Chronique familiale
martine-vignot
Sommaire
Introduction. 5
Les COTTE : originaires d'où ?. 6
ISTASSE Marie-Anne (1780-1822)8
JULIE Eugénie (1878- ????) enfant abandonnée, ép. ORY. 11
Le métier de vannier dans la Meuse. 33
Marie, Marcelle, Denise CONNETTE ép COTTE (1930-1935)35
Georges COTTE (1900-1975)44
Georges COTTE et la Gestapo en 39/45. 44
Georges COTTE et les rats d'égouts. 44
Georges et le tabac. 46
Gabriel COTTE (1920-2006)46
Gabriel, Martine et les Orphelins Apprentis d'Auteuil46
Orphelinat de Gabriel (les années 30). 47
Triste épisode aux Orphelins Apprentis d'Auteuil (2001). 56
Retour de Gabriel chez son père. 58
Un chat sauve la vie de Gabriel59
Gabriel COTTE travailleur S.T.O (1941-1945). 60
Le dossier de travailleur S.T.O DE Gabriel COTTE. 62
Gabriel revient d'Allemagne. 80
Simone et Paulette COTTE. 81
Orphelinat de Simone et Paulette COTTE (les années 30). 81
Traumatisme de Simone au décès de sa mère. 84
Simone et Paulette reviennent au 302 rue de Charenton. 85
Georges COTTE, les enfants et les études. 85
Lucien, fils de Henriette NEUKERMANS. 86
Début de vie professionnelle de Simone et Paulette (les années 40). 86
Eternels conflits et évolutions des générations. 88
Naissance de Lucienne fille de Paulette (1946). 89
Comment cacher à la famille que Paulette est fille-mère ?. 91
Mariage de Simone(1948). 91
Présentation de Robert Vignot à Georges, père de Simone. 95
Qui était réellement Georges COTTE ?. 96
Les décès des parents Georges COTTE et Henriette NEUKERMANS épouse COTTE. 96
Marcel René MAILLARD (1928-1960)96
La cabane au « vert galant ». 99
Les divers systèmes de logements ouviers. 99
Les petits-enfants de Georges et Denise. 102
La naissance de Martine 28.03.1950. 103
Le baptême de Martine 01.10.1950. 104
Le surnom d'Henriette. 104
Lucienne 1946-2014. 104
Impact psychologique des vacances 1954 sur Martine. 108
L'enfance de Lucienne 1956-1962. 109
Querelles de Georges et Henriette avec leurs enfants Simone et Gabriel111
L'importance de l'île d'Oléron dans ma vie. 112
L'ile dOléron au 21ème siècle. 117
L'amitié de Simone, Robert avec la famille LUTHIN (Villepreux). 121
La famille LUTHIN et madame BONOLAS dite ‘'tata Marie''123
Les premiers mois de Martine à Villepreux. 128
Première rentrée scolaire de Martine à Villepreux. 130
Lorsque Mireille prend le relais de Lucienne auprès de Simone et Robert. 130
L'utilisation de l'eau et l'hygiène. 134
L'affaire du lavoir de Villepreux. 134
La panique au village de Villepreux. 135
Divorce de Gabriel et Marthe. 135
Robert et Simone et leurs nièces et neveu autres que Lucienne et Mireille.136
Un jour de chance pour Mireille. 137
Décès de Marcel MAILLARD.. 138
‘'mots d'enfant'' de Michel138
Martine timide et révoltée. 138
1963 Le contrôle des freins de vélos et main cassée. 139
Orientation professionnelle de Martine. 140
L'éducation nationale de l'époque. 140
Comment Martine a appris que Henriette n'était pas sa grand-mère biologique. 141
La famille et les animaux. 143
les années collèges de Martine Vignot et la poésie. 148
Sélection de quelques-uns de mes poèmes. 155
Villepreux, village de souvenirs d'enfance. 160
Villepreux et son église Saint Germain. 161
Villepreux et Saint Vincent de Paul163
Villepreux et ses 2 châteaux. 167
L'école Pasteur à Villepreux. 171
L'assassinat de l'auberge des 3 maillets. 171
Le patronage du jeudi pour Martine et Mireille. 174
Le 24 rue Pasteur. 174
Conclusion sur Villepreux. 178
Les années 1970/80. 179
L'enfance de Thierry et Patricia. 179
Thierry et Patricia à notre mariage. 180
Martine, la stérilité et les enfants. 181
Les années 1980/90. 185
Résumé de la vie de Martine Vignot et Christian Gautier jusqu'en 1988. 185
Robert, Simone, Paulette et Jean à Teillé dans la Sarthe. 187
Le restaurant « l'agripaume ». 188
Retour en région parisienne de Martine et Christian. 190
Le chômage, le boulot et les lois de l'époque. 193
L'adolescence et le début de vie d'adulte de Thierry et Patricia. 195
Les années 1990/2000. 196
Retrouvailles avec Patricia. 196
Longue fâcherie de Martine et Mireille. 197
Où Martine voit la mort de très près.198
PSYCHOGENEALOGIE. 200
Introduction
Ce chapitre contient quelques anecdotes ou histoires qui traversent les générations à l'intérieur de la famille ainsi que des détails sur la vie de quelques ancêtres. Certaines sont le résultat de mes recherches mais pour beaucoup, ce sont soit des souvenirs de ma mère Simone soit mes propres souvenirs. Pour ce qui m'a précédé, ma mère Simone a accepté de faire appel à ses souvenirs et de répondre à mes questions. Paulette a refusé tout net, prétextant que cela ne servait à rien de remuer le passé et n'intéressait personne. Quant à Gabriel, il était déjà décédé lorsque j'ai commencé à faire de la généalogie. Vu son âge ma mère a fait de nombreux efforts de mémoire pour me raconter certaines choses mais pour d'autres elles étaient gravées dans sa mémoire et son cœur.
Ma mère en acceptant a ravivé certaines choses douloureuses pour son cœur, mais elle savait que le but était de transmettre aux générations futures.
Sachant tout cela, je tiens tout particulièrement, ici, à la remercier de sa collaboration, d'autant que pendant ses dernières années, elle a été, à part pour un ou deux, totalement abandonnée par ses neveu/nièces qui ne lui donnaient plus signe de vie.
Pour ce qui est contemporain, j'ai essayé de vous raconter mes souvenirs avec la plus grande neutralité possible. Mais, comme pour ma mère, certains évènements sont encore joyeux ou douloureux, en tout cas encore emprunts d'émotions et de sentiments. Comme tout un chacun, j'ai des blessures pas encore fermées ou qui ne se fermeront jamais. Il me sera donc difficile d'être totalement objective, même si je vais faire le maximum pour. Certains souvenirs avec le temps, se sont partiellement effacés, il se peut donc que le lecteur qui aura vécu ces moments avec moi, ne s'en rappelle pas comme moi ou ne l'ai pas ressenti de la même façon que moi. Je ne prétends pas détenir la vérité sur la mémoire familiale. Mon but est juste d'essayer que tout ne se perde pas au fil des générations.
Jeune, il est normal d'être totalement tourné vers l'avenir et lorsque vient l'âge où l'on se pose des questions sur sa famille, l'heure où l'on cherche des réponses à certaines questions, les anciennes générations ne sont plus là pour répondre ou ont oublié.
N'ayant pas de talent d'écrivaine, j'ai opté pour une narration sous la forme de petites histoires un peu comme j'aurai pu les raconter à mes enfants et petits-enfants au cours de conversations à bâtons rompus.
Il se peut donc que pour la bonne compréhension de certains chapitres vous trouviez des redondances. Je regrette de ne pas avoir pu ajouter à tout cela d'autres histoires de notre famille mais auxquels je n'ai pas participé, ce sera donc surtout le récit de ma vie et de celle de ma cousine Mireille. Je m'en excuse auprès des autres descendants de mes cousins/cousines qui pourront, chacun s'il le souhaite, demander à leurs parents de leur raconter ce que je ne sais pas.
Les COTTE : originaires d'où ?
Georges COTTE racontait à ses petits-enfants que le nom de COTTE avait été francisé. Il s'agissait en fait de KOT et nos ancêtres auraient fait partie des armées prussiennes. Il s'avère après recherches que ce patronyme a effectivement eut plusieurs orthographes : COTAZ, CôTE, COTTAZ puis COTTE. En remontant jusqu'au 17ème siècle, on s'aperçoit que l'origine est, pour ce qui est de nos ancêtres en ligne directe, le département de l'Isère et non la Prusse. Peut-être faudrait-il remonter plus loin ? A moins qu'il ne s'agisse d'une légende qui avait pour seul but de faire rêver les enfants.
Par contre, on retrouve toute une lignée de COTTE dans la Meuse. Les COTTE sont originaires de villages situés à moins de 30km des villages des ORY, patronyme maternel de Marie Marcelle Denise COTTE (épouse de Georges). ?? Certains villages ont même des COTTE et des ORY
Comment Georges, qui a toujours vécu à Paris 12e au 302 rue de Charenton, a-t-il rencontré son épouse dans la Meuse. ?? Etait-il chez des COTTE ??
La lignée des COTTE en Meuse a-t-elle des ancêtres communs avec les COTTE d'Isère ?
Je n'ai pas réussi à trouver des ancêtres communs entre les COTTE d'Isère et ceux de Meuse, mais j'ai inséré dans ce livre les descendants de Jean COTTE et Sébastienne MARCHAL car on y retrouve même un mariage en 1861 avec une ORY. Famille ORY habitant également dans des villages proches de Vaux les Palameix (village de ma grand-mère Marie Marcelle Denise CONNETTE et de ses ancêtres). Une énigme à résoudre.
ISTASSE Marie-Anne (1780-1822)
Marie-Anne était une ancêtre en ligne directe de Marcelle, Marie Denise CONNETTE épouse Georges COTTE. Marie-Anne était veuve depuis le 08 février 1822.
Lors de son hospitalisation elle était toujours domiciliée au Pré Saint Gervais (93) où elle avait habité avec son époux.
Elle a été hospitalisée à la Salpétrière à Paris le 29 mai 1822.
Ci-après la fiche d'entrée à l'hôpital.
En émargement de cette fiche d'entrée, il est écrit :
Aliénée, Chatain, Front haut, Yeux bleus, Nez long et plat, Bouche grande, Menton long
Visage long et pâle
Ainsi que ‘'ordre de police''
Fiche de sa sortie de l'hôpital après son décès, où il est précisé ‘'suite de suicide''
Le lieu de naissance de Marie-Anne ISTASSE a nécessité de longues recherches car il s'agissait non de Torgny sur cher, comme précisé sur l'acte de naissance de son fils en 1809, mais de Torgny sur chiers
Torgny, canton de Virton, arrondissement de Neufchateau, département des forests
Le département des Forêts fut un département français, du 1er octobre1795 à 1814, date de l'abdication de Napoléon Ier et de l'occupation alliée.
Le numéro du département était le 98.
Le décret de la Convention du 9 vendémiaire an IV unit Liège et les dix provinces de l'actuelle Belgique à la France. Il prévoit la division du pays en neuf départements dont la délimitation sera du ressort des seuls commissaires français. Ce décret prévoit encore la mise en place rapide des administrations départementales et municipales, des tribunaux. Tous les fonctionnaires devront être élus conformément à la Constitution.
Le département des Forêts comprenait la majeure partie de l'ancien duché de Luxembourg
L'arrêté du comité de salut public du 14 fructidor an III partagea l'ancien duché de Luxembourg entre trois départements :
Ledépartement de l'Ourthe reçut les cantons de Viel-Salm (aujourd'hui,Vielsalm), Rouland,Saint-Vith et Schleyden (aujourd'hui,Schleiden) ;Ledépartement de Sambre-et-Meuse reçut les cantons d'Orchimont,Saint-Hubert, Laroche (aujourd'hui,La Roche-en-Ardenne),Durbuy,Nassogne,Rochefort,Wellin et Marche (aujourd'hui,Marche-en-Famenne) ;Le département des Forêts comprit le reste de l'ancien duché de Luxembourg.
Il s'accrut d'une partie du duché de Bouillon.
Géographie
Il était borné :
au nord, par les départements deSambre-et-Meuse, de l'Ourthe et de laSarre ;à l'est, par le département de la Sarre ;au sud, par les départements de laMoselle, de laMeuse et desArdennes ;à l'ouest, par les départements des Ardennes et de Sambre-et-Meuse.
Son nom venait de la forêt des Ardennes, couvrant la majeure partie de son territoire.
Il correspond aux territoires actuels de la province du Luxembourg belge, du grand-duché de Luxembourg et de l'ouest de la Rhénanie-Palatinat.
Le 9 juin 1815, l'acte final du Congrès de Vienne le partagea entre Le Grand-duché de Luxembourg et le Royaume de Prusse.
Organisation
Il était divisé en quatre arrondissements :
Luxembourg : préfectureBitburg : sous-préfectureDiekirch : sous-préfectureNeufchâteau : sous-préfecture
Le 15 ventôse an X (6 mars 1802)[1], le département des Forêts fut divisé en vingt-huit cantons, portant le nom de leur chef-lieu dont le canton de Virton.
Virton est située à une distance de 190 km au sud-est de Bruxelles et de 44 km à l'ouest de la ville de Luxembourg. Virton est la capitale de la Gaume, région où la langue vernaculaire traditionnelle est le gaumais. La commune fait partie de la Lorraine belge, seule région géologique du Jurassique (Ère secondaire) de Belgique. Le Ton, un affluent de la Chiers, traverse la ville en bordure sud-est avant de prendre les eaux de laVire un peu plus au sud
Torgny est une section de la commune belge de Rouvroy située en Région wallonne dans la province de Luxembourg.
C'était une commune à part entière avant la fusion des communes de 1977.
Torgny est le village le plus méridional de Belgique. C'est aussi la localité belge la plus éloignée de Bruxelles, la capitale fédérale.
Torgny se situe à une distance de :
11 km deVirton ;38 km d'Arlon ;130 km deLiège ;150 km deNamur ;210 km deBruxelles ;315 km d'Ostende.
JULIE Eugénie (1878- ????) enfant abandonnée, ép. ORY
NDLR : Le dessin montre de JULIE Eugénie s'est mariée avec un ORY qui a des ancêtres communs avec nous, c'est pourquoi j'ai eu envie de lui consacrer ce chapitre. Le dossier de l'administration concernant la concernant porte le n°60004 comporte 96 pages. Je vais donc résumer ce dossier et sa pauvre vie et mettre quelques documents significatifs.
marié
françois ORY
marié
1781-1843
FRESCHARD
LESUISSE
Marie
jeanne
1791-1831
1797-1873
Jean-Baptiste ORY
Anne JEANDIN
Saintin ORY
Marie-Eugénie
1822-1893
1821-1883
1835-
MANGIN 1835-
François ORY
Marie Virginie
1846-
PICQUART
Arsène J.B
Louise Désirée
1860-1904
MENGIN
MENAGE
1841/1900
1851-1886
adoption
Marie-Joséphine
Nicolas CONNETTE
mariés
ORY 1878-
1872-1905
JULIE Eugénie
Marie Thérèse
1878-
Mathilde ORY
Marie Marcelle
Charles Alcide
1864-1931
Denise CONNETTE
ORY
mariés
1901-1935
1875-1916
ma grand-mère
0 an abandonnée dans un corridor
1879.01.21 vers 22h la concierge Madame Elise GERONNE née PAISTENOT, du 16 rue de Monge à Paris 5e entend un bébé pleurer. Elle trouve dans le corridor de l'immeuble un bébé d'environ 3 mois et appelle la police. C'est Arsène Jean-Baptiste MENGIN qui récupère l'enfant.
COPIE DU RAPPORT DE POLICE :
1879.01.22 l'enfant est admis à l'hospice des enfants assistés 1er bureau sous le n° 60004. Il est convenu qu'elle doit être née vers le 21.10.1878.
1879.01.24 Monsieur Arsène Jean-Baptiste MENGIN, gardien de la paix écrit pour demander d'adopter l'enfant. Il est marié depuis 1873 et ce couple n'a pas réussi à avoir un enfant.
8 ans sa mère adoptive décède le 22.12.1886
1887 Julie est envoyée à Vaux le palameix (55) chez la sœur Mengin où son père adoptif doit retourner vivre bientôt.
1888.11.20 Mr MENGIN adresse une lettre pour demander un travail à l'administration car il a du quitté Paris et a contracté des dettes. Ses revenus sont :
Pension 717 francs + traitement médaille militaire 100 francs. Il a également reçu une médaille gratuite de la société d'encouragement pour l'adoption
1889.02.18 Mr MENGIN demande pour la 1ere fois, une aide à l'administration de Paris. Jusqu'à présent sa femme et lui ont subvenu aux besoins de l'enfant sans rien demander. Sa femme est décédée depuis le 22/12/1886 et il a besoin de sa sœur pour s'occuper de l'enfant. Il vient de se trouver à la retraite et n'a plus que sa pension. Il a du quitter Paris. Il est retourné dans son village de Vaux-les-Palameix (55). Le maire, le curé et le conseiller général se portent garant de cet ex-gardien de la paix.
1889.03.04 Monsieur MENGIN se remarie avec Marie Thérèse Mathilde ORY à Vaux les palameix (55)
1890.04.02 : nouvelle demande de secours pour les frais de la 1ere communion. Demande refusée l'administration de Paris doit soupçonner que l'argent n'est pas pour l'enfant puisque les demandes n'ont débuté qu'aux environs du second mariage de Mr MENGIN. Motif du refus : impossibilité de contrôler la destination des fonds.
1890.08.17 nouvelle demande de secours pour la grande communion qui a lieu le 07.09. demande appuyée par le maire JACQUEMOT.
14 ans son père adoptif veut la ‘'rendre'' à l'administration
1892.08.15 lettre Mr MENGIN qui demande à l'administration de reprendre l'enfant car cela pose des problèmes avec sa nouvelle épouse qui est enceinte de son second enfant.
Eugénie a 14 ans et l'épouse 28 ans.
1892.08.19 nouvelle lettre de MANGIN pour rendre l'enfant
1892.08.30 nouvelle lettre de MENGIN mais veut maintenant garder l'enfant sa femme est d'accord.
1892.10.13 l'administration de Paris organise auprès des enfants assistés et abandonnés de Troyes, le retour de l'enfant dans l'administration, Elle sera replacée conformément à ses aptitudes. Le conseiller général P.SALMON précise dans une de ses lettres qu'Eugénie JULIE a obtenu son certificat d'études.
1892.10.20 C'est Eugénie dans une lettre écrite avec l'aide du maire, qui supplie l'administration de Paris de ne pas la reprendre. Elle est heureuse dans cette famille.
1892.10.29 Mr MENGIN envoie un télégramme pour confirmer que lui et son épouse veulent garder l'enfant.
1892.10.30 Mer MENGIN refuse de rendre l'enfant à l'administration
22 ans son père adoptif décède
1900.02.04 décès de Arsène Jean-Baptiste MENGIN. Eugénie n'a plus personne. La veuve de Mr MENGIN reste seule avec 2 enfants en bas-âge.
1900.02.25 Le maire JACQUEMOT de Vaux les Palameix rédige une lettre pour Eugénie destinée à l'administration pour expliquer la situation et demander de l'aide.
1900.03.02 Mr P.SALMON, envoie une lettre pour appuyer la demande de secours d'Eugénie et confirmer l'enquête de bonnes mœurs.
La division des enfants assistés de Paris donne son accord au conseil général de verser 100 francs qui lui seront remboursés dans le budget.
1901.10.09 Eugénie aidée par le maire écrit une lettre à Paris pour demander de l'aide en vue de son futur mariage. Le Maire y ajoute une appréciation de très bonnes mœurs. Une fois de plus Mr SALMON appuie la demande par lettre du 09.10.1901
1901.10.21 l'administration accepte une aide de 500 francs en guise de dot. La dépense du conseil général sera à imputer au budget hospitalier, sur le legs de Mr CROZET Mansart
1901.11.23 Elle se mariera avec le frère de la seconde épouse de son père adoptif Arsène Jean-Baptiste MENGIN.
1916.02.24 Son époux sera tué à Verdun ‘'mort pour la France''
37 ans elle est veuve de guerre
La vie de cette pauvre fille m'a émue, c'est ce qui m'a décidée à la mettre dans ce livre.
Le métier de vannier dans la Meuse
Il reste surtout des photos avec les hommes, les vannières travaillaient davantage à l'intérieur des maisons.
LA MEUSE : Les vanniers sont souvent des vannières. La vannière travaille assise sur le sol d'une pièce sans chauffage dans une atmosphère humide. Parfois un coussin améliore son assise. Devant elle, il y a l'établi, la sellette, sorte de planche sur quatre pieds et à la surface inclinée. L'outillage est réduit : un poinçon pour écarter les brins tressés, un fendoir pour fendre les plus grosses tiges et obtenir des éclisses, une batte pour tasser les rangs d'osier, un couteau. Plus récemment le sécateur viendra compléter cette panoplie.
Le véritable outil du vannier est ses mains. Agiles, précises, adroites, elles plieront les brins d'osier pour obtenir l'objet dont les formes et les volumes sont inscrits dans les mémoires. Efficacité et précision sont les maîtres mots de ce métier exigeant, car pour rester rentable, il faut produire beaucoup et vite.
Quelques prix (1906)
Une manne à pommes de terre : 1 F Deux paniers pour chevaux : 0,80 F
Un panier pour le marché : 1,20 F
La plupart de nos ancêtres originaires de la Meuse étaient vanniers, appelés sur certains actes ‘'fabricants de paniers''. Beaucoup de ORY dans le village de Vaux les Palameix.
Marie, Marcelle, Denise CONNETTE ép COTTE (1930-1935)
Il s'agit de notre grand-mère maternelle biologique. Elle avait eu une enfance pauvre dans un petit village de la Meuse où la principale activité était de fabriquer des paniers.
Son mari l'appelait Denise. Peut-être parce que Marie Marcelle étaient les prénoms de la sœur de son époux Georges décédée prématurément.
Il a fallu attendre le décès de son époux Georges en 1975, pour que l'on apprenne que Denise et lui avaient eu une 4ème enfant nommée Irène qui n'a vécu que 3 mois. Seule Paulette le savait grâce au livret de famille. Denise a accouché de son 1er enfant Gabriel, 2 jours après son mariage avec Georges. Georges était alors soldat.
Il semble que sa santé se soit dégradée assez rapidement alors qu'elle était encore jeune. A l'époque, elle buvait beaucoup, peut-être pour apaiser ses douleurs insupportables de la tête, peut-être parce qu'elle ne se remettait pas de la perte de sa fille, peut-être parce que le couple n'allait pas très bien. Mais aussi parce qu'elle avait du quitter son petit village de la Meuse où tout le monde était plus ou moins de la même famille pour se retrouver seule avec son mari et son fils dans cette grande ville qu'est Paris. Sa fille Simone se souvient de violentes disputes et bagarres entre ses parents évoquées dans d'autres paragraphes sur la vie de Gabriel et Simone.
Denise a été hospitalisée par 3 fois.
(recherches auprès des archives des hôpitaux entre 1929 et 1935)
1) Du 27.02.1930 au 02.03.1930 à l'hôpital Saint Antoine, soit 9 jours dans la salle ‘' Bichat'', la cause de l'hospitalisation est : hygromégalie (maladie inconnue aujourd'hui, recherches en cours pour connaitre le nom actuel). Pourrait être due à un mauvais coup reçu ?
2) Du 03.12.1931 au 06.01.1932 à l'hôpital de La Pitié, soit 34 jours en salle n°5. C'est au cours de cette période qu'elle a été opérée d'une tumeur au cerveau.
A l'époque, c'était une opération rare et très risquée. Seul L'hôpital de La Pitié à Paris pratiquait ce genre d'opération.
3) Du 04.01.1935.au 05.01.1935 à l'hôpital Saint Antoine, soit 2 jours dans la salle ‘'Hanot'' mais il n'y a pas de cause. Elle décèdera dans cet hôpital à l'issue de ces 2 jours.
Il se disait dans la famille qu'elle serait morte des suites de cette opération. C'est possible, ce qui voudrait dire qu'elle a passé les années entre l'opération (décembre 1931) et son décès (janvier 1935) dans de très mauvaises conditions de santé. Ce qui expliquerait le placement en pensionnat de ses enfants.
Cette photo de Marie Marcelle Denise CONNETTE épouse COTTE
est la seule qui lui ait survécu
Extrait du registre d'entrée 1930
Extrait du registre de sortie 1930
Extrait des fichiers de l'hôpital de La Pitié 1931/1932
Extrait registre 1935
Georges COTTE (1900-1975)
Georges COTTE et la Gestapo en 39/45
Histoire non confirmée (ce souvenir est très vague dans l'esprit de Simone) : ''Il aurait été arrêté par les allemands en 1943 alors qu'il revenait des obsèques de quelqu'un de la famille en zone libre. Il avait égaré son laissez-passer qui prouvait le but de son voyage..... Il a été relâché quelques heures plus tard après avoir retrouvé ce papier dans ses poches...
Histoire réelle vécue par sa fille Simone : A la ville de Paris, Georges était le chef d'Henriette et d'un voisin habitant rue Nicolaï. Ils étaient apparemment très amis. C'est avec le fils de cet employé qu'Henriette avait tenté de marier Simone (voir détail dans le paragraphe du mariage de Simone 1948). Or cet ‘'ami'' a dénoncé Georges à la Gestapo uniquement parce qu'il voulait prendre sa place de ''chef'' à la ville de Paris.
Après l'arrestation, Henriette NEUKERMANS courageusement est allée à la Gestapo avec des lettres de son fils Gabriel qui était parti ''volontaire'' pour le STO en Allemagne où il était boulanger. On verra le détail de ce départ dans le chapitre consacré à Gabriel au STO. Elle a aussi apporté des livres et a affirmé qu'ils étaient sympathisants des Allemands, pour tenter de le faire libérer car il devait être fusillé suite à la dénonciation. L'allemand avec un sourire narquois a montré à Henriette une pièce pleine de cartons en lui disant ''vous voyez ce sont toutes les lettres que nous recevons des charmants Français qui dénoncent d'autres Français''.
Henriette a finalement réussi à convaincre la gestapo qui a accepté de libérer Georges.
Simone sa fille, gardera toute sa vie l'image de son père à son retour. Elle raconte ''Je revenais du travail et ai vu mon père dans la cuisine, il était parti brun et en quelques jours il était revenu grisonnant, les cheveux tout blancs. Choquée, je n'ai su que lui dire « ah, tu es là ! Et je suis montée dans ma chambre »
Plus tard, l'employé qui l'avait dénoncé a été emporté par la résistance au château de Vincennes d'où il n'est jamais revenu…..
Georges COTTE et les rats d'égouts
Je réclamais souvent à notre grand-père l'histoire de son amitié avec les rats. Georges a un temps été égoutier. Il parcourait avec un collègue les égouts de Paris en barque pour contrôler les murs et l'écoulement des eaux usées. Il me racontait alors que les rats connaissaient le passage régulier des égoutiers. Et lorsqu'ils voulaient traverser d'un côté à l'autre de l'égout, ils attendaient. Mon grand-père m'expliquait qu'il était habillé avec des vestes en cuir, il courbait le dos sur la barque pour faire comme un pont, et les rats sautaient sur son dos pour passer de l'autre côté. Et lorsqu'il s'agissait d'un gros égout très large, les égoutiers mettaient leur barque de travers pour faciliter le passage des rats. Certains venaient même se faire caresser. Visiblement mon grand-père et ses collègues avaient une certaine affection pour ces compagnons de sous terre. Notre grand-père disait que jamais aucun égoutier ne fut mordu.
C'est grâce à lui que je n'ai jamais eu peur des rats et des souris car il m'expliquait .que l'histoire des rats mangeurs d'hommes n'était que légende. Très exceptionnellement, en cas de famines si les humains mangeaient du rat, ceux-ci pouvaient s'attaquer à des humains incapables de bouger suffisamment pour les éloigner : prisonniers, ivrognes ivres-morts, nourrissons, impotents. Mais en situation normale, le rat n'attaque l'homme -ou tout autre agresseur- que pour se défendre, s'il est acculé.
Le métier d'égoutier était très pénible et dangereux.
Un égoutier tombant dans cette eau pense d'abord à fermer la bouche. À peine repêché, il est toujours emmené aux urgences pour y subir un lavage d'estomac et des injections d'antibiotiques. Les acides et les combinaisons imprévues de produits chimiques jetés dans les égouts présentent un autre risque permanent. Toutefois, avant la loi Veil qui libéra l'avortement, les égoutiers craignaient surtout les fœtus décomposés
Les rats nettoient les gros détritus et empêchent ainsi partiellement les petites conduites de se boucher
Les rats sont extrêmement prudents. Ils manifestent une grande méfiance à l'égard des éléments nouveaux de leur environnement familier, pièges ou autres et évitent les aliments inconnus. C'est pourquoi leur élimination est si difficile. On a pu mettre en évidence l'existence, chez les bandes de rats, de véritables traditions qui peuvent se maintenir d'une génération à l'autre et s'étendre de proche en proche. La méfiance à l'égard des pièges en est l'exemple le plus connu.
Les rats d'égout vivent en bande (ou clan), une famille élargie issue d'une femelle. Cette véritable tribu peut compter de 10 à quelques centaines d'individus. Dans certaines conditions, les rats peuvent manger d'autres rats. Lorsque la nourriture est insuffisante et l'espace à disposition trop restreint, les jeunes peuvent être dévorés par des adultes. Les rats morts sont souvent mangés par les autres membres du clan. C'est une société très hiérarchisée.
Georges et le tabac
Georges était un gros fumeur. Simone se souvient que dès qu'elle n'avait plus rien à faire chez ses parents, elle roulait des cigarettes pendant des heures. En effet, à l'époque Georges n'achetait pas de cigarettes mais du papier et du tabac brun pour rouler lui-même ses cigarettes avec une petite machine. Il avait besoin chaque jour d'un ‘'gros stock'' car il allumait une cigarette le matin et ensuite allumait les suivantes avec le mégot de la précédente. Il fumait jour et nuit. Un jour, il devait déjà avoir 65 ou 70 ans, son médecin lui dit ‘'si vous continuez à fumer plus de 5 cigarettes par 24h, je vous enterre dans 2 ans'' Il a pris peur et a arrêté tout net, compensant par des bonbons. Il a mangé des kilos de bonbons et a fini par avoir du diabète ! Malgré son addiction au tabac pendant très longtemps, aucun de ses enfants n'a été fumeur. Mais sa petite-fille Lucienne a été grosse fumeuse. Même après sa 1ère opération du cancer du poumon, elle n'a pas réussi à s'arrêter complètement, ce n'est qu'après la 2ème opération après une récidive qu'elle a cessé totalement de fumer. Mais son cancer l'a finalement emporté. Ses 3 filles ont également été fumeuses à une époque.
En ce qui concerne l'enfance des enfants de Georges et Denise une grande partie a été racontée par Simone qui a répondu aux questions de sa fille Martine.
La vie de Gabriel est décrite à part de ses deux sœurs car il n'a pratiquement pas été élevé avec ses sœurs. Par contre le destin des 2 sœurs est étroitement lié dans l'enfance. Ce qui n'a pas empêché ensuite que Gabriel reste très proche de Simone.
Gabriel COTTE (1920-2006)
Gabriel, Martine et les Orphelins Apprentis d'Auteuil
Gabriel était ce que l'on appelait ‘'un enfant des rues''. Il trainait dans les rues avec un père au travail et une mère alcoolique et malade. Sa mère buvait trop et c'est souvent lui qui cassait les bouteilles de vin blanc que sa mère allait faire chercher à Simone. Il fut donc placé dans une institution qui s'occupait et s'occupe encore des ‘'enfants à rééduquer'' disait-on. !! ou des orphelins. Il a été très peu de temps élevé avec ses sœurs, probablement avant 1930.
Il s'agissait des ‘'Orphelins Apprentis d'Auteuil'' (devenu Apprentis d'Auteuil) une œuvre créée en 1866 par l'abbé Roussel et développée ensuite par le Père Brottier qui en a fait une association nationale reconnue d'utilité publique. Fondation qui dans les années 2000 s'occupe de près de 10 000 enfants de 3 à 21 ans. Il ne s'agit plus uniquement de garçons orphelins mais d'enfants en souffrance dont les parents ont de grosses difficultés ainsi que d'enfants délinquants placés par le juge des enfants, de plus il y a maintenant aussi des filles.
J'ai travaillé de 1996 à 2005 au siège social de cette fondation au 40 rue jean de la Fontaine à Paris 16e. C'est ainsi que j'ai pu retrouver le dossier de placement de Gabriel et ai permis à Gabriel de s'inscrire dans le club des anciens de la maison où il avait été placé à Priziac (56) en Bretagne.
Il a même été invité à venir visiter le siège et la maison Sainte Thérèse à Paris 16e où il avait été inscrit pour voir les archives et le musée.
Il m'a souvent remercié de lui avoir permis ses retrouvailles avec son enfance même si elle avait été douloureuse à bien des moments. Il aimait les moments où il recevait la revue de son internat de Priziac (56) et des nouvelles de quelques anciens copains.
C'est au cours de ces années que j'ai été en contact avec des cas terribles de situations d'enfants en souffrance et ai été formée aux méthodes psychologiques pour sortir ses enfants de leurs traumatismes. J'ai dû apprendre à prendre du recul vis-à-vis de certaines situations afin de ne pas nuire à mon propre équilibre. J'ai également appris le renoncement et l'humilité lorsque nous avions des cas d'échecs. En moyenne nous ne pouvions réinsérer que 60% de ces pauvres enfants. Ce fut pour moi une période très enrichissante.
