrouver au sol, votre pied sur ma gorge.
- Alors n'y pensez même pas. Lança Magalie en riant.
Tout en parlant, ils étaient arrivés devant la porte de la cabine de la jeune fille.
- Mince, je n'ai pas fait attention au trajet...
- Que cela ne tienne, je serais devant cette porte demain matin, à 6 heures. Nous prendrons notre petit déjeuner ensemble.
- Serez-vous toujours ainsi pendant les deux semaines...
- Et plus si affinité...
Et il tourna les talons, laissant pantoise Magalie.
Quel toupet , se dit-elle en entrant dans sa cabine.
Elle lança au travers la pièce ses escarpins, et dégrafa le haut de sa robe.
Sa nuit fut peuplée d'une multitude de bateaux et l'ombre de Serge planait sur ceux-ci.

A six heures tapantes Serge frappa à la porte de Magalie.
Celle-ci s'ouvrit, et la jeune femme, vêtue d'un tee-shirt et d'un jean apparut fraîche et prête pour le premier round.
- J'aime les femmes qui sont à l'heure. Un point pour vous.
- Bonjour à vous. Et oui, je suis toujours à l'heure. C'est une marque de respect.
- C'est tout à votre honneur. Tant de personnes se croient au dessus de tout, qu'ils en deviennent détestables. Moi, je vous adore....Dit-il d'un air taquin.
- Pitié, n'attaquez pas si tôt. Vous pourrez tout me dire, mais juste après avoir pris mon café.
- Ronchon le matin?
- Non, désireuse de démarrer une journée dans le calme et la sérénité.
- Alors je ne vous importunerais plus.
- Merci à vous.
Puis ils parvinrent à la salle à manger.
Une table était déjà prête pour eux.
Vue l'heure peut habituelle, personne, hormis le personnel était présent dans la salle.
Aussi eurent-ils toute l'attention du personnel, et celui-ci fut au petit soin pour eux.
- L'avantage de se lever tôt... Précisa Serge, pour brouiller les pistes.
Magalie n'était pas naïve, au point de ne pas remarquer les signes de déférences envers lui.
Les consignes, données par le commandant à tous les membres du personnel, était valable du cuisinier au second. Personne ne devait donner la moindre information sur le patron. Celui-ci devait être traité comme un simple passager. Mais le personnel avait un certain mal à faire autrement que le le considérer comme quelqu'un de très important.
C'était à lui de faire croire à Magalie, qu'il n'était pas un personnage si spécial que ça. Ce qui n'était pas une mince affaire. Elle était à l'affut du moindre indice qui pourrait l'aider à gagner ce pari.
Elle n'avait pas vraiment été attirée par ce fameux séjour sur un yacht, mais plus par le défi qu'il lui avait lancé. Et, d'un naturel frondeur, elle avait foncé tête baissée. Mais elle ne regrettait pas. Enfin cette croisière allait lui apporter le dérivatif qu'elle n'aurait jamais espéré en montant sur ce fichu navire.
Elle avait bien remarqué les regards des serveurs, posés sur son compagnon de table.
Elle se doutait bien que le commandant avait fait passer a consigne à tout son personnel de ne répondre à aucunes des questions qu'elle aurait put poser sur Serge de la Valière.
Même sur internet elle n'avait rien trouver de bien intéressant sur cet homme.
A part son appartenance à l’aristocratie, rien ne le différenciait d'un simple quidam.
C'était bien sa veine. Il fallait qu'elle tombe sur le seul homme qui protège sa vie privée aussi bien.
Un comble, sur un navire qui comptait le plus de vedettes au mètre carré...
Mais elle ne s'avouait pas vaincu, et elle avait fait jouer, à deux heures du matin, ses contacts. Ceux-ci l'avaient envoyée au diable, vu l'heure à laquelle elle les avait appelées, mais elle n'avait pas voulu perdre de temps.
- Je dois vous laisser, car j'ai un entretien de travail avec Aurélien à 7 heures, donc dans 15 minutes.
- A votre guise, répondit Serge. Je suppose que je dois vous accompagner...
- Vous avez raison. Je crains de ne pouvoir circuler seule sur ce... Paquebot.
- Alors je suis heureux de pouvoir vous servir de guide.
- Ne criez pas victoire si vite. Aurélien saura me guider. Nous devrions travailler assez longtemps, cela vous permettra de poursuivre votre fameuse inspection.
- Très bien, alors je vous souhaite bon travail, et également bon courage pour votre enquête.
- Merci, répondit Magalie, mais avant qu'elle n'ouvre sa porte, il posa sur sa tête un léger baiser.
Il était déjà partit bien avant qu'elle ne réagisse à ce geste de tendresse.
Elle haussa les épaules et entra dans sa cabine pour consulter ses e-mail, sans trop se faire d'illusions sur les informations qui friseraient le néant absolu.

Ses contacts ne devaient pas être debout depuis longtemps. De plus, elle n'espérait recevoir de réponses dans l'immédiat, bien qu'elle ait précisé l'urgence de sa demande.
Il ne lui restait plus qu'à se concentrer sur son article quotidien et l'écrire avec l'aide d'Aurélien. Il était maître dans l'art de soutirer des confidences de n'importe qui. Ce qui était un atout non négligeable.
Peut-être serait-il lui d'une certaine aide dans ses recherches sur l'identité de Serge?
Lorsque Aurélien entra dans sa cabine, elle vit tout de suite qu'il n'était pas d'humeur agréable, ce qui était le cas une fois sur deux.
- Bonjour à toi. Lui dit-elle dès qu'il se laissa tomber sur une chaise.
- Salut. Tu es vraiment tordue pour vouloir travailler si tôt. Lui répondit-il en buvant une gorgée de son café.
- C'est au contraire tôt le matin que je suis le plus performante. Et avec les infos que tu as collectées hier soir, je suis persuadée que nous allons écrire un article du tonnerre.
Aurélien leva les sourcils, l'air étonné.
- Quelle mouche t'a piquée? Tu te mets à me faire des compliments, maintenant? Tu as plus tendance à m'incendier qu'à m’encenser. Fit-il remarquer.
- Pour une fois que je te fais un compliment tu le prends de travers. Très bien, dorénavant tu n'en auras plus.
- Tu me rassures. Tu ne m'as jamais habitué à cette gentillesse.... Ou alors tu as besoin de moi pour un but précis.... Ne serait-ce pas au sujet de ce beau Serge?
Magalie soupira. Aurélien était assez fin pour découvrir le pot au rose.
- Évidemment qu'il s'agit de lui. Il m'a mise au défi de découvrir sa véritable identité, et la raison de sa présence sur ce rafiot. Un mois de vacance sur son yacht est à la clef. Ce n'est pas tant le séjour qui m'a attirée, mais plutôt le défi. J'ai 48 heures devant moi pour tout découvrir.
- Mazette, et tu as déjà quelques indices? Demanda Aurélien qui se penchait en avant pour en savoir plus.
- Il s'appelle Serge de la Valière... Et c'est tout ce que j'ai trouver sur internet. Il protège sa vie privée comme la banque de France. Tout est cloisonné. Il possède plusieurs entreprises dont il est le P.D.G. Il fait partie de l'aristocratie.... Et c'est tout...
- Il est bien rare qu'aucune information ne filtre sur quelqu'un de si important, car je peut te confirmer qu'il est une sommité sur ce paquebot. Si j'avais su j'aurais creusé un peu plus hier soir. Le canon qui m'a tenu compagnie cette nuit, en savait certainement plus sur lui.
- Faisait-elle partie du personnel? Lui demanda Magalie.
- Bien sûr. Mes sources font souvent partie des gens de l'encadrement. Pourquoi cette question?
- Le commandant a formellement interdit à tout membre de l'équipage de répondre à mes questions.
- Ah, mais cela devient intéressant. S'ils sont tous dans la confidence nous allons devoir faire appel à nos sources à Paris.
- Croies-tu que je ne l'ai pas fais cette nuit? J'attends encore leurs réponses...
- Bien, mais est-il spécifié que je n'ai pas le droit de te donner un coup de main?
- Non, rien n'a été précisé à ce sujet. Rien ne m'empêche d'avoir de l'aide. Et j'accepte la tienne avec plaisir. Mais nous devons d'abord nous atteler à écrire notre article quotidien. Alors à la tâche...
- Bourreau du travail, bougonna Aurélien. Dépêchons-nous de l'envoyer, ensuite nous collaborerons pour te faire gagner. J'aimerai beaucoup rabaisser le caquet de ce monsieur.
- Aurélien tu baisses dans mon estime quand tu parles ainsi. Répliqua Magalie, qui n'aimait pas médire des personnes, même si celle-ci lui était antipathique.
- je parle au nom de tous ceux qui n'osent pas le dire. Les gens qui ont de l'argent m'ont toujours parus suspects. On ne réussit pas dans la vie sans magouiller à droite à gauche.
- Aurélien, tu es impossible. Mets-toi plutôt au travail...
- Oui chef, bien chef... Ensuit on va s'amuser....

