Christine and the Queens - biographie -

Camille Plaisance

instantané de vie de l'artiste Christine and the Queens pour la sortie de son album "Chaleur Humaine" le 02 Juin 2014

Voici Christine and the Queens: personnage fabriqué et né d'une rencontre décisive pour la jeune Heloïse Letissier (son vrai nom) dans les rues de Londres en l'an 2010. Comme venue d'un autre temps qui se veut sidéral, la jeune Christine, sensible, pousse les portes du Madame Jojo's: cabaret transformiste du Soho londonien. D'abord sûrement pour oublier une solitude, une rupture, le temps qui passe, puis elle revient encore et encore et puise dans ces nuits ce qui sera sa matière première. De ce cabaret, elle retient cette rencontre avec les « Queens » dont trois d'entre elles particulièrement tisseront avec Christine le fil de la vie qui lui sera lumière et guide dans son retour à la vie française. De ce cabaret naîtra Christine and the Queens.

Christine revient déterminée à prendre sa liberté, à vivre sa vie pleinement dans la création. Détachée des carcants trop rigides des institutions elle opère en free ride et décide de prendre les rennes de ce projet à la frontière de la musique, du théâtre, et de la performance. 

Christine serait désormais plusieurs à elle seule. A la frontière de tous les arts, elle est la reine du mélange des genres, des langues, des influences. Nourrie par la musique de Michael Jackson, Laurie Anderson, ou encore les performances d'Andy Kaufman, Christine, seule en scène, met un point d'honneur à offrir un show pluridisciplinaire où cohabitent dans une énergie étourdissante danse, vidéo, et production musicale à la hauteur.

De ses efforts créateurs naitront 3 EP: « Misericorde » (2011), « Macabbey » (2012), et « Nuit 17 à 52 » (2013) dont seulement le dernier bénéficie d'une sortie physique. 

Elle fera aussi partie des finalistes du concours CQFD des Inrocks. En 2012, elle gagne le prix « Découverte » du Printemps de Bourges et le prix « Premières Francos » lors des Francofolies de la Rochelle, la même année. Puis elle enchaîne les scènes, seule avec son ordinateur, d'abord les petites puis les grandes en première partie où elle habite complètement l'espace et fait naître en nous une fascination pour ses chorégraphies où le corps devient poésie.

Dans cet EP « Nuit 17 à 52 », oscillant allègrement entre électro et chanson, Christine construit des histoires du début à la fin des morceaux où se mêlent l'anglais et le français comme pour ne jamais choisir vraiment un camp. D'une voix habitée, elle traverse ses titres aux sonorités électro hantés par le piano comme sur le titre Nuit 17 à 52 d'une beauté lunaire.

Ou dans Starshipper où tour à tour le français et l'anglais nous livrent des impressions et sentiments différents pour tenter de saisir (avec succès) un instant magique. Elle nous emporte également dans un tourbillon lancinant et précis autour de Photo souvenirs de William Sheller qu'elle réveille dans une version électro qui nous fait tourner la tête de bonheur.

Christine and the Queens prend la musique comme matière à la vie et revêt chaque chanson comme un habit de soie précieux mais malléable. 

Elle fait de la musique des autres sa propre respiration, sa propre nécessité, sa valeur ajoutée aux notes qui semblent revivre intensément sous sa reprise. Comme on peut le palper dans cette interprétation de M. Jackson « Who Is It » où la performance de Christine and the Queens prend le temps de nous envahir petit à petit pour continuer de nous hanter longtemps après.

Et apothéose, en juin, sortira Chaleur Humaine: son premier album comme un talisman d'un monde à réinventer. Entre mélange des genres et des musiques, Christine and the Queens délivre un album sensible, sinueux, et plein de secrets. 

Le premier single de l'album s ‘appelle « Saint-Claude » comme une station de bus à Paris d'où est partie l'histoire de cet homme un peu décalé criant des phrases bizarres que personne dans le bus ne voulait côtoyer. Un titre vibrant et frissonnant de beauté, qui nous prend et nous envole avec la puissance d'une Emmanuelle Laborit dans le geste. Le corps comme une poésie. 

L'envolée magnifique de Christine dans « Saint-Claude »

Des respirations haletantes, des beats minimalistes, ou des cordes entêtantes que vient  habiller la voix habitée de Christine qui transforme ce qu'elle touche en or musical. Des textes incisifs et d'une beauté à toute épreuve relevés par ces rythmes minimalistes et graves.Tous les titres de Chaleur Humaine sont forts et à vif; ils revendiquent leur place au royaume de la tolérance.

Christine and The Queens vit la musique par le corps et travestit ses émotions en mots. Avec elle, on est toujours au bord de la falaise des émotions et on se laisse volontiers tomber dans un vent de frissons.

Signaler ce texte