Orphelinat de Gabriel (les années 30)
HISTORIQUE des Orphelins Apprentis d'Auteuil
Abbé ROUSSEL 1825-1897
Né à Paterne (72) le 05/12/1825. Prêtre en 1854 à ND des Victoires, il rejoint le 03/10/1856 les frères de St Vincent de Paul œuvre de M. LEPREVOST.
Il s'installe en 1859 à Grenelle (faubourg de Paris). Il quitte la congrégation des Frères de St Vincent de Paul le 17/11/1865 et achète une masure au 40 rue La Fontaine (actuel siège social de la Fondation) le 19/03/1866.
Il s'y installe avec une vingtaine d'enfants trouvés dans la rue qui se nourrissaient dans les poubelles. La vie s'organise dans des locaux vétustes qu'il faut aménager. Dès 1871, il commence à envoyer des enfants à la campagne dans la Sarthe.
En juillet 1871 début de l'apprentissage en cordonnerie et début de l'appellation
ORPHELINS APPRENTIS D'AUTEUIL (OAA). D'autres formations professionnelles viendront ensuite (imprimerie, jardins, etc…)
En 1878 une souscription du journal Le Figaro sauve l'œuvre.
Le 11/01/1897 l'abbé ROUSSEL décède et est inhumé dans le cimetière d'Auteuil. L'abbé Daniel FONTAINE lui succède, puis le père Daniel BROTTIER.
Père DANIEL BROTTIER 1876-1936
Né à Ferté St Cyr (18) le 07/09/1876. Après l'Afrique où il fait construire la cathédrale de Dakar (1911/1936), la guerre de 14/18 où il est soldat, c'est le cardinal Dubois qui demande en 1923 que la congrégation du St Esprit prenne en charge l'œuvre des OAA devenue exsangue, endettée et à bout de souffle.
C'est le père Daniel BROTTIER qui est nommé directeur général. C'est lui qui grâce à ses qualités de ‘'marketing'' et communication va développer l'œuvre et lui donner sa dimension nationale.
Il décède le 28/02/1936 et sera inhumé dans la chapelle Saint Thérèse au 40 rue La Fontaine (siège de la fondation). Chapelle qu'il a fait construire en 1923/1930 et qui contient des reliques de Sainte Thérèse (1873-1897) contemporaine et amie de l'abbé ROUSSEL.
Il est béatifié le 25/11/1984.
ORGANISATION
L'œuvre des Orphelins Apprentis d'Auteuil (OAA) est organisée et se déploie en ‘'maison''. C'est-à-dire grâce à l'annexion progressive de divers petits orphelinats et de grandes demeures voire châteaux légués à l'œuvre.
Dans les années 2000, les Orphelins Apprentis d'Auteuil (OAA) ont changé de nom pour s'appeler fondation d'Auteuil. Puis vers 2012, le nom est devenu apprentis d'Auteuil.
La « maison » où est placé Gabriel est créée en 1931 suite à un legs à la fondation :
Maison Saint Michel (Priziac - 56)
L'orphelinat en 2002 de Priziac (56) où a vécu Gabriel
Ci-après son dossier retrouvé dans les archives
La date d'entrée (12.01.1933) est la date de l'entrée en primaire à Priziac, mais est-ce la date d'entrée dans l'institution ? Peut-être pas.
Martine n'a pas réussi à obtenir ce renseignement.
Une énigme reste entière. Sur ce document, son père Georges est noté domicilié au 2 passage Menilmontant à Paris 11e. Or Georges est né au 302 rue de charenton Paris 12 et y a habité jusque dans les années 1970 avec sa seconde épouse Henriette NEUKERMANS.
On voit dans ce dossier, que Gabriel avait un « protecteur » c'est-à-dire quelqu'un qui assume en partie le rôle des parents, une sorte de parrain civil. On retrouve la composition de la famille du protecteur sur les recensements du 1931 et 1936 :
Le chef de famille Georges MORICE né en 1883 à Paris, sa femme Germaine née en 1897 à Paris et leurs enfants : Thérèse née en 1911, Bernard né en 1913 à Paris, Simone née en 1917
Composition identique de la famille sur le recensement de 1936 à l'exception de la fille Thérèse. En 1931 Georges MORICE est qualifié d'homme de lettres et en 1936 d'expert judiciaire, patron dans le 14e arrondissement.
En sortant de cette institution, Gabriel a été placé comme apprenti à 14 ans pour apprendre le métier de boulanger-pâtissier
Des cartes postales de la maison de Priziac (56) dans les années 30 : la chapelle et l'entrée du domaine
Des cartes postales de la maison de Priziac (56) dans les années 30
(peut-être Gabriel est-il présent sur une de ces cartes postales ??)
Les orphelins des années 30
Les orphelins en communiants dans les années 30
Triste épisode aux Orphelins Apprentis d'Auteuil (2001)
En mai 2001, la Fondation des orphelins apprentis d'Auteuil vient de révéler la mise en examen et l'incarcération pour "viols et agressions sexuelles sur mineurs par personne ayant autorité" d'un prêtre ayant exercé son ministère en son sein.
Enfin un enfant a eu le courage de briser la loi du silence. La plainte a été déposée auprès des services de police de Rouen par les parents d'un jeune garçon qui affirme avoir eu des relations sexuelles avec le prêtre, au domicile parisien de ce dernier, au cours des années 1999 et 2000. Le garçon, aujourd'hui âgé de 13 ans, a précisé avoir rencontré le prêtre à l'école, en avril 1999.
L'entrée de la Fondation-
Le prêtre, qui était notamment chargé de démarchage pour la fondation auprès des établissements scolaires, a reconnu les faits au cours de sa garde à vue. Depuis, deux autres personnes, extérieures à la fondation et aujourd'hui majeures, ont également indiqué avoir été victimes d'agressions sexuelles de la part de Jacques Daheron, 65 ans, alors qu'elles étaient mineures.
Les Orphelins apprentis d'Auteuil, qui ont annoncé leur intention de se porter partie civile pour avoir accès au dossier, ont décidé de mettre en place un dispositif d'aide et de soutien aux victimes qui viendraient à se manifester. Nous avons immédiatement organisé une conférence de presse afin de limiter les commentaires négatifs qui pourraient avoir un retentissement sur toute l'œuvre. La fondation des orphelins et apprentis d'Auteuil accueille à cette époque dans ses 32 établissements 4.500 enfants et jeunes de 6 à 21 ans en grande difficulté familiale et sociale, qui lui sont confiés soit par l'aide sociale à l'enfance, soit par le juge des enfants, soit par les familles. L'association grossit très vite. En 2016 il s'agit d'enfants majoritairement de 6 à 26 ans dans 200 établissements et 24 000 enfants et fratries. Le prêtre, qui a effectué tout son ministère à la fondation depuis son ordination en 1962, était en retraite depuis le début de l'année mais continuait à y effectuer quelques tâches de bénévolat.
Au siège de la Fondation où je travaillais ce fut la consternation et la stupéfaction. Je connaissais bien le père qui travaillait dans le bureau à côté du mien. C'était un très agréable collègue, sympa, toujours d'humeur égale, toujours prêt à rendre service. Comme nombre de mes collègues nous avons eu du mal à y croire et à nous remettre de cette annonce.
Procès en 2003 : résumé paru dans la presse :
Tête en avant et dos courbé, cet homme de 67 ans tend l'oreille, sa main en guise de cornet acoustique. Depuis hier et jusqu'à vendredi, le prêtre Jacques Daheron, ancien employé à la fondation des Orphelins apprentis d'Auteuil, comparaît devant les jurés de la cour d'assises de Paris pour viols et agressions sexuelles sur trois mineurs, des faits de pédophilie qu'il reconnaît et pour lesquels il encourt vingt ans de réclusion.
« Je recherchais de l'affection», s'excuse le prêtre, ordonné en 1962 et lui-même ancien pensionnaire de la fondation. En avril 2001, le témoignage d'un mineur victime d'attouchements avait permis de mettre fin aux agissements du prêtre. Les deux autres victimes, âgées aujourd'hui de 25 et 26 ans, mais adolescents à l'époque, ont pratiqué des fellations au prêtre à sa demande. A chaque fois, le mode opératoire était le même. Jacques Daheron ciblait une mère esseulée et démunie et prenait la place d'un père absent. Une aide financière pour la mère, des cadeaux - ordinateurs portables, vélo... – pour les enfants finissaient de tisser des liens. Cette stratégie était stigmatisée hier à l'audience par un ancien policier de la brigade de protection des mineurs, chargé à l'époque de l'enquête. C'est une stratégie qui relève du cas d'école tellement elle devient répétitive et caricaturale :aborder, puis séduire la mère, devenir un support affectif et moral pour profiter de cette autorité morale conférée par le parent. Selon l'enquêteur, nous nous trouvons face à « un prédateur sexuel ». Jacques Daheron préfère, lui, revenir sur sa condition d'accusé. La garde à vue ?« J'étais complètement perdu. Il y avait des cafards. » Ses deux années de détention préventive à Fleury-Mérogis ? « Une université de la haine. » Le témoignage de ses victimes, le traumatisme et ses conséquences sur leur vie affective, n'aura pas la même publicité. Elles ont été entendues à huis clos.
Cinq ans de prison ont été requis, hier en fin d'après-midi, aux assises de Paris, contre le Père Jacques Daheron, 67 ans, accusé de viols sur mineurs. Le prêtre avait auparavant passé trois jours sous le feu d'attaques virulentes des victimes présumées et des avocats des parties civiles. Ex-bénévole de la Fondation des orphelins d'Auteuil, le prêtre est poursuivi par trois victimes. Pour certaines d'entre elles, les faits remonteraient au début des années 80. Mercredi, un jeune garçon, né de père inconnu, avait témoigné de sa « haine pure et dure » en voyant son bourreau dans le box des accusés. Il avait indiqué, lors de l'instruction de l'affaire en 2001, avoir subi des attouchements et pratiqué des fellations au prêtre, à sa demande. Les faits auraient commencé alors qu'il était âgé d'une douzaine d'années. « Il m'a fait des cadeaux : une moto, un vélo, du matériel de sono. » En échange, la victime laissait faire. Hier, c'était au tour des avocats de monter au créneau. « Il recherchait la proie la plus facile, l'enfant le plus carencé, le reste est affaire de manoeuvres frauduleuses, a souligné l'avocat d'Enfance et partage. Face aux attaques, le Père Daheron gardait son regard obstinément fixé au sol.
Finalement, en 2003, le père Daheron sera condamné à 6 ans de prison ferme. Quant à la Fondation, elle sera condamnée en 2005 à 7500 euros en réparation du préjudice moral causé aux victimes considérant que Jacques Daheron avait « trouvé dans ses fonctions l'occasion et les moyens de sa faute »
L'église quant à elle, en vertu du droit canon, une fois la peine de prison purgée, enfermera le père à vie dans un monastère.
Déjà rompu aux problèmes d'inceste et de maltraitance côté victimes, nous, les employés de la Fondation avons longuement réfléchi sur la condition des adultes qui se livraient à ce genre de crimes, en essayant de comprendre sans juger. Sans excuser ces agissements, la conclusion unanime a été que la pédophilie et l'inceste sont pratiqués par des adultes qui ont avant tout besoin d'aide. S'il faut libérer la parole des victimes, stade indispensable, pour tenter une reconstruction des enfants, il faudrait aussi permettre aux adultes de parler de leurs pulsions afin qu'on les aide avant qu'ils ne passent à l'action. Ces prédateurs, comme les nomme le tribunal sont en fait des malades qu'il faut soigner avant qu'ils n'agissent. Ce religieux orphelin qui cherchait l'affection de ses collègues était en mal être et personne ne l'a entendu. Ce qui n'enlève rien à l'horreur de ses crimes. A cette époque, nous constatons que 80% des cas de pédophilie sont des cas de pédophilie à l'intérieur de la famille appelés inceste. Dans tous ces cas d'inceste, la famille et le plus souvent la mère lorsque l'auteur est le père, la mère se tait. Elle sait ou elle suppose mais ne veut pas y croire. C'est le déni total. On devrait davantage expliquer que la pédophilie est avant tout un trouble mental, donc une maladie. Et qu'en parlant de ce trouble la mère pourrait sauver à la fois son enfant et son mari. Déculpabiliser la mère ou le membre de la famille témoin, éviterait bien des drames. Une mère qui se tait n'est ni une mère indigne, ni coupable, c'est une mère qui souffre et qui a honte. Personne ne doit lui jeter la pierre, au contraire. Elle aussi est en souffrance. Dans ces cas, c'est l'ensemble de la famille qui doit être écoutée et aidée, comme cela se fait pour l'alcoolisme. Je forme l'espoir que notre société évoluera comme elle l'a fait pour les homosexuel(le)s et qu'un jour les concernés pourront sans honte dire ‘'aidez-moi j'ai des pulsions sexuelles envers les enfants''
J'ai été très troublée qu'après l'annonce de ce cas de pédophilie à la Fondation, des bienfaiteurs et bienfaitrices, souvent très âgé(e)s nous téléphonent pour nous dire qu'elles avaient subi ce genre de choses de la part d'un père, d'un oncle, d'un grand-père, d'un voisin, d'un instituteur,etc.
Certain(e)s s'étaient tu(e)s toute leur vie et avaient porté ce fardeau, d'autres avaient voulu en parler mais bien souvent s'étaient fait traiter de menteur(euse)s par la famille sans même qu'on essaie de trouver la vérité. Parfois même pour les faire taire certain(e)s avaient été éloigné(e)s de la famille et placé(e)s dans des institutions renforçant leur sentiment de culpabilité alors que c'étaient les vraies victimes. Ces confidences téléphoniques m'ont longtemps empêchée de dormir.
Retour de Gabriel chez son père
Lorsque Georges avec sa compagne Marguerite Henriette décide de reprendre les enfants à la maison, il loue un grenier 2 étages au dessus de leur appartement qu'ils transformeront en chambre et où couchera Gabriel. Les 2 filles coucheront dans la cuisine. On voit sur le recensement de 1936 du 302 rue de Charenton, que Marguerite Henriette FOURNAUX née NEUKERMANS habite déjà officiellement à cette adresse mais dans un autre numéro d'appartement. Est-ce le grenier transformé en chambre 2 étages au-dessus de l'appartement de Georges ? Henriette habite seule, son fils Lucien s'est marié le 29.06.1935.
On voit sur ce même recensement que Gabriel est rayé. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il vient peu souvent car il dort chez son patron boulanger, mais il est encore mineur ?.
ci-dessous extrait du recensement 1936 au 302 rue de Charenton
Pendant un temps, placé par Henriette NEUKERMANS qui n'était pas encore sa belle-mère, Gabriel a été coursier au journal ‘'Le Figaro'' entre la fin de son apprentissage et son entrée comme ouvrier dans une boulangerie.
A partir de ce que j'ai pu ‘'récolter'' au sujet de Gabriel, Paulette et ma mère ainsi que de mon vécu personnel, je peux dire que l'enfance de Gabriel, Simone et Paulette y compris celle de Lucien (fils de Marguerite Henriette NEUKERMANS), ressemblait exactement à ‘'VIPERE AU POING'' d'Hervé Bazin.
Une mère décédée jeune, un remariage, un père indifférent, une belle-mère autoritaire et violente.
Un chat sauve la vie de Gabriel
Gabriel aimait raconter comment un chat lui avait sauvé la vie. Lorsqu'il travaillait dans une boulangerie où il avait fait son apprentissage, il dormait chez son patron dans le pétrin en sous-sol, car il ne revenait que très rarement dans sa famille où il ne se sentait pas bien.
Une nuit le chat de la maison a sauté sur lui, lui griffant le visage en miaulant jusqu'à ce qu'il se réveille… La salle du pétrin était en feu. Gabriel prenant le chat dans ses bras a tout juste eu le temps de sortir de la pièce avant d'être atteint par les flammes et que la sortie ne devienne inaccessible. Réveillant son patron, ils ont réussi à arrêter le feu… Sans le chat, il se serait réveillé trop tard pour pouvoir gagner la sortie et s'extirper de ce sous-sol.
Gabriel COTTE travailleur S.T.O (1941-1945)
Gabriel a fini par être ‘'mis à la porte'' de cette boulangerie du fait qu'il avait ‘'mis enceinte'' la femme de son patron boulanger. Il naîtra (d'après Simone sœur de Gabriel) un garçon que Gabriel ne connaitra jamais. Il est alors parti en zone libre pour échapper au S.T.O et au service militaire. Mais une nuit alors qu'il travaillait dans le fournil chez un nouveau patron, il a été arrêté, soupçonné de résistance, et a été embarqué en Allemagne en mai 1941.
Le Service du Travail Obligatoire (STO)
En 1942, toute l'économie allemande est transformée en économie de guerre, toutes les usines d'armements fonctionnent 24/7 et requièrent beaucoup de main d'oeuvre qui sera, en premier lieu, effectuée par des Polonais, des Russes et des Tchèques. Un nouveau système est créé en Norvège en 1941, il s'agit du travail obligatoire.
Du volontariat au recrutement forcé
Dès 1942, Hitler exige de la France et de la Belgique des ouvriers qualifiés pour combler le manque de main d'oeuvre disponible en Allemagne (la majorité des jeunes hommes étant partis au front). Fritz Sauckel est nommé responsable du recrutement des ouvriers en mars 1942. Après la défaite de 1940, l'Allemagne avait exigée de la France une énorme contribution de guerre, la réquisition de sa production industrielle et agricole, maintenant, elle exigeait les Français eux-mêmes. Il y a eu plusieurs étapes avant que les ouvriers ne soient envoyés de force en Allemagne. En premier lieu, cette force ouvrière fut constituée de prisonniers de guerre, puis de volontaires (la propagande fut grandement utilisée à ce moment).
La "justification" du STO. Affiche réalisée
par les services de propagande allemands et vichystes
Les conditions d'occupation étaient très dures en France, et beaucoup d'ouvriers français virent dans le travail en Allemagne, un moyen de nourrir leurs familles. En juin 1942, les Allemands exigent le recrutement forcé de 350 000 travailleurs. A la fin du mois, la politique de la "relève" fut lancée, pour trois volontaires envoyés dans les usines allemandes, un prisonnier de guerre était libéré. Le 11 août 1942, Pierre Laval accueil le premier train de "relevés".
Cependant, les Allemands ne tiennent pas leur promesse et renvoient peu de prisonniers. La propagande n'eu pas l'effet escompté, et en décembre 1942, on ne compte que 240 000 Français dans les usines allemandes. C'est alors qu'un recensement général des travailleurs français est effectué, de plus, tous les inactifs doivent se trouver un emploi en France, sinon ils seront envoyés en Allemagne. A la toute fin de 1942, un décret de Sauckel lance le principe du travail obligatoire, celui-ci n'est valable que pour la zone occupée, mais Laval rédige un décret pour appliquer cette réforme en zone libre.
Affiche officielle de l'État Français pour la réquisition de la main d'oeuvre dans le cadre du STO. Amiens
Le 1er février 1943 une nouvelle loi stipule que tous les ouvriers français qui ne travail pas pour l'Allemagne peuvent être envoyés en Allemagne par train spécial, cette loi s'applique aux hommes de 16 à 60 ans et aux femmes sans enfants de 18 à 45 ans. Le 16 février, la loi sur le Service du Travail Obligatoire est appliquée et stipule que tous les jeunes gens nés en 1920, 1921 et 1922 peuvent être envoyés en Allemagne, qu'importe leurs qualifications. En juin 1943, Sauckel réclame 220 000 hommes, en août 500 000. Il finira par en exiger un million.
La France est le pays qui a fourni la plus grande main-d'œuvre à l'Allemagne durant la guerre 400 000 volontaires (qui furent souvent traités comme des traîtres en 1945),
650 000 envoyés de force, un million de prisonniers de guerre et un million qui travaillaient dans des usines françaises au service de l'Allemagne. Au total,
3 000 000 de Français travaillèrent pour la machine de guerre allemande, de gré ou de force.
L'exploitation de la main-d'œuvre française par le IIIe Reich a concerné des travailleurs obligatoires (« les requis du STO »), mais on vit aussi partir en Allemagne des travailleurs volontaires attirés par la rémunération, ou voulant faire revenir un parent proche. Ces volontaires ne furent ni mieux ni moins bien traités que les requis, mais contribuèrent dans l'opinion, après la guerre, à un amalgame fréquent et injustifié entre requis du STO et volontaires. Les ‘'requis'' du STO sont souvent des ouvriers qualifiés, mais aussi pour nombre d'entre eux des hommes raflés au hasard à la sortie d'une bouche de métro ou d'un cinéma ou comme Gabriel Eugène COTTE sur leur lieu de travail.
CI-DESSOUS
Le dossier de travailleur S.T.O DE Gabriel COTTE
Cette photo était dans le dossier
Gabriel revient d'Allemagne
A son retour d'Allemagne, probablement en juin 1945 d'après une fiche de rapatriement trouvée dans son dossier STO, Gabriel revient chez ses parents au 302 rue de charenton pour découvrir que les parents ont dépensé, sans lui dire, ses économies pour faire des travaux d'électricité dans l'appartement. Furieux, il part en claquant la porte et coupe tout contact avec sa famille. Totalement seul, sans boulot, sans logement, il se souvient de son copain d'Allemagne Henri CAQUELARD. Il ‘'débarque'' chez lui au 60 rue Henry Litoff à Colombes. Gabriel ne parlait jamais de l'Allemagne, on sait seulement qu'Henri et lui étaient devenus de très bons copains en Allemagne et qu'ils avaient décidé de rester en contact à leur retour en France. Gabriel s'installe alors au 2 rue de la liberté à Colombes. La fille d'Henri, Marthe CAQUELARD est divorcée depuis 1940 et a une fille de 9 ans prénommée Nicole. Marthe est de santé très fragile.
Bien que pas vraiment amoureux, sous la pression des époux CAQUELARD et se sentant redevable, Gabriel épouse Marthe en octobre 1946. Ils habiteront au 2 rue de la liberté à Colombes. Ils auront peu de temps de vie commune du fait de la mauvaise santé de Marthe. Mais ne divorceront qu'en mai 1963, car Marthe n'est pas en état de pouvoir légalement divorcer.
Gabriel ne se remariera jamais et vivra en concubinage avec Jeannine CICHOSKA qu'il a connu bien avant son divorce, mais ‘'chacun chez soi'' la plupart du temps. Car Gabriel est avant tout un solitaire. Tout comme ses 2 sœurs, on dira d'eux qu'ils n'ont pas l'esprit de famille. Il faut dire que leur enfance ne leur a pas permis d'apprendre à exprimer leurs sentiments. Les 3, sevrés d'amour dans leur enfance, derrière une façade, cachaient une extrême sensibilité et un grand besoin d'être aimés.
Simone, qui s'entendait si bien avec son frère, ne comprendra jamais pourquoi sa nièce Mireille a cessé de lui donner des nouvelles et surtout ne l'a pas avertie de la mort en 2006 de son frère Gabriel. Cette attitude brisera le cœur de Simone qui ne pardonnera jamais l'ingratitude de cette nièce qu'elle avait aimée et aidée dans bien des cas que l'on verra plus loin.
Simone et Paulette COTTE
Simone se souvient de violentes bagarres entre son père et sa mère. Comme Gabriel elle se souvient aussi que c'est son frère qui lui arrachait des mains les bouteilles de vin blanc que sa mère lui avait demandé de rapporter et qu'il les cassait sur le bord du trottoir. C'était avant 1930, les enfants avaient respectivement 10 ans, 6 ans et 5 ans….Etait-ce au cours de la sortie des filles de la pension le week-end ou avant leur placement ?
Simone et Paulette ne se souviennent pas à quelle date elles sont entrées ‘'chez les sœurs''. Simone pense qu'elles étaient très jeunes. Simone pense aussi que son frère Gabriel aurait été placé avant elles. Mais la chronologie de ses souvenirs n'est pas compatible avec la date d'entrée supposée de Gabriel à l'orphelinat ?
Les circonstances laissent à penser qu'elles n'avaient pas plus de 4 à 5 ans. A la « pension », tout se passe bien même si les sœurs sont autoritaires. Simone est une enfant calme et disciplinée au contraire de sa sœur espiègle et rebelle. Simone use souvent de subterfuge pour éviter que sa sœur ne soit punie. Parfois elle se fait accuser à la place de Paulette, mais souvent les sœurs ne sont pas dupes.
Orphelinat de Simone et Paulette COTTE (les années 30)
On ne sait pas si c'est parce que leur mère était très malade ou parce qu'elle buvait, ou comme Simone le pensait parce que Henriette était déjà ‘'entrée'' dans la vie de Georges, que Paulette et Simone ont été placées très jeunes ‘'en pension'' dans un orphelinat géré par des sœurs St Vincent de Paul situé au 21 rue Mongenot à Saint Mandé (seine).
Comme écrit en préface, les générations descendantes n'ont pas le droit de juger :
Denise buvait-elle parce que Georges la trompait ?
Georges trompait-il sa femme parce qu'elle buvait ?
Denise buvait-elle parce que malade, elle souffrait ?
Historique de l'orphelinat
L'abbé CHOSSOTE resta pendant 34 ans curé de St mandé, jusqu'à sa mort en 1865.
Son œuvre la plus importante fut de fonder en 1853, un orphelinat auquel seront adjoints : un ouvroir, une école de filles, un atelier d'apprentissage et même une pharmacie qui, sur ordonnance médicale, fournissaient gratuitement les médicaments aux indigents. L'établissement situé d'abord avenue Bel-air (actuelle avenue de St Mandé à Paris) fut transféré, tout au moins en ce qui concerne l'orphelinat au 21 rue Mongenot après l'annexion en 1860. Il était géré par les sœurs Saint Vincent de Paul, qui demeurèrent à Saint Mandé pendant un siècle. Après sa mort, il fut accordé à l'abbé CHOSSOTE, à titre d'hommage public, une concession de sépulture gratuite et perpétuelle dans le cimetière communal.
Rue Mongenot au 19ème siècle
Rue Mongenot au 19ème siècle
Historique du quartier de la rue Mongenot
Rue Mongenot : La rue Mongenot s'est d'abord appelée chemin des charbonniers ou du bel-air. C'est en bordure de cette voie que Jacques PETITMAIRE fit construire la propriété à laquelle il donna le nom de Bel-air. Elle englobait la majeure partie de ce qui est devenu l'Institut départemental des Aveugles. Jusqu'en1884, la rue Mongenot débutait au bd des maréchaux , général SOULT dans le 12e devenue rue de Niger. En 1926 - avec l'annexion du Bois de Vincennes à Paris 12e , modification du cadastre. En 1960 avec le creusement du périphérique, le chemin perpendiculaire à l'angle de la rue Mongenot où se trouve la plaque (ci-dessous) est devenu bd de la Guyane.les n° pairs sont à St Mandé., l'autre côté sans habitation est à Paris 12e. Sur le guide des banlieues, cette rue est actuellement à St Mandé.
L'institut départemental des aveugles (toujours là en 2016) occupe les numéros 7 à 19 de la rue Mongenot. Quant au 21 où se situait l'orphelinat, un nouvel immeuble a été construit.
Malgré de très nombreuses recherches je n'ai pas réussi à retrouver où se situaient les archives de ce pensionnat qui a fermé en 1960. J'aurais aimé y retrouver des photos de l'époque, les dossiers de ma mère Simone et ma tante Paulette comme j'ai pu le faire avec l'orphelinat de mon oncle, leur frère, Gabriel.
A l'approche de la communion de Simone, elle a 11 ans, les sœurs ‘'à cornettes'' décident que Simone a toutes les qualités pour devenir sœur.
Elle est très pieuse, sage et réservée.
Simone refuse.
Au sein de l'orphelinat on l'a dit ‘'habitée par le diable''.
La mère supérieure la punit.
Les sœurs essayent par tous les moyens de lui faire changer d'avis.
Elle passera des heures entières, sur le sol à plat ventre, les bras en croix et la face contre terre dans l'église de l'orphelinat.
Malgré cela elle ne changera pas d'avis.
Elle ne cèdera pas.
Cet épisode aura pour conséquence que Simone bien que restée croyante, deviendra très critique vis-à-vis l'autorité de l'église que désormais elle refusera.
Traumatisme de Simone au décès de sa mère
Au printemps 1935, pour sa communion son père l'a ‘'sortie'' sans sa sœur de l'orphelinat de Saint Mandé.
Lorsqu'elle arrive à l'appartement de ses parents au 302 rue de Charenton, elle voit une femme à la place de sa mère, c'était Marguerite Henriette NEUKERMANS (veuve FOURNAUX). Personne ne lui a dit que sa mère est décédée en janvier de cette même année. Elle a 11 ans, très choquée, c'est ce jour-là qu'elle a décidé qu'elle n'appellerait jamais la compagne de son père ‘'maman''. Lorsqu'elle raconte cette anecdote, à 88 ans, la blessure n'est pas refermée et c'est avec une vive émotion qu'elle en parle 77 ans plus tard. A l'époque on se souciait peu des états d'âmes des enfants.
Simone se souvient que les rares fois où son père vient à l'orphelinat pour qu'elle passe avec sa sœur Paulette une journée chez lui, elle est heureuse de revenir à l'orphelinat tant l'atmosphère de la maison est irrespirable. Seul Lucien le fils de Marguerite, lorsqu'il est là, se conduit comme un grand frère avec elles. Il a une dizaine d'années de plus que Simone et Paulette.
Simone et Paulette reviennent au 302 rue de Charenton
Puis c'est la décision de Georges et Henriette de reprendre les enfants avec eux. Mais Henriette émet 2 conditions : Elle dit : ‘'Gabriel âgé de 15 ans devra rester le plus possible chez ses patrons car je ne veux pas qu'il soit une bouche à nourrir''. Quant aux filles âgées de 10 et 11 ans, elle dit ‘'Je veux bien des filles si Simone s'occupe de sa sœur, je n'aurai pas le temps et surtout dès 13 ans au boulot !''.
Commence alors une vie de famille pour Gabriel, Simone et Paulette, qui s'apparente à ‘'VIPERE AU POING'' d'Hervé Bazin.
Une mère décédée jeune, un remariage, un père indifférent, une belle-mère autoritaire et violente.
Lucien FOURNAUX, fils d'Henriette et sa mère racontaient qu'elle n'avait jamais acheté de martinet car elle connaissait sa violence et avait peur de défigurer son fils dans un accès de colère.
Pour ces enfants, la vie n'est pas plus supportable que celle de l'orphelinat.
Comme expliqué dans le chapitre de Gabriel, Georges et sa compagne Marguerite Henriette décident que Gabriel couchera dans le ‘'grenier'' 2 étages au-dessus. Les 2 filles coucheront dans la cuisine.
Les filles se lèvent à 4h du matin pour faire le ménage à fond chaque jour. Elles vont aussi faire les courses avant d'aller à l'école.
Lorsqu'elles sont à la maison, les 2 filles n'ont pas le droit de rester à rien faire ou de jouer.
A la moindre bêtise elles sont frappées parfois avec un manche à balai, elles sont trainées par les cheveux. Face à la violence de Marguerite Henriette envers les filles, Georges ne dit rien. Simone se souvient de son père lisant son journal dans son fauteuil et n'intervenant jamais pendant que Marguerite Henriette NEUKERMANS sa compagne (ils se marièrent en 1949) organisait ces séances de punitions qu'elles soient de violence ou de suppression de nourriture. Seul, Lucien le fils de Marguerite, prenait parti lorsqu'il était là, car lui aussi avait souffert de ces mêmes traitements, et ses rapports avec sa mère étaient plus que froids.
Pendant longtemps, Simone en a voulu à son père de cette attitude indifférente.
Bien plus tard, les médecins expliqueront à Simone que ses problèmes de dos sont dus aux suites de traumatismes liés aux coups qu'enfant, elle a reçus, alors que son squelette n'était pas encore consolidé.
Georges COTTE, les enfants et les études
Georges en plus de son travail à la ville de Paris, prend des cours et étudie beaucoup pour réaliser son rêve qui, depuis toujours, est de devenir ingénieur des mines et construire des ponts. Il est pour le moment chef cantonnier à la ville de Paris. Il n'a pas pu poursuivre ses études puisqu'il a du se marier à 20 ans, encore soldat, avec Denise CONNETTE, la mère de ses enfants qu'il avait mise enceinte de Gabriel.
Sur le sujet de l'instruction s'est établi une certaine complicité entre Simone et Georges.
Simone est bonne élève et a soif d'apprendre. Elle aime les moments où son père accepte de lui faire faire des dictées ou de lui enseigner des choses. Pendant ce temps là Paulette ne pense qu'à s'amuser. Lorsque bien plus tard, Simone lui demandera comment elle faisait pour ne pas être punie avec un carnet scolaire si nul, elle expliquera qu'elle décalquait la signature de son père et donc qu'il ne voyait jamais ses résultats. Georges ne peut pas ne pas s'en être aperçu. Mais il n'en a jamais parlé, et Henriette ne s'occupait pas des résultats scolaires. Peut-être que Georges essayait d'éviter une séance de sévices auxquels Paulette aurait eu droit si Henriette avait eu connaissance de sa supercherie. ? Quant à Gabriel, qui avait passé plus de temps dans les rues qu'à l'école, Simone ne se souvient pas si ce sont les circonstances ou si c'est parce qu'il n'aimait pas l'école qu'il a choisi le métier de boulanger.