Le dîner arriva rapidement, et Magalie n'avait toujours récolté aucune information valable sur Serge. A croire que personne ne connaissait cet homme. Elle avait tenté, sans résultat, de cuisiner plusieurs personnes du navire. La consigne avait été bien comprise, et aucun ne voulut dire quoi que ce soit sur Serge.
Aurélien en était au même point, à son grand dépit.
Lui, le champion de l'investigation, n'avait rien pu rapporter à Magalie.
- C'est l'homme invisible, ce type. Mais je ne m'avoue pas vaincu. Foi d'Aurélien, je trouverai....
Magalie n'avait pas été plus chanceuse du côté de ses contacts....
Les heures tournaient, et l'heure fatidique arrivait.
Il ne lui restait plus qu'à tenter sa chance auprès de son chef.
Celui-ci avait ses entrées dans les hautes sphères.
En consultant sa montre, elle constata qu'il ne lui restait plus qu'une heure avant de rejoindre sa table pour le dîner.
Après avoir quitter Aurélien devant sa porte, elle sauta sur son portable, et malgré l'heure tardive elle appela son chef, Robert Dinan.
Celui-ci décrocha rapidement, et répondit d'une voix hargneuse.
- J'espère que c'est important, Dumont, sinon vous aurez de mes nouvelles...
- Désolée, chef, mais j'ai une question à vous poser.
- Vous n'auriez pas pu appeler demain matin? Je suis accro au travail, mais pas un dimanche soir...
Magalie n'avait pas fait attention au jour de la semaine, mais elle ignora le ton de reproche de son chef.
- Connaissez-vous un certain Serge de la Valière? Posa-t-elle en croisant les doigts pour qu'il lui réponde par l'affirmatif.
- Pourquoi cette question? Dit-il d'un ton soupçonneux.
- Le connaissez-vous, oui ou non? Insista-t-elle.
- Oui, est-ce un crime?
- Non, mais avez-vous plus d'informations sur lui?
- Qu'est-ce qu'il a fait?
- Rien, mais j'aimerai en savoir plus sur lui.
- Est-il sur le paquebot?
- Oui, et je n'ai pas vraiment compris ce qu'il y faisait, d'ailleurs. Dit-elle d'un ton innocent.
- Pourquoi n'aurait-il pas le droit d'être sur ce bateau? Il en est le ….
A l'instant, ou enfin Magalie allait connaître le fin mot de cette histoire, une sirène tonitruante retentit sur tout le navire.
- Qu'elle est ce bruit? Demanda Robert, au bout du fil.
- Certainement un entraînement. Quelle idée de le faire à cette heure. Pesta Magalie.
- Je vous laisse alors. Rappelez-moi dès que ce sera terminé.
Et avant qu'elle ne lui dise quoi que ce soit il coupa la communication.
- Bon sang, j'étais à deux doigts de gagner... Pensa-t-elle en envoyant en enfer ceux qui avaient eu la malheureuse idée d'avoir programmé un exercice à une heure tardive.
Peut-être pour ouvrir l'appétit des passagers. Pensa-t-elle en jetant un œil dans le couloir.
Des passagers, tout aussi surpris qu'elle sortaient de leurs cabines, portant leurs giletsde sauvetage à la main. Elle en fit de même, et suivit le flux de gens. Au moins était-elle certaine de prendre la bonne direction.
Tout ce petit monde arriva sur le pont, et suivant les indications des matelots, ils prirent la direction de la salle à manger.
Pourquoi la salle à manger?
On ne laissait plus les passagers sur le pont pour monter dans les canots, maintenant?
Elle eut sa réponse quand elle déboucha dans la grande salle.
Sur l'estrade, où se produisaient tous les soirs des vedettes, se tenaient trois personnages, dont l'allure ne correspondait pas vraiment aux membres d'encadrement du navire.
Peut-être une nouvelle attraction? Mais pourquoi la sirène?
Elle tenta de trouver dans foule Aurélien. Mais elle ne vit que des visages interrogateurs, et aussi surpris qu'elle.
Elle se fit toute petite, ce qui n'était pas difficile, puisqu'elle était quasiment cachée par deux grandes femmes qui se posaient autant de questions qu'elle.
Elle suivit discrètement ces deux pots de parfums et se mit à penser qu'elle allait empester pendant des heures.
Elle réussit à se coller contre le mur, et put, sans se faire remarquer, analyser la situation.
Il n'y avait pas de feu, sinon ils n'auraient pas été parqués ainsi.
D'autres personnes arrivaient encore, poussant ceux déjà dans les lieux, ce qui provoqua quelques remouds, que les hommes sur l'estrade calmèrent rapidement.
Quand tout le monde fut présent, les portes furent fermées, et des cris de protestations retentirent.
- On se tait et on écoute. Cria l'un des homme.
Il était le plus costaud, et sa voix claqua sèchement, ce qui amena le silence dans la foule.
- On vous demande simplement de vous tenir tranquilles pendant quelques heures. Donc si vous voulez revoir vos familles, nous vous conseillons de suivre nos ''instructions'' à la lettre. Compris?
Dit-il sans vraiment attendre une réponse, ce que personne n'osa faire.
Magalie n'en croyait pas ses yeux.
Ils étaient victimes d'un piratage, ou d'une prise d'otage, ou.... Elle ne savait pas vraiment ce à quoi elle assistait.
Immédiatement son cerveau se mit en mode ''reporter''. Elle nota tout ce qui pourrait aider les enquêteurs, une fois les pirates repartis.
Ils n'en avaient pas après les bijoux et tout objet précieux, car ils se seraient mis immédiatement en quête de leur butin. Non, ils voulaient autre chose, mais quoi?
Un homme sur le côté, qu'elle n'avait pas remarqué, prenait systématiquement un photo de tous les hommes présents dans la salle.
Elle en aperçut un autre, faisant la même chose...
Ainsi, ils recherchaient un homme....
Deux autres arrivèrent du côté des cuisines, et allèrent parler à celui qui se trouvait sur l'estrade, et qui dirigeait toute l'opération.
Il fit un signe de la tête, l'air contrarié.
Magalie l'aurait croisé dans un couloir, qu'elle ne l'aurait jamais soupçonné de quoi que ce soit.
Il lui apparaissait tout à fait normal, hormis son attitude belliqueuse.
Deux autres hommes entrèrent par les portes donnant sur le pont extérieur, et firent, ce qu'elle supposait, leur rapport.
L'homme tiqua et descendit nerveusement de l'estrade.
Il poussa les personnes devant lui sans ménagement, provoquant des cris outragés.
- La ferme, vous autres....
Puis il continua son chemin, marmonnant dans sa barbe.
- Ils cherchent qui? Lui murmura Aurélien, qui était parvenu à ses côtés discrètement.
- Je ne sais pas, mais en tout cas il ne l'a toujours pas trouvé. Tu as vu son air furax? Lui répondit Magalie sur le même ton.
- Ouais, je ne n'aimerai pas être à la place du type dès qu'il aura mis la main dessus.
- Croies-tu que c'est un règlement de compte, ou une prise d'otage, avec une rançon à la clef?
- Je ne sais pas, mais les deux hypothèses sont plausibles.
- Grand Dieu, voilà que nous sommes embarqués dans ce cauchemar, et nous sommes aux premières loges. Précisa Magalie, qui commençait à ébaucher dans sa tête un article du tonnerre.
- Oui, et nous allons sortir un papier qui nous va relancer notre carrière. Je vois d'ici les gros titres du journal:
''Nos deux reporters sortis indemnes d'une prise d'otage sur un paquebot.''
- Si nous nous en sortons. Ce ne sont pas des pirates. Je n'en ai jamais entendu parler en Méditerranée. Donc il s'agit d'un règlement de compte. Regarde les deux types au fond. Ils sont armés. Signala Magalie, en montrant discrètement les deux hommes en faction devant la porte donnant sur le pont.
- Oui, il en y en a tout autour. Je pense que le reste des passagers est confiné dans une autre salle.
Ils sont sacrément organisés pour avoir réussit ce coup. Car maîtriser tout ce petit monde n'est pas si facile que ça.
- Oui, et il faut également y inclure les membres d'équipage.... Mon Dieu, voilà que leur chef revient, et il n'a pas l'air content.
En effet, celui qui semblait diriger les opérations mordillait furieusement son cigare. Il serrait et desserrait ses poings, comme s'il avait une furieuse envie de taper sur quelqu'un.
Il monta sur l'estrade et s'empara du micro pour s'adresser à la foule massée devant lui.
- Nous somme à la recherche d'un homme qui aurait en sa possession des documents qui nous intéresse énormément. Et tant que nous ne l'aurons pas localisé, vous resterez dans cette pièce, jusqu'à nouvel ordre. Alors pas de vagues, pas de cris, s'il vous plait. Ne mettez pas notre patience à bout et tout se passera bien pour vous. Au moins aurez-vous une histoire croustillante à raconter à vos amis...
Et il partit à rire... Mais personne ne le suivit. La situation ne plut pas à certaines personnes, car des cris de protestations commencèrent à fuser d'un peu partout.
- Pourquoi nous parquer ainsi... C'est inadmissible....
- Je me plaindrais à mon ambassade...
- Plus jamais je ne monterai sur un paquebot...
- On se tait maintenant. Cria l'homme qui sortit de son blouson une arme qui parut énorme, aux yeux profanes de Magalie.
Elle n'avait jamais vu d'arme de prêt, et celle-ci lui paraissait affreuse, et extrêmement dangereuse dans les mains de cet homme.
Elle s'agrippa à la manche d'Aurélien, qui se rapprocha d'elle.
- Mazette, les choses se corsent, dit-il à son oreille.
- Ce n'est qu'une question de temps. Ils doivent attendre l'identification de la personne qu'ils recherchent. N'ont-ils pas prit une photo de tous les hommes présents? l'informa Magalie.
- Oui, et ils m'ont également prit le portrait. Pourvu qu'ils ne s'aperçoivent pas que je suis reporter. Nous ne sommes pas les biens vus par les preneurs d'otages. Sauf s'ils ont besoins de nous, ce qui est extrêmement rare. Répondit-il en jetant un œil sur les complices qui bloquaient toujours les points de sorties.
Ce qu'il craignait arriva.
Une des hommes, ayant prit des photos s'approcha de son chef et lui montra son portable.
Ils parlèrent quelques instant et le grand chef se mit à chercher quelqu'un parmi les hommes présents. Quand ses yeux tombèrent sur Aurélien, celui se dit qu'il était fichu.
- Monsieur Passemont, nous allons avoir besoin de vos talents.
Tout en parlant il était descendu de l'estrade et s'avançait lentement vers Aurélien, qui avait discrètement repoussé Magalie.
Il n'était pas nécessaire qu'elle soit impliquée dans cette histoire.
L'homme s'arrêta devant lui et lui sourit.
- Nous allons devenir de grands amis pendant quelques heures. Vous serez le premier à connaître les raisons de notre présence sur ce navire, et croyez-moi, vous ne serez pas déçu. Vous aurez l'occasion de montrer au monde entier la corruption et l'avidité de certaines personnes qui semblaient au-dessus de tout soupçons.
Il fit un signe à l'homme qui l'avait suivit de se charger d'Aurélien, qui n'avait toujours pas ouvert la bouche.
Magalie ne put se retenir de faire un geste vers son ami lorsque le sbire le prit par un bras.
Son mouvement instinctif fut remarqué par le chef car il se tourna vers elle.
Aurélien leva les yeux au ciel.
Ils étaient bel et bien fichus tous les deux.
Il aurait pu s'en sortir seul et faire en sorte que tout se passe sans faire de vague, mais maintenant que Magalie s'invitait dans leur petite causerie, il doutait de la réussite de son plan.
Elle n'était pas ce que l'on pouvait appeler ''une diplomate''. Elle avait même tendance à énerver ses interlocuteurs.
En temps normal, c'était un atout, mais dans leur situation actuelle, c'était devenu un handicap.
L'homme qui, maintenant, détaillait Magalie n'était pas vraiment du genre à supporter longtemps les piques que son amie allait forcément lui lancer.
Il décida de détourner l'attention de ce pirate.
- Pourrais-je écrire tout ce que je veux? Demanda-t-il en se dégageant de la main de l'homme qui déjà l'entrainait.
Sans détourner le regard de Magalie, qui ne baissait pas les yeux, l'homme répondit:
- Vous ne me présentez pas à votre amie? Je suis certain qu'elle se fera un plaisir de nous accompagner.
- Elle n'a rien à voir avec nous. Nous nous sommes connus sur le bateau.
- Raison de plus pour que vous continuez à faire plus amples connaissances.
Sans plus de manières il prit le poignet de Magalie et partit avec elle, suivit d'Aurélien qui soupirait.

Cet homme avait une poigne de fer. Inutile de résister, se dit Magalie, qui suivait le petit groupe d'hommes.
Aurélien avait fait ce qu'il pouvait pour l'éloigner de lui, mais elle n'avait pu s'empêcher de tendre la main ver lui, quelques instants plus tôt.
Mauvaise idée, mais il était trop tard pour le regretter.
Après tout cela lui permettait d'être aux premières loges. Ce qui l'excitait passablement.
Après avoir emprunter plusieurs couloirs, ils s'arrêtèrent devant une porte ou était inscrit le nom du commandant.
Toujours maintenue par le ''pirate'' Magalie inspecta la pièce, qui s'avérait être le bureau du commandant.
De grandes baies rendaient l'endroit agréablement lumineux. Magalie se fit la réflexion qu'elle n'aurait jamais l'occasion de travailler dans un lieu aussi spacieux, même après sa promotion, et si elle sortait entière de cette aventure.
Enfin l'homme la relâcha et alla s'installer dans le fauteuil du commandant.
Aurélien se taisait, mais enregistrait silencieusement tous les détails.
Magalie lui connaissait au moins une qualité très importante. Il avait une mémoire photographique. Un atout très appréciable.
- Vous pourrez écrire votre article, au fur et à mesure que nous vous dévoilerons nos motivations. Et dans quelques heures, tout au plus, vous saurez tout sur l'être abjecte que nous recherchons,et croyez-moi, vous aurez la surprise du siècle.
- Pourrais-je citer certains noms? Et comment ferais-je pour confirmer vos dires? Je ne peux pas écrire un article si je ne peux pas vérifier la crédibilité de mes informateurs.
- Je ne suis pas un informateur, et vous n'aurez rien à vérifier, puisque je vous fournirai certains documents compromettants.
Magalie ne put se retenir de poser une question.
- Mais pourquoi ne pas avoir intercepter cet homme avant sa montée sur le paquebot?

