Chronique d'une mort ordinaire : Les Réfugiés

zez

Chronique qui n'apporte rien sur un sujet visité par de nombreux penseurs illustres...

 « Et tu crois ton intégration on y croit … « Kery James – Animalement Votre

 

Sur le papier j'ai atteint l'âge de la majorité à 18 ans… Malheureusement, ça n'a pas changé grand chose pour moi. Je vivais toujours chez Papa et Maman, j'avais la flemme de passer le permis, et j'étais étranger donc je ne votais pas. Non…. Attendez, pas exactement « étranger », j'étais réfugié, « réfugié iranien » pour être plus précis….

 

Si je fais une distinction entre le modeste statut « d'étranger » et celui de « réfugiés », c'est parce que jusqu'à une époque récente il faisait bon être réfugié, et plus particulièrement «réfugié iranien ». L'étranger est la victime directe du Front National, des railleries du bourrin de l'UMP, et même de l'exaspération du droiteux refoulé qui passe son temps à grogner dans une salle à moitié vide du Parti Socialiste. Oui l'étranger est la figure du bouc émissaire idéale.

 

Le réfugié aussi mais dans mon cas ça m'a sauvé. Car lorsque vous dites à quelqu'un que vous êtes iranien… Il écarquille les yeux l'espace d'un instant, vous dévisage pour voir si vous n'avez pas un bout de barbe qui dépasse, regarde derrière vous pour vérifier si une femme voilée ne vous accompagne pas, et il finit par vous palper le torse pour bien se rendre compte que vous ne portez pas de gilet explosif… Oui je sais vous êtes tolérant… Mais on est tous tolérant de loin. Moi même l'odeur de Marine Le Pen à la télévision ne me dérange pas du tout.

 

Lorsque vous ajoutez que vous êtes réfugié (à savoir non désirable dans votre pays) alors le visage blême que vous avez devant vous se détend et apparaît un sourire comme si votre interlocuteur avec son « ah bon… » si ordinaire voulait vous dire « ah toi aussi mon pote tu les détestes ».

 

C'est étrange depuis que des hordes de réfugiés débarquent des quatre coins du monde vers la France, le gaulois est beaucoup moins sensible à la question du réfugié. Après tout un illustre homme politique de l'UMP, honorable Ministre de L'Intérieur, n'avait-il pas déclaré à ce sujet : « Quand il y en a un ça va, c'est quand il y en a plusieurs que … ». Brice Hortefeux est un poète, et un bon vivant. Dans ce cas précis il parlait des «arabes ». Mais si vous me permettez un amalgame, nous, arabes, iraniens, syriens, irakiens,  sommes bien représentés du côté des réfugiés. Peut-être que pour une fois, le multiculturalisme a fait son œuvre…. C'est vrai qu'on a peut être tous un point commun. Nous sommes les enfants d'un monde en guerre !

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