En 1937, Paulette a 12 ans et se fait ‘'virer'' de l'école pour insolence et avoir dansé sur les tables pendant les cours. Elle est encore trop jeune pour avoir le droit de travailler, Henriette envoie Paulette chez une de ses sœurs pour finir sa scolarité pendant 1 an.
Simone en a 13 et doit travailler.
Marguerite (Henriette) répète sans cesse 'il faut gagner ce que je vous sers à manger''. Pourtant pour ce qui est du quotidien, les filles contribuent largement puisque ce sont elles qui font le reste (ménage, lavage, repassage, raccommodage, commissions, etc)
Lucien, fils de Henriette NEUKERMANS
Le 29.06.1935, Lucien FOURNAUX (né en 1913), fils d'Henriette, épouse une prostituée connue un an plus tôt lors de son service militaire. C'est Georgette CHEVILLOTTE née en 1911 qui est mariée avec 2 enfants. Son mari la bat et c'est lui qui l'a mise sur le trottoir. Lucien réussit à faire déchoir cet homme de ses droits paternels et adoptera les 2 enfants, après le divorce de celle-ci, et leur mariage. Simone aime beaucoup cette femme de 13 ans son ainée qui est très gentille et douce, et les consolera elle et Paulette bien souvent. Simone disait à Georgette ‘'j'aurai aimé que tu sois ma mère''. Simone et Paulette ont toujours beaucoup aimé Lucien qui s'occupait bien d'elles lorsqu'il venait voir sa mère.
Il était gardien de la paix comme on disait alors. Georgette décèdera d'un cancer en 1949 et Lucien se tuera avec son arme de service en 1954.
Plus de détails dans la partie ‘'généalogie NEUKERMANS''
Début de vie professionnelle de Simone et Paulette (les années 40)
Simone âgée de 13 ans en 1937, est donc rapidement placée comme vendeuse dans un magasin d'épicerie fine.
Mais ses patrons ont fermé boutique pour partir en province peu avant le début de la guerre en 39. Comme Simone passe chaque matin vers 5h avec Henriette pour faire les courses (eh oui, à cette époque-là les métiers de bouche ouvraient très tôt), un matin, une crémière (dans le bas de la rue de Charenton) les abordent en disant ‘'je vous vois passer chaque matin devant ma boutique, cette petite n'a pas de travail ?, je cherche une vendeuse''. Simone est aussitôt embauchée. Elle sut plus tard que cette crémière avait compris la vie dure que menait Simone, et qu'elle lui faisait de la peine.
Simone a précieusement gardé ce petit mot de Madame PERRIER
La boutique est tenue par Madame PERRIER. Son mari est parti à la guerre. Ce sera pour Simone une amie et même un peu une seconde maman. Elle lui a appris le métier et la soutenue lorsque la vie n'était pas toujours facile à la maison.
Simone garde un excellent souvenir de cette période et de son travail.
C'est dans cette boutique que Simone (16 ans) a rencontré Robert (dès 1940) qui allait devenir son mari en 1948. Il venait faire les courses avec sa mère. Robert, ses parents et son frère habitaient au 321 rue de Charenton.
Tout le quartier se connaissait comme dans un petit village. Pendant la guerre, il arrivait même que Henriette et la mère de Robert échangent des tickets de rationnement de poissons car les VIGNOT en mangeaient mais pas les COTTE.
Mais un jour Henriette s'est fâchée avec la mère de Robert, pour une histoire de tickets.
Elles ne se sont plus jamais parlé.
Lorsque le mari de Madame PERRIER est revenu de la guerre, ils ont vendu la boutique et sont partis en province. Simone les a beaucoup regrettés et de ne les a jamais revus
Lorsque Paulette a aussi eu 13 ans en 1938, elle est entrée comme ouvrière à l'usine JAEGER. Elle est restée chez son père et Henriette, jusqu'en 1943, date où elle claque la porte de chez ses parents. Henriette lui a fait dévaler les 2 étages qui séparent la chambre du haut avec l'appartement en la trainant par la natte de cheveux. Elle a les genoux en sang. Une fois ‘'l'orage'' passé, Paulette fera en cachette sa valise et quittera le domicile de ses parents avec l'aide d'une collègue d'usine. Elle n'y reviendra que fin 1946 (voir naissance de Lucienne).
Paulette travaille à l'usine JAEGER, jusqu'en 1951 date de son mariage. C'est une jeune femme gaie, pleine d'insouciance. Elle a une envie folle de profiter de la vie et de sa jeunesse. Elle a raison d'en profiter car elle se retrouvera veuve à 35 ans avec 3 enfants en bas âge ce qui lui fera vivre des années très difficiles. Elle travaillera ensuite jusqu'à sa retraite dans les hôpitaux de Paris. Elle a toujours travaillé ‘'dur'', courageuse au travail avec comme seul but = le bonheur de ses enfants et qu'ils ne manquent de rien.
Après son veuvage, Paulette vivra sans se remarier avec Jean (dit Jeannot) SERGENT jusqu'au décès de ce dernier en 1993 dans la Sarthe.
Simone, quant à elle, restera habiter au 302 rue de Charenton jusqu'à son mariage en 1948. Après le départ de ses patrons en 1945, Simone passe plusieurs mois sans travail. Elle s'occupe alors de Lucienne pendant que sa sœur est à l'usine. Elle l'emmène au square, joue avec, prépare ses repas, etc…..Simone garde de ces journées, seule avec Lucienne un merveilleux souvenir de calme, de sérénité et de tendresse.
Lorsqu'une place se libère dans l'usine JAEGER, Simone y rejoint sa sœur. C'est Henriette qui s'occupera totalement de Lucienne.
Simone restera dans cette usine jusqu'à la naissance de sa fille Martine en 1950. Elle a ensuite fait de la confection à domicile pour pouvoir s'occuper de Martine qui était de santé très fragile. Elle a cousu pendant des heures, des brassières, des culottes de judo, des soutiens-gorges, elle a tressé des chaussures, etc. Ce travail était dur et peu rémunéré. Plus tard, en 1964, elle reprendra un commerce de tabac, maison de la presse et ensuite sera vendeuse dans une papeterie, librairie.
Tout le temps que Simone et Paulette ont habité chez Georges et Henriette, elles ont dû demander d'être payées à la semaine au lieu du mois. Henriette exigeait cela car elle disait ne pas vouloir risquer qu'une d'elle ‘'se barre'' avec le mois de salaire, comme l'avait fait Paulette en 1943. Elle leur prenait la totalité de l'argent sans leur donner le moindre sou. ‘'Cela paye à peine ce que vous nous coutez'' disait-elle. Les filles devaient ‘'mendier'' un peu d'argent auprès de leur père pour pouvoir payer le transport vers leur usine.
Eternels conflits et évolutions des générations
Face à l'évolution de la société qui va de plus en plus vite, on rencontre au cours de sa vie une foule d'incompréhension entre les générations.
Mon grand-père paternel Maurice VIGNOT appartenait à une génération où le fossé entre enfant et ses parents était encore faible. Mais lorsque mon père Robert a eu envie d'aider ma mère, un jour, Maurice voyant son fils Robert en train de me langer, s'écria sur un gros ton de reproche : « ce n'est pas ton rôle, ce n'est pas à un homme à s'abaisser à faire cela ». Pour l'anecdote mes parents ont beaucoup ri lorsque me soulevant, le lange est tombé par terre parce que pas assez serré. Mais mon grand-père ne riait pas du tout.
A contrario, mon grand-père estimait qu'une femme ne doit pas travailler. Son mari doit se débrouiller pour gagner assez d'argent pour nourrir sa famille. Par fierté, mon père était de cet avis et profitant du fait que j'étais une enfant fragile, lorsque ma mère fut remise de son accouchement près de 2 ans plus tard, il n'a pas voulu qu'elle retourne à l'usine. Ma mère n'aimait pas ce travail d'usine et resta volontiers à la maison en trouvant du travail de confection à domicile. Elle a passé des longues journées assise devant sa machine à coudre, travail très mal rémunéré. Pour elle, resté à ne rien faire était impossible après une enfance sans une seule minute pour rêver. Simone aurait aimé reprendre un travail dans le commerce, mais Robert ne voulait pas. Ce n'est que lorsque j'ai eu 14 ans que ma mère a trouvé une opportunité de s'occuper du kiosque tabac-journaux d'un couple d'amis. Ce kiosque était situé à 20 mètres du porche de notre immeuble. Là encore les horaires étaient rudes mais elle adorait ce contact avec la clientèle…
Pour revenir aux conflits de générations, mes parents ont du faire preuve de caractère mais avec diplomatie pour ne pas se fâcher avec mes grands-parents surtout sur 2 points :
Lorsqu'en 1956, las de faire des économies pour se loger et voyant que plus ils économisaient plus les prix augmentaient, ils ont décidé d'acheter une voiture. C'était une 4CV couleur beige tourterelle. Leur but était de pouvoir partir en vacances plus facilement et aller se promener les week-ends en forêt ou voir des amis et de la famille. Mon grand-père les a traité de fous, car à l'époque peut de gens avaient un véhicule..Mon grand-père qui n'a jamais eu de permis de conduire ni de voiture n'en voyait pas l'utilité.
Heureusement, ils furent soutenus par le parrain et la marraine de Robert ainsi que par Georges le père de Simone qui avaient tous deux une voiture depuis longtemps.
Puis en 1960, lorsque mes parents décidèrent de devenir copropriétaire d'un appartement, là aussi mon grand-père Maurice estimait que seuls les riches étaient propriétaires.
Là encore, ils furent soutenus moralement par Georges, bien que lui ait toujours été en location, il avait des propriétaires terriens dans la famille.
Chacun réagit en fonction de son environnement familial et de son éducation.
Chaque génération a ses évolutions et modifications de comportements, liés à l'environnement et au monde qui change autour d'eux, qui ne sont pas forcément acceptés et compris par les générations précédentes. Seuls la tolérance, le respect, la diplomatie et l'amour filial réciproques permettent d'éviter les fâcheries et aide à vivre tout de même en bonne harmonie
Naissance de Lucienne fille de Paulette (1946)
Paulette avait fui le domicile de ses parents à 18 ans (en 1943) et coupé toute relation avec eux, il n'y a qu'avec Simone qu'elle avait gardé des liens étroits. Elle habitait un appartement à Levallois-Perret au 42 rue greffulhe, que lui avait trouvé une copine d'usine. Paulette était une jolie jeune fille qui aimait séduire et s'amuser. Elle vivait seule.
Lors d'une sortie elle rencontra à Paris un marin en permission. C'était la guerre, elle se retrouva enceinte.
Simone, sa sœur, était restée chez les parents au 302 rue de Charenton à Paris 12e mais ne rentrait que pour dormir dans la chambre du haut et donc elle croisait peu ses parents. Elle passait les heures en dehors de son travail chez Maurice et Fernande VIGNOT les parents de son futur mari au 321 rue de Charenton. Elle s'est d'ailleurs mariée en septembre 1948 en cachette de ses parents (voir chapitre).
Les 2 sœurs, très proches, se voyaient et s'écrivaient souvent. En juillet 45, Paulette a avertie sa sœur qu'elle était enceinte. C'était un secret entre elles deux. Paulette a donné à Simone une photo d'elle et du futur père de Lucienne : un marin nommé René MONTEIL qui était, disait-elle, originaire de Saint Sulpice le Guéretois dans la Creuse et en attente de démobilisation à Paris. Elle ne voulait pas faire sa vie avec lui.
Mais à cette époque une fille-mère avait la vie très difficile. Il n'y avait pas d'aide. Ces jeunes femmes qui avaient ‘'fauté'' était rejetées par toute la société.
Simone s'était donné comme objectif de faire revenir Paulette chez ses parents, même si Paulette avait très peur de revenir. Apeurée elle répétait sans cesse ‘'elle va encore me frapper''. Mais que faire seule avec un bébé et le travail ?
Un jour, Henriette NEUKERMANS, en fouillant dans la chambre de Simone (et oui, elle ‘'fliquait'' toujours même si Simone était majeure), a trouvé la photo que cachait Simone et la confisquée, c'est là que, très en colère, Simone lui a appris que Paulette était enceinte. Henriette n'a fait aucun commentaire et a claqué la porte. A son retour du boulot, Georges, apprenant la nouvelle, est resté de marbre.
Vers la fin de sa grossesse Paulette avait trouvé un travail à l'hôpital où elle accoucha.
A droite entrée de l'hôpital Saint Louis où a travaillé Paulette et où est née sa fille Lucienne
Aussitôt elle a prévenu sa sœur. Georges leur père était au travail, Simone a alors réveillé Henriette (elle travaillait de nuit) en lui disant ‘'tu es grand-mère d'une petite Lucienne''. Simone fut alors surprise de voir l'émotion dans les yeux d'Henriette. Simone du faire preuve de beaucoup de persuasion et de diplomatie mais Henriette finit par dire ‘'Je veux bien qu'elle revienne à la maison avec sa môme, mais sans son marin, sinon je les fous dehors''. C'est ainsi que Paulette qui resta encore travailler et habiter à l'hôpital pendant 2 mois, pu à nouveau habiter chez ses parents avec sa fille. Le père René MONTEIL, démobilisé, avait quitté Paris dès le mois de juillet pour travailler chez Michelin à Clermont-Ferrand. L'histoire avec ce monsieur est détaillée dans la partie ‘'CONJOINT de PAULETTE, GENEALOGIE René MONTEIL'' du tome 1. Simone est persuadée qu'Henriette a fini par accepter le retour de Paulette, ‘'fille-mère'' pour plusieurs raisons :
1) Le bébé se prénommait Lucienne. Or son fils s'appelait Lucien. Simone sait que Paulette a été un temps amoureuse de ce ‘'grand frère'' qui était très gentil avec les 2 sœurs. Et même si elle n'a jamais osé lui demander, Simone pense que le prénom de Lucienne n'est pas étranger à cela.
2) Les parents d'Henriette avait eu 2 enfants ensemble avant de se marier
3) Henriette s'était mariée avec Emile FOURNAUX alors qu'elle attendait l'enfant d'un autre.
Henriette était habituée aux enfants hors mariage dans son entourage, Elle aussi avait connu la détresse d'être ‘'fille-mère''. Elle pouvait semble-t-il comprendre la situation.
Je tiens à attirer l'attention du lecteur que bien sûr tout ceci n'est que suppositions de Simone, rien ne nous permet de savoir exactement pourquoi Henriette en cette circonstance a fait preuve d'humanité. Pour Henriette la vie avait été très dure et peut-être se cachait-elle derrière une épaisse carapace. ? Surprise dans son sommeil par cette annonce, peut-être la carapace s'est-elle fendillée ?
Simone avait conseillé à sa sœur de rester travailler à l'hôpital où le travail était mieux payer mais Paulette souhaita retourner à l'usine Jaeger pour y retrouver ses copines et faire la fête. Entre temps, Simone avait perdu son boulot, la crèmerie ayant fermé après la guerre et c'est elle qui s'occupait de Lucienne avant que Paulette lui trouve une place chez Jaeger avec elle.
Paulette restera chez ses parents jusqu'à son mariage en 1951 avec Marcel MAILLARD. Lucienne sera élevée par ses grands-parents et ne quittera le 302 rue de Charenton que pour se marier à son tour en 1965. Son grand-père Georges sera déclaré comme tuteur.
Peu de temps après la naissance, Paulette a fait lire à Simone une lettre qu'elle a reçue de René MONTEIL, le père de Lucienne. Il lui demande des nouvelles de leur bébé, une photo et des détails ? Couleur de ses yeux, couleur de ses cheveux, il demande si Paulette a besoin de quelque chose, et à cette lettre il a joint un chèque.
Paulette a déjà renvoyé le chèque sans un mot d'explication. Elle n'aura plus jamais aucune nouvelle de René MONTEIL.
René se mariera en octobre 1947 et aura un fils Christian en mars 1948.
La suite de la vie de Lucienne est détaillée dans un autre chapitre.
Comment cacher à la famille que Paulette est fille-mère ?
Simone raconte que lors des vacances de l'été de 1947, la famille est comme d'habitude partie en Saône et Loire à Crêches sur saône. Oui mais comment faire avec Lucienne. ? Annoncer que Paulette était ‘'fille-mère'' = impensable, à l'époque c'était la honte. Alors il a été décidé que l'on présenterait Lucienne comme étant la fille de Gabriel et Marthe (seuls mariés de la fratrie). Simone se souvient que tout le monde était sur le ‘'qui-vive'' car Lucienne n'avait que 17 mois et ne cessait d'appeler Paulette : « maman ». Impossible de lui expliquer qu'il fallait faire semblant …. Elle était trop jeune. Enfin, l'été s'est passé sans que la famille de Saône et Loire ne se doute de quelque chose, ou du moins elle n'en a rien laissé paraître.
Mariage de Simone(1948)
Après la guerre, Paulette avait fait la connaissance d'un copain sans savoir qu'il s'agissait d'un copain de sport de Robert. Ce jeune homme était le fils d'une amie d'Henriette qui habitait dans un immeuble voisin rue nicolaï. Henriette avait beaucoup aidé cette femme qui se battait contre un cancer. Le mari décédé avait travaillé à la ville de Paris avec Georges. Un jour ce fils est venu sonner chez Georges et Henriette. Puis attiré par Henriette qui s'était mis en tête de le marier avec Simone, il revint plusieurs fois. Robert n'appréciait pas ce garçon peu aimé dans le club de sport du 315 rue de charenton. Il préférait Bernard ENNE qui deviendra plus tard le parrain de sa fille Martine. Lorsqu'Henriette compris que ce mariage ne se ferait pas, on n'a plus revu ce garçon. Simone apprit bien plus tard que le père décédé de ce garçon était en fait celui qui avait dénoncé Georges pendant la guerre 39/45 et qui avait été tué par la résistance (voir chapitre Georges et la guerre).
Simone et Robert se connaissait depuis que Simone travaillait chez Madame PERRIER. Mais ils ont commencé à se ‘'fréquenter'' vers 1939/1940. Simone et Robert ont fait du basket ensemble au club du 315 rue de Charenton. Simone habitait chez ses parents mais y passait peu de temps. Lorsqu'ils décidèrent de se marier en 1948, le frère de Robert habitait au 3 rue Guillaumot à Paris (env 1.5km du 321 rue de charenton) avec son épouse Madeleine (mariés le 26.04.1945) et leur fille Christiane née le 14.03.1948. Ils venaient de déménager pour un logement plus grand au 23 boulevard Edgar Quinet à Colombes (92) obtenu grâce à la ‘'SEQUANAISE'' compagnie d'assurance où travaillait Madeleine. Robert en avait profité, contre l'avis de ses parents, pour déménager et reprendre le logement de son frère.
Robert, enfant fragile et malade, (victime d'une épilepsie provoquée par une rougeole pendant les bombardements), avait toujours été le préféré et ses parents n'étaient pas pressés de le voir marié, bien qu'ils aimaient beaucoup Simone.
Simone début mars 48, un samedi soir annonça à Henriette (son père n'était pas rentré du boulot) son intention de se marier. Comme chaque semaine elle avait remis la totalité de sa paye à Henriette. Celle-ci ne fit aucun commentaire mais le lendemain matin, en descendant de sa chambre à l'étage, Simone trouva, sur le palier, ses vêtements, un petit morceau de saucisson et un œuf dur dans un sac. Henriette l'a mise dehors sans un mot? Simone s'est retrouvée un dimanche à 5h du matin avec son balluchon dans la rue sur le trottoir du 302 rue de charenton, sans le moindre sou.
Elle savait que la mère de Robert se levait tôt. Elle attendit 6h du matin pour aller sonner à sa porte au 321 rue de Charenton. C'est la grand-mère de Robert qui a ouvert. Elle a été accueillie à bras ouverts. La grand-mère Camille (1868-1949) avait 80 ans. Elle a commencé par lui donner un bon petit déjeuner. Robert devait comme souvent venir de son 3 rue guillaumot passer le dimanche en famille. Après que Simone ait raconté son histoire, ils décidèrent que Robert réintégrerait le domicile de ses parents et Simone irait vivre dans la chambre de bonne du 3 rue Guillaumot, les parents de Robert se portant garants de Simone. Après le mariage, Robert, Simone et leur fille resteront dans cet appartement jusqu'en 1951/52 avant de partir (à 10mn à pied de là) pour 161 rue du faubourg St Antoine à Paris 11e.
Simone et Robert étaient majeurs et Simone n'avait donc pas besoin de l'autorisation de son père mais elle avait très peur qu'Henriette fasse du scandale le jour du mariage.
Le parrain et la marraine de Robert prirent les choses en main d'abord pour que les parents VIGNOT se fasse à l'idée du mariage, puis pour organiser rapidement fiançailles et mariage.
Parrain et Marraine
Albert DUNAND (1890-1963) Céline DEFAY (son épouse)
Les fiançailles eurent lieu le 14.07.1948 au domicile des VIGNOT 321 rue de charenton. Ce sont eux qui ont acheté la tenue vestimentaire de Simone.
Fiançailles le 14.07.1948
Puis le mariage a été célébré le 04 septembre 1948, à la mairie et l'église du 12ème, avec le repas dans l'ancienne école de Robert au 315 rue de Charenton (devenu club de basket). Albert et Céline DUNAND se feront passer pour l'oncle et tante de Simone.
Les témoins étaient Lucien MESSAGER, frère de la grand-mère Camille de Robert et Auguste GUILLOTEAU, demi-beau-frère de cette même grand-mère.
Mais Simone est inquiète, toujours cette peur qu'Henriette fasse du scandale. Albert DUNAND est le seul à avoir une voiture mais le jour du mariage elle ne veut pas démarrer. Pour ne pas que le cortège passe devant le 302 rue de charenton, il fait un détour en prenant des rues par derrière par la rue du général Bizot.
La robe de mariée a été louée et améliorée par la marraine Céline.
Le mariage se déroulera merveilleusement bien, sans aucun membre de la famille de Simone. Ils partiront en voyage de noces 2 semaines à Rocamadour dans le Lot.
Le nom des personnes sur cette photo est détaillé dans le tome 1
généalogie de Georges COTTE et Denise CONNETTE, partie ‘'descendants''.
On remarquera que sur les photos Robert n'a pas un franc sourire, c'est parce qu'à l'époque il avait toujours ses dents de devant qui avançaient et étaient toutes de travers. Il se fera opérer plus tard et retrouvera son grand sourire d'enfant.
Présentation de Robert Vignot à Georges, père de Simone
Quelques jours avant le départ en voyage de noces, alors que Simone et Robert vont chez le cordonnier, Simone remarque son père sur le trottoir d'en face. Elle ne sait que faire. Robert ne l'a jamais vu et trouve que c'est le moment qu'on le présente à son beau-père. Ils traversent donc la rue et Simone présente son mari à son père. Georges explique alors qu'il a vu la publication des bans à la mairie et que le week-end du mariage, il s'était arrangé pour emmener Henriette passer le week-end dans leur maison de Yerres, car lui aussi avait eu peur qu'elle ne fasse un scandale de ne pas avoir été invitée et qu'on ne lui ait pas demandé son avis sur le choix de la famille. Bien plus tard, sa colère apaisée, Henriette offrira une série de casseroles émaillée en guise de cadeau de mariage. Georges félicitera le jeune couple.
Qui était réellement Georges COTTE ?
Quel ‘'drôle'' d'homme que ce Georges qui n'a jamais soutenu ses enfants, n‘est jamais venu à leur secours lorsqu'ils se faisaient ‘'tabasser'' par leur belle-mère, n'a pas réagi lorsque sa fille a été jetée à la rue mais qui a contrario ne signalait pas leurs bêtises, leur donnait en cachette des friandises et là qui protège le mariage de sa fille.
Simone se souvient que dans sa toute petite enfance, lorsque sa mère était malade, c'est son père qui s'occupait très bien de ses enfants. Au retour du travail, il les lavait, leur donnait à manger, jouait avec…Un bon père tendre et attentif se souvient-elle aujourd'hui.
Pendant son adolescence, Simone aimait des moments de complicité, seule avec lui, Des moments où il lui disait avec tendresse qu'elle ressemblait beaucoup à sa mère, qu'elle souriait comme elle, qu'elle avait des expressions et des attitudes identiques. Simone pense que malgré les souvenirs de disputes et de bagarre, son père devait regretter Denise, sa 1ère épouse. Simone adorait son père, mais avait l'impression d'avoir 2 pères = un tendre lorsqu'ils étaient en tête à tête et un autre indifférent et insensible en présence d'Henriette. Moi, même si je l'ai peu connu (à cause des fâcheries des adultes), je me souviens d'un grand-père doux et gentil mais qui ne contredisait jamais ma grand-mère Henriette. Cette grand-mère qui me terrorisait, qui ne m'a jamais embrassée et jamais offert le moindre cadeau. J'ai un souvenir d'angoisse de mes seules vacances avec eux en 1954.
Georges était-il un homme faible ? Qui n'aimait pas les conflits ? Qui se sentait redevable vis-à-vis d'Henriette qui avait accepté de reprendre ses 3 enfants ? Souffrait-il de voir ses enfants maltraités sans oser s'opposer ? On ne saura jamais qui se cachait réellement derrière Georges.
Les décès des parents Georges COTTE et Henriette NEUKERMANS épouse COTTE
Depuis quelques années, Georges et Henriette avaient été expulsés du 302 rue de charenton suite à la vente de l'immeuble par le propriétaire qui les a relogés à Sainte Geneviève des bois,
A la mort de leurs parents Georges en avril 1975 et Marguerite en septembre 1975 Simone et Gabriel décidèrent au moment de vider l'appartement de presque tout donner à Paulette car c'était celle qui en avait le plus besoin et qui s'était occupé des parents en fin de vie. Contrairement à ce qui se passe habituellement dans les familles au moment des décès, la mort des parents a rapproché les 3 enfants. Gabriel a renoué le contact avec sa sœur Paulette perdue de vue et que finalement il ne connaissait pas beaucoup. Et Simone a également repris contact avec sa sœur perdue de vue, suite à des évènements détaillés dans les années 50/60.
Simone sera très peinée du décès de son père qu'elle aimait et avec qui elle n'avait pas fait la paix avant sa mort. Même si elle lui en a longtemps voulu de ne pas avoir protégé ses enfants de la violence de sa 2ème épouse Henriette.
Marcel René MAILLARD (1928-1960)
Marcel est issu d'une grande famille du fait des remariages de ses 2 parents. D'après mes recherches j'ai déjà retrouvé 17 demi-frères et demi-sœurs, une sœur et un frère sans avoir la certitude d'avoir tout retrouvé.
Côté paternel
Louis Raphael le père de Marcel se mariera 3 fois
Marie Berthe BANCE (née en 1866, mariée en 1891 avec le père de Marcel, elle se remariera en 1927)
Avec ce couple, Marcel a eu 5 demi-frères et 3 demi-soeurs entre 1889 et 1908
En 1921 (recensement de 1921) Marie BANCE habite à Saint Nicolas d'Aliermont proche du couple de son ex-mari Louis Raphael et de Angéline Duc (couple des 2 parents de Marcel) .
Marie BANCE habite avec ses 2 enfants nés à St Nicolas d'Aliermont :
1-Madeleine Marie Thérèse Maillard née 1901 qui se mariera en 1922
2- Germaine Maillard née en 1904 qui se mariera en 1924
Et un de ses petits-fils René (né en 1920)
Côté maternel
Angeline Gabrielle DUC (1884-1929) se marie en 1902 avec RENIER Gaston Alfred (né en 1881) de qui elle divorce en 1919.
Avec ce couple, Marcel a eu 5 demi-frères et 4 demi-sœurs entre 1903 et 1918.
Composition de la famille MAILLARD – DUC sur les recensements de 1921 et 1926
Recensement 1921
St Nicolas D'aliermont
Recensement
1926
Haudricourt
Louis raphael MAILLARD
1869
Chef de famille
Chef de famille
Angeline Gabrielle DUC
1884
femme
femme
Odette RENIER
1904
fille
S'est mariée en 1924
Camille RENIER
1905
fils
fils
Madeleine RENIER
1906
fille
fille
Pierre RENIER
1912
fils
fils
Louis RENIER
1913
fils
fils
Ernestine RENIER
1914
fille
fille
Fernand RENIER
1918
fils
fils
Simone MAILLARD
1920
fille
fille
Jean MAILLARD
1922
fils
Le 03.01.1928, naitra Marcel. Sa mère Angéline DUC décèdera le 19.07.1929.
Angéline DUC laisse de son mariage avec RENIER , 4 enfants (Pierre, Louis, Ernestine et Fernand), les autres sont décédés ou mariés. Le père de Marcel se retrouve donc veuf avec 4 enfants de son épouse âgés de 11 à 17 ans et ses 3 enfants (Simone, Jean et Marcel)
Louis Raphael se remarie le 20.10.1930 avec Emilienne Eugénie FERY (née en 1882) qui a un fils René Charles (né en 1907). Elle était veuve de DUFRENOY Albert Eugéne (décédé en 1929).
On retrouve sur les recensements d'Aumale, en 1936, rue des tanneurs, Emilienne FERY vivant chez son père Maurice.
Je n'ai pas retrouvé le décès de Louis Raphael malgré des recherches dans les TD 1923/1932 de Neufchatel en braye et Haudricourt. Où est-il décédé ??
Récapitulatif des fratries
Ma mère Simone se souvient que Marcel disait qu'après la mort de sa mère (il n'avait qu'1an1/2) il a été placé dans des familles d'accueil. Il a commencé à travailler très jeune. Lorsqu'il s'est marié avec Paulette COTTE en 1951, la France était en pleine reconstruction et les jeunes couples ne trouvaient pas facilement de logement.
La cabane au « vert galant »
Comme mes parents, malgré leur dossier de demande de logement auprès des HLM, Paulette et Marcel n'avaient aucune réponse. C'est un frère de Marcel qui lui a fourni des planches pour se construire une habitation en bois sur un terrain. Je ne sais pas comment il avait eu ce terrain, s'il l'avait acheté ou loué ou prêté par quelqu'un, mais il était situé au Vert Galant à la limite de Villepinte et de Tremblay les Gonesses (93) devenu Tremblay en France. Simone ne sait plus de quel frère il s'agissait. Peut-être était-ce Louis Gabriel RENIER né en 1913 et demi-frère côté maternel qui était témoin à son mariage. ?
Ils ont construits cette cabane qui devint un gentil logement où nous passions de merveilleux week-end. Aux alentours il y avait d'autres maisons de ce type, car nombreux étaient les couples qui devaient se débrouiller avec les moyens du bord pour ce loger. L'hiver il y faisait froid et c'était malgré tout précaire. Quelques années plus tard (avant 1959) Paulette et Marcel obtinrent enfin un logement dans une cité telle qui s'en construisait partout autour de Paris. Ils habitèrent au 8 cité Baticoop, où Paulette vivra de nombreuses années avec ses enfants, après le décès de Marcel.
Les divers systèmes de logements ouviers
Les jeunes ouvriers et employés n'étaient pas riches et la reconstruction de la France d'après-guerre non achevée. Difficile de se loger d'où la ‘'cabane'' transitoire de Marcel et Paulette au Vert Galant. Alors se mettent en place divers systèmes.
Le principe de l'auto-construction :
L'auto-construction est une pratique qui est née après la Première Guerre mondiale sous l'impulsion de l'ingénieur Georgia Knapp en 1921. Ce dernier fait le constat qu'une partie de la population ne dispose pas de revenus suffisants pour se loger même dans les logements HBM (Habitations Bon Marché). Il met donc au point un nouveau procédé de construction plus simple (le béton banché) et une formule originale pour accéder à la propriété, dans laquelle l'apport financier initial de l'accédant est partiellement remplacé par un apport en temps de travail sur le chantier (les dimanches et jours de congé). Les auto-constructeurs pouvaient obtenir des financements provenant du Crédit immobilier ou des crédit HBM accordés par la loi Loucheur. Ce premier mouvement d'auto-constructeurs, sous l'appellation « Cottage social de France », a permis la réalisation de près de 1000 logements par 22 groupes de « cottagistes » pendant la période de l'entre-deux guerres. Ce mouvement va peu à peu s'essouffler car les efforts physiques sur les chantiers, mais aussi les efforts financiers consentis par les auto-constructeurs étaient énormes. Ils versaient parfois jusqu'à 11% de leur salaire pour rembourser les prêts municipaux, en plus du loyer qu'ils payaient pour leur logement en attendant l'achèvement des travaux. On note malgré tout que le mouvement des « cottages » a amorcé un deuxième mouvement d'auto-constructeurs : les « Castors ».