L'homme se tourna vers elle, surpris qu'elle ose s'immiscer dans la conversation.
- Cela ne vous regarde pas,mais je vais vous répondre. Nous savions qu'il avait changé d'identité, mais nous ne l'avons appris trop tard. Sa couverture était au point, mais nous avons anticiper et c'est ainsi que nous avons pu nous introduire sur ce paquebot, et poster plusieurs membres de notre faction parmi l'équipage. Nous sommes assez puissants pour agir selon nos principes.
Il s'adossa contre le dossier du fauteuil, l'air satisfait de lui-même, tout en fixant Magalie.
Elle n'aimait pas vraiment la manière dont il la regardait, mais ne le fit pas voir. Elle n'avait jamais côtoyer ce genre de personnage, et ne voulait prendre aucuns risques en l'affrontant directement. Inutile de le provoquer.
- Vous n'êtes pas sa petite amie, avouez-le. Lui lança-t-il subitement.
Magalie soupira, mais répondit à sa question.
- Non, nous sommes collègues. Nous sommes à bord pour couvrir l'évènement pour notre journal, et rapporter tous les potins dont sont friands tous nos fidèles lecteurs. Répondit-elle en se faisant passer pour de simples journalistes.
- Oui, je voies. Et bien, après cette croisière, vous pourrez vous targuer d'avoir participé à une extraordinaire aventure, et vous deviendrez des célébrités. Obtenir le scoop d'un acte de piratage... Le rêve de tout journaliste....
Magalie, moins calculatrice qu'Aurélien, n'avait pas penser à ce détail, qui aurait une importance capitale pour leur promotion.
Avoir le scoop était inespéré et très inattendu. A leur retour, plus rien ne leur barrerait la route pour l'obtention de leur promotion.
A nous la liberté... Pensait Magalie, qui échafaudait déjà mentalement un article.
Le ''pirate'' se leva de son siège et s'approcha de la baie.
- Une rumeur courrait parmi les membres d'équipages concernant un concours pour découvrir l'identité d'un certain personnage. Nous pourrions collaborer, et nous y trouverions chacun notre compte. Qu'en pensez-vous? Dit-il en se retournant vers les deux journalistes.
Aurélien interrogea Magalie d'un regard circonspect.
Elle lui répondit d'un haussement d'épaules.
Au point ou ils en étaient, pourquoi ne pas accepter sa proposition.
- Vous saviez qui nous étions, bien avant que vous preniez les photos de tous les hommes présents?
Se hasarda a affirmer Magalie.
- La tentation était trop forte. J'ai toujours eu un faible pour les énigmes. Mais celle-ci nous concerne tous les deux, et je crains fort que le gain mis en jeu ne vous soit pas attribués. Mademoiselle.
- Ce n'est pas l'enjeu qui m'intéresse, mais plutôt la compétition...
Puis, réfléchissant à ce qu'il lui avait dit, elle suffoqua.
- Non, ne me dites pas qu'il serait ce personnage que vous recherchez? Non...
- Nous avons de fortes présomptions en ce qui le concerne. Nous serons avisés assez rapidement.
Son portable vibra et il sortit pour répondre, non sans avoir posté un de ses homme devant la porte. Aurélien poussa un ouf de soulagement, et se laissa tomber sur un fauteuil qui lui tendait les bras.
- Bon sang, quelle aventure... Jamais je n'aurais imaginé que cette croisière serait si... Mouvementée...
- Oui, et hélas, et elle n'est pas encore terminée. J'avais un mauvais pressentiment quand je suis montée sur ce navire. J'aurais dû m'y fier, et redescendre immédiatement. Je croies que je ne remettrais plus jamais les pieds sur un quelconque navire... Jamais plus.. Ronchonna Magalie, en faisant les cent pas dans la cabine.
- Arrête de bouger ainsi. Il ne nous demande pas de participer, mais de relater et de commenter leur acte de piratage. C'est le scoop de l'année!
Magalie allait lui répondre vertement, quand un bruit de chute se fit entendre dans le couloir, puis la porte s'ouvrir et devant l'air stupéfait de Magalie... Serge apparu... leur faisant signe de le suivre.
Magalie se reprit et refusa tout net de lui obéir.
- Non, pas avant de savoir si vous êtes bien la personne qu'il recherche. Si c'est le cas, je n'ai aucune envie de vous suivre.
Elle vit Serge prendre une grande inspiration et refermer la porte après avoir trainer l'homme assommé dans un coin de la pièce.
Puis il se planta devant Magalie, la dominant de toute sa taille.
- Vous savez que vous êtes une petite personne très énervante. Il ne tiendrait qu'à moi, je vous laisserai entre les mains de ce triste personnage, mais comme je suis quelqu'un de civiliser, je vais de ce pas vous faire sortir de cet endroit, pour vous mettre en sécurité.
- Pas avant ce connaître votre rôle dans cette histoire de fous. Répondit Magalie, ne voulant pas céder d'un pouce, devant cet homme arrogant... et trop séduisant...
- je ne suis pas vraiment celui qu'il recherche, même si j'étais au courant. Je ne peux pas tout vous expliquer maintenant, car le temps nous est compté. Je ne vais pas vous supplier de me croire sur parole, mais je peux vous assurer que vous pouvez me faire confiance. Alors? Ajouta-t-il en lui tendant la main.
- Mais bons sang, accepte, microbe... Moi, je reste. Au moins, l'un de nous aura le scoop!
- Et tu aurais tous les honneurs quand nous débarquerons... Certainement pas, je reste...
- Nous signerons tous les deux, et nous aurons les deux versions. Moi, celle du pirate, et toi celle des passagers... Oui, l'article idéal...
Magalie vit qu'Aurélien était déjà entrain de faire son article.
Pourquoi pas? Les deux points de vues étaient intéressants pour le lecteur.
Magalie ne chercha pas plus longtemps, son côté professionnel refaisant surface.
- OK pour vous suivre, mais vous avez intérêt à tout m'expliquer!
- Enfin, je désespérais de vous faire changer d'avis.
Et sur ces paroles de soulagement, il se pencha pour déposer sur les lèvres entrouvertes de Magalie, un léger baiser.
Surprise par ce geste, Magalie n'eut qu'une seule réaction, celle de répondre à la douceur des lèvres qui se pressaient contre les siennes.
Revenant à la raison, elle repoussa Serge des deux mains.
- Quand vous aurez fini tous les deux, nous pourrions penser à donner le change, quand le pirate reviendra. Je doit être crédible quand il arrivera et constatera que Magalie n'est plus dans la pièce.
Revenant sur terre, serge et Magalie le regardèrent.
- Oui, nous sommes toujours au même endroit, avec un type assommé dans le coin.
- je pourrai vous ficeler et vous bâillonner pour faire croire que votre collègue s'est fait enlever. Ce n'est pas le plus crédible, mais c'est mieux que rien. Lui répondit Serge.
- Pas mal comme idée. J'en rajouterai si besoin est. Mais pour passer pour une victime, un beau bleu sur la mâchoire serait l'idéal. Mentir pour mentir, autant passer pour un héros en voulant défendre mon amie, non?
- Si vous le voulez, je peux sans aucun problème vous asséner une belle droite, ensuite je vous ficèle...
Et sans tergiverser, Serge envoya un coup de poing à Aurélien qui se retrouva au sol.
- grand Dieu, souffla Magalie en se précipitant vers Aurélien.
- ce n'est rien, dit ce dernier. Quoique... Ça fait un mal de chien...Avec ça, tout le monde me croira, enfin je l'espère.
Serge, déjà, était en train d'arracher les fils d'une lampe pour attacher les mains et les pieds du journaliste. Ensuit il le bâillonna en utilisant le foulard que Magalie portait autour du cou.

Quelques secondes plus tard serge traînait derrière lui Magalie, qui, au dernier moment, avec hésité a abandonner son ami.
- Il ne risque rien. Lui affirma serge en ouvrant doucement la porte pour s'assurer que personne ne se trouvait derrière. Il passa la tête pour vérifier que le chemin était libre.
- Allons-y, et ne dites pas un mot.
Comme si Magalie avait envie de protester!
Ils parcoururent les coursives sans croiser âme qui vive, à leur grand soulagement.
Enfin, ils arrivèrent aux cuisines désertes.
Serge traversa toute la salle, tenant toujours fermement le poignet de Magalie.
Il ouvrit une porte donnant dans une réserve remplie d'étagères contenant une multitude de conserves. Ils aboutirent à une trappe minuscule, que serge ouvrit difficilement, et ils se glissèrent comme ils le purent à l'intérieur.
L'endroit était étroit, et malodorant.
- Charmant comme endroit, lança Magalie, qui tentait, en vain, de descendre sa jupe longue.

Serge, qui sortait son portable de la poche de son veston, lui jeta un œil goguenard.
- désolé, mais dans l'urgence je n'ai pas trouvé d'endroit plus... romantique.
- Vous vous trompez. J'ai seulement fait allusion à l'étroitesse de ce lieu. N'imaginez pas que j'en attends plus de votre personne. Répliqua Magalie, qui commençait à avoir froid dans son petit dos nu et sa jupe en soie.
- Nous ne resterons pas très longtemps ici. Juste le temps d'assurer nos arrières. Ensuite nous nous installerons dans un endroit plus confortable. Répondit Serge en se tournant pour parler en Italien à son interlocuteur.
Au bout de quelques minutes il coupa la communication et put, enfin, se concentrer sur la jeune femme, qui attendait tranquillement à ses cotés.
Le baiser qu'il lui avait donné, sous une subite impulsion, l'avait plus que perturber. Il avait compris qu'il en était de même pour elle.
Mais ce n'était pas le meilleur moment de penser à ce qu'ils auraient fait, s'il n'y avait pas eut Aurélien.
Il la vit pencher la tête sur le côté pour mieux le distinguer dans le petit réduit, chichement éclairé.
Il pouvait sentir son parfum sucré parvenir à lui.
Il était assis à un mètre d'elle, ne voulant pas la toucher, sous peine de perdre son contrôle.
Fichu contre-temps...
Il avait planifié leur soirée à la seconde prêt, et voilà que cette attaque surprise avait tout flanqué en l'air.
Après un très agréable repas avec Magalie, il l'aurait emmenée danser, et ensuite ils auraient finis dans sa cabine pour boire un verre de champagne, et ensuite....
- Allez-vous me dire, enfin, ce qu'il se passe sur ce rafiot? S'énerva Magalie.
Serge revînt à la réalité.
- C'est la faute de mon cousin. Il a dérober des documents ''secret défense'' et pensait les vendre à un groupuscule islamiste. Seulement cet idiot a usurper mon identité et ces ''pirates'', comme vous les appelez ainsi, s'imaginent que je suis cet homme. En toute logique, je le suis, mais je n'ai pas en ma possession ces documents.
- Ouah! Vous êtes dans la panade, mon vieux.
- Non! Merci de le remarquer. Mais j'ai mes contacts, et d'ici, trois heures, ils seront sur place pour nous sortir d'ici.
- Quoi? Nous allons rester dans ce trou pendant trois heures? Certainement pas.
Et à la surprise de serge, elle avança comme elle le put vers la petite trappe, dans l'intention de sortir.
Serge n'eut pas le choix, et il la ceintura d'un bras ,en évitant ses coups de pieds. Il réussit à l'empêcher de faire une grosse bêtise.
- Mais allez-vous vous tenir tranquille! pesta Serge.
- Certainement pas. Je refuse de rester une minute de plus dans ce trou. Je préfère me retrouver avec tous les autres passagers que d'être en votre compagnie.
- Pourquoi? Elle vous déplait tant, ou c'est la peur de ne plus vous contrôler qui vous fait fuir?
Ces derniers mots, dis sur un ton moqueur, pétrifièrent Magalie.
Bien évidemment qu'elle avait peur.
Cet homme l'avait attirée d'emblée, et le baiser qu'il lui avait donné lui avait fait oublier l'endroit où ils se trouvaient.
Cet homme était un danger pour elle. Hors de question de passer plus de temps en sa compagnie sous peine de céder à l'envie de le connaître plus intimement.
Elle tenta de reprendre le contrôle de son corps, qui était parcourut de picotements, dès lors qu'il l'avait attrapée par la taille.
- Vous ne respectez aucunes règles, n'est-ce-pas?
- Pourquoi perdre sont temps en vaines palabres. Nous ressentons la même attirance, et ne le niez pas, s'il-vous-plait.
- je ne le nie pas, mais la situation n'est pas la plus appropriée pour ce genre d'approche.
- Nous avons trois heures à perdre... Alors...
Magalie se contorsionna pour se tourner vers lui, ce qui, ne fut pas la meilleur idée. Sa bouche se retrouva au niveau de celle de Serge, et il n'eut qu'à se pencher sur elle pour l'embrasser.
Ce ne fut pas un tendre baiser, mais bien un baiser passionné, violent, et dévastateur.
Elle ne put que lui répondre, en posant ses mains sur ses épaules et collant son corps contre celui de Serge.
Il grogna en sentant qu'elle se pressait contre lui, et il eut beaucoup de mal à se détacher d'elle.

Sa proposition n'était qu'une boutade, mais elle l'avait prise au sérieux.
- Je plaisantais, Magalie. Jamais je n'abuserais de vous dans un endroit aussi sordide. Je préfère de loin m'occuper de vous dans un grand lit. De plus je n'ai pas de protections sur moi...
Il posa son front contre celui de la jeune femme, en tentant de reprendre son souffle.
- Cela ne change rien au fait que je veux sortir d'ici. Il doit bien avoir un autre endroit plus agréable pour attendre vos renforts? Dit-elle, la voix tremblotante.
- Je n'ai plus la possibilité de les joindre. Ils sont certainement en route. De plus ils m'ont ordonné de ne plus bouger. Je ne me fais pas de soucis pour la sécurité des passagers. Ils n'ont rien à voir dans cette histoire.
Magalie se rendit compte qu'elle se cramponnait toujours à lui.
Aucun d'eux n'avait vraiment envie de bouger, mais la raison repris le dessus, et ils se séparèrent, non sans regrets.
- Je ne renoncerai pas à vous, Magalie. Vous pouvez en être certaine. Après cette histoire nous aurons beaucoup de choses à mettre au point. Lui asséna Serge, en cherchant la meilleure position pour oublier que son corps avait d'autres envies que celle de se détendre.
Il jura en italien, ce qui fit rire Magalie.
- Et ce vous amuse, en plus. Bougonna-t-il.
- Non, c'est nerveux. Ne faîtes pas attention à moi.
- Comme si je pouvais vous oublier. Depuis que je vous ai transportée dans votre cabine, vous accaparez toutes mes pensées. Comme si j'avais que ça à faire...
- Désolée de vous perturber ainsi, mais ce n'était pas intentionnel de ma part. Je vous signale, qu'au départ, je voulais descendre de ce navire.
- Paquebot, chère demoiselle. J'ai vraiment toute votre éducation à faire. Si nous devons sillonner les mers, vous devrez vous adapter et apprendre le jargon des voyageurs des mers. Dit-il en riant.
- Quoi? Quand les poules auront des dents! Après cette expérience, jamais plus je ne remettrai les pieds sur un navire, paquebot, ou quoique ce soit qui flotte!
- Fiez-vous à moi. Rien n'est plus grisant que de naviguer sur un voilier lancé à pleine vitesse. Vous sentez sur vos lèvres le sel déposé par les embruns. Vous sentez le vent dans vos cheveux...
- Et vous avez le mal de mer... les vêtements toujours humides... Se déplacer sur un plancher qui bouge... Non, ce n'est pas pour moi. S'obstina à dire Magalie, qui ne voyait aucun plaisir à souffrir inutilement.
- Nous verrons bien.
- C'est tout vu. Dès notre débarquement je retourne à Paris pour ne plus en partir, même sous la menace d'un pistolet.
Serge pouffa. Il l'écoutait ronchonner, mais ne s'avoua pas battu.
Sa ténacité lui avait valu de nombreux succès en affaires, et Magalie n'allait pas déroger à sa longue liste de réussite.
Il la voulait, et il l'aurait, foi de la Valière. La tradition voulait que les hommes de la famille bataillent dure pour obtenir la main de leur future femme. Et il allait démontrer à ses ancêtres qu'il était digne de porter cet illustre patronyme.


Magalie commençait à trouver le temps long. Impossible de voir qu'elle heure il était, et de plus, elle avait faim. Ce que son estomac confirma en gargouillant.
- C'est malheureux d'être si prêt des cuisines, et de ne pouvoir manger. Dit-elle enfin, lasse et affamée.
- Nous ne devons prendre aucun risque. Non seulement ils n'ont pas obtenu ce qu'il voulaient, mais ils sont à notre recherche. Cela vous suffit comme excuse pour ne pas quitter notre cachette?
- Mais juste pour prendre un bout de pain et de l'eau! Je ne suis pas exigeante, juste affamée.
- patientez encore un peut. Pensez à votre article... A notre croisière...
- Mais vous êtes borné..Vous...
mais elle ne put finir sa phrase, car Serge avait posé sa main sur sa bouche, lui intimant l'ordre de se taire.
Ils entendirent des hommes crier dans les cuisines. Une porte s'ouvrit et se referma.
Apparemment les recherches se poursuivaient dans les cuisines.
Magalie n'osait plus respirer, et elle se colla contre le corps musclé de son compagnon d'infortune.
Il lui entoura les épaules de son bras d'un geste qui se voulait rassurant.
Priant pour que personne ne les découvre, serge pressa Magalie contre lui.
La nuit devait maintenant être tombée et la fraîcheur commençait a envahir leur petit espace.
Enfin le voix s'éloignèrent, et le silence retomba.
Mais les deux jeunes gens restèrent l'un contre l'autre.
- Si je reste contre pour vous réchauffer. Je ne voudrais pas que vous intentiez un procès à mon encontre, pour non assistance à personne en danger.
- Je n'irais pas jusque là, mais mon article vous concernant ne serait pas très flatteur.
- Alors j'ai tout intérêt à ce que vous soyez le plus confortablement installée dans mes bras. Je suis tout à vous...
Magalie pouffa.
Cet homme ne pouvait pas garder son sérieux cinq minutes. Mais cela ne l'empêchait pas d'être efficace en cas d'urgence. Elle en avait eut la preuve il y a … Une heure, deux heures?
Elle ne savait plus combien de temps ils étaient assis dans ce réduit, qui soit dit en passant, n'était pas très confortable.
- Maintenant que j'ai lamentablement perdu notre pari, pouvez-vous me donner votre identité. Et complète, sans rien omettre! Précisa Magalie.
- Notre pari! Je l'avais totalement oublié, celui-là. Mais puisque vous me demandez si gentiment... Vous connaissez maintenant mon nom. Ma fonction sur ce paquebot n'est pas vraiment définie. Mais ce que je peux vous affirmer, et que vous pourrez vérifier auprès du commandant, c'est que je suis le propriétaire de tout ce qui vous entoure...
Magalie assimila l'information.
Ainsi donc, le navire lui appartenait.
Pas étonnant que tout le personnel soit au petit soin avec lui.
Serge continua ses explications.
- Le commandant est un fidèle compagnon. Il a déjà commander plusieurs de mes bateaux, et nous sommes devenus amis. J'ai entièrement confiance en lui, et je confierai ma vie entre ses mains sans hésitations. J'aime m'entourer de personnes sur qui je peux compter.
- C'est tout à votre honneur, répondit Magalie en reniflant. Franchement, vous n'auriez pas pu trouver un endroit plus agréable?
- Qui voudrait nous trouver ici? Ma connaissance des lieux nous a permis de nous mettre à l'abri. Vous devriez m'en remercier.
Magalie avait sa petite idée concernant la manière dont elle pouvait le remercier, mais pas question de le lui avouer.
- Moi, en tout cas, je sais très bien ce que je ferais quand nous serons sortis de ce trou.
Il resserra ses bras alors qu'une de ses mains migrait vers la nuque de Magalie.
Il allongea ses jambes, du mieux qu'il pût et fit pivoter Magalie, qui se retrouva à califourchon sur ses genoux.
- Vous abusez de la situation, ainsi que d'une faible femme... Tenta de dire Magalie, alors qu'il posait ses lèvres sur les siennes.
Ce fut la perte de la jeune femme.
Jamais un homme ne lui avait fait cet effet. Son baiser était l'étincelle qui mit le feu aux poudres.
Plus questions de retenues.
Elle se laissa portée par les sensations que ce baiser déclenchait en elle.
Elle passa ses bras autour de son cou, pour mieux se serrer contre lui.
Il posa une main au bas de son dos, tandis que l'autre passait doucement sous son dos nu..
Ses mains étaient chaudes.
Magalie poussa un gémissement alors qu'il délaissait sa bouche pour parsemer une multitude de baiser le long de son cou.
- Nous ne devrions pas... Chuchota-t-elle.
- Non, nous devrions pas... Répéta-t-il, sur le même ton.
- Pitié, vous m'enflammez...
- c'est mon intention, jeune fille...
- Mon Dieu, c'est indécent...

Mais si bon...
- Stop! Dit-elle en réussissant à s'arracher de ses bras.
- Quoi? Plus de petits câlins.. Répliqua serge, le souffle court.
- Je crains de ne pouvoir me contenter de … Câlins... avoua rapidement Magalie. Je cède rarement à mes envies, et aux avances qui me sont faites, mais avec vous c'est différent...
Cet homme réussissait l'exploit de lui faire perdre la tête...
Un sourire apparu sur le visage de Serge.
Sont intention première avait été de la séduire lentement, et de l'amener dans son lit. Mais ce baiser avait changé tout ses plans d'approche. D'ailleurs il n'avais plus de plan. Cette fille le rendait dingue...
- je crois que nous en sommes au même point tout les deux. Nous ne nous maitrisons pas quand nous sommes ensembles. Incroyable...
- Incroyable, ou pas, nous devons cesser de nous toucher. Tout du moins ici. Mais quand nous serons sortis...
Magalie ne savait pas ce qu'ils feraient une fois sortis.... Son cerveau fonctionnait au ralenti. Plus d'article, plus de navire... Rien que cet homme...
Serge avait laissé ses mains sur les hanches de Magalie, toujours installée sur ses jambes.
Il déglutit difficilement, mais pris sur lui pour la relâcher. Ce qu'il fit avec regret.
Elle se réinstalla à ses côtés en poussant un gros soupir.
Un silence pesant s'était installé entre eux, entrecoupé par les bruits lointains que faisaient les machines.
- depuis combien de temps sommes-nous ici? Se décida à demander Magalie, qui ne cessait de bouger pour trouver une position agréable.
- Deux heures, tout au plus. Je crains que nous ne soyons obligés d'y passer la nuit.
- J'aurais du suivre ma première impression, et refuser ce reportage.
- Pensez à l'article que vous allez écrire. Un scoop comme celui-ci, il n'y en a pas beaucoup dans la vie d'un journaliste.
- Je suis spécialisée dans les affaires judiciaires. Rien à voir avec ce que nous vivons. Aurélien, lui au moins, a la meilleure place. Il va connaître le grand frisson, pendant que moi, je suis cloîtrée dans un milieu humide et froid.
- Oui, mais avec moi. Plaisanta Serge.
- C'est une maigre compensation, mais je m'en contenterai. Répondit Magalie, en riant franchement. Elle appuya sa tête contre le cloison, et ferma les yeux.

Un chuchotement la réveilla.
Qui pouvait discuter dans sa cabine. Aïe. Elle avait mal aux fesses, au dos, à la nuque...
Et tout lui revînt. L'acte de piratage, Aurélien ficelé, leur fuite à travers le navire, et leur longue attente...
- Misère... Dit-elle en bougeant légèrement.
- Les joies de la vie à la dure... Je vous promets une longue, et très longue séance de massage.
- Il m'en faudra plusieurs pour faire disparaître mes courbatures. Aïe...
Puis se tournant vers Serge, elle demanda :

- Ai-je somnoler longtemps?
- Une heure ou deux... Et vous ronflez...
- Non, je ne ronfle pas! Rétorqua Magalie, vexée.
- Vous faîtes pleins de petits bruits bizarres... Insista-t-il.
- et si nous changions de sujet?
- J'ai eut mon contact, et il m'a assuré qu'ils n'étaient pas loin. Encore un peu de patience et nous serons tirés d'affaires.
- Comment vont-ils pouvoir neutraliser les pirates? Ils sont assez nombreux et détiennent des otages. Les passagers ne vont-ils pas êtres les victimes de ce sauvetage? Et comment...
- Stop! Je ne sais pas comment ils vont procéder et combien ils seront. Ils connaissent leur travail, et je ne me fais pas de soucis pour les passagers. Ces pirates ne sont pas des tueurs. Ils agissent pour le compte d'un activiste qui divulgue au grand public des dossiers assez sensibles. Comment font-il? Mystère... mais ils fourrent leurs nez partout. Seulement, cette fois-ci, je suis impliqué, contre mon grès, dans une histoire d'espionnage, et cela ne me fait pas plaisir.
- Vous n'êtes pas vraiment celui que vous paraissez être, alors. Posséder des navires est une couverture bien pratique pour voyager, et agir en toute impunité.
- Dit de cette manière, oui. Mais j'œuvre pour mon pays, aussi je vous interdis d'écrire quoi que ce soit sur mon compte.
- Je ne peux pas non plus parler de votre cousin?
- Non plus. Désolé, mais nous allons devoir superviser votre article avant de paraître, ainsi que celui de votre collègue.
Magalie était un peu déçue, mais comprenait très bien la position de Serge, et les choix qu'il devait faire.