Le mouvement des Castors :
Il est né lors de la grande crise du logement de 1939-1945 par l'initiative privée et populaire, il se traduit par le regroupement de quelques familles pauvres qui n'avaient pas d'autre possibilité pour trouver un logement décent que d'en assurer elles-mêmes la construction. Sous l'impulsion d'Etienne Damoran, un prêtre bordelais, et de quelques militants syndicalistes de la confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), fut fondée en 1948 la coopérative HBM « Comité ouvrier du Habicoop – S.Trudelle (COL) », regroupant principalement des ouvriers des « Chantiers de la Gironde ». Ils ont fait le choix de la coopération HBM car cela permettait d'accéder à des financements privilégiés tout en conservant une forme d'organisation proche de leurs convictions religieuses et politiques. Une première opération fut lancée à Pessac par le COL comprenant 150 logements en location. Ces premiers auto-constructeurs seront surnommés les castors car pour pallier la faiblesse de leurs revenus ils s'impliquent personnellement dans les travaux de construction via une organisation commune du travail et la mutualisation des moyens. Chantier des Castors à Thiais (Val-de-Marne) 1953 « Celui qui vient avec l'idée de bâtir sa maison pour ensuite ignorer tous les autres n'a rien à faire dans notre cité. Nous ne bâtirons pas chacun notre maison mais nous bâtirons ensemble notre cité. » Préambule du règlement intérieur de la coopérative du « Comité ouvrier pour le logement de Bordeaux ». Plus tard, la généralisation du principe de l'auto-construction a été permise au niveau national par l'octroi d'aides financières et de prêts à la construction de l'État. Ce soutien des pouvoirs publics a permis l'essor des coopératives de « Castors » qui ont été officiellement reconnues par une décision ministérielle du 5 mai 1949. En novembre 1949 on comptait 5 groupes de « Castors » en France qui fondèrent l'année suivante l'Union Nationale des Castors. Le principe de l'auto-construction à travers les « Castors » a été crée dans un contexte d'urgence, et les sociétés coopératives d'auto-construction ont peu à peu perdu de leur ardeur militante. Le mouvement décline en 1955 avec le lancement du programme des « grands ensembles ». Face à ce constat certains membres de l'UNC fondèrent en 1952 l'association BATICOOP dans le but de favoriser, par l'intermédiaire de sociétés coopératives déléguées ou de représentants directs (Bati-services), l'éclosion de coopératives de construction limitées à un seul programme en accession à a propriété.
L'association BATICOOP
Les coopératives non-HLM issues du mouvement des « Castors », ont pour but de lancer des programmes immobiliers de grande ampleur en accession à la propriété. Une société BATICOOP locale était instaurée pour chaque chantier, cette dernière étant affiliée à une délégation BATICOOP régionale.
En 1958, BATICOOP avait mis en chantier 23 000 logements, participant ainsi de façon non négligeable à l'effort de reconstruction. Durant les années 1950 à 1960, l'association BATICOOP et ses 23 sociétés déléguées ont construit entre 5 000 et 10 000 logements par an, soit 20 % de la production LOGECO. Plus tard, le groupement BATICOOP connaîtra une scission car les délégations du Rhône et de la Loire étaient en désaccord avec la structure nationale. Plusieurs délégués régionaux fondèrent un nouveau groupement baptisé Logicoop France.
Mais la réforme de 1971, l'affaiblissement des ressources financières et le désamour des accédants pour les principes de coopération ont eu raison des coopératives non-HLM. Aujourd'hui il ne subsiste que quelques « vestiges » de cette période BATICOOP : Coop Habitat Bretagne, Habitat 21 à Dijon et Cogecoop à St Etienne (cette dernière a crée dans les années 1970 une coopérative HLM pour poursuivre son activité). De la diversification du mouvement à son renouveau : Le 10 septembre 1947, une loi concernant le statut général des coopératives est adoptée, celle-ci instaure aux côtés de la formule de la location-attribution permettant l'accession à la propriété, une nouvelle formule : la location-coopérative (encadrée par la circulaire Chochoy 1956).
La location-coopérative et location-attributive
La location-coopérative est destinée aux personnes ne pouvant pas ou ne désirant pas accéder à la propriété, tout en étant disposées à consentir un effort financier pour se loger. Il s'agissait d'un statut intermédiaire entre la location simple et la pleine propriété, cette formule proposait un régime de propriété collective. Le locataire signait avec la coopérative un contrat de location-coopérative, il achetait sous forme de parts sociales de la coopérative un droit à bail cessible et transmissible en contre partie d'une contribution au financement de la construction. Jusqu'en 1965, le coût d'achat de ce droit se situait aux alentours de 20% du prix de revient du logement (minimum 15% mais parfois il pouvait atteindre le prix total.4 Cette coopérative ne se réclame pas du mouvement HLM car elle bénéficie des financements accordés aux logements économiques et familiaux (LOGECO) et de primes de l'État. On parlait alors de location-participation. L'accès à ce type de logement était soumis à la législation HLM (plafond de ressources et de loyer). Le droit à bail consenti au locataire-coopérateur était cessible par simple revente de ses actions, sous réserve de l'agrément du conseil d'administration de la coopérative. Le décret de 1965 instaure un délai de 10 ans durant lesquels le logement n'est cessible qu'à une personne inscrite sur une liste d'attente tenue par la coopérative, sauf s'il s'agit de la famille proche. En tant qu'actionnaire de la coopérative, le locataire était convié aux assemblées générales. Il disposait d'une voix délibérative (une personne = une voix) et pouvait faire partie du conseil d'administration. Sur le plan fiscal, le coopérateur était considéré comme locataire. La ressemblance de cette formule avec la location-attribution a pu faire croire à certains coopérateurs qu'ils pouvaient accéder à la pleine propriété de leur logement, mais le mode de financement des opérations en location-coopérative ne permettait de céder les logements qu'en fonction de la règlementation sur la vente de logements HLM. Ce mode de gestion coopératif est celui qui demande le plus d'implication collective de la part des locataires-coopérateurs. Ainsi, dans une optique de clarification le décret du 22 novembre 1965 oblige les coopératives à se spécialiser, soit dans la location-coopérative, soit dans la location attribution.
De nombreuses familles modestes ont pu accéder à la petite propriété grâce à la formule coopérative qui permet de baisser les coûts de construction, environ 10 000 logements ont été ainsi construits avant la seconde guerre mondiale par les 437 sociétés coopératives HBM comptabilisées en 1940.
Zoom sur la location-attribution : Les associés signaient un contrat de location-attribution et s'engageaient à souscrire au capital de la coopérative à hauteur du prix de revient de leur logement et ils libéraient immédiatement au moins 20% de leurs actions au moyen d'un apport personnel. Puis, ils s'engageaient à verser des annuités durant la période de remboursement du prêt consenti par l'intermédiaire de la coopérative. A ces annuités s'ajoutait un loyer mensuel qui couvrait les charges d'exploitation et les intérêts d'emprunt (dans la limite de 0,60% du montant des actions souscrites). En contrepartie, la coopérative reconnaissait à l'associé un droit de jouissance.
La cité jardin
La « cité-jardin » est un concept de développement urbain anglais inventé à la fin du 19ème siècle. Il sera repris en France notamment pour la réalisation de villes nouvelles autour de Paris ou de Lille. En France, ce terme désigne un ensemble de logements sociaux individuels ou collectifs locatifs avec aménagement paysager et jardin autour de l'habitat. La coopérative s'engageait à attribuer le logement en pleine propriété dès le remboursement intégral du prix de revient définitif. Les coopératives construisaient uniquement pour leurs membres, ces derniers participaient à la conception du programme immobilier. Les coopératives ont beaucoup utilisé cette formule d'accession après la Seconde Guerre mondiale. En 1960, le patrimoine des sociétés coopératives en location-attribution est de
63 962 logements; cinq ans plus tard il est de 129 973 logements, soit le double. Les logements étaient destinés à loger des ouvriers ou des employés peu fortunés.
C'est grâce à ces divers systèmes que de nombreux jeunes couples ont pu se loger. Marcel et Paulette ont profité d'un de ceux-là et ont emménagé dans une cité BATICOOP, avant 1960.
Les petits-enfants de Georges et Denise
Ce chapitre a été alimenté non seulement par les souvenirs de ma mère Simone mais aussi par les miens. La vie de mes cousines et de mon cousin que vous découvrirez dans ce livre est donc principalement le récit des périodes que nous avons eu en commun.
Les souvenirs d'enfance sont parfois déformés par les années, j'ai essayé avec l'aide de ma mère de décrire les évènements au plus juste de la réalité. Toutefois, si un lecteur n'a pas la même vision des épisodes que nous avons vécus ensemble, qu'il (elle) m'en excuse, je ne peux relater ici que ma façon personnelle d'avoir ressenti les évènements qui est forcément différente de celle des autres. Le lecteur trouvera plus de détails de ma vie avec Mireille COTTE car nous avons été élevées ensemble pendant toutes nos années d'enfance à Villepreux. Nous avons donc pu tisser des liens de fratrie et avons gardés des contacts fréquents une fois adultes. Pour les autres, cela se résumera aux moments où mes parents les ont gardés.
Il faut avant tout savoir qu'après la guerre la vie a été très difficile pour tous les jeunes mariés et leurs enfants. Mes parents Robert et Simone sont le seul couple qui n'a pas été séparé prématurément par les évènements de la vie. Je suis consciente d'avoir été une privilégiée dans la première partie de ma vie.
Mes parents malgré de faibles moyens ont toujours été là pour aider leurs frères et sœurs.
Lorsque j'étais toute petite, il paraît qu'à Noel, malgré mes beaux joujoux je pleurais car je n'avais pas ‘'mon petit frère ou ma petite sœur''. J'ai toujours souffert et regretté d'être fille unique. Mais ma mère après son accouchement difficile ne pouvait plus avoir d'enfant. J'ai donc toujours été très contente lorsque mes parents prenaient leurs neveu et nièces chez nous. Même si l'on se chamaillait parfois comme des frères et sœurs !
La naissance de Martine 28.03.1950
On a vu que les parents de Robert avait du mal à accepter qu'il quitte la maison pour se marier. Lorsque Camille Guillotau, la grand-mère de Robert est décédée en décembre 1949, Simone était enceinte de 6 mois, son beau-père Maurice Vignot lui dit ‘'Maintenant que la Mémé est partie, il y a une chambre de libre, vous pouvez venir vivre ici avec nous'' Ma mère même si elle leur était très reconnaissante de tout ce qu'il avait fait pour elle, refusa tout net. Elle savait que ses beaux-parents étaient très gentils mais que Robert ne serait plus son mari parce qu'il resterait leur petit ‘'fifisse''. Malgré tout, vers la fin de la grossesse de ma mère, mes parents Robert et Simone sont venus habiter chez les parents de Robert, Maurice et Fernande VIGNOT, car Robert partait travailler toute la journée et ils n'avaient pas de téléphone si Simone avait des contractions pendant qu'elle était seule dans leur logement. Lorsque le dimanche 26.03.1950 ma mère a perdu les eaux, mon grand-père Maurice qui avait longtemps travaillé dans la police alla chercher un de ses copains pour emmener ma mère dans le car de police-secours jusqu'à l'hôpital des diaconesses tenu par des sœurs franciscaines 18 rue du sergent Bauchat. Cet hôpital existe toujours en 2016, il a été restauré et agrandi.
Hôpital des diaconesses
Simone a souffert de violentes contractions du dimanche au mardi 28.03. Elle était épuisée. Une sage-femme venait de temps en temps se mettre à genoux sur son ventre pour pousser le bébé vers la sortie. L'enfant était mal placé, pas possible d'utiliser les forceps. Ce serait maintenant, ils auraient fait une césarienne. Les médecins ont informé Robert qu'ils ne pourraient pas sauver la mère et l'enfant, il fallait choisir. Mon père ne m'a jamais caché qu'il avait choisi son épouse en se disant qu'un enfant, il en referait un autre. J'ai trouvé cela normal, qu'il avait pris la bonne décision. Finalement, je suis née à 21h28 le mardi 28.03, je faisais 4,510kg. Nous avons survécu toutes les 2 mais ma mère a du rester chez ses beaux-parents pendant près de 2 ans tant son organisme était usé. Elle appris ensuite qu'elle ne pourrait pas avoir d'autres enfants. Elle avait beaucoup de lait et non seulement m'a nourrie au sein pendant 2 ans mais a aussi offert son lait à d'autres bébés.
Le baptême de Martine 01.10.1950
Mes parents racontaient que tout bébé, j'avais commencé à avoir peur de ma grand-mère maternelle Henriette qui avait une grosse voix. Or cette grand-mère portait souvent un manteau de fourrure et un chapeau. Est-ce pour cela que j'ai toujours détesté la fourrure et les chapeaux ? J'étais paraît-il un bébé très souriant, or le jour de mon baptême j'ai eu une attitude inhabituelle. Je me suis mise à hurler lorsque le curé s'est approché. Lorsque Robert a demandé au curé de retirer son chapeau. Non seulement, j'ai aussitôt cessé de pleurer, mais j'ai recommencé à faire des sourires à tout le monde y compris à ce curé, jusqu'à la fin de la cérémonie.
Le surnom d'Henriette
Henriette était une grande femme à la carrure large, elle avait aussi une voix forte et grave. Un jour dans la cuisine mansardée du 302 rue de Charenton, j'étais encore petite et j'ai crié ‘'oh elle est gros mémère, elle touche le plafond''. Henriette n'apprécia pas et se fâcha. C'est ainsi que pour différencier mes grands-mères, je disais (pas devant elle bien sûr) ‘'gromémère'' pour ma grand-mère maternelle Henriette et pour ma grand-mère paternelle ‘'mémère Fernande''. Par contre Gabriel et Simone l'appelaient ‘'la mère Cotte'', seule Paulette l'appelait ‘'maman''
Lucienne 1946-2014
En mars 1951 le mariage de Paulette avec Marcel MAILLARD, légitime Lucienne. Marcel reconnaitra Lucienne qui prendra le nom de MAILLARD.
Il souhaite élever Lucienne comme son propre enfant. Mais il ne plait pas beaucoup aux parents de Paulette. Ainsi face au refus de Paulette et des grands-parents, André VERCHUREN (accordéoniste connu et ami de Marcel) ne sera pas le parrain de Lucienne comme il l'avait proposé à Marcel.
Lucienne vit chez ses grands-parents depuis sa naissance. Ils se sont attachés à elle et refusent de rendre Lucienne à sa mère et son père adoptif. Lucienne raconte qu'elle se souvient que sa mère et son père adoptif Marcel sont un jour venus à la sortie de l'école et l'ont ‘'enlevée''… Mais elle était encore petite et ne comprenait pas qu'elle soit séparée de son grand-père Georges et sa grand-mère Henriette. Elle pleurait beaucoup et ses parents, cédant au chagrin de l'enfant, ont du la rendre aux grands-parents. Lucienne restera avec eux jusqu'à son mariage. Lucienne aura 1 demi-frère et 2 demi-sœurs qu'elle connaitra peu. Son père adoptif Marcel décèdera en 1960 d'un accident de voiture.
Robert et Simone (ses oncle et tante) trouve que Lucienne ne voit pas assez de personnes jeunes. Elle vit trop avec des ‘'vieux'' pour une enfant ce n'est pas bon. Chaque fois que cela est possible, Robert et Simone insistent pour prendre Lucienne le week-end. Ainsi elle peut jouer avec sa cousine Martine de 4 ans sa cadette. Dans les années 2000, Lucienne me racontait que ces week-ends avaient été parmi les meilleurs moments de sa vie. Elle en a toujours été reconnaissante et n'a jamais cessé de donner des nouvelles à Robert et Simone. Elle restera la nièce préférée de Simone.
Un de ses merveilleux souvenirs = le Noel qu'elle passera au 321 rue de Charenton, chez les grands-parents paternels de Martine. Pour la première fois on lui offrait des jouets. Les grands-parents (enfin surtout la grand-mère Henriette) prétextant que c'était des futilités inutiles.
Martine et Lucienne,
sur le trottoir en bas du 321 rue de Charenton, et chez les grands-parents VIGNOT de Martine
Noel au 321 rue de charenton
En 1953, Robert et Simone demandèrent à partir en vacances avec les grands-parents et Lucienne à Beausoleil et en Italie près de Jeanne DALLOLI (sœur d'Henriette) et de la famille de son époux. Le but étant de permettre d'égayer Lucienne qui s'ennuyait un peu sans ami(e)s de son âge. Le temps où Simone avait peur de sa belle-mère était révolu et Robert ne sait jamais laissés impressionner. Ils partirent donc tous ensemble 3 semaines.
Simone, Henriette et Georges avec Lucienne et Martine
De G à Dr : Robert, Simone, Lucienne, Martine, Henriette
Simone et Martine, Georges, Lucienne
Tout se passa bien. Le sourire de Lucienne en est témoin. L'année d'après en 1954, Lucienne réclama les mêmes vacances. Robert et Simone devait repartir à l'Ile d'Oléron avec leurs amis Luthin qui avaient une fille Hélène ou Françoise ? d'un âge proche de celui de Martine. Simone et Robert, conscients de la peine de Lucienne proposèrent que les grands-parents emmènent Martine pour tenir compagnie à Lucienne mais sans eux.
Mesca compagnon de Jeanne (sœur d'Henriette) après son veuvage.
Martine et Lucienne sur l'ânesse Chouna
C'était l'été 54. Martine adorait sa cousine Lucienne, c'était comme une grande sœur qui la protégeait. Lucienne avait la douceur en elle. Robert et Simone étaient un peu inquiets car, Martine était d'une grande timidité et d'une sensibilité presque maladive. La moindre émotion la faisait pleurer et elle n'avait quitté ses parents que pour aller chez ses grands-parents paternels et encore peu de jours, car ses parents lui manquaient vite. Ce qui lui valu de la part de son père Robert le surnom de ‘'la fontaine'' car elle avait la larme facile. Alors chez les grands-parents maternels, comment cela allait-il se passer ?
Georges était très attentionné avec ses petites-filles et jouait beaucoup avec elles. Quant à Henriette, si elle était peu affectueuse, elle assurait le côté matériel avec soin et ne maltraitait pas les enfants. Martine dormait dans les bras de Lucienne qui la consolait le soir, lorsqu'elle voulait son papa et sa maman.
Impact psychologique des vacances 1954 sur Martine
Une nuit Martine a fait pipi au lit. Probablement une récidive psychologique. Henriette se fâcha violemment. Elle attrapa Martine sous son bras, l'emmena sur la place du village, la déculotta et lui passa les fesses sous la fontaine. Des gens riaient sur la place. Ce fut un moment terrible pour Martine.
Je me suis souvenu de cette fontaine toute ma vie, mais ce sont ma mère et Lucienne qui m'ont rappelé un détail de l'épisode.. Au retour de ces vacances, Henriette dit à Simone ‘'ta fille est tubar, elle ne cesse de tousser''. Ma santé fragile qui faisait qu'ils allaient bientôt déménager chez les Luthin à la campagne à Villepreux, leur fit craindre que j'ai effectivement la tuberculose. Finalement la version officielle donnée aux grands-parents fut que j'étais allergique à la côte d'azur. La vraie raison médicale étant que j'avais eu une toux nerveuse due au stress et à l'angoisse. Tout rentra dans l'ordre rapidement après mon retour et je ne reparti jamais avec mes grands-parents maternels.
L'enfance de Lucienne 1956-1962
Le rituel des week-ends de Lucienne chez son oncle Robert et sa tante Simone durera de 1948 jusqu'en 1956 (Lucienne a alors 11 ans) date à laquelle Robert et Simone quitteront le 161 rue du Faubourg Saint Antoine à Paris pour aller en banlieue à Villepreux.
Georges et Henriette invitaient très rarement leurs enfants et petits-enfants, et refusaient souvent leurs invitations. Le peu de personnes, que Lucienne voyait, étaient de la génération de ses grands-parents. Sa mère et Marcel venait parfois la chercher le week-end. Elle avait peu d'amies même à l'école, car il lui était interdit d'aller chez elles ou de les inviter. De plus elle voulait limiter les questions du type ‘'pourquoi tu ne vis pas chez tes parents ?''
Elevée à l'ancienne, elle était la seule à porter encore un tablier noir.
Lucienne
Lucienne à l'école
Puis Simone et Robert s'étant fâchés avec les grands-parents et n'habitant plus Paris. Lucienne ne voit plus son oncle, sa tante et sa cousine.
Toutefois, en 1962, Simone et Robert, après bien des négociations obtiennent que Lucienne vienne assister à ma communion. Les grands-parents Georges et Henriette ne viendront pas, ils exigent un chaperon. Bernard ENNE, mon parrain, use de sa diplomatie habituelle auprès des grands-parents et promet de venir chercher Lucienne à la porte de ses grands-parents et de l'y ramener.
Lucienne a alors 16 ans, et n'a jamais assisté à aucune fête. Elle aimera le jeu du déguisement où Madeleine ENNE la déguise en tahitienne : elle est superbe. Elle a de longs cheveux châtains foncés qui a une époque lui descendaient jusqu'aux reins (mon rêve !). Robert et Simone ont décidé d'inviter un fils de voisins qui a son âge pour lui servir de cavalier.
Elle dansera toute la nuit et s'amusera beaucoup. Elle rira aussi beaucoup. Est-ce la joie ? Est-ce trop de cigarettes ? Est-ce trop d'alcool (elle qui n'a jamais bu) ? ou la fatigue ? En fin de nuit, elle est un peu saoule. Un café salé pour évacuer et au lit !!!! Le lendemain, lorsque Bernard ENNE la ramènera chez ses grands-parents, il ne sera jamais fait allusion à cet épisode. De nombreuses années plus tard, Lucienne dira combien elle avait apprécié ce moment même si elle a eu sa 1ère ‘'gueule de bois''.
ci-contre Lucienne (en tahitienne) et Christiane VIGNOT (en asiatique)
Querelles de Georges et Henriette avec leurs enfants Simone et Gabriel
C'était après 1960, car je me souviens que nous habitions Les Clayes-sous-bois. Mes parents ont reçu une lettre de l'administration leur demandant quelles étaient leurs ressources car les Parents Georges et Henriette COTTE venaient d'être classés comme ce que l'on nommait à l'époque des « économiquement faibles » et qu'ils avaient besoin de soins. Gabriel informa qu'il avait reçu la même. Or Gabriel travaillait dur et se battait pour financer la garde de sa fille et les soins pour son épouse Marthe. Je me souviens pour ma part que certaines fins de mois, mes parents ne mangeaient que du pain avec un peu de fromage pour pouvoir me donner de la viande. Gabriel et Simone savait que les parents Georges et Henriette étaient plus riches qu'eux.
Henriette avait une retraite de fonctionnaire et une rente de veuve de guerre de 14/18
Georges avait 2 retraites, une de fonctionnaire majorée du fait de travail insalubre dans les égouts plus une retraite de veilleur de nuit chez Citroën quai de Javel.
Henriette et Georges n'avaient pas cru bon de parler à leurs enfants. Gabriel et Simone répondirent ensemble à l'administration en expliquant cela. Gabriel n'avait toujours pas digéré le fait qu'ils lui avaient pris toutes ses économies pendant qu'il était en Allemagne sans le prévenir. Gabriel et Simone se fâchèrent avec leurs parents.
Les grands-parents resteront semble-t-il en contact avec Paulette, qui, je crois, n'avait pas reçu la même lettre puisqu'elle était veuve avec 3 enfants à charge. D'ailleurs c'est elle qui s'occupera d'eux en fin de vie.
Après la naissance de ses enfants, Mireille décida d'aller rendre visite pour présenter ses 2 enfants à ces grands-parents qu'elle avait très peu ou pas connus. Quant à moi, j'avais aussi envie de les revoir surtout mon grand-père, car pour ce qui est d'Henriette « Gromémère » j'avais toujours cette peur viscérale d'elle et cette angoisse lorsque je pensais à elle. J'étais jeune et pensais que j'avais le temps. Lorsque mon grand-père Georges est décédé en avril 1975, lors de la crémation, j'ai revu cette « gromémère » et ai pu constater qu'elle ne m'impressionnait plus du tout, qu'elle n'était pas si costaud que cela, ni terrifiante. J'ai regretté de ne pas avoir revu mon grand-père Georges. Il aurait suffi de si peu de chose pour que nous ayons une vie de famille normale. Je n'avais que 25 ans, âge où l'on pense que l'on a l'éternité devant soi. Cette leçon de vie a dicté toute ma vie. Depuis ce jour, moi qui déjà n'étais pas rancunière, j'ai fait en sorte de faire les premiers pas en cas de conflit, sans attendre des années. Et surtout j'ai essayé de limiter les conflits malgré mon caractère parfois trop franc, spontané et impulsif.
Les disputes en famille et entre amis sont normales, la colère monte parfois pour des détails.
Et si enfant j'étais bloquée par une timidité maladive, depuis je dis ce que je pense même s'il me reste toujours un fond de timidité qui me fait paraitre froide et en retrait lorsque mes interlocuteurs ne laissent paraitre aucun sentiment à mon égard. Toujours ce trait de famille qui fait que l'on a besoin de se sentir aimé et de se parer d'une carapace.
La vie m'a dotée de 2 facettes antinomiques que j'utilise après avoir décortiqué la personnalité psychologique de mes interlocuteurs.
Je peux formuler volontairement des paroles blessantes, lors d'un conflit Mais je n'ai aucune rancune, et je m'efforce très vite, calmement d'analyser la situation. La vie m'a appris que dans la plupart des cas, les torts sont partagés. Même s'il y a une personne qui a totalement raison, s'il y a rupture, c'est qu'elle n'a pas su calmer le jeu et trouver les mots apaisants pour éviter le conflit, et a donc une part de responsabilité.
Mon autre facette, toujours grâce à mes facultés psychologiques, est d'avoir une empathie inconditionnelle auprès des autres, proches ou non. Là encore, je peux trouver les mots adaptés à chaque situation. Ce qui m'a valu d'être tout au long de ma vie l'amie confidente qui peut tout entendre et que l'on charge de trouver une solution à des situations inextricables. Cela m'a parfois pesé car j'ai souvent du mal à garder de la distance et ressent tout au fond de moi.
Ces 2 facettes ont régi toute ma vie. Au point que l'on m'a souvent demandé de faire la médiatrice pour réconcilier des gens. Cette attitude m'a valu d'être appelée « miss circonstances atténuantes » par mes collègues pendant toutes les années où j'ai travaillé dans la Sté ESSO. Pour certains c'était perçu comme de la faiblesse de ma part. Je me suis inspirée de mon père qui a toujours réconcilié tout le monde et que l'on appelait ‘'le conciliateur'' même s'il n'hésitait pas à se montrer ferme et autoritaire suivant les circonstances.
Jamais, je n'ai hésité à faire les premiers pas même si une tierce personne me disait « t'es trop con, tu t'abaisse comme si tu étais la coupable de la situation ». J'ai toujours eu tellement peur que la mort empêche à tout jamais ce rapprochement.
Pour revenir à la querelle avec les parents COTTE, bien plus tard, Lucienne ma cousine qui était restée très proche des grands-parents,, m'expliqua qu'il y avait eu un malentendu. Les grands-parents avaient, semble-t-il, omis volontairement de déclarer certaines ressources pour ne pas payer leurs soins. Mais ils ne pensaient pas que l'administration ferait une enquête sur la solvabilité de leurs enfants. Ils n'avaient eu aucune volonté de dépendre de leurs enfants. A l'époque, personne n'a essayé d'expliquer ce qui s'était réellement passé. Une preuve de plus que dans les conflits familiaux et amicaux, il suffit bien souvent de se parler pour résoudre les différents et se comprendre. Ce fut, là encore, une nouvelle leçon qui conditionnera toute mon attitude future.
Chaque fois que je ne réussi pas à renouer les liens, je culpabilise de ne pas avoir trouvé les mots même face à quelqu'un de rancunier. Mais j'ai aussi constaté que la réconciliation n'est souvent possible que si, avant le conflit, il existait de l'amour, de l'estime et de la tendresse entre les protagonistes. Car il faut que les 2 parties au fond d'elles regrettent la cessation des relations, sinon c'est souvent impossible.
L'importance de l'île d'Oléron dans ma vie
Ce chapitre contient surtout des souvenirs de ma mère (92 ans) car curieusement sa mémoire est plus intacte que la mienne.
En 1951, mon père Robert avait une collègue Madame Mercédès CHALMIN qui lui a donné une adresse pour louer pendant les vacances à Saint Trojan les bains dans l'ile d'Oléron, c'était chez Mr et Mme BOULET. Ma mère se souvient qu'à leur arrivée elle a trouvé sur la table une casserole avec 2 litres de lait laissée par la propriétaire. Une attention qui a beaucoup touché mes parents. Ce couple était d'une gentillesse et d'une générosité sans borne. Mes parents se sont sentis en famille et sont revenus souvent avec moi jusqu'en 1964. Mr et Mme BOULET avait une fille qui avait 2 fils Daniel né en 1950 et Claude né en 1948 ainsi qu'une fille.
195X Martine avec Daniel et Claude les petits-fils de Mr et Mme BOULET
A côté de la maison il y avait le frère de Mr BOULET qui avait un chien que j'adorais et qui chaque année nous reconnaissait.
En 1964, Robert et Simone ont emmené le fils de la marraine de Martine, Philippe Rabourdin, pour les vacances à St Trojan. Plusieurs années, ils sont allés chercher leur nièce Christiane Vignot qui était en colonie de la police à Ronce-les –bains.
Mes parents sont retournés sans moi passer des vacances à Saint Trojan en 1973. Ils avaient loué dans un hôtel et pensaient revoir la famille BOULET. Mais le dimanche de leur arrivée, il y avait une communion dans l'hôtel. Parmi les invités ils reconnurent tout de suite Mme BOULET. C'était la communion d'une petite-fille. Mr BOULET était décédé. Elle invita aussitôt mes parents à venir la voir souvent pendant leur séjour. Ils apprirent que Claude le petit-fils était routier.
La petite plage de St Trojan dans les années 5x
Robert et Simone Ile d'Oléron années 5x
Simone à la pêche avec Mr Boulet Ile d'Oléron années 5x
1964 Mr et Mme BOULET entourés de Simone (à gauche) et Martine, Philippe
1964 le petit train de St Trojan avec sur le marche pied photo de gauche Martine et photo de droite Robert. Assis on voit Simone et Philippe ainsi que ? (1)
1964 excursion à l'ile d'Aix
1964 de gauche à droite Christiane, une copine, Philippe, Simone, ? (1), Martine
Derrière Ronce-les-bains
Le ? concerne une fille qui semble-t-il était souvent avec nous. On la retrouve sur les photos du train. Etait-ce la petite-fille de Mr et Mme BOULET ???
Je repense souvent à ces années de vacances à l'Ile d'Oléron et la chanson de Michel Jonasz ci-dessous m'émeut toujours beaucoup car elle raconte exactement la situation et l'atmosphère de l'époque. Je crois me souvenir que pendant ces vacances, Gabriel venait vivre dans la maison de mes parents à Villepreux pour passer les vacances avec sa fille Mireille.
Vacances au bord de la mer ♪
On allait au bord de la mer
Avec mon père, ma sœur, ma mère
On regardait les autres gens
Comme ils dépensaient leur argent.
Nous il fallait faire attention
Quand on avait payé
Le prix d'une location
Il ne nous restait pas grand-chose.
Alors on regardait les bateaux
On suçait des glaces à l'eau
Les palaces, les restaurants
On n'faisait que passer d'vant
Et on regardait les bateaux
Le matin on s'réveillait tôt
Sur la plage pendant des heures
On prenait de belles couleurs.
On allait au bord de la mer
Avec mon père, ma sœur, ma mère
Et quand les vagues étaient tranquilles
On passait la journée aux îles
... Sauf quand on pouvait déjà plus.
Alors on regardait les bateaux
On suçait des glaces à l'eau
On avait l'cœur un peu gros
Mais c'était quand même beau
L'ile dOléron au 21ème siècle
Nous sommes retournés avec mon mari à St Trojan en 2016. Pas facile de faire ressurgir des images-souvenirs vieilles de 52 ans
La petite plage de St Trojan dans les années 50 (en haut Simone et Martine)
et en 2016.(en bas)
Phare de Chassiron
Simone, Robert et Martine dans les années 50 et le phare en couleur en 2016
La rue Omer Charlet, la maison louée par mes parents était au n°80, la photo en noir et blanc je joue devant la maison n° 76, le petit chemin pentu entre les 2 maisons mène au n°78 maison de Mr et Mme BOULET.
La maison en 2016
L'amitié de Simone, Robert avec la famille LUTHIN (Villepreux)
Comme expliqué précédemment, on sait que Robert et Simone partent en vacances avec Martine à Saint Trojan les bains dans l'ile d'Oléron par le train dès 1951, puis en voiture à partir de 1956. Ils louent une maison d'un couple d'ostréiculteurs Mr et Mme Boulet qui deviendront des amis. Ils y viendront régulièrement jusqu'en 1958 et plus tard, y retourneront de temps en temps. La dernière fois sera en 1973. Dans les années 60, ils y emmèneront leur nièce (côté Robert) Christiane Vignot ainsi que le fils de la marraine de Martine, Philippe Rabourdin.
En 1952, Martine fait la connaissance sur la plage d'une petite fille Hélène (ou Françoise ?) Luthin d'un an ou deux, son aînée. (((Ma mère se souvient de Françoise alors que pour moi c'est Hélène, Dans le doute, je continue dans ce document à l'appeler Hélène sans aucune certitude))). Les parents vont sympathiser ainsi que la grand-mère d'Hélène, Madame Renée Luthin, que Martine et Mireille appelleront plus tard ‘'la tata Renée''. Son mari Georges est resté travailler.
De droite à gauche : Jean Luthin, sa mère Renée Luthin, son épouse , sa fille Hélène, Martine et Simone à St Trojan les bains en vacances en juin. Robert prend la photo.
Hélène Luthin et Martine Vignot à St Trojan les bains devant la location de Robert et Simone, les parents de Martine
Par chance, les Luthin habitent à Paris non loin de chez Simone et Robert.
Ils se revoient donc en dehors des vacances. Jean Luthin le père d'Hélène est employé de banque et peut à ce titre aller le week-end dans un club du personnel de la banque BNCI à Louveciennes (78) pour faire du sport. Ils font entre autre du tennis pendant que les fillettes pataugent dans le bassin du parc. C'est une famille très douce et gentille qui devient très proche de mes parents. Simone en garde un excellent souvenir.