- OK, mais je veux tous les détails, et la certitude que je ne serais pas censurée au dernier moment.
- Promis, juré. Je vous transmettrai le dossier dans sa totalité.
Il lui tendit la main pour conclure leur accord verbal.
Magalie hésita deux secondes, et accepta de saisir sa main.
- J'aime que les affaires soient rondement menées. Dit-elle en tentant de saisir son regard. Mais dans la pénombre, elle ne put voir que sa silhouette.
Elle aurait tant aimé déchiffrer ses expressions.
IL ne lâcha pas sa main, et se saisit de l'autre.
Elle le laissa, une nouvelle fois, la laisser manipuler, et s'aperçut qu'elle adorait ça. Qu'il prenne le contrôle et fasse d'elle tout ce qu'il désirait.
Leurs corps se rapprochèrent et ils ne purent résister à leur attirance mutuelle.
- Vous savez que nous ne pourrons pas en rester là, et que nous devons aller jusqu'au bout?
- Oui, j'en suis consciente. Mais je ne peux pas vous dire non.
Il prit une nouvelle fois sa bouche d'assaut, et elle y répondit avec fougue.
Leurs langues se reconnurent, leurs mains prirent le contrôle et parcoururent avidement leurs corps respectifs.
Leurs souffles s'accélérèrent.
- Tu es la première fille qui me rend dingue, réussit à dire Serge, entre deux baisers.
- Tu es le premier qui me fasse craquer ainsi. Tu es un danger pour moi...
- Tu m'en reparleras dans quelques heures. Répondit-il en commençant à soulever le dos nu de Magalie.
Un bruit métallique, suivit de quelques cliquetis les interrompit.
Ils se raidirent quand ils entendirent une poignée de porte que l'on actionne.
Un rai de lumière vînt les éclairer, et le faisceau d'une lampe les éblouit.
- Enfin, vous voilà. Nous n'étions pas certains de vous trouver ici. Pas mal comme cachette. S'esclaffa un homme.
Ils se séparèrent lentement, et Serge poussa Magalie devant lui.
Deux grandes mains l'attrapèrent par les épaules pour l'aider à s'extraire du petit conduit.
Elle se redressa lentement, pour permettre à ses muscles ankylosés de se détendre.
Serge, à ses côtés, en fit autant.
- Merci les gars, d'être venus. Comment s'est passé le sauvetage?
L'homme, qui leur avait adressé la parole, fit son rapport.
- Comme d'habitude, mon vieux. En deux temps trois mouvements ils étaient neutralisés. Ce n'étaient pas des professionnels, et ils se sont rendus sans beaucoup de résistance. Je te signale que leurs armés étaient factices. Beaucoup d'intimidations, et de déterminations ont abusé tous les passagers. Deux ou trois gars se sont montrés réticents, mais rien de bien méchant. Leur responsable est sous bonne garde, et les autres ont déjà été transférés. Les passagers repartis dans leurs cabine rassurés, et nous voilà. Ton cousin a abusé de ta gentillesse. A ta place, je ne le laisserais pas partir à si bon compte.
L'homme,plus massif et plus grand que Serge donna une tape sur l'épaule de son ami.
Magalie n'était guère rassurée par son allure. Treillis, casque, et arme le rendait l'air encore plus dangereux.
- Magalie, je te présente Laurent Masure. Un ami de toujours, et responsable de la section de secours. Nous travaillons ensemble depuis maintenant cinq ans.
- Oui, répondit l'interpellé, et encore une fois nous avons dû le sortir de son trou. Bien que ce soit la première fois que nous te retrouvons en si bonne compagnie. Si cet homme vous a importuné, dites-le nous, et nous nous ferons un plaisir de le remettre à sa place.
Magalie se mit à rire. La profonde amitié de ces deux hommes était agréable à voir.
- Non, bien au contraire. Je n'ai rien à redire sur sa conduite.
Serge lui sourit, sachant que s'il n'avait pas été interrompu, sa conduite n'aurait pas été si honorable que ça.
Entourant les épaules de la jeune femme, il l'entraîna vers la sortie des cuisines, mais elle l'arrêta.
- Ah non alors! J'ai une faim de loup. Alors si vous le permettez je vais me faire un gigantesque repas.
Serge la bloqua.
- Nous nous ferons apporter à manger dans ma cabine. Lui affirma Serge, qui l'entrainait déjà dans les coursives.
Venant à leur rencontre le commandant les stoppa.
- je me suis fait un sang d'encre quand le pirate m'a annoncé qu'il vous recherchait. Que lui avez-vous fait?
Serge partit à rire.
- Rien, je ne lui ai rien fait. Demandez donc à mon cousin, c'est lui le fautif, et comme d'habitude cela me retombe dessus.
- Bien sûr, j'aurais dû me douter qu'il était encore dans le coup. Et vous, mademoiselle Dumont, pas trop secouée par ces derniers évènements? Lui demanda-t-il, l'air inquiet.
- Aussi bien que possible. Heureusement, j'ai eus le soutien de Serge. Mais je voudrais des nouvelles de mon ami Aurélien Passemont. La dernière fois que je l'ai aperçu, il était ficelé dans votre bureau.
- Nous l'avons découvert rapidement, après que les forces spéciales aient emmené tous ces pirates. Dès que nous l'avons détaché, il s'est empressé d'écrire son article. Il était en liaison avec votre patron quand je l'ai laissé dans sa cabine.
- Bien, il y en a au moins un qui aura matière à écrire. Je ne peux pas en dire autant. J'ai passé tout mon temps pliée en deux, à attendre les secours. Dit-elle dépitée.
- Tu auras d'autres compensations, je t'en fais la promesse. Lui dit Serge.
Elle haussa les épaules d'un air las. La tension de ces dernières heures retombait, et elle ne souhaitait qu'une chose... dormir.
Serge s'en aperçu, et promit d'expliquer toute l'affaire au commandant, après une nuit de repos.
Il l'emmena dans sa cabine, tout en discutant avec Laurent Masure, mais elle ne les écoutait pas.


Serge poussa Magalie dans la cabine spacieuse, et referma la porte derrière lui. Il la conduisit vers le lit, et la fit s'assoir.
Elle se laissa tomber sur la couette moelleuse à souhait, avec un ouf de soulagement.
- Je prends une douche en vitesse et je m'occupe toi. Lui dit-il tout en retirant sa chemise.
Magalie, bien qu'épuisée, ne manqua pas de remarquer la plastique de l'homme lui faisant face. Pas une once de graisse, un poitrail bronzé, et deux yeux rieurs qui la fixaient.
- la vue te plait-elle? Dit-il d'un air goguenard.
- Pas mal, mais je voudrais en voir plus. Répondit-elle en s'appuyant sur un coude pour mieux le contempler.
Il se tourna, défie sa ceinture, puis fit glisser son pantalon et son boxer pour les retirer. Il lui tournait toujours le dos, et elle ne vit qu'une paire de fesses toutes rondes.
Tout en se dirigeant vers la salle de bain, il lui lança:

Le meilleur sera pour tout à l'heure, beauté.
Magalie lui balança un coussin avant qu'il ne referme la porte. Il le rattrapa au vol et lui renvoya.


Quand il revînt rafraichit et détendu, il découvrit la jeune femme, étalée en travers du lit, dormant du sommeil du juste.
D'un air dépité il s'avança pour constater qu'elle ne feignait pas. Elle s'était tout bonnement endormie, n'ayant retiré que ses chaussures.
Il avait hésité à prendre sa douche en premier, mais il désirait qu'elle se relaxe un peu avant de passer aux choses sérieuses. Il n'avait pas pensé qu'elle puisse s'endormir ainsi.
Il entreprit de la déshabiller pour qu'elle soit à l'aise, et ne lui laissa que ses sous-vêtements. Il la glissa ensuite sous la couette, puis, doucement, il s'étendit à ses côtés, et la tînt dans ses bras. Elle grogna un peu, et se rendormit.
Il sourit, et se promit, en s'endormant, de lui montrer dans quelques heures qu'ils étaient fait l'un pour l'autre.


Magalie était serrée contre quelque chose de chaud, de moelleux. Elle tendit la main, et sentit sous sa paume une peau et quelques poils.
Elle ouvrit lentement un œil, pour vérifier à qui appartenait le poitrail qu'elle caressait.
- Enfin, de retour parmi nous. Je commençais à m'impatienter. Tu es une véritable marmotte. Lui dit Serge, en s'emparant de sa main pour lui embrasser la paume.
Magalie ouvrit l'autre œil.
- Bonjour, dit-elle d'une voix enrouée. Quelle heure est-il?
- L'heure de prendre un petit déjeuner au lit, mais après que nous ayons terminé ce que nous avions commencer hier, ou cette nuit.
Et sans lui laisser le temps de répliquer ou de réagir, il entreprit de lui montrer tout le désir que son corps de femme lui inspirait.

Reprenant son souffle, Magalie roula sur le côté.
- Pas de doute, tu me plais de plus en plus. Lui dit-elle en lui caressant la joue.
- Tu me plais également énormément, beauté. Au-delà de ce que tu peux penser. Tu es bien la première qui me fasse autant d'effet.
- Merci de me l'avoir aussi bien démontrer. J'espère avoir l'occasion d'avoir un autre aperçu de tes compétences dans cette matière. Répondit-elle en se laissant retomber sur le dos.
- Quand tu veux, et où tu veux. Je suis à tes ordres.
- Tu prends beaucoup de risques en proposant ça à une femme. Je serais tentée d'en abuser. Lui souffla Magalie, imaginant déjà tout ce qu'elle oserait exiger.
- dans la limite de mes moyens, précisa Serge, tout en se glissant sur elle.
- Non, pas encore? S'esclaffa Magalie, surprise.
- mes limites ne sont pas encore dépassées. Alors profitons-en.


- J'ai vraiment faim, et il faut que je me lève pour joindre mon patron. Mais avant je dois voir Aurélien... Dit faiblement Magalie, étalée en travers du lit. Dis-moi de quitter cette cabine...
Serge, debout devant le lit, une serviette autour des reins souriait.
- C'est un ordre, reste avec moi. Lui rétorqua-t-il.
- Pervers. Je n'ai même plus la force de parler.
- Alors dors pendant que je vais à la pêche aux informations. J'ai la chance d'avoir mon ami Laurent. Il a tenu éloigné toutes les personnes désireuses de nous parler. Pendant que nous nous ''reposions'' le paquebot est revenu à son point de départ. Comme voyage inaugurale c'est assez réussit. Une fois le stress évacué, les passagers auront de quoi raconter à leurs proches.
- Et moi, j'ai un article a écrire, avec Aurélien. Nous nous reverrons plus tard.
Elle se décida, mollement, à se lever et prendre une douche.
En passant devant Serge, elle lui effleura le torse encore humide. Celui-ci lui attrapa la main, et lui embrassa le poignet.
- Je te retrouve au salon V.I.P. Lui dit-il en la relâchant.
- Bien sûr.... Dans quelques heures, quand j'aurais retrouver mon chemin.
Serge partit à rire.
- Un des homme de Laurent est en faction devant notre porte. Il sera chargé de te conduire.
- Tu as peur que je me sauve?
- Non, il est là pour qu'on ne t'importune pas. Quelle confiance!

Je sais ce que tu penses des journalistes, donc, j'anticipe..
- Tu n'anticipe rien du tout. Tu ne sais même pas ce que je pense de toi... gronda-t-il sèchement.
- Nous avons fait connaissance il y a seulement quelques heures, et tu voudrais que je te fasses entièrement confiance. Je ne suis pas aussi idiote que ça! Lança Magalie, furieuse que leur complicité ait disparue.
D'un geste rageur elle prit ses vêtements.
- Je dois me rendre dans ma cabine pour me changer. Ensuite, si j'en ai le temps, peut-être te rejoindrais-je. Sinon, tu peux prendre rendez-vous avec mon chef pour que nous finalisions notre marché. Tu m'offre l'exclusivité de ton histoire, et moi je m'engage à écrire un article du tonnerre, sans mentionner ton nom et celui de ton cousin.
Et se plantant devant lui, tout en réfrénant son envie de passer ses mains sur ses épaules dénudées elle le nargua:
- Ne croies surtout pas que notre petite aventure te donne tous les droits sur moi. Je ne te dois rien, tu ne me dois rien. Nous nous sommes bien amusés. Merci.
Et sur ces mots mordants elle enfila rapidement ses vêtements et sortit de la luxueuse cabine, pour se retrouver nez à nez avec un type armé.
- Et vous, lui dit-elle hargneusement. Ramenez-moi à ma cabine.
Et elle lui donna son numéro.
L'homme, interloqué, lança un regard hésitant à Serge, par-dessus l'épaule de Magalie.
Celle-ci leva les yeux au ciel.
Serge lui donna son assentiment d'un hochement de tête, et l'homme acquiesça silencieusement.
- Oui, vous avez le droit de bouger. Lui dit-elle en le prenant par le bras. Allons-y.
Sous le regard amusé de Serge ils empruntèrent le long couloir.


- Cette fille est une vrai bombe à retardement. Lui asséna pour la troisième fois Laurent, qui n'en démordait pas. Jamais tu aurais dû lui parler de ton cousin, et de toute l'affaire qui en découle.
Serge en convenait. Mais maintenant il était trop tard pour faire marche arrière. Le mal était fait. Magalie, de par son métier, n'allait pas le lâcher si facilement. Sa carrière était en jeu.
- Je pense que nous pouvons lui faire confiance. Elle tient trop à sa promotion et à ce scoop pour raconter n'importe quoi sur notre compte. Elle s'est engagée oralement, et je ne crois pas qu'elle donne sa parole aussi facilement pour ensuite se rétracter.
- Mais c'est une journaliste, et son canard n'est pas le plus honnête qui soit. Répliqua Laurent.
- Certes, mais si j'ai bien compris elle s'occupe des affaires judiciaires. Et elle s'est retrouvée à couvrir le voyage inaugural de ce paquebot sous la pression de son chef. Une histoire de promotion...
- Promotion ou pas, c'est une journaliste...
- Vous savez ce qu'elle vous dit, la journaliste? Tonna la voix de Magalie, qui pénétrait dans le salon V.I.P.
Serge sourit. Elle était venue.
- Surtout de dites rien, je connais les pensées des journalistes de votre espèce. Lui répondit du tac au tac Laurent, en plaisantant.
- J'en suis heureuse pour vous, mais vous seriez déçu de connaître mes pensées... trop subtiles pour vous.
- Quand vous aurez fini de vous lancer des compliments, nous pourrions discuter de notre affaire.
- C'est mon intention, mais certaines personnes dans cette pièce pensent que je ne suis pas quelqu'un de fiable.
Serge soupira.
- Laurent ne disait pas ça pour vous, mais parlait des journalistes en générale.
- Je peux me défendre tout seul, mon vieux. Lui dit Laurent en riant. Je ne vous fais pas d'excuses pour ce que j'ai affirmé sur les journalistes, mais si vous me convainquez je pourrais, à la rigueur, vous en faire une ou deux.
Magalie apprécia cette franchise. Elle savait que sa profession ne faisait pas l'unanimité, à fortiori quand elle disait pour quel journal elle travaillait.
Comment pouvait-il savoir que ce travail n'était que provisoire? Que son contrat touchait à sa fin, et que ce reportage était son tremplin pour accéder à de plus hautes responsabilités? Non, personne ne pouvait savoir les sacrifices qu'elle avait fait pour en arriver là où elle était.
- Quand je donne ma parole, je ne reviens pas dessus. Votre opinion m'indiffère. Tout ce que je veux ce son des faits, rien que des faits.
- On se calme, et on reprend tout depuis le début. Et viens t'assoir. Lui dit Serge, en tapotant le canapé de sa main.
Magalie s'installa, et sortit de son sac, un calepin et un stylo.
- je suis prête à vous entendre.
Serge sourit lentement. Il aimait ce petit côté professionnel. Elle était concentrée sur ce que lui narrait Laurent, tout en notant au fur et à mesure.
Il n'écoutait pas ce que disait son ami, tout à sa contemplation de la jeune femme.
Elle était simplement habillée d'une chemise bariolée et d'un jean, aucun maquillage et ses cheveux retenus par un foulard. Une tenue simple et pratique, mais qui lui faisait un certain effet.
Il se remémorait leur réveille, quand son ami lui adressa la parole.
Il revînt sur terre...
- Peux-tu répéter, s'il te plait?
Laurent, n'avait aucun doute concernant les pensées de Serge.
Il lui répéta sa question, et Serge lui répondit du mieux qu'il put, occultant la présence de Magalie, assise à côté de lui.
Ils échangèrent ainsi leurs impressions et leurs informations pendant une bonne heure.
Entre temps le commandant passa prendre de leur nouvelle et souhaita s'entretenir avec Serge concernant les compensations octroyées aux malheureux passagers pris en otages.
Magalie, qui avait obtenus plus qu'elle n'espérait, s'éclipsa pendant que Serge donnait ses instructions.
Celui-ci l'aperçu alors qu'elle rangeait son calepin dans son sac, mais il ne put la retenir.
Il fit un signe à Laurent de la suivre.


- Attendez, Magalie. Je vous raccompagne à votre cabine. Lui dit-il en la rattrapant.
- Merci, mais j'ai mon guide personnel. Répondit-elle en lui montrant l'homme qui l'avait accompagné.
- OK Paul, je me charge de Mademoiselle.
Magalie ne dit rien, mais trouvait cette présence militaire assez pesante.
- Jusqu'à quand vais-je supporter ce genre d'escorte? Lança-t-elle, tout en prenant un couloir, qui lui paraissait assez familier.
- Si nous prenons celui-ci, nous arriverons directement à l'infirmerie. Lui précisa Laurent, tout en lui attrapant le bras pour la faire pivoter.
Elle pesta.
- Fichus couloirs...
L'homme qui la redirigeait dans la bonne direction se mit à rire.
- Je confirme. Puis redevenant sérieux, lui demanda.
- je peux vous poser une question personnel?
- Au point ou nous en sommes, pourquoi pas!
- quelle est exactement votre relation avec Serge? Je ne l'ai jamais vu aussi peu concentré qu'aujourd'hui.
Magalie se posait également la question.
- Je suppose qu'elle est normale. Nous avons passé quelques heures ensemble, bloqués dans ce maudit réduit. Ensuite nous avons fait... plus ample connaissance, mais cela s'arrête là. Je pense le revoir pour qu'il supervise mon article. Ensuite nos routes se séparerons, question de logique.
Mais le voulait-elle vraiment? Il y a bien longtemps qu'un homme aussi sexy ne l'avait autant attiré. A vrai dire, parmi le trois ou quatre courtes relations qu'elle avait eue, aucune d'elle n'avait démarré aussi intensément.
- Je l'ai déjà vu avec des filles, mais il n'a jamais eu ce regard bizarre. Quand il vous regarde on a l'impression qu'il vous dévore des yeux. Je pense qu'il vous apprécie plus que ne vous le pensez. Si j'étais à votre place...
- Stop, vous n'êtes pas à ma place, grand Dieu. Et c'est une affaire privée, qui n'a rien à voir avec ce qui s'est passé sur ce navire. Vous n'avez aucun conseil à me donner sous prétexte qu'il est votre ami!
- OK, message reçu. Mais si vous avez besoin d'un coup de main, ou d'un conseil, je serais toujours

présent.
Il sortit d'une petit poche de sa veste militaire un petit stylo et nota un numéro dans la paume de Magalie.
- je serais curieux de connaître la suite. Affirma-t-il en insistant.

- je crains de vous décevoir, mais si vous voulez connaître la fin de notre histoire.... Mais pour l'heure j'aimerai contacter mon collègue. Je ne l'ai pas revu depuis hier, et je m'inquiète pour lui.
- Il est déjà partit, lui répondit Laurent. Comme nous avions de besoin de vous parler, nous lui avons conseillé de rejoindre votre journal et informer votre responsable que tout était sous contrôle et que vous seriez de retour rapidement. Les témoignages des passagers nous ont largement aidé. Mais en tant que journaliste, nous avions le devoir de vous donner les bonnes informations pour que la vérité ne soit pas '' arrangée'' à votre sauce.
Magalie bouillait intérieurement.

- Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais déformé la réalité. En tant que chroniqueuse judiciaire, il est de mon devoir de relater au mot près les affaires que je couvre. Vous devenez vraiment insultant. Lui répondit-elle vertement.
Laurent de releva pas.
- Voilà, nous sommes arrivés. Je vous attends pendant que vous préparez vos bagages.
Magalie ouvrit la bouche, mais se ravisa. Pourquoi tenter de faire changer un convaincu? Une perte de temps, certainement.
Elle enfourna un peu n'importe comment ses affaires, prit ses sacs, et porta en bandoulière sa sacoche protégeant son ordinateur portable. Avant de sortir elle consulta son portable, et découvrit 10 messages de son supérieur, mais elle n'eut ni l'envie ni le courage de les lire. Il aurait tous les détails par Aurélien.

Passer inaperçue, fut impossible, à son grand désespoir. Une meute de journalistes l'assaillit dès qu'elle posa un pied dans l'aéroport.
- Magalie, donne-nous tes impressions?
- Comment étaient les pirates?
- De la Valière est-il aussi beau en vrai?
- As-tu eu le scoop?
Le service de sécurité de l'aéroport intervînt, et elle put, sans être trop bousculée, récupérer ses sacs et s'engouffrer dans un taxi.
Elle donna son adresse, et ils filèrent rapidement, semant les deux ou trois voitures qui les avaient filées.
Une heure plus tard, elle s'affalait sur son lit, vidée.
La courte nuit passée en compagnie de Serge, ainsi que le voyage de retour n'avaient pas arranger son humeur. Sans ses sept heures de sommeils, elle n'était pas à prendre avec des pincettes. L'accueil de ses collègues journalistes n'avait certainement pas améliorer son humeur.
- Ouf, un peu de silence. Dit-elle à haute voix.
Mais c'était sans compter sur son téléphone fixe.
Il sonna cinq fois, et le répondeur s'enclencha.
- Magalie, c'est Robert. Je sais que tu es rentrée. Répondez, et tout de suite.
Elle soupira lamentablement, mais s'exécuta.
Elle décrocha l'appareil, et répondit:
- Oui, chef, je suis bien rentrée.
- Très bien, à mon bureau, tout de suite.
Et sans aucune formule de politesse il raccrocha.
- Oui, chef, tout va bien chef. Lança-t-elle dans le vide.
Il était 19 heures et un lundi soir.
Magalie constata que sa vie ne serait plus la même après cette aventure. Comme si une porte s'était ouverte sur une autre vie. Même sa perception du monde avait changée.
Elle prit le temps de se doucher, de se changer tout en grignotant un sandwich, et se décida de rejoindre son chef.

L'accueille de celui-ci ne fut pas plus chaleureux que son appel téléphonique.
- Donnez-moi ta version des faits. Passemont n'a pas été fichu de me dire ce que vous foutiez de votre côté. Qu'est-ce que c'est cette histoire de documents?
- Bonjour chef. Heureuse de vous revoir. Aurélien n'a pas eut la bonne version. Les documents que les pirates recherchaient n'étaient pas sur le navire, vue que la personne qui les avait en sa possession n'était pas à bord.
Elle se laissa tomber sur la chaise faisant face à son chef.
- Vous savez que j'ai le scoop de l'année. Vous aurez tous les détails d'ici demain matin, mais pitié, je veux rentrer chez moi.
- j'ai eu un appel du ministère de l'intérieur. Nous ne pourrons publier votre article que sous conditions que nous ne mentionnons pas certains noms. Précisa Robert, en se penchant en avant.
- je sais tout cela. Ils m'ont promis de ne pas censurer mon article, mais sous les conditions que vous m'avez mentionnées.
- De la valière est dans le coup? Demanda son chef, suspicieux.
- Oui, mais je n'en dirai pas plus. Confirma Magalie, se demandant si elle devait préciser que son cousin était le responsable de tout cette histoire.
- Je n'en attendais pas moins de lui. Quand j'ai appris qu'il se trouvait sur le navire, après que la prise d'otage soit officiellement annoncée, mon opinion était faite. Je connais son parcours professionnel assez atypique, et je savais que l'affaire allait être rondement réglée. Vous ne connaissez pas le personnage? Demanda-t-il à Magalie, en souriant.
- Disons que je ne le connais que depuis quelques heures. Je n'ai pas eu le temps de cerner l'homme, car notre croisière a été quelque peu perturbée. Mais je peux vous assurer qu'il est une personne sur qui nous pouvons compter en cas de coup dur. Je ne sais qui lui sert de contact, et qu'il est d'une redoutable efficacité.
- Cela ne m'étonne pas de lui, mais qu'avez-vous pensé de l'homme?
Magalie s'offusqua.
- Pourquoi tout le monde me pose la même question? C'est agaçant à la fin. S'exclama Magalie, en se levant de sa chaise.
- Ne prenez pas vos grands airs avec moi. Je vous connais depuis que votre père vous a amenée au journal. Et j'ai suivis tout votre parcours professionnel..
Magalie ne pu le contredire.
Elle avait usé ses jeans à l'intérieur de ces locaux. Elle avait fait ses devoirs dans ce bureau. Comment l'oublier.
- Bon, d'accord. Pourquoi vous préoccupez-vous de ce que je pense personnellement de lui? L'interrogea Magalie, curieuse de connaître les raisons de cet interrogatoire.
- Parce qu'il m'a appelé personnellement, et que nous avons longuement parler de vous. Il a été très correct, ajouta-t-il, lorsqu'il vit Magalie prendre un air furieux.
- Je n'aime pas que l'on parle de moi derrière mon dos. Pesta-t-elle.
- Nous n'avons parler de vous que sur le plan professionnel, mais je veux bien que vous me donniez plus de détails sur votre point de vue ''personnel''.
- Hors de question. Ceci ne regarde que moi. Vous aurez comme prévu mon papier en fin de mâtinée. Ensuite, si ces messieurs du ministère veulent le réécrire, grand bien leur fasse. Je m'en lave les mains.
Sur ces paroles, elle sortit et se retînt de claquer la porte vitrée derrière elle.
Certains collègues encore présents la saluèrent et tentèrent de l'aborder pour en savoir plus sur ce qu'il s'était passé sur le bateau. Elle prétexta une grande fatigue pour quitter le journal.