A gauche Robert et Jean à Louveciennes
Robert et Simone habitent au 161 rue du faubourg Saint Antoine, appartement qui leur avait permis de quitter la chambre de bonne du 3 rue Guillaumot. C'est un collègue ESSO (Daniel Pignet) qui travaille avec Robert, qui leur a indiqué qu'il y avait l'appartement à côté du leur qui était à louer. C'est un très vieil immeuble mais il y a 2 pièces et ce n'est pas trop cher. Il a vue sur les toits, sans soleil. A leur arrivée, il a fallu tendre une toile au dessus du lit de Martine pour ne pas qu'elle reçoive en dormant des morceaux du plafond. Le chauffage est précaire et pendant l'hiver 54, ils devront aller chez les grands-parents paternels de Martine car le gaz et l'eau ont gelé dans les canalisations. Il n'y a qu'un wc pour l'immeuble sur le palier.
Lorsque Robert et Simone explique à la famille Luthin que leur médecin, à cause de la santé fragile de Martine, les incite à la placer dans une structure à la campagne ou à déménager, ils sont désespérés. Simone ne veut pas que sa fille vive ce qu'elle a vécu enfant, en pension, et ils ne sont pas très riches pour aller ailleurs. Lorsqu'ils racontent cela aux Luthin, aussitôt, Renée Luthin, la grand-mère leur propose de leur louer une maison meublée qu'elle a dans un petit village de seine et oise qui s'appelle VILLEPREUX. Elle leur propose de venir passer le mois d'août 1956, mois de vacances de Robert (Simone travaille à domicile) pour voir si cela leur plait. Bien que Simone n'ait pas trop envie de quitter Paris pour comme elle dit ‘'s'enterrer à la campagne'', elle accepte le mois à l'essai.
Autre problème, les grands-parents paternels Maurice et Fernande Vignot ne pourront pas prendre Martine en vacances en juillet, comme d'habitude, car Maurice doit se faire amputer d'une jambe.
Renée leur explique qu'à côté de sa maison meublée, il y a sa belle-sœur Marie Bonolas qui vient de perdre son mari (décembre 1955) qui pourrait prendre Martine en juillet.
La famille LUTHIN et madame BONOLAS dite ‘'tata Marie''
Qui était Madame Marie BONOLAS ?
Marie Emilie LUTHIN dite ‘'tata Marie'', fille de Georges LUTHIN et Françoise MARY, est née à 16h le dimanche 11 avril 1886 au domicile de ses parents au 27 rue du dpartement à Paris 18e (acte n°1763).
Elle s'est mariée à 10h10 le samedi 2 janvier 1904, à l'âge de dix-sept ans, à Paris 19e, 75019, avec Gaston BESSON. Puis ils ont divorcé le 25 octobre 1922
Par la suite, Marie Emilie s'est remariée le mercredi 17 mars 1926, à l'âge de 39 ans, à Paris 19e, avec Pierre Antoine BONOLAS, âgé de 49 ans, fils de Catherine BONOLAS
Note relative à l'union de Pierre Antoine BONOLAS et Marie Emilie LUTHIN (m. 1926) : Lors de leur mariage en 1926, elle habitait 7 rue mathis à Paris et lui au 18 rue Jean-Jacques Rousseau à Ivry sur seine (94).
Un contrat de mariage a été signé chez Maitre DAUCHEZ à Paris le 03 mars 1926.
Marie Emilie a été apprêteuse. Elle est décédée le jeudi 26 novembre 1970, à l'âge de 84 ans, à Montfort-l'Amaury, 78490. Elle était hospitalisée depuis le 16.09.1970 au centre hospitalier de la Mauldre à Montfort l'Amaury au service Médecine et y restera jusqu'à son décès.
11.04.1886 naissance de Marie BONOLAS dite 'Tata Marie'
Acte de mariage de Gaston BESSON et Marie Emilie LUTHIN, le samedi 2 janvier 1904 à Paris 19e
Acte de mariage de Pierre Antoine BONOLAS et Marie Emilie LUTHIN,
le mercredi 17 mars 1926 à Paris 19e,
Acte de décès de Marie Emilie LUTHIN, le jeudi 26 novembre 1970 à Montfort-l'Amaury
Lieu du décès de Tata Marie
Pierre Antoine BONOLAS. Il est né le jeudi 31 août 1876 à Beaufort, 73270. Acte page 98/661. D'après son acte de naissance il n'a été reconnu par sa mère Catherine que le 14/06/1890 soit près de 4 ans plus tard. Il avait également été marié le jeudi 10 octobre 1907, à l'âge de 31 ans, à Lyon 2e, avec Jeanne LANÇARD. Jeanne est née le 29 avril 1885 à St Chamond (42). Elle est décédée le mardi 22 avril 1924. Pierre Antoine et Jeanne ont eu un fils Paul Joseph BONOLAS qui s'est marié le 22.12.1923 à Ivry-sur-seine (94) avec Madeleine Yvonne PASQUERO.
Pierre Antoine a été garçon de café. Il est décédé le mardi 27 décembre 1955, à l'âge de 79 ans, 1 rue de la gare à Plaisir, 78370, où il habitait avec son épouse Marie.
Acte de décès de Pierre Antoine BONOLAS, le mardi 27 décembre 1955 à Plaisir, 78370
Génération 2
Les parents de Marie étaient Georges LUTHIN marié avec Françoise MARY. Georges a été brasseur puis camionneur.
Georges LUTHIN et Françoise MARY ont eu six enfants (trois garçons et trois filles) :
1) Georges François LUTHIN. Il est né à 5h du matin le samedi 21 février 1885 à Paris 19e, au 14 rue du département chez ses parents. Acte n°538 page 3/31
2) Marie Emilie LUTHIN, dite ‘' tata Marie'' (1886-1970)
3) Georges Jacques LUTHIN. Il est né à 1h matin le samedi 12 novembre 1892 à Paris 19e, au domicile de ses parents au 34bis rue d'Aubervilliers (acte n°3268 page 12/31)
Il s'est marié le mardi 14 février 1922, à l'âge de vingt-neuf ans, à Paris 19e, avec Renée Marie Emilie JULLIARD dite ‘'tata Renée'', âgée de vingt et un ans, fille de Jules Cyrille JULLIARD et Marie Louise LAPERGUES. Renée Marie Emilie est née à 7h matin le mardi 22 janvier 1901 à Paris 10e, au 5rue Pierre Chausson. (Acte n° 392 page 12/31)
Elle est décédée le mardi 1er janvier 1985, à l'âge de 83 ans, à Ris Orangis, 91130. Georges Jacques a été marchand de cuirs. Il est décédé le mercredi 17 février 1971, à l'âge de 78 ans, à Villepreux, 78.
Note relative à l'union de Georges Jacques LUTHIN et Renée Marie Emilie JULLIARD (m. 1922)
Lors de son mariage Renée habitait au 34 rue d'aubervilliers à Paris.
(vu copie papier de l'acte de mariage)
La mère de Renée était domiciliée au 15 rue Vincent. Elle a été reconnue le 31.01.1901 par son père Jules Cyrille JULLIARD, puis légitimée lors du mariage de ses parents.
4) Louis LUTHIN. Il est né à 16h le dimanche 24 mars 1895 à Paris 19e, au domicile de ses parents au 34bis rue d'Aubervilliers paris 19e (acte page 20/25)
Il s'est marié le samedi 5 mai 1923, à l'âge de vingt-huit ans, à Pais 19e, avec Marcelle RAYNAUD. Louis et Marcelle ont divorcé le samedi 27 juillet 1946 à Paris 19e, au Tribunal de la seine. Louis est décédé le dimanche 12 décembre 1948, à l'âge de 53 ans, à Paris 18e.
5) Jeanne Georgette LUTHIN. Elle est née à 18h le jeudi 11 février 1897 à Paris 19e, au domicile de ses parents au 34bis rue d'Aubervilliers paris 19e
(acte n°429 page 24/31)
6) Jeanne Madeleine LUTHIN. Elle est née à midi le samedi 22 juillet 1899 à Paris 19e, au domicile de ses parents au 34bis rue d'Aubervilliers paris 19e
(acte N°1932 page 19/31)
Elle s'est mariée le samedi 15 juin 1918, à l'âge de dix-huit ans, à Paris 19e, avec Louis MILOT. Il est décédé avant 1927. Plus tard, Jeanne Madeleine s'est remariée le samedi 17 décembre 1927, à l'âge de vingt-huit ans, à Paris 19es, avec Charles RAYNAUD. Jeanne Madeleine est décédée le vendredi 27 juin 1986, à l'âge de 86 ans, à Crosne, 91560.
Pierre Antoine BONOLAS était un enfant naturel (sans père)
Sa mère Catherine BONOLAS est née vers 1836. Elle avait 40 ans à la naissance de son fils Pierre Antoine et ne l'a reconnu que 4 ans plus tard (voir émargement de l'acte de naissance de son fils (acte page 98/661)
Les premiers mois de Martine à Villepreux
Après être passés voir Madame BONOLAS un dimanche, Robert et Simone sont d'accord pour que Martine passe le mois de Juillet avec elle et pour passer le mois d'août à l'essai. Cela lui fera 2 mois à la campagne et sera très bien pour qu'elle reprenne des forces au grand air.
Je me souviens très bien de ce début juillet 1956 et du départ de mes parents me laissant seule avec cette Madame Bonolas qui me demande aussitôt de l'appeler ‘'tata Marie''. Dès le départ de mes parents, elle m'a emmenée au jardin voir les poules et les lapins. Le matin on allait chercher des œufs. On faisait de grandes promenades dans les champs, on allait chercher le lait à la ferme où je voyais des vaches, des chevaux, des cochons et les chiens de la ferme. Tata Marie invitait les enfants de mon âge du voisinage pour le goûter. Mais je m'ennuyais beaucoup de mes parents surtout le soir, car pour la première fois je dormais seule dans une chambre à moi, loin de mes parents.
Hormis la mauvaise expérience des vacances 1954 chez mes grands-parents maternels Georges COTTE et Gromémère, je n'avais jamais quitté mes parents. Mes séjours chez mes grands-parents paternels Maurice et Fernande faisaient partis de ma vie depuis le début et donc ne me posaient pas de problème, même si l'on m'a raconté que je n'étais vraiment contente que lorsque je n'avais pas tout le monde près de moi (parents ET grands-parents)
La maison de la Tata Marie se composait d'une pièce commune en bas et une chambre en haut. Hormis chez mes grands-parents j'avais toujours vécu dans une seule pièce avec mes parents et avec une maman qui travaillait à domicile.
Mais la tata Marie était douce et gentille, je l'ai vite aimée comme une grand-mère. Le mois finalement a passé vite. Puis en août mes parents sont venus faire l'essai dans la maison meublée en face juste séparée par une petite cour de celle de Tata Marie.
Finalement mes parents décidèrent de déménager pour la rentrée scolaire 56/57. Le village de Villepreux comptait 563 habitants, j'avais plaisir à répéter ‘'les 3, c'est nous''.
La maison de Georges et Renée Luthin à Villepreux prend l'air d'un château pour moi. Au rez-de-chaussée une belle salle à manger, une cuisine et une trappe dans la cuisine pour aller à la cave. Au premier étage, deux belles chambres. Pour les wc il faudra aller au fond du jardin. Mais c'est courant à cette époque. Les meubles sont en très bon état'.
Dans la cour il y a aussi la maison des ‘'Cochin'' et la maison des ‘'Houellebecq''
Puis au numéro 26 de la rue, juste à côté, il y a celle de la grand-mère Guitard qui garde sa petite-fille Ghyslaine Geets. Nous deviendrons très vite copines et on se retrouvera à l'école. Cette grand-mère a une chatte nommée Totoche qui est très sauvage mais sympathise avec moi. Ghyslaine me donnera le surnom de ‘'Totoche'' qui me collera à la peau jusqu'au collège. Collège des Clayes sous bois, où Ghyslaine et moi nous retrouverons plus tard. Après s'être perdues de vue après le BEPC, nous reprendrons contact dans les années 2000 grâce à facebook. Nous correspondons toujours en 2016.
De gauche à droite : Martine avec le chat Pompon, Ghyslaine avec le chien Dicko, et Mireille
Première rentrée scolaire de Martine à Villepreux
La loi de séparation de l'église et de l'état n'avait que 51 ans. La ‘'tata Marie'' avait prévenu qu'il valait mieux ne pas dire que je venais d'une école privée. Ce serait très mal vu.
Dès l'âge de 2 ans 1/2 , A Paris, j'accompagnais ma mère qui allait porter le résultat de sa confection à domicile (des brassières, des culottes de judo, etc) nous passions devant l'école maternelle de notre quartier, je pleurai en criant que je voulais aller à l'école.
A la maison, je déchiffrais déjà les lettres sur les bouteilles et les boites.
Mes parents m'ont donc mise à l'école publique. Ils faisaient entrer les enfants par une trappe (genre chatière !) et en ce retournant on ne voyait plus les parents. Dans cette école on jouait et moi je voulais apprendre comme ma cousine Lucienne (mais 4 ans mon ainée).
La maîtresse finit par dire à ma mère que je passais mes journée à pleurer prostrée dans un coin, et qu'elle ferait mieux de me garder à la maison jusqu'à 6 ans pour le CP. Alors ma mère, à contre cœur, m'a mise dans ce qu'elle appelait ‘'une école de bonnes sœurs''. Ses souvenirs d'enfance la stressaient encore. C'était l'école Saint Raphael, rue Hector Malot, Paris 12e. Les sœurs étaient très sévères, il y avait un cachot dans la cour, où elles enfermaient parfois toute la journée les élèves récalcitrantes, mais je me suis beaucoup plu dans cette école. Dès le début, on m'a appris à lire, à écrire, à coudre avec des bouts de laine et du carton. Ma timidité faisait que j'étais très sage et donc jamais au cachot. J'étais heureuse.
Lorsqu'à Villepreux, il fut décidé que j'entrerai, en fonction de mon âge, au cours préparatoire (CP), ma mère ne put s'empêcher de dire tout ce que je savais déjà faire. Mais l'histoire de l'école privée fit que l'école ne changea pas d'avis. Heureusement, pour moi, c'était une école de campagne mixte. Seulement 3 classes du cours préparatoire au certificat d'études. Ce qui fait qu'il y avait 3 niveaux différents dans ma classe. J'écoutai donc les autres niveaux et à la fin de l'année, j'avais emmagasiné le programme du niveau supérieur.
Toutes ces années à Villepreux jusqu'en 1960, je les ai passées en tête. Avec ma copine Elisabeth Salty, on était en compétition pour la 1ère et la 2ème place que nous occupions alternativement. Chaque année nous recevions les 2 prix de tête : prix d'excellence et prix d'honneur. Comme ma mère autrefois, j'adorais apprendre.
Lorsque Mireille prend le relais de Lucienne auprès de Simone et Robert
Simone et Robert après s'être largement occupée de Lucienne, lorsqu'ils quittent Paris ne vont pas tarder en 1956, en arrivant à Villepreux d'être sollicités pour une autre nièce Mireille (fille de Gabriel).
Depuis son mariage, Simone n'a pas de nouvelles de son frère Gabriel, et les parents COTTE n'en parlent jamais. Un jour, profitant d'un tête à tête avec son père Georges en 1956, Simone se décide enfin à lui demander s'il connait l'adresse de Gabriel. Celui-ci lui précise qu'il lui a déjà écrit mais sans recevoir de réponse. Gabriel a la rancune tenace.
Simone écrit à son tour. Et un après-midi, à l'improviste, Gabriel sonne à la porte de sa sœur Simone et de son beau-frère Robert. A Villepreux. Les retrouvailles sont chaleureuses, car ils n'étaient pas fâchés, seule la vie les avait séparés. C'est là qu'il leur annonce qu'il est marié et a une fille Mireille née en 1951 qu'il a du placer à la campagne car son épouse Marthe est toujours malade et incapable de s'occuper d'une enfant. Il revit un peu la situation de son père Georges. Gabriel n'a pas de voiture et ne peut donc pas aller voir sa fille aussi souvent qu'il le voudrait. Robert et Simone lui propose de l'emmener.
Mireille est du côté de Château-Thierry, dans une ferme. Ils trouvent une enfant sale au milieu des cochons et des poulets. Elle ne sait pratiquement pas parler et est abandonnée à elle-même. Elle a alors 5 ans. Gabriel dit qu'il est peiné de cette situation mais n'a pas d'autre solution. Simone et Robert sont bouleversés et rentrés chez eux, cherchent comment arrêter cela. Ils parlent de cette situation à la ‘'Tata Marie''. Ils ont vu qu'elle s'était très bien occupée de Martine. Marie est veuve depuis peu de temps et s'ennuie un peu.
Elle pourrait être la grand-mère de Mireille mais accepte aussitôt la proposition de Robert et Simone de prendre Mireille chez elle, s'ils acceptent de l'aider dans l'éducation de leur nièce.
Mireille et la Tata Marie en juin 1962 à la communion de Martine
Gabriel et Mireille
Immédiatement Gabriel accepte et amène sa fille. Gabriel s'occupera beaucoup de sa fille Mireille. Chaque fois qu'il le peut et au moins une fois par mois, il viendra passer le week-end à Villepreux, Robert ira le chercher à la gare de St Nom la Bretêche, et il couchera chez Robert et Simone, dans le lit de Martine qui, toute contente ira dormir dans le même lit que Mireille chez la ‘'Tata Marie''. Seule une toute petite cour sépare les 2 habitations. Gabriel devient très copain avec Robert et se sent toujours proche de sa sœur Simone. Ils ne se fâcheront jamais. C'est Robert en 1963 qui a aidé Gabriel à constituer son dossier pour acheter une maison à Taverny, après son divorce. Il voulait laisser quelque chose à sa fille.
Robert et Simone associent Mireille et Tata Marie à presque toutes leurs sorties, leurs réunions de famille, un peu comme si c'était leur 2ème fille, la Tata Marie est un peu une nouvelle grand-mère de la famille. Martine et Mireille sont comme 2 sœurs, toujours ensemble, se chamaillant parfois. Martine qui n'a plus la protection de Lucienne, endosse le rôle de protectrice de Mireille. On appelle Martine le fil de fer ou le haricot vert tant elle est maigre, pendant que Mireille un peu ronde est appelée grosse patate. Martine, prend alors de l'assurance et est prête à tout pour défendre sa cousine des railleries des autres. Elle s'est même fâchée avec son meilleur copain Alain Bourgeois jusqu'à ce qu'il fasse des excuses à Mireille de qui il s'était méchamment moqué.
Mireille à droite et Martine
Compte tenu de sa vie d'avant, à son arrivée à Villepreux, Mireille avait du retard et était perturbée. Heureusement, le fait que l'école avait 3 niveaux dans chaque classe a permis que Mireille et moi étions au début dans la même classe. Ce qui permettait à Mireille de se réfugier souvent auprès de moi et à moi d'aider Mireille le soir pour les devoirs et les leçons.
Cette même configuration au 21ème siècle, aurait vu Mireille envoyée chez un psychologue ou chez un éducateur spécialisé de l'école. Pas sûr que c'eut été plus efficace que la tata Marie qui a fait preuve de beaucoup de douceur et d'affection envers Mireille de même que mes parents. Entourée de l'amour familial de son père, son oncle, sa tante, sa nourrice et sa cousine, Mireille est vite redevenue une petite fille comme les autres.
Mireille et moi avions des caractères opposés. Mireille était aussi calme que j'étais hypernerveuse ce qui fait que nous nous chamaillons souvent. Mireille était boudeuse, moi pas du tout. Je me revois certaines fois secouer Mireille ‘'au figuré comme au propre'' pour qu'elle se ‘'bouge''. Lorsqu'on se disputait, la tata Marie et ma mère nous séparaient. Chacune chez soi. Mais séparées, on s'ennuyait vite.
Or seule une petite cour de 3 mètres séparait les 2 maisons qui se faisaient face. Souvent c'était moi qui commençait à écrire à la craie sur son ardoise et la collait sur la vitre, Mireille, lorsqu'elle ne boudait plus, me répondait de la même façon. Nous correspondions ainsi jusqu'à la fin de la punition. Puis on se sautait au cou lorsqu'on nous libérait ; quitte à se fâcher à nouveau peu de temps plus tard. Ce qui amusait les adultes.
Nous avons, Mireille et moi, vécu de merveilleux moments de complicité qui se sont prolongés lors de notre vie d'adulte.
Ecole Pasteur à Villepreux. A = Martine Vignot. B = Mireille Cotte
J'ai fait ma communion en juin 1962 et Mireille en juin 1963. Les 2 fêtes ont eu lieu aux Clayes sous bois chez Robert et Simone qui ont tenu à organiser exactement la même fête pour Mireille que pour Martine. Les invités furent les mêmes pour les 2 communions
L'utilisation de l'eau et l'hygiène
A cette époque, il n'y avait qu'un point d'eau dans les maisons, c'était l'évier de la cuisine avec parfois un chauffe-eau à gaz pour avoir de l'eau chaude. Les WC étaient dans les jardins. Les eaux usées de l'évier (eaux de cuisine et de la toilette) se déversaient par un tuyau qui sortait dans les caniveaux des rues et s'écoulaient lentement le long de ces caniveaux. Pour la toilette, on se lavait ‘'par morceaux'' De temps en temps on mettait les enfants dans la lessiveuse pour un bain. Pour le linge c'était aussi la lessiveuse et le séchage dans le jardin ou sur les fils tendus sur le plafond de la cuisine. Puis ma mère a eu une machine à laver. La tata Marie apportait son linge et celui de Mireille ce qui lui facilitait la vie. A l'époque on disait ‘'machine à laver'' car il ne pouvait pas y avoir de confusion puisque le lave-vaisselle n'existait pas. Ce n'est qu'ensuite que l'on a parlé de lave-linge pour les différencier. Quant aux WC, ils étaient dans le jardin de Tata Marie mais bien à 50m. Nous avions donc un seau en plastique sous l'escalier dans la cuisine que mes parents allaient vider chaque jour sur le tas de fumier du jardin. Quant aux WC du jardin, c'était une cabane en bois avec un siège percé dans le jardin de Tata Marie. Dessous une grande cuve en métal que mon père allait vider lorsqu'elle était pleine dans son jardin appelé ‘'aux grands jardins'' plus loin encore. Il posait la cuve sur une brouette pour y aller. On s'essuyait avec du papier journal. Sur le fumier du jardin de la Tata Marie et celui de mes parents on jetait aussi les déchets de cuisine, les feuilles mortes. Les éboueurs ne passaient pas. Tout ceci servait d'engrais pour le jardin. C'était la culture biologique de l'époque ! On n'utilisait pas d'engrais chimiques ni des pesticides industriels mais le marc de café, l'huile, l'eau de javel, l'eau savonneuse, le vinaigre, etc. On désherbait à la main ou à la binette. C'était dans les années 50. Lorsque je vous raconte cela en 2016 j'ai l'impression qu'il y a une éternité, tant les temps ont évolué rapidement.
L'affaire du lavoir de Villepreux
C'était l'hiver et il y avait des travaux d'installation du ‘'tout-à-l'égoût'' dans le village. Il avait beaucoup plu et il y avait de la boue partout. Notre bande d'enfants décida d'aller jouer vers le lavoir du village. Puis tout à coup, une idée géniale ‘'et si on traversait le lavoir sur la poutre centrale au milieu de l'eau''. Mireille avec d'autres moins téméraires, n'étant pas d'accord, partirent jouer plus loin. Mais Alain Bourgeois, Ghyslaine Geets et moi, non sans avoir traité les autres de ‘'poule mouillée'' décidons de le faire. Cette poutre était recouverte de 2cm d'eau et partageait le lavoir en 2. Un côté pour laver et l'autre pour rincer. Nous voilà partis à la queu leu leu sur cette poutre. Alain fut le 1er à glisser et tomber dans l'eau, puis les 2 filles ont suivi. Nous avions oublié que le lavoir servait toujours et que sur la poutre et dans le fond du lavoir, il y avait des algues et surtout des dépôts de savon rendant le tout très glissant. Alain, le garçon en culotte courte réussi à sortir de cette eau, mais Ghyslaine et moi avions des robes en laine tricotée qui avec l'eau étaient devenues très lourdes. Nous avions beaucoup de mal à revenir vers le bord, lorsque l'on aperçu le garde-champêtre. C'était un homme dont les enfants avaient peur, car il représentait la loi et nous avions peur qu'il nous mette en prison si on faisait des bêtises. Prises de panique nous nous sommes enfoncées dans l'eau pour que la tête ne dépasse plus du bord. Le garde champêtre est passé sans nous voir. Nous avons finalement réussi à remonter sur le bord avec de grosses difficultés. Il faisait froid et nos vêtements dégoulinaient. Nous avons tout essoré comme on pouvait, mais nous grelottions. Il fallait rentrer à la maison. Ghyslaine expliqua à sa grand-mère et moi à ma mère que nous étions tombées dans la rue, que nous étions pleines de boue et que nous avions nettoyé nos vêtements au lavoir. On nous a changé totalement et ma mère m'a dit des années plus tard que ni la grand-mère ni elle n'avaient ‘'gobé'' notre histoire car les chaussettes, chaussures et petites culottes étaient trempées. Mais ayant compris à nos têtes que nous avions eu la peur de notre vie, elles ont fait semblant de nous croire et n'ont pas insisté. Nous n'avons même pas attrapé un rhume. Mais nous n'avons jamais retenté l'expérience.
La panique au village de Villepreux
Les enfants vivaient en totale liberté. On entrait et sortait dans n'importe quelle maison. Nous courions dans les champs et faisions du vélo sur la route principale du village tant les voitures et les cars étaient rares. On allait goûter à 4h chez les voisins comme cela au hasard. Chaque adulte se sentait responsable de l'ensemble des gamins du village. Et en cas de bêtises, cela ne posait aucun problème si l'un d'eux engueulait ou punissait un enfant qui n'était pas le sien, si c'était justifié. Un jour encore une idée de génie, une bande de 14 garçons et filles entre 6 et 10 ans décidèrent de s'éloigner un peu du village en vélo. C'était en début d'après-midi, il faisait beau et chaud. Nous avons roulé en chantant, en faisant la course, complètement insouciants. On était heureux. Puis les plus petits ont commencé à pleurer parce qu'ils étaient fatigués. Nous avons fait demi-tour, mais à un croisement de route, nous n'étions pas d'accord sur le chemin à prendre pour le retour. Un garçon a crevé, on a abandonné le vélo et chacun à tour de rôle l'a pris sur son porte-bagages. Nous commencions tous à nous épuiser, nous étions en plein champs au milieu des blés et pas un seul panneau aux croisements des routes. Le soleil commençait à se coucher, la clarté diminuait, beaucoup pleuraient se voyant perdus à tout jamais dans la nature. Quand nous aperçûmes un panneau « Villepreux 9 Km ». On n'en pouvait plus mais nous avons trouvé l'énergie pour rentrer au village.
En arrivant, la nuit tombant, nous avons trouvé la moitié ou plus du village sur la place de la mairie. Les adultes étaient anxieux, se demandant ce qui était arrivé à ces 14 gamins, et prêts à appeler les gendarmes. Certains étaient sur le point de prendre leur voiture ou leur vélo pour sillonner les environs. A cette époque, ils pensaient à l'égarement, à l'accident. La crainte d'un enlèvement ou d'un sadique ou d'une agression n'étaient pas dans la crainte des parents, c'était une autre époque. Les vélos furent confisqués pendant un mois et certain(e)s reçurent une paire de claques ou un coup de pied aux fesses de leurs parents. D'autres furent punis. Pour moi, je fus privée de lecture (j'avais la passion des livres) et obligation de désherbage du jardin de la Tata Marie et de celui de mes parents, au lieu d'aller jouer. Je ne me souviens plus si Mireille avait fait partie de cette escapade.
Divorce de Gabriel et Marthe
En 1963, Marthe va mieux et est retourné vivre chez ses parents au 60 rue Litoff à Colombes. Jusqu'ici, Gabriel n'avait pas pu divorcer, la loi pouvant assimiler que divorcer
d'un conjoint malade était une non assistance à personne en danger. De plus il n'avait pas les moyens ni l'envie de risquer un procès.
Mireille avait très peu vu sa mère depuis sa naissance. Alors quand le jugement de divorce l'a rendue à sa mère, pour Mireille le monde s'est écroulé. A cette époque la parole de l'enfant était sans importance. Elle a eu beau écrire aux avocats qu'elle voulait rester avec sa nourrice et son père. Rien n'y fait. Pour comble de malchance, la tata Marie est tombée malade. Robert, Simone et Martine avaient déménagé depuis 1960, 3 km plus loin aux Clayes sous bois (78). Mireille arriva un jour à vélo, paniquée, chez ses oncle et tante, car la Tata Marie avait fait un malaise. Mireille resta aux Clayes quelques jours, mais la Tata Marie avait vieilli (78 ans), elle ne pouvait plus garder une enfant de 13 ans. Malgré ses oppositions Mireille alla vivre en 1964 chez sa mère et ses grands-parents rue Litoff, comme le prévoyait le divorce.
A partir de cette date, Martine et Mireille vécurent séparées quelques temps à cause des adultes. Gabriel rendait toujours visite à sa sœur et à Robert, mais sans Mireille.
Un jour, en 1967, Martine apprit que Mireille était enceinte. Gabriel était en colère contre la mère de Mireille qui n'avait pas surveillé sa fille et vexé car là encore une fille-mère était une honte. Les filles enceintes étaient ‘'virées'' de l'école.
Un dimanche Gabriel dit au bord des larmes, à mes parents : ‘'je ne veux plus la voir, ce n'est plus ma fille''.
Avec le recul, je pense qu'il était très malheureux, très déçu, il adorait tellement sa fille.
Il fallu plusieurs visites, pour que Robert et Simone arrivent à persuader Gabriel que de renier sa fille n'était pas une bonne solution. Qu'après s'être autant occupé d'elle, il ne pouvait pas l'abandonner à un moment où elle avait tant besoin de lui. Il renoua avec elle.
Mireille se maria avec le père de son enfant Daniel BERRUE. Les 2 cousines recommencèrent à se voir et c'est Martine qui prendra une journée de vacances pour faire le chauffeur en novembre 1970 afin de permettre à Mireille et Daniel d'assister à Villepreux aux obsèques de la Tata Marie.
Robert et Simone et leurs nièces et neveu autres que Lucienne et Mireille.
Mais revenons aux années 50. Simone et Robert n'ont pas été mis à contribution que pour Mireille. Robert avait un frère Raymond VIGNOT (1920 – 1990) dont l'épouse Madeleine (1920-1957), était atteinte d'un cancer du sein qui se généralisait. Elle décèdera après de grandes souffrances le 06 décembre 1957. Leur fille Christiane avait alors 9 ans. Je me souviens des cris de souffrance à Colombes, de cette tante, si douce et si gentille que j'adorais. Parfois, on éloignait les 2 cousines pour ne pas entendre les cris de Madeleine.
Les traitements de l'époque contre le cancer provoquaient d'atroces douleurs.
Après le décès de Madeleine en 1957, Raymond fit une grave dépression. Les grands-parents VIGNOT ainsi que Robert et Simone se relayèrent pour s'occuper de Christiane, en attendant qu'il se relève. Raymond se remariera en 1961.
Christiane venait à Villepreux passer des vacances avec Mireille et moi. Simone, qui avait toujours voulu un garçon proposa à sa sœur Paulette de prendre aussi son neveu Michel (né en 1952) qui vint plusieurs étés se joindre à la joyeuse ‘'colonie'' de Villepreux. C'était des courses endiablées dans les champs, on revenait les chevilles en sang d'avoir couru dans les chaumes, on grimpait dans les arbres. Les copains et copines d'école de Mireille et moi se joignaient à cette bande. Je ne sais pas quels souvenirs en ont les autres mais pour moi, cela restent de merveilleux moments de mon enfance.
Michel dans le cerisier où nous sautions Mireille et Michel dans le jardin de
de branche en branche, déchirant parfois ‘'Tata Marie''
nos vêtements
Dans ce cerisier du jardin de mon père, nous faisions du trapèze, on se jetait d'une branche à l'autre, lorsqu'un jour, Mireille rata une branche et alla s'écraser au sol. Elle ne pleurait, ne bougeait pas. Prise de panique j'ai couru en criant ‘'Mimi est morte, Mimi est morte''. Ma mère et la tata Marie sont arrivées en courant, pour voir Mireille assise, un genou en sang, un bout de robe déchirée et une plaie au coude, rien de plus. Mais nous avions eu la peur de notre vie. Depuis nous, les enfants, refusions que Mireille remonte dans l'arbre.
Un jour de chance pour Mireille
L'école était proche de la maison mais nous descendions la rue Pasteur en bande (Mireille, moi, Ghyslaine Geets, Patrick et Christian Thieffry, Micheline Depresle, Marie-Thérèse Cochin, Jean Alix, etc). Les trottoirs étaient très étroits et souvent on chahutait. Il y avait très peu de circulation. Un jour, Mireille, bousculée, est tombée du trottoir sur la route au moment où passait une voiture.
La roue de la voiture est passée à 10cm de la tête de Mireille. Nous avons tous crié. Le conducteur a pillé et est descendu, tout blanc, de son véhicule. Il a giflé les gamins qui se trouvaient à portée de main. Puis est remonté dans sa voiture. Il avait eu très peur mais nous aussi. Nous étions conscients qu'à quelques centimètres près, la tête de Mireille serait passée sous les roues. J'ai plusieurs nuits fait des cauchemars voyant la tête de Mireille éclatée. Personne n'a parlé de cet épisode aux parents. Mais dès ce jour, nous avons plus prêté attention aux voitures.
Décès de Marcel MAILLARD
Le samedi 13.08.1960, Robert en lisant son journal ‘'le Parisien'' vit un article sur un accident de voiture de la veille où le conducteur qui revenait de son travail avait été tué ; il s'appelait Marcel Maillard et était âgé de 32 ans ; il laissait 3 orphelins. Pas de doute, il ne pouvait s'agir que du mari de Paulette. J'ai tenté de retrouver cet article auprès des archives du journal « le parisien » qui m'a répondu que les archives commençaient en 1980.
A cette époque, le téléphone était peu répandu, Robert et Simone partir immédiatement à Tremblay-les-gonesses. Paulette se retrouvait seule, sans travail, avec Michel (8 ans) Monique (6 ans 1/2 ) et Marianne (1 an dans 15 jours). Michel vint finir les grandes vacances à Villepreux, pendant que Robert et Simone organisaient leur déménagement de Villepreux vers les clayes-sous-bois où ils venaient d'acheter leur premier appartement. Il fut décidé qu'ils prendraient Monique, à la demande de Paulette, dès la rentrée scolaire.
‘'mots d'enfant'' de Michel
Le jour des obsèques de son père en août 1960, Michel s'adressa à toute la famille en prenant une pose bien droite et les bras croisés : ‘'maintenant je suis le seul homme de la famille, c'est moi qui commande''. Tout le monde est resté estomaqué d'un tel aplomb.
Aparté : Lorsqu'il était plus jeune, un dimanche où nous étions tous à ‘'la cabane'', Paulette et Simone étaient dans la cuisine en train de préparer le repas. Michel voyant mettre des gousses d'ail dans le rôti, s'exclama ‘'mais pourquoi tu mets un suppositoire au rôti ? Il est malade ??'' Voyant les adultes éclater de rire, il partit vexé, c'est Martine qui le consolât.
La période fut difficile pour tout le monde. Monique venue habiter chez mes parents, était perturbée par la mort de son père et ne faisait rien à l'école. Mon père Robert était souvent appelé à l'école pour divers problèmes avec Monique. Il n'était pas habitué car j'étais au collège une bonne élève et très disciplinée.
Martine timide et révoltée
Je crois que j'ai toujours été au fond de moi une révoltée, une rebelle ne supportant pas l'injustice et les ordres. Mais ma timidité maladive au début, me faisait souvent enfouir mes bouillonnements. Je passais donc enfant pour une ‘'bavarde'' et une ‘'remuante'' à la maison mais une enfant disciplinée, polie, assidue, bien élevée et réservée à l'extérieur dont l'école.
Mais j'ai quand même eu 2 années où je me suis ‘'lâchée''.
1) à Villepreux en 1957 où tout en gardant ma place de 1ere ou 2ème de la classe, J'ai été punie pour avoir joué au foot dans la classe avec un ballon apporté en cachette par un copain. A l'époque c'était une faute grave !!!
2) Aux Clayes sous bois en 1963, au collège où m'associant aux autres, nous avons chahuté une stagiaire prof d'anglais qui n'avait aucune autorité. La stagiaire a fait sortir plusieurs élèves et lorsqu'elle m'a dit ‘'Martine, dehors'', j'ai eu l'insolence de répondre ‘'oh non mademoiselle, on s'amuse trop bien en classe'' Mon père avait été convoqué par la Directrice ainsi que les parents de mes autres copines. Mes parents étaient stricts à chaque punition du corps enseignant, j'avais le double à la maison. Je fus donc privée de vélo, de livres et de télé avec menace d'être placée en internat. A l'heure où j'écris ces deux anecdotes, elles paraissent bien dérisoires lorsque l'on voit l'évolution de l'autorité dans les écoles.
Ma timidité me faisant rougir lorsque l'on cherchait un coupable et qu'un adulte constatant une bêtise disait ‘' qui a fait cela ??? Dénoncez-vous''. J'étais souvent punie alors que je n'avais rien fait. L'injustice me révoltait (ce sera le cas toute ma vie) mais mon père me disait ‘'tu verras ma fille, dans la vie, l'injustice est partout, c'est à toi de ne pas te faire accuser à tort, mais aussi de ne jamais laisser quelqu'un être accusé à ta place ''. Comme il avait raison.
Revenons à Monique qui avait des soucis scolaires et pleurait souvent. Elle s'ennuyait de sa mère Je me souviens qu'elle chantait souvent le soir la vieille chanson les ‘'roses blanches'' de Berthe Silva, en pleurant sa maman. Je n'arrivais pas à la consoler. Un jour, elle me fit très peur en tentant de se jeter sous les roues d'un car. Je me suis sentie obligée d'en parler à mes parents. Voyant le désespoir de cette enfant, ils décidèrent de la ramener chez sa mère. Robert et Simone proposèrent alors de prendre Michel et de l'élever comme leur propre enfant. Ils lui paieraient ses études pour soulager un peu Paulette. Mais celle-ci, peut-être traumatisée par ce qu'elle avait vécu avec Lucienne, refusa tout net en disant ‘'vous prenez les 3 ou rien, je ne veux pas séparer mes enfants'' Robert et Simone étaient des gens modestes qui pouvaient élever 2 enfants mais pas 4. De plus le logement était trop petit. Donc ce sera aucun. Paulette et Simone se fâchèrent nous étions en 1961/62.
1963 Le contrôle des freins de vélos et main cassée
Un dimanche d'été aux Clayes sous bois, Robert entreprend de vérifier les freins des vélos de Mireille et de Martine. En revenant du garage, alors que Mireille et Martine roulent tranquillement côte à côte et que Robert suit à pied avec un voisin, un copain-voisin roule à fond tête baissée comme les coureurs du Tour de France. Robert voit toute la scène. Lorsque le gamin voit les 2 filles, il est trop tard. Lui n'a pas de freins, et au lieu de contourner, il fonce entre les 2 vélos des filles. Mireille et Martine tombent. Mireille a quelques bleus et ecchymoses mais Martine est KO. Son père Robert se précipite. La main droite est nouée dans les rayons de la bicyclette du garçon et une tempe saigne abondamment. Après avoir repris ses esprits, et dénoué ses doigts, Martine rentre à l'appartement avec son père et sa cousine. Sa mère Simone lui met la main dans la glace. Un doigt reste bien tordu, voyant l'évolution, on décide d'emmener Martine chez le médecin.
Diagnostique = les os du métacarpe broyés. L'index et le médium dont il faut réduire la fracture. A cette époque le médecin de famille fait tout, il remet les os des doigts en place puis plâtre la main. Il faudra ensuite des mois de rééducation.
Je passe alors la fin de l'été à apprendre à écrire de la main gauche car je ne veux pas rater l'école. A la rentrée scolaire, j'arrive à suivre les cours de 5ème et faire mes devoirs de la main gauche tout en passant des heures de rééducation douloureuse. Plus tard, il me faudra réapprendre à écrire de la main droite. Je continuerai à écrire de la même façon de la main droite ou de la gauche. Jamais je ne retrouverai l'écriture d'avant l'accident qui m'avait valu des 1er prix d'écriture. J'ai aussi gardé pendant longtemps de vives douleurs dans cette main.
Orientation professionnelle de Martine
A la fin du collège, vu mes bons résultats, le conseil des profs voulait que je poursuive mes études en ‘'math élem'' ou en sciences. Après être passée comme beaucoup de petites filles, par vouloir être institutrice ou infirmière, j'étais tentée par avocate ou médecin. Je rêvais de trouver un métier où l'on aide les gens. Mais ma mère avait comme devise ‘'les études pour une fille c'est du temps et de l'argent de foutu. Une fille ça se marie, ça fait des gosses, et ça arrête de travailler''. Mon père n'est pas intervenu. Il fallu trouver une orientation courte qui mène à un métier. N'ayant pas d'idée, déçue, j'ai choisi le métier de mon père = comptable. Je suis donc partie après le BEPC au lycée professionnel Jules ferry de Versailles.
L'éducation nationale de l'époque
Pendant mon enfance, il y avait encore des écoles de filles et de garçons bien séparées. Seules les écoles de campagne étaient mixtes par manque d'élèves.
Rentrées 53/54 à 55/56 je suis chez les sœurs dans une école de filles maternelle privée : école Saint Raphael rue Hector Malot à Paris 12e.
Rentrées 56/57 à 59/60 je suis à l'école communale mixte Pasteur de Villepreux (du CP à CM1), Mireille y restera jusqu'en 1964.
Rentrée 60/61 pour le CM2 école de filles René Coty aux Clayes sous bois
Rentrées 61/62 à 64/65 de la 6ème à la 3ème : collège d'enseignement général (CEG) Briquet aux Clayes sous bois, que des filles.
Rentrées 65/66 à 67/68 de la 2ème à la terminale : lycée professionnel Jules ferry à Versailles.
A l'école Coty, côté garçons, il y a mon meilleur copain d'enfance Alain Bourgeois dont les parents, comme les miens, ont déménagés de Villepreux et ont acheté un appartement aux Clayes, dans le même bâtiment et l'escalier juste à côté du nôtre. Nous nous attendons à la sortie de l'école et arrivons ensemble. Ce manège se poursuit l'année suivante lorsqu'Alain et d'autres copains restés à Villepreux se retrouvent au collège Briquet côté garçons et où je retrouve des copines des années Villepreux. Pour la majorité des autres élèves qui n'ont vécu qu'une scolarité filles/garçons séparés, nous passons pour des ‘'dévergondées''. On ne doit pas se ‘'mélanger'' aux garçons ni jouer avec. Certaines filles sont encore persuadées que l'on peut devenir enceinte juste en embrassant un garçon.
Pour la petite histoire, Alain ira aussi au lycée Jules Ferry, et plus tard, en 1984, alors marié à une camarade de Villepreux, il emménagera avec sa famille dans la même résidence pavillonnaire que moi dans un quartier neuf de Villepreux ‘'le val joyeux''. Résidence où j'ai aussi retrouvé d'autres copains de l'école communale de Villepreux, mariés et souvent père de famille. Toutes ces années nous n'avons été que des copains sans aucune arrière-pensée amoureuse de part et d'autre. Amitié qui à l'époque était suspecte…
Dans les années 1960 la mixité va enfin se répandre progressivement. Et on ne peut pas dire que Mai 1968 ait provoqué une avancée législative sur ce point, puisqu'il faut attendre 1975 (11 juillet) et la loi du ministre René Haby pour que la mixité devienne obligatoire à l'école de la maternelle au lycée (Décrets d'application en 1976). Donc en 1965, année de mon entrée au lycée, les Lycées de Versailles tentent depuis peu de temps d'intégrer la notion de mixité. Ainsi au lycée de filles professionnel Marie Curie, il y a 7 garçons pour environ 2000 élèves. Mais le lycée n'a pas très bonne réputation, je choisi le lycée de garçons Jules Ferry où il y a 5 filles pour 4000 élèves. Seule la section ‘'économie'' prend des filles. Dans ma classe nous sommes donc 2 filles. Ma camarade de classe est Michèle Griffouilère. Lorsque nous rencontrons des filles du Lycée de filles Marie Curie, nos copains friment un peu et s'amusent à les ‘'draguer''. Michèle et moi passons pour des ‘'trainées'', y compris auprès des garçons qui ne sont pas dans notre classe. Or nos copains de classe nous ont vite adoptées un peu comme des sœurs. Ils nous soutiennent si d'autres garçons extérieurs à notre clan, nous importunent ou nous ‘'draguent''. Certains nous demandent notre avis sur leurs flirts. Avec Michèle, on partira en vacances ensemble en Italie en 1968 puis nous nous perdrons de vue, jusqu'en 2009, date où nous nous recherchons mutuellement sur facebook. 41 ans après, toutes 2 fidèles à notre amitié, nous reprenons notre amitié là où nous l'avions laissée.
Comment Martine a appris que Henriette n'était pas sa grand-mère biologique
Un jour, j'avais 14 ou 15 ans, ma mère Simone avait son jupon qui dépassait. Comme cela se disait à l'époque je lui dis ‘' tu cherches une belle-mère'' et ma mère, pensant surement que c'était le moment me répond ‘'non merci j'en ai déjà deux''. Bien sûr j'ai demandé des explications pourquoi 2 belles-mères ? Et c'est ainsi que ma mère m'expliqua que Henriette NEUKERMANS était la seconde femme de mon grand-père Georges et pas sa mère. Pourtant depuis toujours on me disait : ‘'tu n'as pas les beaux cheveux des VIGNOT, tu as les mêmes cheveux fins que ‘'Gromémére''. Tu ronges tes ongles jusqu'au sang comme ‘'Gromémère''
J'ai compris alors, ce qui m'avait surprise pendant longtemps : pourquoi mon père Robert parlait de ses parents en disant « mon père, ma mère, papa, maman » et pourquoi ma mère Simone parlait de ses parents en disant « mon père ou papa et ‘'la mère COTTE'' »
Mon oncle Gabriel, lui aussi, parlait de la mère Cotte et ne disait jamais ‘'ma mère ou maman''. Seule Paulette disait ‘'maman''
J'appris aussi que ‘'la mère COTTE'' était entrée dans la vie de Georges bien avant le décès de sa 1ère épouse ; ce que Simone, très attachée à sa mère Denise CONNETTE n'a jamais pardonné. Mes parents étaient déjà fâchés pour toujours avec les grands-parents.
Bien des années plus tard, Mireille est allé présenter ses enfants aux grands-parents Georges et Henriette qu'elle ne connaissait pas ou très peu. Elle ne les avait vus que lorsqu'ils venaient à Villepreux très rarement voir Simone et Robert avant d'être fâchés.
Après mon mariage, J'avais aussi décidé d'aller revoir mes grands-parents maternels, mais le temps a passé et je n'ai jamais revu mon grand-père. Par contre j'ai revu ‘'la mère Cotte'' une seule fois en avril 1975 au décès du grand-père. Mon souvenir d'enfant qui m'angoissait lorsque je pensais à elle, fut définitivement détruit. Elle ne m'impressionnait plus du tout.
Henriette est décédée 5 mois plus tard. J'ai compris que la vie est parfois courte et qu'il ne faut pas faire durer les fâcheries avec sa famille et ses amis sous peine de ne jamais pouvoir vivre la réconciliation.
J'ai aussi compris que dans une famille, ce n'est pas parce que les adultes se disputent que les enfants doivent aussi ‘'couper les ponts''……A méditer.
Ce n'est qu'après 1975 date des décès de Georges et Henriette que les liens se resserrent à nouveau. Comme à leur habitude, c'est Robert et Simone qui seront les architectes de ces retrouvailles. Un des moments forts de la famille, fut le 14.07.1978 où la famille s'est réunit dans leur maison de campagne dans l'Orne. C'est moi qui prends les photos.
Le week-end fut joyeux, presqu'une colonie de vacances. On a rit et plaisanté. Ce fut des moments que j'ai énormément appréciés, moi qui rêvais toujours de grandes tablées familiales.
A cette date, Lucienne, Michel, Monique sont mariés et non présents à cette réunion. Quant à Daniel et Mireille ils sont venus en moto sans leurs enfants Thierry et Patricia qui sont, disent-ils, restés au centre aéré avec les copains.
La famille et les animaux
Nous sommes une famille dont la majorité des membres aiment les animaux. La grand-mère de Gabriel, Simone et Paulette, madame Joséphine MOLARD avait 17 chats lorsqu'elle est décédé en 1954.
J'ai, parait-il appris à marcher avec une chienne. Il s'agissait de la chienne ci-contre dans le village de Paroy-sur-Tholon dans l'Yonne, village du berceau de ma famille paternelle.
Ensuite à Paris, j'ai eu un aquarium avec des poissons.
Puis dès notre arrivée à Villepreux, j'ai eu une cage avec une serine jaune et j'ai ramené, avec l'accord de mes parents, une petite chatte noire Miquette, trouvée dans un tas de paille à l'Ile d'Oléron. Mais cette petite chatte est morte rapidement empoisonnée par un voisin qui tuait tous les chats de Villepreux.
Puis ce fut un chat roux Pompon trouvé dans la rue. Et des copains d'école Christian et Patrick Thieffry (fils du facteur de Villepreux) qui annoncent que leur chienne ratière a eu des petits. Mireille et moi nous précipitons pour les voir. Un des chiots n'a pas de queue, je supplie mes parents pour le prendre. Ils cèdent. C'est un beau petit chien beige clair qui fait rapidement ami avec le chat Pompon. On l'appellera Dicko.
Dicko et Pompon faisaient équipe pour chasser tous les autres animaux du quartier. Quand nous partions sans eux, laissés seuls ils faisaient des bêtises, la crotte derrière la chaudière,
la poubelle vidée, etc. Lorsqu'un jour nous sommes arrivés au bon moment pour voir comment ‘'marchait leur association''. On a vu le chien Dicko qui sautait les 2 pattes avant sur la pédale de la poubelle en plastique, le couvercle s'ouvrait et le chat Pompon sautait sur la poubelle pour la faire tomber. Ensuite, c'était un jeu d'enfant pour tout vider et trainer dans la maison. Mais lorsqu'ils ont entendu que l'on ouvrait la porte, ils sont tous les 2 partis se cacher sous l'escalier des chambres.
Lorsqu'il fallait promener Dicko dans les champs pour faire ses besoins, souvent je revenais en disant ‘'il a rien fait''. Curieusement, lorsque c'était Mireille qui l'emmenait, il faisait tout. Jusqu'au jour où Mireille a expliqué à mes parents qu'avec moi, il courait dans les champs, il jouait et donc ne pensait pas à faire ses besoins. Désormais, ce sera souvent Mireille, plus calme, toute contente, qui promènera régulièrement le chien.
En 1960, mes grands-parents paternels sont venus en vacances à Villepreux dans une des maisons qui donnaient sur la cour (maison des Ducaroir devenu maison des Houellebecq). Je revois encore ma mère m'ordonnant de rester chez mes grands-parents alors que mon père partait précipitamment. J'ai désobéi et vu mon père qui ramenait Dicko par les 4 pattes, il était tout plat. Il s'était fait écrasé par le car STAVO en voulant probablement chercher mon père, pensant qu'il était au garage situé de l'autre côté de la rue.
J'ai pleuré pendant des jours. J'ai fait des cauchemars la nuit pendant plus d'une semaine. Mon père a enterré le chien dans le ‘'grand jardin'' qui était plus loin de la maison que le jardin de la ‘'Tata Marie''. Le chat Pompon s'ennuyait. Un jour une voisine vint dire à mes parents que le chat se couchait sur le milieu de la route et que cela faisait plusieurs fois qu'elle le chassait. Elle disait qu'elle avait vu que le chat était là lorsque Dicko s'était fait écrasé et qu'elle avait déjà connu des suicides d'animaux.
Puis un midi ma mère me dit ‘'tu vas pouvoir manger ton gras de jambon''. Or jusqu'à présent c'était Pompon qui le mangeait. J'ai compris. Mon chat avait fini par se suicider. Il s'était lui aussi fait écraser. Mon père l'enterra à côté de son copain Dicko.
Nous n'avions plus d'animaux, mes parents étaient sur le point de déménager en appartement dans une résidence aux clayes sous bois, où les animaux n'étaient pas vraiment les bienvenus. Bien que très vite, finalement, il y eut de nombreux animaux dans cette résidence.
En 1964, un couple de voisins âgés Mr et Mme RENARD avait un berger allemand nommé Noilly. Ils n'arrivaient pas à en venir à bout et n'avait plus la force de le promener. Ma mère Simone avait cessé son travail à domicile et vendait des journaux-tabacs dans un kiosque en bas de l'immeuble. Mon père dit que ce serait bien qu'elle ait un chien lorsqu'elle rentrait le soir avec la caisse. De plus ce chien faisait la fête à ma mère lorsqu'il venait au kiosque. Ce fut décidé : nous avons adopté Noilly. Il était mal éduqué, nous sommes donc allés au dressage tous les dimanches. Il a obtenu son diplôme de chien de défense et de police.
Il était toujours au kiosque avec ma mère, mais elle du quitter cet emploi et en trouva un à la librairie de la Haie bergerie de Villepreux Il fallait laisser le chien à la maison. Simone n'avait jamais pu faire preuve d'autorité avec les animaux, Noilly devint dangereux. Lorsqu'elle rentrait, il se mettait devant elle, grognait et lui interdisait de rentrer. Mon père, la mort dans l'âme, décida de l'emmener à la SPA où il trouva un nouveau maître garde-forestier. Ce fut un déchirement pour tous. On était en 1967. Plus tard, j'appris que le garde forestier avait fait piqué Noilly qui avait mordu des gens. En 1977, Simone et Robert récupérèrent un chat Pompon3. Il y eu ensuite la chatte Caline et enfin Pompon4 (Sachant que le Pompon1 était celui de la grand-mère NEUKERMANS et Pompon2 le rouquin de Villepreux)
Paulette, dès sa retraite a eu des chats et des chiens.
Paulette avait entre autre une chatte blanche qu'elle avait appelée Noiraud. !! Je me souviens aussi de sa chienne Mirka qu'elle avait dans la Sarthe à Teillé.
A la fin de sa vie, Paulette habitait dans une petite maison sur le même terrain que sa fille Marianne. Elles ont eu des chats et des chiens.
La maison de Marianne et celle de Paulette à La Bazoche-Gouet (28)
Noilly en 1967 avec Robert, Simone et Martine
Christian et moi sommes restés sans animal tant qu'on était en appartement, nous contentant de garder certains week-ends les chiens d'amis. On s'est retrouvé un WE avec 4 caniches et une berger allemand dans notre appartement de Plaisir (78). Christian adorait les animaux et avait un très bon feeling surtout avec les chiens, mais sa mère ne voulait pas d'animaux Puis en 1987 alors dans une maison avec jardin à Villepreux, nous avons adopté Calin un caniche moyen ‘'abricot'' qui une fois adulte faisait 12kg et qui mourra d'un cancer du foie à 14 ans. Ensuite ce fut Sultane golden retriever presque blanche, morte à 14 ans de vieillesse et suite à des crises d'épilepsie. Compte tenu de nos âges, nous avons à regret décidé de vivre sans animal, ce qui fut très dur. Mais nous ne voulions pas risquer qu'ils ne finissent à la SPA après notre mort.
1987 08 Calin 3 mois
CALIN 27.05.1987 – 07.07.2001
SULTANE 03.01.2001 – 25.10.2015
Mireille et Daniel ont aussi vécu avec des animaux successifs : des chiens de toutes races ou bâtards, des chats et des oiseaux. Tout comme nombreux cousins et cousines qui ont toujours ou épisodiquement eu des animaux.
Lucienne à la fin de sa vie avait encore un chien, un chat et un perroquet. Sa fille Cécile et son petit-fils Loïc ont continué à avoir de nombreux animaux.
les années collèges de Martine Vignot et la poésie
J'ai eu la chance qu'il y ait la création d'un collège aux Clayes sous bois. Lors de mon entrée en 6ème en 1961, il y avait donc seulement une classe de 5ème (les 6ème de l'année d'avant) et ma 6ème. Il n'y avait que 3 profs qui se partageaient les matières : Madame Jacquemin, Madame Pioche et Madame Luce également directrice. Chaque année des profs viendront s'aouter au fur et à mesure de l'augmentation du nombre de classe. Lorsque j'étais en 4ème, une prof de français nous a initiées à l'écriture de poèmes, en nous expliquant que ce pouvait être un remède au mal être de l'adolescence. Moi qui n'aimais pas trop les cours de français avec ce professeur Mademoiselle COLLIBEAUX, j'ai tout de suite apprécié la poésie. Elle avait détecté mon hyper sensibilité et m'a encouragée à écrire des poèmes. J'ai mis quelques-uns d'entre eux dont certains sont le résultat d'exercices qu'elle nous donnait en cours. Mes deux sujets de prédilections étaient d'une part la nature et les animaux et d'autre part les émotions et le relationnel.
J'ajouterais que c'est grâce à cette même prof que j'ai sus que mon père avait des crises d'épilepsie lorsqu'elle nous a expliqué les crises d'une de nos camarades, j'ai tout de suite compris que c'est ce qu'avait mon père.
Je garde un excellent souvenir de mes années collèges surtout en 4ème et 3ème.
Un an après notre départ de ce collège pour aller au lycée, nous sommes pratiquement toutes revenues pour la fête et le spectacle donnés par les élèves en l'honneur du départ à la retraite de la directrice Madame Luce. Les anciennes nous avions fait une petite chorégraphie et avons chanté ‘'les crayons de couleurs'' d'Hugues Auffray. Cela nous avait permis lors des répétitions de nous revoir pendant toute cette année scolaire 65/66. Ensuite nous sommes restées en contact mais par petits groupes d'affinité.
Pendant 2 années, le dernier jour chacune a écrit un petit mot pour les autres. J'ai toujours gardé ces documents.
Classe de 4ème page 2
Classe de 3ème page 2
Classe de 3ème page 3 et 4 avec à la fin la dédicace des professeurs.
Classe de 3ème année 1964/1965
Sélection de quelques-uns de mes poèmes
Attente du printemps (fait en classe avril 64)
Saison nouvelle (fait en classe avril 64)
Quand reviendras-tu soleil ?
Comme le temps est long
Nous attendons l'éveil
Des petits oisillons
O tristesse ! o tristesse
L'hiver ne cède pas
Il trouble ma jeunesse
Et me suis pas à pas
C'est la saison nouvelle
Saison des hirondelles
Et celle de la lumière
Ils viennent en arrière
Tous ses petits bourgeons
Si frêles et si beaux
Tous ses petits boutons
Et ses petits oiseaux
L'oiseau en cage (avril 64)
En souvenir de ma petite serine
Les fleurs (fait en classe avril 64)
O toi petit oiseau !
Petit oiseau tout jaune
Tu vis dans une cage
Pourtant tu es si sage
Ainsi emprisonné
Tu essaies de vo
Mais tu ne le peux pas
Tu sautes à petit pas,
Et tu vois à travers
Ces barreaux ennemis
Le printemps qui sourit
Et tout devenir vert
Et quand tombe la nuit
Que ta tête est sous l'aile
Tu penses à de beaux rêves
Que nous ne pouvons voir
Tu es une pelote
Que nos douces menottes
N'oseront pas toucher
De peur de t'éveiller
Demain à ton appel
Moineaux, tous au rappel
Te diront leur bonjour
Comme ils le font toujours
Et tu seras heureux
Autant qu'ils le sont eux
Qui vivent libérés.
Il est bien temps maintenant
Les jolies fleurs du printemps
Sur ce tapis de velours
Fleurissent comme toujours
Au milieu de la verdure
Sur la terre encore dure
Ainsi que des nouveaux nés
Montrant le bout de leur nez
Dès qu'elles voient le soleil
Avec toutes ses merveilles
Aussitôt qu'il leur sourit
Elles se croient au paradis
Elles nous offrent la joie
Que dans bien des pays froids
Trop de gens ne verront plus
D'autres ne l'ont jamais connue
Le beau temps (1964)
Pas un nuage
Le vent est sage
Il y a deux
Oiseaux heureux
Dans la couleur
De l'arbre en fleurs
Qui jouent souvent
Sifflant gaiement
A leur éveil
Dans le soleil
Comme des enfants
De tous les temps
Ils sont heureux
Dans ce ciel bleu
Sans toi (mai 64)
Grand-père (en classe juin 64)
Sans toi la vie est belle
Et l'on voit tout en rose
Lorsque plane ton aile
Toujours elle se pose
Venant nous attrister
Et nous faire pleurer
Quand m'épargneras-tu ?
La nuit tu me poursuis
Moi toujours je te fuis
Quand m'épargneras-tu ?
Toujours tu m'envahis
Et parles à mon esprit.
Tu fais pousser des pleurs
Dans toutes les pensées
Tu voles les bonheurs
Et depuis tant d'années
Tu t'empares de tout
Ce qui te rend jaloux.
C'est toi l'ennui
L'ennui maudit
Assis dans ton grand fauteuil de cuir, grand-père,
Raconte-moi tes exploits lors de la guerre.
Grand-père, dis-moi ce que veut dire ce mot
Dis-moi ce que tu faisais le sac au dos
Je lis dans tes yeux ridés, le souvenir
D'horribles années, où tu faillis mourir.
Racontes-moi les années de ta jeunesse,
Où tu soignais les poussins avant la messe.
Grand-père, dis-moi comment était ta mère ?
Racontes-moi, travaillait-elle la terre ?
Dans ton lit, t'embrassait-elle chaque soir ?
Oui, racontes-moi, je voudrais tant savoir.
Le pauvre petit (1964)
Une amie (mai 65)
Pourquoi petit bébé
Pleurer ainsi sans cesse ?
Tu aimes les caresses
Comme tout nouveau né.
Je t'aime tant O toi !
Je sais qu'un jour viendra
Où Dieu t'emmènera
Bien loin, très loin de moi.
Pourtant je ne peux croire
Surtout quand je te vois,
Pourtant je ne peux croire
Dans tes moments de joie,
Qu'hélas un jour viendra
Où toi, tu partiras.
Et ce jour est si près,
Où seule dans les prés
Je te regretterai
Longtemps je pleurerai.
Peut-être que là-bas
O toi ! Tu souriras
Laissant les médecins
Et tous les chirurgiens
Qui t'ont fait tant souffrir
En voulant te guérir
Mais ils n'y peuvent rein
Là, je n'aurai plus rien
A aimer dans la vie.
Je sais qu'au paradis
Toi, tu seras heureux
Dans l'univers tout bleu
(écrit pour Alain, bébé de nos voisins que je gardais et qui avait de gros problèmes de santé. C'est mon père qui l'emmenait en urgence à l'hôpital très souvent)
Il fait à peine nuit,
Goutte à goutte, la pluie
Abreuve mes souvenirs.
Oui, il pleuvait dans ton cœur,
Tu avais perdu ton bonheur.
C'était ta confidente de toujours,
C'était ta grand-mère
Qui te faisait verser
Ces larmes amères.
Lorsque tu l'avais vue couchée,
Elle avait déjà passé la porte,
Cette porte de la vie
Où tout n'est qu'ennui.
Oui, elle était morte….
J'aurais voulu être pour toi un appui
Car soudain, en moi, j'avais senti
Monter un sentiment de tendresse
Ainsi qu'un sentiment de tristesse.
Je venais de m'apercevoir,
A travers ton désespoir,
Que je t'aimais.
Je désirais ton amitié.
Si tu lisais ce poème,
Même si tu m'aimes
Tu rirais de moi,
Malgré la douceur
Qui sans cesse règne en toi.
Car pour toi le bonheur
C'est ta famille et surtout tes enfants.
Comment puis-je espérer
Cette grande amitié ?
Ce qui fait parfois ma douleur
Ce sont ces choses qui emplissent mon cœur.
Je vous pouvoir parler à ton âme
Comme un sourire à une larme.
Je voudrais être ta sœur,
Sinon de sang, du moins de cœur.
Pourquoi ? (Avril 65)
Timidité (Mars 66)
Pourquoi faut-il toujours
Que les coeurs d'adolescents
Cherchent l'amitié et l'amour
Et s'éloignent de leurs parents. ?
Pourquoi faut-il toujours
Que les amitiés rêvées
Se réalisent en un jour
Et finissent par s'écrouler ?
Pourquoi faut-il toujours
Que les douces amitiés
Fassent souffrir comme l'amour
Et fassent tant pleurer ?
Je suis si près de toi
Et si loin à la fois.
Que ton pauvre cœur
Pleur dans le malheur
Ou bien que dans le bonheur
Il oublie certaines douleurs.
Tu restes toujours la même
Pour tous ceux qui t'aiment.
Cependant ma timidité
M'empêche de t'avouer
Même dans l'intimité
Que j'ai quelques fois percé
Ce qui se passait
Dans ton monde secret.
Souvent j'essaie de trouver
Des mots pour te consoler
Mais bien malgré moi, tu sais
Mon cœur reste muet.
En plein doute (67)
adieu collège (juin 65)
Seigneur, vous qui clamez partout
Que son prochain on doit aimer
Comment pouvez-vous supporter
Que ceux qui s'aiment soient déchirés ?
Si vous voulez que nous croyions en vous
Prouvez-nous que vous existez.
On m'a dit que vous étiez partout
Je l'ai cru et vous ai aimé malgré tout.
Mais partout je vois le malheur
La haine, la misère et la peur.
Pour nous punir ? vous nous faites souffrir ?
Dans ce cas, où est votre bonté ?
Pourquoi devons-nous exister ?
A quoi bon avoir une morale
Puisque partout nous trouvons le mal
A quoi bon faire le bien
Puisqu'il n'apporte rien ?
Je quitte cette classe,
Où régnait l'amitié
Sans aucune trace
De haine ou de méchanceté.
J'espère vous retrouver
Vous qui m'avez aimée
Et qui avez écrit sur ce papier
Tout ce que vous pensiez.
Je vous quitte très triste
Car je ne pense pas qu'il existe
Une classe aussi vive
Possédant une âme collective
Et des professeurs gais
Comme dans cette classe que j'aimais.
(écrit en lisant ce qu'avaient écrit mes camarades de classes et les profs, sur le document de la classe de 3ème année 64/65)
le temps qui passe (mai 65)
Comme le jour qui descend
Dans l'océan des temps
Les nuits succèdent aux jours
Sans jamais s'arrêter
Et s'éloigne toujours
Le temps de l'amitié.