- Tu la revoie quand? Demanda Laurent à Serge qui se resservait une seconde fois de pâtes.
- Demain, si elle est disposée à me revoir. J'ai peur qu'elle ait tiré un trait sur nous deux. Répondit-il, légèrement défaitiste.
- Tu plaisantes! D'après ses réactions elle tient à toi. Bien que vous ayez fait connaissance il y a seulement 48 heures, tu lui as fait une grand impression. Et ne le nie pas, tu es dans le même état qu'elle.
- De la part d'un mec qui passe d'une fille à l'autre, tu es assez mal placé pour me donner des conseils. Répliqua Serge, en s'étouffant à moitié avec un spaghetti mal passé.
- Ce n'est pas correct de souligner les points faibles de son ami. Mais j'ai suffisamment fréquenter de filles pour détecter celles qui sont mordues. Pourquoi croies-tu que j'en fuis certaines?. Aux premiers signes annonciateurs qu'elles deviennent amoureuses, je me sauve. Question de survie.
- Tu as peur de t'engager?
- Non, mais les risques de mon métier ne permettent pas de m'investir dans une relation durable.
- Ridicule. Certains gars de ta section ont bien fait le grand saut. Fit remarquer Serge.
- Grand bien leur fasse. Mais nous n'étions pas en train de parler de ''ta relation'' avec Magalie?
- C'est une grand mot pour seulement quelques heures passées avec elle. Je ne suis pas certain qu'elle veuille me revoir!
- Tu en sauras plus demain, au journal.
- Oui. J'ai rendez-vous avec son chef, qui m'a certifié qu'elle serait présente. Mais ensuite?
- Tu improviseras, mon vieux, comme toujours.
- Merci de ton inconditionnel soutien, mon vieux. Je croies que je n'ai pas le choix. Foncer ou abandonner.... Telle est la question à 1000 points.


Après une seconde courte nuit, et un article rédigé en quelques heures, Magalie, un café à la main s'installait dans le bureau de son chef. Celui-ci en grande conversation au téléphone, lui fit un signe de tête.
En espérant que ce troisième café l'extirpe de l'espèce de brouillard qui l'enveloppait depuis la veille, Magalie dit bonjour à Aurélien qui pénétrait dans la pièce.
- Enfin, content de te revoir,, microbe. Plaisanta-t-il en lui faisant une bise.
- Tu n'es pas trop amoché, lui dit Magalie, soulagée de le revoir en pleine forme.
- Ça peu aller. Ton ami n'as pas été trop dur avec moi. Je passe pour un héros auprès des filles de la rédaction. Alors je ne me plains pas.
- Tu tires toujours le meilleur de tout ce qu'il t'arrive. Remarqua Magalie.
- Autant profiter de la vie. Et toi, avec ce De la valière, ça roule?
Elle ne répondit pas à cette question, car, au son grand soulagement, leur chef avait raccroché et s'adressait à eux.
- Bon, les enfants, nous allons faire un papier du tonnerre. Cela va booster nos ventes, mais en attendant vous allez me donner vos articles...
Chacun sortit son article et les posèrent sur le bureau.
Robert prit son temps pour parcourir en vitesse les grandes lignes.
Magalie se demandait la raison pour laquelle il ne les avait pas déjà renvoyé à leur place. Après tout ce n'était pas comme s'ils étaient novices en la matière.
En regardant alternativement les deux hommes elle leur trouvait un petit air de conspiration qui ne lui plaisait pas, mais pas du tout.
Ils mijotaient quelque chose, mais quoi...
La réponse lui fut donnée, quand la porte se rouvrit.
Le brouhaha de la salle de rédaction envahit la pièce en même temps que Serge.
Magalie fit mine de rien, et l'ignora sensiblement.
Il n'était ici que pour raison professionnel.
Il serra la main des deux hommes, et s'inclina devant Magalie.

- Très chère, ravi de vous revoir. Lui dit-il simplement.
Mon dieu, se dit-elle, il est encore plus beau en costume trois pièce.
- Nous nous sommes quittés si vite hier, que nous n'avons pu nous dire au revoir. Répondit-elle poliment.
- Nous voici de nouveau réunis. Je suis venu pour lire votre article. Une fois cela fait, j'aurais besoin de vous au ministère.
- Pourquoi au ministère? Une fois l'article paru, je n'aurais plus aucune raison de vous revoir. Et me rendre au ministère est exclu. J'ai fais une déposition, comme tous les passagers... Pour moi cette histoire est close.
Elle ne pouvait pas faire plus pour lui faire comprendre que leur petit intermède dans le lit n'était plus que de l'histoire ancienne.
- Je sais tout cela, mais votre présence est souhaitée en haut lieu. J'exécute les ordres qui me sont donnés.
Avec son ami Laurent, ils s'étaient creusé la tête pour concocter une énorme excuse pour qu'il puisse la revoir.
Laurent était pour une méthode plus rapide, mais Serge préférait une approche moins direct. Une parole de travers et ses chances de la séduire de nouveau tombaient à l'eau.
Pendant quelques secondes il crut qu'elle allait refuser. Aussi, quand elle accepta son rendez-vous, il poussa intérieurement un cri de victoire.
Ne voulant pas s'imposer plus, il discuta de quelques points avec le chef de Magalie, puis il lui demanda d'attendre son coup de fil.
- je passerai te prendre chez toi....
Puis il quitta la pièce, de peur de ne pouvoir se retenir de ta toucher. Des images de leur étreinte passèrent devant ses yeux. Il était dingue de cette fille.... Il était fichu...


Deux jours plus tard, un appel de Serge atterrit sur son répondeur.
- Je passe vers 18 heures. Je t'emmène dans un petit restaurant qui vient d'ouvrir.
Comme si elle avait envie de sortir.
Ses nuits étaient peuplées de Serge... Et elle se réveillait le matin, fatiguée, et frustrée... énormément frustrée...
De revoir l'homme qui hantait ses rêves n'allait pas l'aider à l'oublier.
Elle se donnait quelques semaines pour l'éliminer de ses pensées... Ensuite... Elle ne savait plus...
L'oublier dans les bras d'un autre? Ridicule, et ce n'était pas son genre de passer d'un homme à un autre en si peu de temps.
Et pourquoi voulait-il l'emmener au restaurant, alors qu'il lui avait informé qu'ils devaient se rendre au ministère. Avait-il précisé le nom du ministère au moins? Non.
17H30... juste le temps de se préparer. Mais après tout, les femmes n'avaient-elles pas le droit d'être en retard?
Elle prit tout son temps pour prendre sa douche, et pour se sécher les cheveux.
Elle était debout devant son armoire, hésitant entre deux tenues, quand l'interphone sonna.
En peignoir, elle ouvrit sans vérifier la personne qui sonnait.
Dans le même temps, elle entrouvrit la porte d'entrée pour permettre à Serge d'entrer, et courut dans sa chambre.
Entendant la porte claquer, elle lui cria:
- Mets-toi à l'aise,je fini de me préparer. Sers-toi à boire en m'attendant!
Puis sans écouter la réponse qu'il lui donnait, elle enfila prestement une robe à fleurs, idéale en toutes occasions. Elle glissa ensuite les pieds dans ses escarpins hors de prix, qu'elle n'avait que très peu mis. Une folie qui avait fait un énorme trou dans son budget.
- J'arrive dans cinq minutes. Ajouta-t-elle, pour le rassurer.
Habituée dans l'art de se maquiller en quelques minutes, elle en était à se mettre du mascara quand la porte de la salle de bain s'ouvrit doucement.
- On ne perturbe pas une femme quand elle se maquille, au risque de devoir attendre encore plus longtemps. Lança-t-elle gaiment.
Elle était contente de le revoir. Voilà, elle l'avait enfin admis.
Mais quand elle croisa le regard de l'homme qui se trouvait derrière elle, elle déchanta.
Ce n'était pas Serge. Il lui ressemblait, mais ce n'était pas lui.
L'homme était plus petit, moins carré, moins bronzé... Il portait son jean et son polo avec moins de classe.
- Qui êtes-vous? Lança-t-elle en se retourna, son bâton de rimmel devant elle, comme pour le menacer.
- Faites fonctionner votre petite cervelle de journaliste. Mon cousin a fait capoter mes transactions. Aussi, vais-je avoir ma petite revanche. J'ai également mes informateurs, et j'ai appris que vous étiez assez proche de lui. Grand cœur comme il est, il viendra immédiatement à votre secours.
- Ne soyez pas si sûr de vous. Je ne suis qu'une connaissance. Nous ne sommes restés ensemble que quelques heures. Vous devriez vous trouver une autre victime.

Gagner du temps, voilà ce qu'elle devait faire. Il ne devait pas être loin de 18 heures, et Serge, d'après sa personnalité, devait être quelqu'un de ponctuel, surtout lors d'un rendez-vous galant. Car, à ne pas douter, il avait trouvé l'excuse du ministère pour la revoir.