Les amitiés d'enfance
S'effacent à jamais
Viennent ensuite la souffrance
Et le temps où l'on hait.
Pourtant je ne peux croire
Que l'attachement
Du cœur d'un enfant
Très vite s'efface
Sans laisser de trace.
Jamais je ne peux voir
A l'intérieur de moi-même
De quelle manière, je t'aime.
Je crois que malgré tout
Ton visage si doux
Ton sourire et ta voix
Resteront au plus profond de moi.
De mes camarades, suis-je différente ?
Mais non. Elles ont toutes un cœur
Qui maintenant adolescent
A besoin d'aimer et d'être aimé.
L'une d'elle s'est attachée
A l'une de nos professeurs.
Elle souffre de ne pouvoir lui avouer
Combien elle peut l'aimer.
Aussi elle a besoin de se confier.
Et c'est à moi qu'elle le fait.
Mon cœur d'adolescente
Est trop fermé.
Il ne peut se confier.
Son ouverture sera lente.
Mais je crois qu'elle se fera
Si quelqu'un fait les premiers pas.
Si parfois ce quelqu'un
A un cœur comme le mien
Nous deviendrons amies
Et peut-être pour la vie.
En attendant ce moment
Mes tristesses d'adolescente
Restent derrière mes yeux humides
Et dans mon cœur timide.
Querelles des adultes (septembre 1967)
Comment cela s'est-il passé ?
Nous voilà tous fâchés.
Mon cœur est déchiré
De voir avec quelle facilité
L'amitié de plusieurs êtres
Pour presque rien s'arrête.
Je ne sais même pas pourquoi ?
Ce qui explique mon désarroi.
J'ai beaucoup d'affection
Et beaucoup d'admiration
Pour toute la famille Faure.
Je ne sais pas qui a eu tort
Mais voilà que du jour au lendemain
Je ne dois plus embrasser ni serrer la main
Des êtres que j'aimais bien.
Et qui, je crois, me le rendaient bien.
Quand je les rencontre souvent
J'ai envie de leur sourire, comme avant.
Je n'en ai pas le droit
Mais c'est plus fort que moi,
Je leur dis toujours bonjour.
Et quand ils me répondent
Mon cœur devient lourd.
Quelle injustice en ce monde !
Me tenez-vous responsable
De ce qui s'est passé ?
Je n'ai pourtant rien fait.
Alors je vous en prie, soyez raisonnables
Ne portez pas sur moi
Vote regard si froid.
Avez-vous tout oublié ?
Vous qui sembliez m'aimer.
Je ne peux vous haïr
Ni même vous en vouloir.
Je crois que ce cauchemar va finir.
Et je garde en moi l'espoir.
Je souhaite que tout recommence
Comme en ce beau dimanche
Lorsque vous êtes venus nous chercher
Pour venir vous aider
Et gentiment pour nous remercier
Mireille nous a embrassés.
(écrit lorsque mes parents se sont fâchés avec Michel et Mireille Faure, me privant de celle avec qui j'avais réussi à me confier un peu. J'ai du me refermer à nouveau)
Villepreux, village de souvenirs d'enfance
L'histoire de Villepreux
Ilot de verdure, niché au creux du Val de Gally, Villepreux est un site protégé dans le prolongement du château de Versailles et de la chambre du roi, c'est certainement un des plus anciens villages du Parisis.
Son existence, constatée en 856, remonterait à l'époque gallo-romaine, comme en témoigne la découverte en 1894, sur le plateau sud du village, de 17 sépultures de guerriers gallo-romains.
C'est dans ce village que Mireille et Martine vécurent ensemble, des moments de liberté et de grand air avec de nombreux enfants liés à la famille (cousin, cousines, amis, etc)
Les bordes entrée du village côté Les Clayes-sous-bois. A gauche le mur du cimetière et à droite l'entrée du chemin appelé ‘'les 2 murs'' qui contournait le château. Nous habitions un peu plus loin sur le trottoir de gauche.
Villepreux et son église Saint Germain
Le clocher, le chœur et le porche sont romans. Dans la nef, des arcades en plein cintre soutiennent une charpente lambrissée. Le clocher, restauré en 1899, a perdu son toit en bâtière au profit d'une flèche d'ardoise. Une nouvelle église inaugurée en 1967,, placée sous le vocable de saint Vincent-de-Paul, a été construite dans le quartier de La Haie-Bergerie, où se marieront Martine et Christian.
Derrière l'église, une entrée privée vers le château en 2008
Villepreux et Saint Vincent de Paul
Il faut relativiser les choses, Vincent Depaul ne fut pas curé de Villepreux, il ne conçu pas ses ‘'impensables‘' maisons de Charité à Villepreux en 1618 mais à Châtillon-des-Dombes en 1917. Ses principales réalisations de charité furent parisiennes.
Philippe-Emmanuel de Gondi, général des Galères de France sous Louis XIII, amena à Villepreuxl'abbé Vincent de Paul, comme précepteur de ses enfants. Le futur saint vécut à Villepreux de 1613 à 1617, où il fonda en 1618 sa deuxième maison de charité – l'actuelle Maison Saint Vincent. Les Gondi sont une famille florentine très en cour à Paris à la suite de Marie et Catherine de Médicis. L'amitié des Gondi fut très précieuse pour l'abbé. Il trouva auprès d'eux le calme nécessaire à l'élaboration de ses projets de secours aux pauvres, malades et autres, en un mot au monde rural en général. C'est dans le parc du château des Gondi qu'il y pensa, c'est dans la chapelle du château qu'il médita. Et c'est dans l'église du village qu'il en parla aux chrétiens de Villepreux. Il inaugura dans la chaire de l'église St Germain d'Auxerre du village sa ‘'tournée'' de sermons et d'incitations aux œuvres de charité.
Dans le coin à gauche la maison de Saint Vincent de Paul
J'ai fait partie des enfants du village qui s'introduisait pour jouer dans cette maison Saint Vincent laissée à l'abandon, Elle était pleine de toiles d'araignées et l'on s'y faisait peur !
Cette maison délaissée par ses propriétaires et en très mauvais état, fut vendue à la mairie de Villepreux en 1977, après avoir été inscrite à l'inventaire des monuments historiques en 1975.
Le maire de l'époque s'est entouré d'un architecte des bâtiments de France et de compagnons hautement qualifiés.
Les travaux furent récompensés par un premier prix et une médaille d'or décernée par l'association Vieilles Maisons Françaises en 1982.
La rue de la mairie vue de la mairie, au fond le bâtiment de l'hôtel des voyageurs qui deviendra l'auberge St Vincent où fut organisé le repas du mariage de Martine et Christian en 1971
(photo ci-dessous)
Villepreux et ses 2 châteaux
Château des ‘'Gondi''
Le Domaine de Villepreux est une propriété de 32 hectares clos par un mur de pierre du XVème siècle de 3 mètres de haut qui abrite plusieurs constructions remarquables réparties autour d'un bassin de 400m de long, construit par Colbert. Le château des Gondi, déjà évoqué avec Vincent de Paul, avait été acheté en 1886 par Georges Nagelmackers, créateur de la compagnie Wagon-lit. Il a été habité pendant plus de quarante ans par la famille Clérico, qui a été propriétaire du Lido, qui l'avait acheté en 1946.
En 1971, une copine d'école (Elisabeth Schaefer dite Betty) de Martine et Mireille habitait là avec ses parents qui étaient gardiens du château et employés des Clérico. Betty obtint une autorisation exceptionnelle pour que Martine puisse faire le reportage-photos de son mariage dans le parc du château.
12.06.1971 Mireille, Daniel, Patricia, Thierry et les 2 enfants des voisins Chailleux (Alain et Yannick).
Château de Grand'Maisons
Il y avait un second château à Villepreux à la sortie du village habité par la famille du Comte Roland de Saint-Seine qui se présentera aux élections municipales avec Robert le père de Martine. Il mourra en 1974 usé par les séquelles de sa déportation à Dachaü en 1943. Ils étaient propriétaires de la grande ferme attenante au château, où Mireille et Martine iront chaque soir chercher le lait. Ferme exploitée dans les années 50/60, par les Poitrinaud. Plus tard, François BESSE, le complice de l'ennemi public n°1 Jacques MESRINE, se cachera dans le parc du château et échappera de justesse à la police en 1977 ou 78 ?
Vous trouverez sur internet de nombreux sites sur l'histoire et le devenir de cette ferme, car je ne fais qu'un rapide résumé historique :
Ancienne propriété du domaine royal de Versailles construite au XVIIème siècle, Grand'maisons est un grand corps de ferme adossé au château qui appartiendra plus tard aux Saint-Seine.
En 1768, Louis XV acheta Villepreux pour agrandir ses chasses royales. Lorsque Grand'maisons devint ferme royale, Louis XVI en 1776, compléta le domaine pour en faire un ensemble équilibré et sobre.
Au XXème siècle, entre les mains de la famille de Saint-Seine, cette propriété a été rénovée avec goût dans le respect de son style et de sa personnalité sa personnalité, d' abord par le Comte Roland de Saint Seine et son épouse Simone au château de Villepreux, puis par leur fils Luc, grand passionné d'architecture et de belles pierres, qui travailla pendant près de 40 années à faire naître, d'une ancienne ferme agricole, l'un des plus beaux lieux de réceptions de l‘Île-de-France.
Entrée de l'ex-ferme au XXIème siècle
Intérieur de la cour au XXIème siècle
Vue d'ensemble du domaine
L'école Pasteur à Villepreux
L'école PASTEUR devenue ‘'Jacques GILLET'' du nom d'un maire
Photos prises en 2016 par Fabienne OCTO une voisine 36 rue pasteur, et sœur de Philippe
L'assassinat de l'auberge des 3 maillets
Les anciens de Villepreux racontaient qu'il y avait eu un assassinat dans l'auberge des ‘'3 maillets'' rue Amédée Brocard. J'ai longtemps cru que c'était un évènement récent. Mais au cours de mes recherches voici ce que j'ai trouvé :
Acte de sépulture (BMS 1629-1659 Vue 96), ci-dessous la transcription .
"Le 12eme décembre 1648 fut inhumé dans l'église après avoir esté tué d'un coup de fusil par un nommé Me Pierre CHARRUAU chevaux léger de sa Majesté dans l'hostellerie où pend pour enseigne les 3 maillets le corps de Emmanuel COCHEREL âgé de 23 ans ou environ fils de Me Sylvestre COCHEREL, officier de la Reine". Emmanuel COCHEREL était le fils de Sylvetre COCHEREL et Catherine de BARAN. Il s'agissait donc une très très vieille histoire.
Auberge Saint Nicolas qui aurait été à la place ou à côté de l'auberge des ‘'3 maillets'' rue Amédée Brocard
Carte de visite de l'Auberge dans les années 1950
Photo de 2008
Le patronage du jeudi pour Martine et Mireille
Chaque jeudi Mireille et moi retrouvions nos copains d'école à la garderie gérée par des sœurs ‘'à cornette'' Saint Vincent de Paul.
La maison est située 35 rue Amédée-Brocard, cette propriété appartenait au docteur Gallois décédé en mai 1896, son épouse en fit don aux filles de la Charité. Les sœurs ont toujours gardé les enfants (enfants de Villepreux et orphelines de Versailles). Les dernières sœurs dont le souvenir est encore dans le cœur des villepreusiens sont sœur Vincent (une grosse et grande sœur, je me souviens), sœur Jean-Gabriel et sœur Odile. La propriété appartient maintenant à la ville de Versailles.
Le 17 avril 1902, le Conseil Municipal reconnaît l'action menée par les religieuses : Elles n'ont jamais demandé de subventions à la commune, elles rendent de grands services aux ouvriers en gardant leur enfants en bas âge dans leur école maternelle, elles donnent des leçons de coutures aux jeunes filles, elles visitent et soignent les malades, le tout gratuitement.
Le 24 rue Pasteur
Le café Depresle au 22 rue Pasteur, fermé depuis de nombreuses années
Photo de 2016, la façade n'a pas changé depuis mon enfance.
Le 24 et le 26 rue pasteur et le petit passage séparant du café Depresle (fermé), passage qui menait à la cour et à la maison de Marie BONOLAS. La porte d'entrée du 24 se situé sur l'arrière dans la cour. Les façades n'ont pas changé depuis mon enfance. (photos de 2016)
Sur cette photo de 2016, on aperçoit au fond la maison de Marie Bonolas où vivait Mireille. Cette petite maison (2 Pièces) a été rénovée
La rue pasteur vue du coin des carniaux.
Les carniaux, passage entre la maison de la famille Doré et la propriété Octo. Passage qui menait aux ‘'grands jardins''. Le jardin de la Tata Marie avait une porte qui donnait sur ce passage. Robert Vignot, mon père avait un jardin aux ‘'grands jardins'' maintenant construits.
Conclusion sur Villepreux
Le village de campagne de mon enfance qui comptait 563 habitants dans les années 50 est maintenant une petite ville de près de 10 000 habitants. A cette époque, le village comptait 2 auberges, ‘'Auberge 3 maillets'' et ‘'l'hôtel des voyageurs'' où furent tournées des scènes d'Ophélia film de Claude Chabrol en 1963. Hôtel des voyageurs deviendra ‘'Auberge Saint Vincent'. 'Il y avait aussi 1 boucher-charcutier, 1 coiffeur (famille Boudard), 1 épicerie, 1 marchand de tabac-journaux, 2 médecins, 1 boulanger-pâtissier, 1 garage, etc. Les petits villages étaient souvent très commerçants, ils pouvaient vivre pratiquement en autarcie. Puis tous les commerces ont fermé au profit du quartier neuf de la haie bergerie qui a commencé à se construire en 1958.
Il y aurait encore beaucoup à raconter sur ce village. . Il fut un lieu chargé d'Histoire avec un grand H. J'aurais pu parler de l'école Lenôtre, du prieuré, de la léproserie, du Moulin, etc. Pour plus d'informations, vous pouvez soit venir le visiter, soit lire les nombreux livres le concernant ou à défaut consulter les sites internet comme
par exemple : http://shvillepreux.canalblog.com/archives/2008/11/25/11513767.html
Les années 1970/80
Mon fiancé Christian ayant une voiture, dès 1970, nous pouvions aller souvent voir Mireille et son mari Daniel. Nous avons passé des soirées mémorables à faire des jeux de société et a chanté quand Daniel prenait sa guitare. Nous partions tous en foret avec les enfants Thierry et Patricia et le chien. Nos 2 couples étaient très liés car Daniel et Christian se sont tout de suite bien entendus. Ils aimaient les voitures et le sport. Ils avaient les mêmes idées politiques et étaient tous 2 impliqués dans la vie syndicale de la société où ils travaillaient, ESSO pour Christian, SNECMA pour Daniel. Quant à Mireille et moi, nous avions toujours une grande complicité et l'on se faisait des confidences comme par le passé, parfois très intimes sur notre vie de couple..
Parfois, Christian et moi emmenions seuls les enfants qui ‘'s'éclataient'' à courir dans la nature, pendant que Daniel et Mireille restaient chez eux.
Patricia était malade en voiture. Elle ne ‘'passait pas le pont de Chatou''. En effet, de chez ses parents à la campagne ou la forêt, il fallait s'arrêter chaque fois au niveau du pont de Chatou pour qu'elle vomisse. Problèmes de gènes héréditaires ?? Ma mère Simone et Mireille avaient été malades en voiture lorsqu'elles étaient enfants et adultes elles avaient peur. Patricia était dans la lignée familiale.
L'enfance de Thierry et Patricia
Thierry était un enfant sensible très attentionné vis-à-vis de sa sœur. Il était bon élève à l'école tandis que Patricia avait des problèmes. Christian et moi étions mal à l'aise et pas d'accord lorsque Mireille et Daniel nous vantaient les qualités de Thierry et nous disaient devant les deux enfants combien Patricia était nulle et une mauvaise fille.
Elle était encore petite lorsqu'elle avait pris l'habitude en mangeant de tout garder dans ses joues sans rien avaler. Elle pouvait rester ainsi jusqu'à 18h avec son repas du midi dans la bouche. Ses parents nous disaient que les repas étaient devenus un enfer et des moments de stress. Ils lui criaient dessus en répétant ‘'avale''. La petite pleurait…..Nous étions conscients que Patricia ne supportait pas la différence de traitement entre elle et son frère. C'était sa façon d'essayer d'attirer l'attention sur elle. A l'époque nous n'avons pas eu le courage d'en parler avec ses parents. Nous pensions que cela ne nous regardait pas et que nous n'avions rien à dire sur les méthodes d'éducation pour des enfants qui n'étaient pas les nôtres. Alors lorsque nous étions seuls avec les enfants, Christian s'occupait de Thierry et moi j'en profitais pour faire de gros câlins et essayais de persuader Patricia que c'était une gentille et belle fille. J'essayais de la valoriser.
Vint ensuite la période où Daniel s'est mis à boire. Pourquoi d'un seul coup alors qu'il avait un bon boulot, un couple équilibré et deux enfants en bonne santé, a-t-il commencé soudain à se détruire. ? Peut-être à cause des gênes : son père dont il ne parlait jamais était parait-il mort alcoolique. Mireille à cette époque me téléphonait souvent. Elle a vécu des moments très difficiles. On essayait d'aborder le sujet avec Daniel mais il soutenait que ce n'était pas vrai.. Christian et moi n'avions jamais été confrontés à cette maladie et étions bien désarçonnés.
Daniel a fait plusieurs cures de désintoxications pour faire plaisir à Mireille, mais replongeait dès son retour. Mireille me racontait que Thierry enlevait les verres des mains de son père et cachait les bouteilles. Un jour Mireille m'appela au bureau pour me dire qu'elle était inquiète, Daniel devait aller passer une visite médicale pour vérifier son aptitude au travail, et très déprimé refusait d'y aller. Elle était angoissée car il parlait suicide. Je lui ai aussitôt conseillé de quitter son boulot pour aller l'accompagner à cette visite. Le soir elle m'appelait pour me dire qu'à son retour à la maison elle avait trouvé Daniel dans la baignoire, les veines tailladées. Il avait avalé des comprimés et beaucoup d'alcool. Elle avait du appeler les pompiers. De mon côté, je m'étais documentée sur ce problème d'alcool complètement inconnu de moi.
J'avais été traumatisée, enfant, lorsque j'allais à Villepreux le jeudi chez ma copine Jocelyne Boudard, fille du coiffeur du village, alcoolique notoire. Un jour à mon arrivée il tenait à bouts de bras la table de cuisine prête à être balancée sur sa femme. Je me suis cachée avec ma copine et son frère sous l'escalier, terrorisée. Un voisin est intervenu et je suis rentrée en courant chez mes parents. Je ne suis plus jamais allée voir la télévision chez le coiffeur (mes parents ont eu la télé en 1958). Et surtout il m'est resté une peur panique des gens saouls. Je les fuyais.
Revenons à Daniel, j'avais pu apprendre que c'était une maladie. Qu'une association les alcooliques anonymes avaient de bons résultats. Daniel qui ne cessait de nous dire qu'on ne le comprenait pas, a accepté d'aller dans cette association tenue uniquement par des anciens alcooliques, car d'après lui, eux seuls étaient capables de le comprendre vraiment. Mireille et les enfants allaient aussi aux réunions qui étaient organisées pour la famille. Chaque année nous fêtions ensemble l'anniversaire de son sevrage.
Un prêtre les a aussi beaucoup aidés. C'est ainsi que Daniel et Mireille se sont mariés religieusement en 1977 et que Thierry a fait sa communion. La vie a repris son cours. Thierry semblait être un petit garçon bien équilibré, Patricia était quant à elle une enfant triste, timide et effacée. Souvent on se voyait entre adultes, les enfants étant au centre aéré.
En 1982, Daniel et Mireille, pour sceller la victoire de la famille sur l'alcool, décidèrent d'avoir un 3ème enfant qui naîtra le 11.09.1982 : Sébastien.
Thierry et Patricia à notre mariage
En 1971, pour mon mariage avec Christian, bien que je n'aime pas coudre et suis peu douée, je décide de confectionner les robes longues de Mireille et de sa fille Patricia. Mireille n'ayant jamais eu de robe longue, je veux lui faire ce cadeau et insiste pour qu'elle soit une des demoiselles d'honneur. Même si on me dit que d'avoir une demoiselle d'honneur mariée et mère ça porte malheur….Je ne suis pas superstitieuse.
J'ai beaucoup galéré, mais ai fini par réussir les robes de Mireille et de Patricia.
Pour le repas du mariage, les enfants ont été servis avant les adultes dans le restaurant ‘'Auberge Saint Vincent'' à Villepreux géré par les parents d'un copain d'école de Martine et Mireille mais dont le père venait de décéder. Patricia et Thierry ont été très impressionnés d'être servis ainsi, seuls à table comme des adultes. Plus tard, Thierry répétait à ses parents ‘'c'est quand qu'on retourne à la noce… C'était bien''
Les demoiselles de gauche à droite : Sylvie ENNE, Mireille BERRUE, Catherine KUHN
A cette époque, Simone étant toujours fâchée avec sa sœur Paulette et Gabriel n'ayant aucune relation avec Paulette, Mireille et moi n'avions aucune nouvelle de nos cousins Michel, Lucienne, Monique et Marianne. Il faudra attendre 1975 et le décès des grands-parents pour que la famille se reconstitue en partie.
Martine, la stérilité et les enfants
Dès la puberté, j'ai eu de gros problèmes gynécologiques avec des règles très douloureuses et irrégulières. Je restais parfois une semaine couchée avec un fer à repasser chaud sur le ventre et l'impossibilité de dormir tant la douleur était vive. C'est une amie de ma mère qui m'a emmenée pour la 1ère fois chez un gynécologue à Paris, j'avais 14 ans.
C'était un vieux bonhomme qui avait encore un stéthoscope à l'ancienne, une sorte d'entonnoir où le médecin collait son oreille. On ne m'avait rien expliqué je fus très choquée lorsqu'il me demanda de me déshabiller y compris la culotte. Ce fut pour moi un souvenir très déstabilisant. Tout ce qui tournait autour du sexe était très tabou à l'époque et on apprenait à l'école parfois des choses erronées. Ma mère avait été gênée de m'expliquer ce qu'étaient les règles le jour où ça m'est arrivé. Jusqu'à cette date, elle se cachait pour laver ses serviettes hygiéniques ensanglantées (les jetables commençaient tout juste à être commercialisées)
Nous étions encore à l'époque où certaines filles du collège croyaient que l'on pouvait être enceinte juste en embrassant un garçon. On m'a administré plusieurs traitements, j'ai ingurgité des hormones, des extraits thyroïdiens, sans trop savoir ce que j'avais et sans trop de succès. J'ai été une des 1ères consommatrices mineures de la ‘'pilule'', seule chose qui m'ait un peu soulagée.
Christian et moi souhaitions 2 enfants. Surtout moi qui avais mal supporté le fait d'être fille unique. Mais les années passèrent et toujours pas d'enfant, malgré de nombreux traitements fastidieux prescrits par le grand centre national de stérilité à Paris-brune.
La science n'était pas très avancée. On traitait par piqures et diverses ‘'potions magiques'' qui détraquaient la santé. Dans ce centre, j'ai appris à mettre ma pudeur de côté, car j'ai accepté de servir de ‘'cobaye'' lors de certaines consultations où toute une équipe de médecins et d'étudiants, assistaient à mon examen dans une position assez humiliante pour une femme. Mais mon cas les intéressaient et pourraient peut-être aider à me soigner ainsi que d'autres jeunes femmes dans mon cas.
Il fallait pour les examens faire l'amour à une heure bien précise avant une consultation.
C'était très difficile et nous avons alors envisagé la possibilité d'adopter. Après tout, il y avait tant d'enfants qui ne demandaient qu'un peu d'amour. Cela a duré des années quand en 1976 après 3 mois sans règles, je suis enceinte. Les médecins nous avaient préparé au fait que même mené à terme ce serait difficile. L'enfant n'était pas viable. Ce fut un échec atroce à vivre. Personne hormis mes parents et ceux de Christian ne fut informé de la venue de cet enfant le 26 mars 1976.
Le 1er bébé éprouvette en 1978 puis les premières FIV en 1982, me laissaient espérer. Seulement c'était encore réservé à des femmes soigneusement sélectionnées. Nos divers cas de stérilité (je cumulais tous les cas de stérilité féminine connus à l'époque et un varicocèle pour Christian), s'ils n'impactaient en rien notre vie sexuelle, présentaient de sérieux problèmes pour la procréation. Le grand centre de stérilité de France était le mieux approprié sinon il fallait partir aux Etats-unis. Les médecins proposèrent finalement un nouveau traitement mais où un risque supplémentaire s'ajoutait, c'était les grossesses multiples pouvant aller jusqu'à 5 ou 6 enfants. On put même lire à cette époque dans les journaux des mères de 7 et 8 enfants.
La perte du bébé fut pour moi une période terrible, j'étais dépressive, et je n'aurais pas supporté de perdre encore un enfant. Après réflexion, nous avons pris peur et décidé de tout abandonner et laisser faire la nature tout en sachant qu'il y avait peu d'espoir. Petit à petit, il a fallu accepter, s'auto persuader que la situation pouvait avoir des points positifs. On pouvait mener une vie sans contrainte alors que les gens de notre âge étaient souvent bloqués par les enfants. J'avais une collègue de travail qui avait adopté et qui avait de gros problèmes avec l'enfant insupportable qui ‘'tournait mal''. Son mari le rejetait en disant ‘'on ne sait pas d'où il sort, ça finira en délinquance'' et n'assumait pas qu'il ne soit pas de son sang. Je me suis alors torturé la tête : S'aurons-nous l'aimer comme il se doit, ne risquons nous pas les mêmes états d'âme ? D'autant que Christian semblait bien s'accommoder de la situation. L'adoption ne fut plus d'actualité. Nous nous sommes alors jetés dans le travail et un tourbillon de vie où un enfant n'aurait pas eu sa place.
Plus tard, la recherche avançant, la médecine a trouvé une des raisons de ma stérilité, qui trouvera un traitement efficace peu avant l'an 2000. Aujourd'hui, les avancées de la médecine font que je pourrais devenir maman. Trop tard.
Avec le recul je me suis aperçue que pendant longtemps, inconsciemment, j'ai menée une vie qui ne permettait plus à nos amis ayant un bébé de partager des moments avec nous. Je suis passé par une période de déni. Je ne supportais plus les bébés. Chaque annonce de naissance me rendait malade. L'idée de prendre un bébé dans mes bras m'était devenue insupportable. Sans oublier le sentiment de culpabilité que génère la plupart du temps, ce genre de situation, tant vis-à-vis de la famille que vis-à-vis du bébé qui n'a pas pu grandir.
La vision de bébés morts me hantait, la nuit je cauchemardais entourée d'une multitude de bébés morts ou malformés. Ce n'est que lorsqu'ils atteignaient 3/4 ans et n'avaient plus le physique d'un tout petit que je pouvais à nouveau côtoyer les enfants que j'avais toujours adorés. Mais je faisais de gros efforts pour ne pas m'attacher de peur de rouvrir ma plaie. Pourtant, j'avais toujours aimé les enfants, j'avais fait beaucoup de baby-sitting avant mon mariage, même bénévolement. A l'adolescence, il m'arrivait d'avoir jusqu'à 7 enfants dans le bac à sable de la résidence de mes parents aux clayes sous bois. y compris des tout-petits et des bébés. Le courant passait bien avec eux. Mais la douleur de cette perte d'enfant me hantait et, comme on sait si bien le faire dans la famille, je me suis enfermée dans une carapace pour continuer à vivre.
Bien sûr j'avais du arrêter la pilule, donc mes règles irrégulières et surtout douloureuses avaient réapparu. Les médecins m'incitaient à reprendre cette pilule contraceptive. Mais je refusais, c'était accepter la certitude de ne jamais être enceinte à nouveau. Chaque retard de règles faisait regonfler mon espoir et chaque déclenchement me replongeait dans la déprime. Epuisée par ces espoirs et déconvenues à répétition, je repris la pilule. L'ensemble de mon entourage (famille et amis) avait des enfants qui grandissaient ce qui me causait moins de problèmes psychologiques. Mais en 1980 la fille de ma meilleure amie Mireille Faure (de 14 ans mon ainée) a du précipiter son mariage car elle était enceinte. Avec l'aide de mon amie Mireille j'ai réussi à prendre la décision d'offrir à sa fille Martine l'ensemble de la layette que j'avais achetée et tricotée pour le mien. Je n'avais pas encore réussi à m'en débarrasser. J'ai ressenti cet acte comme une grande victoire sur moi-même. Mais elle a aussi perdu son bébé. : un garçon. Contrairement à moi qui n'ai pas voulu officialiser l'existence de mon bébé, elle a exigé de déclarer et de prénommer ce mort-né Sébastien. Ce qui signifiait également la nécessité d'un enterrement. Mon amie comptait sur moi pour soutenir sa fille car j'étais la seule à pouvoir comprendre dans quel état elle se trouvait. J'ai passé de longs moments auprès d'elle, je la rassurais, lui disant qu'elle était encore jeune, (elle avait 19 ans) que cette grossesse était venue vite sans qu'elle le souhaite et donc qu'il n'y avait, contrairement à moi, aucun obstacle pour qu'elle ait d'autres enfants. Plus tard elle aura 2 autres garçons sans aucun problème. Plus tard, la naissance de Sébastien le dernier fils de Mireille (ma cousine) en 1982 m'a à nouveau bouleversée. Finalement il fallu attendre 1988 pour que j'accepte de tourner définitivement la page et que nous décidions de changer de vie une bonne fois pour toute. Nous n'avions pas d'enfant à charge nous pouvions donc prendre le risque de tout plaquer pour recommencer une nouvelle vie. Nous avons adopté un caniche et profité d'un plan de licenciement volontaire chez ESSO pour partir et se lancer dans la gestion d'un restaurant (voir récit plus loin). Ce changement de lieu de vie et de profession m'a fait beaucoup de bien même si je culpabilisais vis-à-vis de mes parents que je voyais moins souvent du fait de la distance.
C'était un métier très prenant en temps qui ne laissait pas beaucoup de place aux loisirs et à la réflexion. Cela m'allait bien. Je ne me consacrais qu'à mon travail. Christian quant à lui avait totalement intégré le fait de ne pas être père.
J'ai pris conscience que je m'étais jetée à corps perdu dans mes nouvelles fonctions, après une conversation avec une éducatrice de la Fondation d'Auteuil. Avec son aide, j'ai commencé à faire divers exercices. La plaie ne s'est jamais refermée, mais j'ai continué ma vie. Après tout, je n'étais pas la seule à vivre ce manque. Par moment, la plaie se rouvre en particulier à la retraite lorsque j'ai côtoyé des femmes qui laissaient éclater leur bonheur de recevoir leurs petits-enfants, me faisant douloureusement réaliser que je finirai mes jours sans enfants, sans petits-enfants, sans neveux, sans nièces ; en un mot totalement seule. Mais j'ai appris à me ressaisir et à profiter des bons côtés de la vie. Je me suis renseignée auprès d'organisation et d'association sur le suicide assisté si je suis malade et sur les autres méthodes si je suis en bonne santé. Le fait de savoir que, lorsque la solitude me sera trop insupportable, je pourrai aisément tout arrêter, me rassure et inhibe mes angoisses. En attendant, d'un naturel malgré tout optimiste, je profite de la vie, en me persuadant que j'ai la chance de ne pas avoir à me faire de souci pour mes enfants et petits-enfants et ne pas me languir de ne pas avoir leur visite souvent comme je le vois auprès des amies de mon âge maintenant que les familles sont éclatées aux 4 coins de France et d'ailleurs. Ainsi, entre autre, ma cousine Marianne a son fils Olivier Dordoigne qui vit au Canada et s'est même fait naturalisé. Sa vie est là-bas, elle ne le voit donc pas souvent. Rien n'est parfait en ce monde. Je suis en manque d'affection mais j'ai les soucis en moins. Qu'est-ce qui est la plus enviable ??
Les années 1980/90
Résumé de la vie de Martine Vignot et Christian Gautier jusqu'en 1988
Christian et moi nous sommes rencontrés chez ESSO lors de mon stage pour le BEC (1ere partie de bac compta/économie) en avril 1967. Stage que m'avait trouvé mon père qui travaillait dans cette société. Nous étions ‘'copains'' mais j'avais déjà eu un ‘'petit faible'' tandis que Christian se remettait du mariage en 1965 de sa tendre amie Josette qui quitta la société ESSO en juin 1967, pour travailler avec son mari boucher chevalin.
L'année suivante, après l'obtention de mon BSEC (2eme partie de bac en compta/économie) Brevet Supérieur d'Etudes Commerciales, J'ai voulu entrer chez ESSO mais cette société ne prenait que des hommes hormis en secrétariat et perforatrice (celles qui créaient les cartes perforées, métier aujourd'hui disparu). A l'époque, il était facile de trouver du travail. J'avais reçu d'autres réponses positives de demande d'emploi, mais j'avais dans la tête d'entrer chez ESSO pour y retrouver Christian. Mon père me dit que les choses allaient évoluer. En attendant, je fis donc de l'intérim qui m'a beaucoup appris et m'a donné une grande facilité d'adaptation. Mai 68 commençait à porter ses fruits. En décembre 1968, ESSO après un grand plan de départ à la retraite, commença à embaucher des femmes. Ayant eu de bonnes appréciations lors de mon stage, je fus prise aussitôt. Je n'étais pas dans le même service que Christian mais on se croisait dans les couloirs et grâce à des amitiés communes entre collègues, on se retrouvait au restaurant d'entreprise chaque midi. Finalement, on se fiancera le14.03.1970.