Ceci étant admis, elle n'avait plus qu'à faire trainer les choses pour laisser le temps à Serge d'arriver. Mais ils devaient sortir de son appartement, avant que Serge ne sonne. Au moins, dans l'ascenseur, ou dans le hall, avait-elle une chance de s'en sortir.
Elle ne pensait pas qu'il allait la molester, mais avec ce genre d'individu, sait-on jamais...
- Voulez-vous bien poser votre ''arme'' et enfiler un manteau. Nous allons faire une petite promenade le long des quais...
Magalie s'avisa qu'elle brandissait toujours devant elle son mascara. Comme arme, il y avait mieux...
Tout en reculant, il l'invita à sortir de la salle de bain, et ils se dirigèrent vers la porte d'entrée.
En passant, il décrocha le manteau de la jeune femme pour le lui donner.
Au moins n'était-il pas brutal, se dit-elle. Peut-être était-ce de famille?
Ils empruntèrent l'ascenseur, et discrètement, elle consulta sa montre.
18H15. Non, Serge n'était pas ponctuel. Mais comment l'être à cette heure-ci, alors que la circulation était à son comble?
Aucune parole ne fut échangée pendant leur descente. C'était inutile, en effet.
Elle n'avait rien à lui dire, et lui, avait tout dit.
Son sac à la main, Magalie envisageait déjà de le lui balancer à la figure, puis de se sauver.
Avec tout ce qu'il contenait d'utile et d'inutile, cela allait faire mal.
Mais en regardant ses escarpins, elle constata que courir allait être risqué.
Aurait-elle le temps de les enlever, puis de mettre les voiles? Pas si sûr, mais elle devait tenter le coup.
Serge pouvait ne pas arriver de sitôt. Elle devait donc se débrouiller seule.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, et la poussant devant lui, ils s'avancèrent vers les portes d'entrée.
Magalie calcula le temps qu'il lui faudrait pour taper le code, se précipiter dehors, après lui avoir asséné un coup avec son sac.
Il n'avait sortit aucune arme... Mais peut-être en avait-il une cachée?
Elle enroula la lanière de son sac fermement autour de sa main.
Elle tapa lentement le code, et fit semblant de se tromper. Après tout, elle avait bien le droit d'être perturbée!
Les portes coulissèrent, et dans le même temps elle fit un superbe demi-tour, tout en lui donnant un énorme coup sur la tête avec son sac.
Sans se retourner elle franchit les portes, mais il réussit à l'attraper par un pan de son long manteau.
Magalie poussa un cri de surprise et retomba en arrière, toujours dans le hall.
L'homme grogna quand elle se débattit tout en cherchant à se défaire de son manteau. Elle sentit qu'il glissait de ses épaules, mais quand elle s'en fut débarrassé, elle constata que les portes s'étaient refermées.
Il ne lui restait plus qu'à retourner se réfugier dans l'ascenseur.
Après un dernier coup de sac sur la tempe de son agresseur, qui le fit vaciller, elle lâcha tout pour se jeter dans la cabine, dont les portes se refermèrent immédiatement.
Mais elle eut le temps de voir l'air furieux de l'homme. Il avait du sang qui coulait de son arcade sourcilière.
Elle s'était sauvée, mais pas dans le bon sens.
Combien de fois s'était-elle moquée de ses filles, qui, dans les films d'horreurs, se sauvaient en se dirigeant vers les étages alors qu'elles auraient pu se retrouver en sécurité parmi la foule...
Voilà qu'elle faisait la même erreur...
de plus son sac était resté dans le hall, avec ses clefs, son portable...
Essoufflée elle se laissa tomber sur le sol, et faillit se mettre à pleure. Mais cela n'allait pas l'aider à semer ce type.
10 étages plus hauts, elle décida d'emprunter les escaliers.
Ce fut la seule idée qui lui vint après ces deux minutes passées dans l'ascenseur.
Puis s'armant de courage, elle décida de frapper à une porte.
Appeler de l'aide était la meilleure solution à son problème.
N'ayant pas le numéro de Serge, elle se décida à appeler les secours, mais dans combien de temps allaient-ils arriver?
Sa décision fut prise. Son chef était le mieux placer. Il avait en sa possession le numéros de personnes assez influentes pour lui venir en aide.
La personne qui lui ouvrit fut une petite grand-mère, minuscule, qui accepta après de longues minutes d'indécisions, de laisser entrer Magalie.
Robert décrocha, et sans lui laisser le temps de parler, Magalie lui expliqua dans quelle situation délicate elle se trouvait.
- Vous devez avoir le numéro de Serge de la Valière. Dites-lui bien que j'ai un peu énervé son cousin, et qu'il est en train de me chercher dans l'immeuble. Dites-lui de ramener ses fesses en vitesse.
Puis elle raccrocha tout en n'oubliant pas de remercie cette petite dame, non sans lui avoir promis de revenir pour lui raconter la fin de son aventure.
Elle hésitait entre rester dans cet appartement, mais l'homme avait certainement compris qu'elle était monté au dernier étage.
Elle devait donc redescendre et ruser pour qu'il ne sache pas où elle se cachait.
Elle se précipita vers la cage d'escalier, et faillit dégringoler. Ses escarpins n'étaient vraiment pas faits pour ce genre d'exercice.
Elle les retira, mais les garda à la main.
Ses mains étaient aussi glacées que les marches.
Cramponnée à la rampe, elle dévala quelques étages.
C'est hors d'haleine qu'elle arriva au niveau de son appartement, mais elle n'avait pas sa clef.
Des pas dans le couloir mirent fin à sa brève halte, et elle repartit de plus belle, en entendant la porte d'escalier s'ouvrir, et se refermer.
Il savait qu'elle se trouvait là.
Elle accéléra alors que les pas se rapprochaient.
Troisième, second, premier, rez-de-chaussée...
Elle poussa brutalement la porte donnant sur le hall, et entra en collision avec un torse ferme...
Elle hurla de peur et de surprise, mais la voix qu'elle reconnu la rassura.
- On se calme et on m'écoute. Lui asséna Laurent, tout en la tenant par les épaules.
Il s'était baissé pour se mettre à sa hauteur.
- Ça y est, on est calmée?
Le souffle court, et le cœur battant à cent à l'heure, Magalie opina de la tête.
- Bien, je vous emmène à la voiture. Serge s'est chargé de l'autre escalier. L'ascenseur est surveillé, et toutes les issus sont surveillées.
- Il était derrière moi, lui dit enfin Magalie, reprenant son souffle.
- je crains que vos hurlements ne l'ai fait changer de direction. Aucun problème..
Puis il se tourna vers des hommes que Magalie n'avait pas vus, leur donna des instructions et ils filèrent dans l'escalier.
- Nous allons tranquillement attendre qu'il soit cueillit. Ce n'est qu'une question de minutes.
Magalie reprenait ses esprits alors que Laurent la poussait devant lui. Il l'aida à s'installer dans la voiture de Serge, et il monta avec elle à l'arrière.
- Mais comment se fait-il que vous soyez arrivés avec Serge? Il devait m'emmener au restaurant, ajouta-t-elle en scrutant l'entrée de l'immeuble.
- Au départ, oui. Mais nous étions sur la trace de son cousin, et malheureusement, elle nous a menée à vous. Il a une dent contre lui depuis leur enfance. C'est Serge qui a réussi dans la vie... Enfin, vous voyez la mentalité du bonhomme. Personnellement, je ne l'ai jamais vraiment apprécié.
- C'est donc pour cette raison que Serge n'est pas arrivé à l'heure... je l'ai maudit... Puis j'ai tenter de gagner du temps pour lui permettre d'arriver. J'ai eu la peur de ma vie...
Puis elle renifla... A non, pas question de pleurer devant cet homme.
Après tout, il n'y avait eu aucun dommage physique, juste une grosse peur, et certainement une entorse... Fichues chaussures...
- Ah, du mouvement... Ne bougez pas. Lui ordonna Laurent en sortant de la voiture.
Comme si elle avait envie de se promener.
Quelques passants, intrigués regardaient le petit groupe d'hommes armés entourer le cousin de Serge. Il n'était plus fringuant. Son pantalon était tâché, poussiéreux, et une manche de son polo était déchirée.
Son cœur se mit à battre plus rapidement quand elle aperçu Serge parlant à Laurent, tout en cherchant Magalie du regard.
Les vitres tintées ne lui permirent pas de la voir, mais elle, pouvait le dévorer du regard.
Elle ouvrit la porte et parcouru les quelques mètres qui les séparaient en claudiquant. Elle se retrouva dans le cercle rassurant des bras de l'homme qui hantait ses rêves.
Ils ne parlèrent pas pendant quelques instants, puis il lui chuchota:
- Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie. Te savoir seule avec cet abruti fini... J'ai du vieillir de 10 ans, au moins.
Magalie recula légèrement pour scruter son visage.
- Non, vraiment tu n'as pas changé, lui dit-elle en souriant. Quelque soit ton âge, je suis heureuse que tu soit venu...
- Désolé, mais nous sommes partis sur un fausse piste, qui nous a mené de l'autre côté de Paris. Le temps que nous rebroussions chemin il était déjà chez toi.
Magalie se serra contre lui.
Elle pouvait enfin se détendre.
Les bras qui l'entouraient se desserrèrent. La main de Serge lui attrapa le poignet pour ne plus la lâcher.
- Ils vont l'emmener, et nous pourrons faire notre rapport demain. Pour le moment j'ai quelque chose de plus urgent à faire, lui dit-il en l'entraînant vers sa voiture.
Les deux espaces passèrent en trombe devant eux, et ils s'installèrent dans la voiture.
Magalie se contorsionna pour récupérer ses chaussures, qu'elle avait posées sur la banquette arrière.
- Je ne suis plus vraiment partante pour aller au restaurant, lui dit Magalie, qui se demandait comme remettre ses escarpins. D'ailleurs, je vais remonter chez moi. Il n'y a plus aucun danger, et je n'ai pas envie d'être aimable.
Serge fit comme il ne l'avait entendu et démarra.
Magalie en avait assez de ce macho qui décidait sans lui demander son avis.
- Nous avons à parler. Tu le sais aussi bien que moi. Il y a quelque chose entre nous... Ne le nie pas, s'il te plait!

- Je n'ai encore rien dit, et tu montes sur tes grands chevaux!
- je commence à te connaître. Ton chef m'a averti que tu avait un sale caractère, ce que je confirme, très chère...
- Cesse de m'appeler ainsi. Lui lança-t-elle, en admettant silencieusement qu'il n'avait pas tout à faire tort. Mais son caractère était ce qui la protégeait de tous ces types qui la draguaient lourdement, et qui s'enfuyaient en s'apercevant qu'elle n'était pas si fragile qu'ils le pensaient.
Après tout, on se défendait comme on pouvait. Se dit-elle.
- Et où allons-nous? Si ce n'est pas un secret défense, ironisa-t-elle.
- Chez moi, répliqua-t-il.
- Au moins ça, c'est une réponse claire.
Et elle s'enfonça dans le siège en cuir. Qu'il était bon de se détendre. Sa mésaventure n'avait pas durer plus d'une demi-heure, mais elle était aussi courbaturée et fourbue qu'après une longue séance de gymnastique.
Le trajet ne dura pas, et ils empruntèrent un parking sous-terrain.
Serge fit le tour de la voiture pour l'aider à descendre, ce qu'elle apprécia. Sa cheville commençait à la lancer, et... Son estomac eut la bonne idée de se manifester bruyamment.
Serge se mit à rire.
- Quoique nous fassions, nous en arrivons toujours à nous préoccuper de ton estomac.
- Oui, mais la dernière fois nous n'avons pas eu le temps de satisfaire ce besoin, dit-elle, tout en se remémorant une nouvelle fois leurs ébats torrides.
- Nous allons procéder différemment cette fois-ci. Nous commencerons par un bon repas et seulement ensuite, nous finirons dans un lit.
Marchant lentement, il s'arrêta pour constater qu'elle n'avait pas remis ses chaussures.
Il lui en fit la remarque.
- Tu serait plus à ton aise pour marcher si tu te rechaussais.
- je voudrais bien, mais j'ai une cheville qui n'a pas aimé ma course dans les escaliers. Mais grâce à Dieu, je n'ai pas abîmé mes escarpins.
Et elle les montra fièrement.
Serge grommela tout en la prenant des les bras.
- Appuie sur le bouton du cinquième, lui dit-il en entrant dans l'ascenseur.

- Tu peux me reposer. Je ne suis pas en sucre...
- Non.
Toujours silencieux, il emmena Magalie à l'intérieur de son appartement et alla directement la déposer sur son lit, sous les protestations de la jeune femme.
- Non, je préfère m'assoir sur ton canapé! Non, laisse mes bas! Mais as-tu fini, se mit-elle à glousser quand il entreprit de lui retirer sa robe.
- Puisque tu n'es pas raisonnable, il faut que je le soit pour toi. Un bon bain, et tu seras comme neuve. Je te banderais ta cheville, et nous pourrons enfin manger.
Mais son regard démentait ses paroles.
- je sais ce que tu as en tête, et je pense que nous ne mangerons pas avant quelques heures. C'est une affreuse manie que nous avons-là! Dit-elle en lui déboutonnant sa chemise.
- C'est une habitude que j'aimerais beaucoup conserver, chuchota-t-il en se penchant encore plus sur elle pour l'embrasser dans le cou.
- Serait-ce une déclaration?
- Tu voudrais que soit le cas? Demanda-t-il en se reculant pour croiser son regard.
- Si tu y mets les formes, pourquoi pas? Je ne dirais pas non à passer quelques années en ta compagnie. Mais toi, en as-tu vraiment le désir?
- je me suis posé la question toute la semaine, figures-toi! Et j'ai été horrifié de constater que j'aimerais bien t'avoir dans mon lit tous les matins.
- Te rends-tu compte, que nous ne nous connaissons pas? Quelles sont tes habitudes, tes petites manies, tes plus grands défauts, ce que tu aimes ou n'aimes pas...
- Mes manies, tu les découvriras en vivant avec moi, mes habitudes seront les tiennes, ce que j'aime c'est toi, et mon plus grand défaut c'est de tout diriger... Voilà l'essentiel...
Puis il continua a déshabiller Magalie.
Elle se retrouva nue devant lui.
- Tu es un peu trop habillé à mon goût. Mais avant, croies-tu que notre liaison va durer longtemps?
- Quelle liaison? Nous allons nous marier, tout simplement. Dit-il comme s'il parlait du temps.
Elle le repoussa alors qu'il allait l'embrasser plus intimement.
- Tu me demandes de t'épouser! Comme ça! Sans un dîner romantique... Tu me déçois beaucoup, Serge! Plaisanta-t-elle, en le repoussant moins fermement.
- Femme, ne discute pas! Nous sommes faits l'un pour l'autre.
Puis il plongea vers le cœur de sa féminité.
Magalie le laissa faire. Sa volonté s'était évaporée, et le plaisir qu'il lui procura, l'empêcha de réfléchir.
Cet homme ne faisait pas de promesses à la légère, et elle décida de lui faire confiance. Ce fut la toute dernière pensée cohérente alors que Serge, enfin, déshabillé, ne vienne sur elle.
- Ne doutes jamais de mon amour, lui chuchota-t-il, jamais.
Et ils partirent pour un voyage sensuel et merveilleux...
FIN


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