Nous sommes restés 27 ans pour Christian et 22 ans pour moi chez ESSO. En 1980, Christian avait eu envie que l'on quitte cette entreprise pour s'associer à nos amis Mireille Faure et Michel Soulet qui prenait une auberge. Or Christian qui avait fait des études à l'école de commerce mais aussi à l'école hôtelière de Paris, rêvait de ‘'faire de la cuisine'' depuis l'enfance. D'ailleurs, pour tous les fiançailles, mariages et certaines réunions de famille, nombreux étaient nos amis qui ‘'embauchaient'' Christian pour organiser et faire les repas ou les lunchs. Mais j'ai pris peur…. On avait une bonne place, je me remettais à peine de ma perte d'enfant et au fond de moi, je me forçais à garder l'espoir, je n'avais que 30 ans. Je me disais ‘'si le restaurant ne marche pas et que l'on a un enfant, je ne veux pas risquer qu'il naisse dans une galère''. Le projet ne fut pas concrétisé. Puis les plans de licenciement se sont multipliés chez ESSO. Nous avions chacun des postes de managements avec des employés sous nos ordres. Les actionnaires et la Direction ne parlaient plus que chiffres, rentabilité Le côté humain n'avait plus aucune importance. L'un et l'autre souffrions de cette situation et refusions de cautionner cette nouvelle orientation. On voyait partir des collègues désespérés. C'était insupportable. Alors lorsqu''un plan de départs volontaires a été proposé en 1988, on s'est décidé. Christian avait toujours son rêve de restaurant en tête et moi, j'avais intégré le fait que je ne serai jamais maman. Nous restions donc les seuls à prendre le risque de tout plaquer pour une nouvelle vie. Nos indemnités de licenciement étaient confortables et nous permettaient d'acheter un fonds de commerce.
Nous avons d'abord pris un restaurant 40 rue Carnot à Versailles, « le temps des cerises », car nous ne voulions pas trop nous éloigner de mes parents et du père adoptif de Christian, mais nous nous sommes trompés de cible. Il s'agissait d'un restaurant type brasserie, loin de la cuisine que souhaitait faire Christian.
Nous avions 9 employés dont certains très difficiles à gérer. J'étais un peu déroutée car la mentalité n'était pas la même que celle des bureaux. Mais nous avions un jeune serveur Laurent qui était déjà là avec les anciens patrons. Il m'a appris le métier que je ne connaissais. Nous le logions au dessus du restaurant. Nous avions sympathisé et je le considérais un peu comme un fils. Un jour il m'avoua qu'il avait eu une adolescence difficile et avait fait de la prison pour avoir ''piqué'' dans la caisse d'un ancien patron. Je l'ai remercié de sa confiance et lui dit que chacun faisait des erreurs de jeunesse. Un après-midi des clients s'éternisant, je lui ai demandé s'il acceptait d'encaisser lorsque ces derniers partiraient et de fermer seul le commerce. Il a accepté et j'ai vu des larmes dans ses yeux.
Plus tard, il me remercia de lui avoir fait confiance. Pour lui c'était la première fois, il était heureux et m'a embrassée. J'ai su plus tard aux orphelins apprentis d'auteuil que j'avais eu la bonne attitude pour lui redonner confiance en lui.
Christian n'aimant pas la cuisine qu'il devait faire, déprima. Il fallait prendre une décision. Nous décidâmes de vendre et de trouver un autre restaurant dans le créneau gastronomique.
Pour l'anecdote, un client prof de maths m'a dit un jour « savez-vous que lorsque la salle du haut est complète, au cours d'un service vous montez 4 fois ½ la tour eiffel » la cuisine étant au RDC.
Robert, Simone, Paulette et Jean à Teillé dans la Sarthe
Lorsque mon père a pris sa retraite en juin 1981, mes parents ont décidé (ou plutôt ma mère) de vendre leur appartement aux Clayes sous bois et leur maison secondaire au Gigontier dans l'Orne pour acheter une maison dans le village où habitaient Paulette et son compagnon Jean. Nous étions encore dans la région parisienne et j'avais dit à ma mère être d'accord avec mon père sur le fait qu'ils gardent un logement près de leurs amis et de la famille. Ma grand-mère Fernande Vignot était toujours en vie et nombreux de la famille vivaient encore dans cette région. Elle n'a pas apprécié et a fait comme elle voulait. Chaque fois que nous allions les voir et que je voulais me rendre utile, ma mère me lançait ‘'on n'a pas besoin de toi, on a les Chailleux (des amis)''. Cela me faisait mal. Je crois que mon père n'appréciait pas, mais il ne disait rien. Je crois que ma mère m'en voulait toujours de lui avoir reproché d'être parti à 200km de chez nous sans avoir gardé un ‘'pied-à-terre'' en région parisienne comme le souhaitait mon père. Lui avait fini par accepter ce départ car ils allaient rejoindre le village où Paulette et Jeannot avaient pris leur retraite. Ils pensaient s'y sentir moins seuls. Mon père avait besoin de contacts, il s'inscrit donc au comité des fêtes du village et assistait aux conseils municipaux. Mais très vite, mes parents comprirent que leur culture citadine n'avait que très peu de points communs avec la population de Teillé. Ils n'avaient pas les mêmes préoccupations ni conversations. Certes ils avaient sympathisé avec des voisins (mon père se liait facilement), mais leurs préoccupations étaient différentes. En plus avec Paulette et Jean, les deux couples n'avaient pas les mêmes goûts. Alors ils se rendaient des services (seul mon père conduisait) et se voyaient tous les jours. Mais ils avaient des loisirs séparés. Mon père eu beaucoup de mal à s'adapter et tomba malade. Ses crises d'épilepsie empirèrent, le médecin fit des erreurs de traitements. Il a fait une hémiplégie. Le village se vidait peu à peu de ses commerçants. Mon père ne pouvant plus conduire, ils étaient dépendant des voisins pour les courses. En 1993, alors que nous vivions à Pau (64) mes parents décidèrent sur conseil de leurs amis Chailleux, de quitter Teillé pour aller à Guérande (44). C'est là que les Chailleux devaient dans peu d'années aller vivre leur retraite. Ils étaient originaires de la Bretagne et avaient à Guérande de nombreux frères et sœurs que mes parents connaissaient bien. Ce sont eux qui se sont occupés d'aménager la maison achetée pour l'adapter à un fauteuil roulant. Nous, à distance, nous sommes occupés de l'installation pour l'hospitalisation à domicile. Il n'y avait pas encore internet et entre le fait de l'éloignement et que notre restaurant nous prenait beaucoup de temps ce ne fut pas très facile mais tout c'est bien passé. Avec les Chailleux pas de problème, ils se connaissaient depuis 1962, datent où ils étaient venus habiter sur le même palier que mes parents aux clayes sous bois. On se voyait souvent et mes parents avec toute cette famille avaient de nombreux points communs. Ils étaient à mon mariage et nous fêtions de nombreux évènements familiaux ensemble. Plus tard, j'ai pu compter sur eux car ils s'occupaient bien de mes parents même si cela s'est mal terminé en 2004.
Le restaurant « l'agripaume »
Très vite nous avons vu que « le temps des cerises » à Versailles ne correspondait pas à la cuisine créative que souhaitait faire Christian. En plus il voulait depuis toujours que nous allions vivre dans le Sud-Ouest. Moi je n'avais pas envie de quitter mes amis et surtout de partir trop loin de mes parents. Mais ma mère était devenue très froide avec Christian et me rabâchait qu'elle n'avait pas besoin de moi. J'ai souvent pleuré en revenant de chez eux. Alors même si je savais que j'allais faire de la peine à mon père très attaché à moi, j'ai pris la décision de suivre mon mari. J'ai annoncé notre départ à ma mère mais n'ai pas eu le courage de le dire à mon père. Je me souvenais que son chagrin caché, le lendemain de mon mariage lorsque je faisais ma valise avec ma mère, cela m'avait fendu le cœur et culpabilisé. C'est ce même sentiment de culpabilité qui me rongera lorsque mon père fera son embolie pulmonaire qui le laissera paralysé, la semaine qui a suivi la vente de notre maison de Villepreux. Souvent je me suis demandé si ce n'est pas mon départ qui a déclenché son attaque. Nous avions des vues sur un restaurant en bordure de l'adour à Bayonne « la tanière », mais les propriétaires se sont rétractés. Une chance pour nous car l'année suivante l'immeuble où se situait ce restaurant a brûlé et le restaurant avec.
L'achat du restaurant « l'agripaume » au 14 rue Latapie à Pau (64) a permis à Christian de vraiment réaliser son rêve :faire de la cuisine gastronomique. Tout allait bien et nous étions contents. Christian en cuisine avec Emmanuelle, sa ‘'second'' et moi en salle.
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Photos de la cuisine avant réfection de la peinture
Christian pouvait enfin laisser libre cours à sa créativité et faire de la bonne cuisine reconnue par de nombreux guides : 3 fourchettes au Michelin, 12/20 chez Gaultmillau ainsi que le Bottin gourmand et le petit futé
Mais la crise économique commençait à se faire sentir. Des commerçants de la rue fermaient (coiffeur, marchand de légumes, traiteur, etc). La loi sur le contrôle des frais généraux fit que les laboratoires pharmaceutiques (nos meilleurs clients) cessèrent leurs invitations auprès des médecins. Les cadres et employés d' ELF se sentaient menacés de licenciements et donc venaient moins. Idem pour les cadres de l'université de Pau.. Le chiffre d'affaires commençait à diminuer. Il fallait prendre une décision soit s'endetter en attendant que la crise économique passe, soit tout arrêter. Finalement la mort dans l'âme, nous avons décidé d'arrêter. Christian voyait son rêve se terminer et moi qui avais aimé ce travail bien plus que le travail de bureau, je ne me voyais pas y retourner.
Le sud-ouest était le plus touché par le chômage, nous dûmes en plus décider de remonter en région parisienne, là où il y avait le plus d'offres d'emploi.
Retour en région parisienne de Martine et Christian
Nous étions tous les deux en pleine déprime. Le retour ne fut pas facile, personne ne voulant nous louer puisque nous étions tous les deux sans travail. Ma meilleure amie venait de perdre sa maman et nous proposa de nous louer l'appartement de sa mère au 12 rue Tristan Bernard aux clayes sous bois (dans l'immeuble où j'avais vécu avec mes parents de 1960 à mon mariage au n°10) Christian d'un naturel très indépendant ne se voyait pas retourner dans un bureau sous les ordres d'un patron et encore moins dans une cuisine pour exécuter des plats sous les directives d'un chef. Il fit comme moi, un peu d'interim. Nous étions Rmistes. Nous avons sollicité la mairesse des Clayes en vue de créer une association de demandeurs d'emploi afin de se sentir moins seuls. Ce fut un gros succès. Nous aidions les autres et avons lié amitié avec un informaticien et un ingénieur ? C'est avec eux que Christian projeta de créer une société.
Christian serait le financier, Philip le commercial et Gilbert qui avait des brevets le technicien. L'activité de cette entreprise étant les contrôles de chaines de produits par caméra. Le siège sera 4 allée de la fresnerie à Fontenay le fleury (78) dans une pépinière d'entreprise. Le nom sera « groupe NC »
Hall d'entrée du « groupe NC » 4 allée de la fresnerie à Fontenay le fleury (78)
Le bureau de Christian
Inauguration des bureaux le 14.10.1994 de gauche à droite
Christian, Stéphane LORRE, Philip HANQUET, Micheline,, Gilbert HADEN, Dominique BOUDES, Guy, Les parents de Dominique BOUDES
Malheureusement Gilbert Haden était un affabulateur, il n'avait ni brevet, ni conservé des contacts avec d'anciens clients de son ancien emploi. Ils eurent de petits contrats mais lorsqu'ils furent contactés par la grosse entreprise, de Saint-Gobain, bien que compétitifs sur les prix, l'entreprise émis des doutes quant à leurs garanties financières et refusa de donner un acompte pour l'achat du matériel nécessaire à la réalisation. En France, on fait peu confiance aux jeunes ou nouveaux entrepreneurs. Les banques étaient déjà peu présentes pour aider les nouvelles sociétés, ils n'obtinrent pas ce contrat de plusieurs centaines de milliers de francs qui les auraient aidés à démarrer. Le groupe NC dut rapidement cesser toute activité. Nous sommes restés très amis avec Philip HANQUET et Dominique BOUDES qui deviendra la mère de sa fille Cholé en 1995 et son épouse en mai 1997.
Photo de mariage ci-dessous. La mariée est en orange.
Moi j'enchainais les petits boulots d'interim surtout des remplacements de congés maternité ou maladie. Mais Christian avait 50 ans et moi 45. Sur le marché à chaque entretien on nous disait ou faisait comprendre de l'on était vieux, plus adaptables, etc. On a tous les deux très mal vécu le fait de se sentir dévalués, sous-estimés, parfois rabaissés. Je l'ai vécu très mal mais moins que Christian qui a eu des problèmes de santé. Dépression, angoisses. Alors il a essayé de créer un cabinet de gestion afin de faire entre autre la comptabilité de petits commerçants. Mais la France était encore le seul pays d'Europe où la profession de comptable est très réglementée. Seuls les experts comptables ont le droit d'exercer la comptabilité en indépendant. Sinon, pour être comptable il faut être employé d'une société. Christian a reçu un recommandé le sommant d'arrêter son activité sous peine de prison et d'amende. Déprimé, il arrêta tout. Moi j'avais trouvé un travail de comptable à la Fondation des orphelins d'auteuil à Paris (ex orphelinat de Gabriel), Christian ne touchant aucune indemnité de chômage, et chaque entretien le démoralisant (certains patrons voulant exploiter la situation) nous décidâmes qu'il ne rechercherait plus d'emploi. Il resta donc à la maison pour s'occuper des tâches ménagères. Ce qui m'arrangeait bien car j'avais 4 heures de transports par jour et encore lorsque tous les transports en communs fonctionnaient bien. Je prenais donc ma voiture 25 km pour aller de la maison à la gare de Rambouillet. Puis le train jusqu'à Versailles, puis un RER C de Versailles à Javel puis 20minutes de marche à pied. Ceci durera presque 10 ans jusqu'à notre départ pour Capbreton.
Le chômage, le boulot et les lois de l'époque
Dans les années 80, on commençait à entendre parler de chômage. Pour Christian et moi c'était un peu abstrait. Nous n'avions pas connu de chômeurs et nous faisions partie de la génération qui, lorsqu'elle entrait dans une grande entreprise, y restait jusqu'à la retraite sans problème. On était embauché en ‘'bas de l'échelle'' et si on donnait satisfaction on avait de grandes chances de gravir les échelons et de bien gagner sa vie. C'est ce que nous avons fait pendant plus de 20 ans. Lorsque nous avons décidé de changer de vie et de quitter ESSO nos indemnités de licenciements nous permettaient moyennant un petit prêt d'acheter un fonds de commerce de restaurant. Nous avions tout organisé pour que moins d'une semaine après avoir cessé notre activité ESSO, nous ouvrions notre restaurant à Versailles. Nous n'avons donc pas jugé utile de s'inscrire à l'ANPE comme demandeur d'emploi, ni de demander une aide à la création d'entreprise puisque nous avions l'argent. Nous avons estimé qu'il valait mieux que cela profite à ceux qui en avaient vraiment besoin. Ce fut une grosse erreur. Car lorsque nous avons du cesser l'activité restaurant, il nous était possible de bénéficier des montants de l'assurance-chômage non utilisés lors de notre licenciement ESSO. Il s'agissait de montants confortables du fait de notre ancienneté ESSO et des postes de managements que nous avions tous les deux. Mais n'ayant été ni demandeurs d'emploi, ni demandeurs d'aide à la création d'entreprise nous n'avions droit à RIEN. En temps que gérants d'entreprise et bien que nous cotisions aux ASSEDIC, nous nous sommes retrouvés Rmistes. Ce n'était pas logique. Nous avons écrit aux ASSEDIC qui nous ont remboursés nos cotisations sans un mot. Nous avons écrit au ministère du travail pour expliquer cette injustice. Car nous étions pénalisés par le fait de ne pas avoir fait appel à la collectivité et de nous être débrouillés tout seul. Les profiteurs, eux, auraient retrouvés leurs droits au chômage… Sur l'antenne de radio EUROPE N°1, il y avait une émission animée anciennement par Guy Thomas et actuellement par Dominique SOUCHIER qui dénonçaient les disfonctionnements de l'administration. Une émission entière nous a été consacrée car bien sûr nous n'étions pas les seuls dans ce cas. Le médiateur de la République est intervenu. Finalement, on nous expliqua qu'effectivement la loi était à revoir car elle favorisait les profiteurs assistés par rapport à ceux qui se battaient seuls mais que vue la montée du chômage, il n'y avait pas assez d'argent pour modifier la loi.
Toutes ces lois concernant le travail et le chômage comportaient bien des incohérences. Nous en avons vécu une autre en 2005. Christian déprimait seul dans le petit village du Gué de Longroi (28) pendant que je m'épuisais à aller travailler à Paris (4h de transport). Mon travail qui consistait à faire une sorte de hot-line en aidant à distance de Paris, l'ensemble des maisons de la Fondation d'Auteuil sur toute la France y compris les DOM-TOM, ce travail pouvait être fait en télétravail. D'ailleurs mon chef direct était basé à Toulouse. Mais la Fondation n'était pas prête à mettre en place cette nouvelle méthode de travail, et ma demande fut refusée. Christian ne touchait aucune indemnité chômage ou autre. Je ne pouvais donc pas démissionner et me retrouver aussi sans aucune indemnité, même si nous avions des économies, la retraite était encore loin. Avec la DRH, nous avons étudié la possibilité de me licencier, mais j'avais 55 ans et une nouvelle loi obligeait les patrons licenciant des + 55 ans à payer une pénalité importante. La Fondation ne pouvait pas gaspiller de l'argent pour moi. La DRH me dit ‘'tu n'as qu'une solution : tu pars en vacances, tu ne reviens pas, je t‘envoie une lettre recommandée avec menace de licenciement à laquelle tu ne réponds pas, dans ce cas je te licencie pour faute lourde par abandon de poste, la Fondation n'a rien à payer et toi tu auras droit aux ASSEDIC''. J'étais outrée. N'a pas droit au chômage, une employée qui par correction, prévient son patron qu'elle va quitter l'entreprise, et fait son préavis laissant le temps au patron de retrouver une remplaçante, alors que celle qui s'en va comme une malpropre en ne prévenant personne, elle a droit aux indemnités…C'est immoral. Et c'est avec un lourd sentiment de culpabilité que j'ai accepté cette solution car c'était la seule dans mon cas.
L'adolescence et le début de vie d'adulte de Thierry et Patricia
Pendant la période où j'essayais de me reconstruire, mes souvenirs familiaux sont vagues et peu marqués dans la chronologie. Il se peut qu'il y ait donc quelques lacunes ou incohérences dans ma narration. Avec Mireille, même si on se voyait peu, on se téléphonait souvent. Sébastien grandissait bien et les deux grands commençaient à prendre de l'indépendance. Lorsque Daniel et Mireille venaient à la maison souvent il n'y avait que Sébastien. Les autres avaient des activités. Nous trouvions cela normal. Puis un jour Mireille m'a dit que Patricia allait être obligée de partir car elle travaillait comme coiffeuse chez un patron qui prostituait ses employées dans un appartement en face du salon. Il fallait l'éloigner. Je lui ai conseillée de porter plainte. Au lieu de cela, c'est Patricia qui est partie pour s'installer à Lille où naîtra leur fille Jessica le 13.06.1993.
Mireille me disait qu'elle avait peu de nouvelles de Patricia et ne souhaitait pas que je prenne contact avec elle. Quant à Thierry il était amoureux d'une fille Nadine qui avait déjà plusieurs enfants et qui buvait. Thierry s'était lui aussi mis à l'alcool. Quant à nous, ni Patricia ni Thierry ne nous donnaient de nouvelles. Il faut dire qu'avec Thierry, il y avait eu un malentendu. Le 01.01.1987, nous revenions du restaurant de nos amis Mireille et Michel où nous avions emmené déjeuner Marcel, le père de Christian. Nous étions très tristes de passer ce premier jour de l'an sans la mère de Christian décédée 4 mois plus tôt. En arrivant à notre maison de Villepreux, nous avons vu Thierry avec Nadine et un bébé qui nous attendaient devant la porte. Du coup Marcel s'est cru obligé de rentrer à Paris malgré nos objections. Nous n'avions pas le moral et j'avoue que voyant Nadine avec son bébé, je n'ai pas été très aimable. Sortant d'un déjeuner à l'atmosphère lugubre et triste où l'absence de ma belle-mère était envahissante, la vue de ce bébé m'était insupportable. Nous leur avons offert un café, Nadine a changé les couches du bébé puis ils sont partis. Je pense que Thierry n'a pas apprécié notre accueil. Il n'a plus donné signe de vie et je n'ai donc jamais pu lui faire mes excuses et lui expliquer que je n'avais rien contre lui mais que le moment était mal choisi pour nous faire une surprise de sa venue. Une nouvelle fois, le manque de dialogue, si cher à notre famille, avait fait ses dégâts. Il faudra attendre des années pour que nous reprenions contact.
Mireille et Daniel parlaient peu de leurs deux ainés. Seul Sébastien comptait. Daniel ne buvait plus et ils semblaient tous les trois heureux. Nous avions sentis que Daniel se fermait chaque fois que nous parlions de Patricia et donc nous n'évoquions jamais son souvenir.
Au début des années 2000, lorsqu'à mon boulot, aux orphelins apprentis d'Auteuil, j'ai eu internet, j'ai eu envie de retrouver Patricia, cette petite fille si attachante qui nous aimait beaucoup. Ce fut facile, elle était dans le bottin.
Les années 1990/2000
Retrouvailles avec Patricia
Lorsque j'ai téléphoné à Patricia, dont je n'avais pas de nouvelles depuis des années, j'ai sentie dans sa voix que mon appel la touchait beaucoup.
J'ai trouvé une jeune femme de 33 ans déboussolée, cassée et qui se sentait abandonnée de tous. Elle m'a demandé des larmes dans la voix des nouvelles de sa mère et ses coordonnées. Sachant que Mireille m'avait refusé quelques années auparavant de prendre contact avec Patricia, je lui dis que je ferai part à Mireille de son désir de reprendre contact et lui donnerai son numéro de téléphone. Par contre, elle laissa éclater sa haine lorsque je lui ai parlé de son père. Je n'ai pas insisté. Cette haine réciproque m'intriguait.
J'appelai aussitôt Mireille qui n'apprécia pas ma démarche et insistait pour que je lui raconte notre conversation. Me répétant sans cesse que sa fille racontait n'importe quoi. Mais à force de persuasion, Mireille accepta de rappeler sa fille.
Leurs relations ne semblaient pas s'être améliorées pour autant. Alors périodiquement, j'appelais Patricia. Petit à petit, elle entrait en confiance avec moi. Elle me confiait son mal-être. La vie au milieu des enfants des orphelins apprentis d'Auteuil me faisait voir autrement les humiliations que Patricia subissait lors de nos venues mais peut-être aussi dans d'autres circonstances lorsqu'elle n'était encore qu'une toute petite fille. Le fait que Christian et moi avions pris le parti de faire comme si on ne voyait rien, suffit à me faire ressentir à l'égard de Patricia un violent sentiment de culpabilité.
Alors je l'ai longuement écoutée. Chaque conversation était ‘'décortiquée'' avec une amie éducatrice spécialisée de mon lieu de travail. Le profil de Patricia s'est peu à peu dessiné de façon précise. Cette amie me disait les questions à poser celles à éviter.
J'ai tenté d'aider Patricia à « tenir sa tête hors de l'eau » chaque fois qu'elle sombrait. L'alcool, le tabac, l'anorexie, la boulimie, etc… elle avait essayé pratiquement tout ce qui permet à quelqu'un de se détruire. Il a même fallu à une époque, lui retirer sa fille.
J'étais là, enfin par la voix car les kilomètres nous séparaient. Elle me demandait sans cesse des nouvelles de son petit frère Sébastien, le seul disait-elle qui ne lui avait fait aucun mal. Je lui ai donc envoyé une photo de ce frère avec ses parents. Elle m'a dit avoir découpé son père que la simple vue la faisait vomir. C'est cette photo qui sera à l'origine de ma première dispute avec sa mère Mireille depuis 50 ans. Cela m'a fait très mal car je n'ai pas compris la colère de Mireille. Depuis de très nombreuses années je suis le seul lien qui rattache Patricia à sa famille, qui lui fait sentir qu'elle n'est pas la pestiférée de la famille. Je suis celle qui lui fait relativiser la froideur de sa mère à son égard, lorsque très rarement elles se téléphonent. Ses troubles de santé physiques et surtout psychologiques me culpabilisent énormément car je sais maintenant que, si Patricia était aujourd'hui la petite fille de l'époque, tous ces troubles auraient pu être évités du fait de l'évolution de la parole des enfants et du regard des adultes. Maintenant elle serait mieux écoutée et moi, j'aurais su quoi faire et quoi dire grâce à mes collègues psychologue et éducateur spécialisé de la Fondation d'Auteuil.
Longue fâcherie de Martine et Mireille
Lorsque Mireille, une fois de plus refusait de donner des nouvelles à Patricia de son petit frère, Patricia lui dit que j'avais envoyé une photo du 14.08.2004 de Sébastien et ses parents en visite chez nous
Dernières photos que j'ai prise de Daniel debout
avant son handicap chez nous au Gué de Longroi.
En février/mars 2006, lorsque comme d'habitude j'appelais Mireille pour avoir des nouvelles, j'entendis à sa voix que quelque chose n'allait pas. D'emblée elle me reprocha d'être en relation avec Patricia et surtout que je lui ai envoyé une photo de Sébastien. Lorsque je lui expliquai que j'avais de contacts téléphoniques épisodiques avec Patricia qui m'appelait lorsqu'elle allait trop mal depuis des années, Mireille se fâcha. Elle me dit que sa fille racontait des tas de conneries que c'était une mythomane. Je lui ai proposé de changer de sujet, en lui expliquant que je savais faire la part des choses, que j'avais compris la situation, et que je continuerai mes contacts. Mireille avait du déménager pour trouver une maison adaptée au fauteuil roulant, Daniel après une chute dans les escaliers de sa maison était paraplégique. Je l'avais aidée en lui fournissant des annonces d'internet. Lorsque je lui ai demandé de me donner sa nouvelle adresse et son téléphone, elle a refusé tout net, prétextant qu'elle ne voulait pas que je les donne à Patricia. Je suis restée sans voix. Ce manque de confiance m'a profondément blessé car cela ne ressemblait plus à nos relations antérieures. Et comme elle me redit son interdiction de rester en relation avec Patricia, le ton est monté. Elle m'a dit que dans ces conditions elle ne souhaitait plus me parler et m'a raccroché au nez. J'ai tenté de rappeler, elle n'a pas décroché. En apprenant que j'avais des contacts avec Patricia, je sais qu'elle a paniqué. Elle savait que la version qu'elle m'avait donnée pour le départ de Patricia loin de la région parisienne, n'était pas vraie, que Patricia m'avait à coup sur raconté une autre histoire. Elle devait s'en vouloir de m'avoir menti, il y a quelques années. Elle avait peur de mon jugement. On aurait pu en parler calmement. Elle savait que je n'avais pas l'habitude de juger, que j'essayais de comprendre dans bien des situations, même si je ne suis pas une sainte. Ce n'était plus la Mimi que je pensais connaitre si bien. Je comprenais qu'elle était perturbée avec son mari devenu en fauteuil roulant et son père qui était en soins palliatifs, mais quand même.
J'étais décontenancée. C'était la première fois que nous avions ce genre de relation tendue. Nous habitions déjà à Capbreton et Mireille était bloquée avec Daniel en fauteuil roulant à Colombes, la distance ne facilitait pas les choses. Je lui ai écrit en lui faisant part de mon incompréhension quant à son attitude. En lui rappelant ma neutralité dans ce conflit avec Patricia. Aucune réaction.
Nous ne remontons jamais en région parisienne. Chaque année, j'ai tendu la main en envoyant nos vœux de nouvel an mais pas de réponse. J'ai continué à envoyer des mails de blagues à Daniel car je savais qu'il aimait bien et que cela lui ‘'passait le temps''. Mais aucun signe de vie de Mireille. J'ai continué à avoir des nouvelles grâce à Sébastien qui commençait à vivre sa vie d'adulte et venait nous voir de temps en temps ou nous téléphonait. Si la conversation téléphonique de 2006 m'avait mise en colère, selon mon habitude, la colère retombée, je n'avais aucune rancune, on pouvait renouer comme avant. Mais comme pendant l'enfance, Mireille était rancunière et boudait, la rendant parfois odieuse au point de ne pas prévenir sa tante Simone (ma mère) et moi du décès de son père Gabriel en avril 2006. Le silence s'est donc installé entre nous jusqu'en septembre 2012. Date où, en vacances du côté d'Aix en Provence, j'ai appris le décès de ma tante paternelle Andrée VIGNOT (2eme épouse du frère de mon père) qui devait être inhumée un après-midi à Colombes. J'avais été très émue des efforts faits par ma cousine Christiane, qui malgré ses emplois du temps, était venue assister aux obsèques de mon père à Guérande en octobre 1997, je m'étais promis de faire de même. Donc je décidais de faire l'aller-retour d'Aix en Provence à Colombes dans la journée. Christian restant sur place à l'hôtel de Bonnieux ‘'chez Loubet-domaine de Capelongue'' près d'Aix avec notre chienne Sultane.
Je fis en sorte de partir tôt, l'église des obsèques était à 200m de la maison de Mireille et Daniel. Je suis donc allée sandwich à la main sonner chez eux. Mireille et Daniel nous sommes dits bonjour et avons commencé à parler come si nous nous étions quittés la veille. Notre amour fraternel avait tout effacé. Mireille est même venue assister à la messe d'inhumation où elle a pu revoir Christiane, son mari et leurs deux filles. Je suis repartie dans l'après-midi avec le cœur léger, heureuse d'avoie enfin retrouvé le cœur de celle que j'ai toujours appelée ma ‘'petite sœur Mimi''. C'est ainsi que les kilomètres nous séparant nous avons gardé des relations téléphoniques où l'on se racontait nos vies, tant qu'ils ne sont pas venus habiter dans le Sud-Ouest. La complicité d'enfance était revenue, mais le chapitre ‘'Patricia'' restait tabou.
Où Martine voit la mort de très près.
En janvier 2002, je me sens pas bien au bureau. Je rentre après déjeuner à la maison. J'ai 40° de fièvre. On appelle un médecin (nous n'avons plus de médecin de famille depuis notre arrivée en eure et loir. Les médecins sont en grève. Il refuse de se déplacer, Christian me conduit à son cabinet. Diagnostique = bronchite à soigner avec des antibiotiques qui au bout de 7 jours n'ont même pas fait baisser la fièvre. Le médecin indique de continuer le même traitement qui pourtant ne paraît pas efficace. Nouveaux traitement antibiotique. Je me sens faible, je ne mange plus. Malgré mon désaccord, Christian insiste et m'emmène à 85 km de chez nous, à Plaisir (78) chez notre ancien médecin depuis 30 ans, docteur Kruger. Il m'envoie faire une radioscopie rapidement le jeudi et me demande de revenir dès les résultats. Sur le cliché, on voit un petit foyer infectieux dans le bas du poumon droit. Le radiologue me dit qu'un traitement adapté de 10 jours et tout rentrera dans l'ordre. Le samedi nous retournons chez notre médecin familial. Il demande à Christian de me conduire immédiatement à l'hôpital. Il ne peut plus rien pour moi. Le cœur est en train de fatiguer. J'ai les cuisses cyanosées. J'ai à peine la force de marcher. A l'hôpital de Chartres, également en grève, après le long trajet de Plaisir à Chartres, Christian est obligé de m'aider à marcher jusqu'aux urgences. Aussitôt 2 urgentistes s'occupent de moi. J'ai une double pneumonie fulgurante (celle qui a emporté Guillaume Depardieu). Le cerveau et le cœur manquent d'oxygène. Je suis incapable de signer les papiers, le cerveau ne sait plus commander ma main. Je n'ai pas peur, je ne me rend pas compte de la situation. Je resterai 3 semaines dans cet hôpital, sous doses importantes d'oxygène (j'ai les narines brulées), kiné respiratoires et fortes doses d'antibiotiques par intraveineuse qui détraquent le foie. J'ai été très bien soignée par tout un personnel médical en grève qui m'appelaient la ‘'survivante''. Notre médecin de Plaisir m'appelait la ‘'rescapée''. J'ai pris conscience que j'avais eu beaucoup de chance d'en réchapper. Je suis persuadée que c'est grâce à Christian et au docteur Kruger que je suis encore en vie. Avoir vu ma mort de si près, voir que l'on peut partir en si peu de temps, m'a fait voir la vie d'un autre œil. J'ai changé mes priorités et ma façon de voir certaines choses. Comme quoi on apprend de toute chose.
Comme expliqué au début de ce livre, mes souvenirs sont beaucoup plus nombreux avec le couple BERRUE et leurs enfants qu'avec mes autres cousins/cousines car nos parents étant fâchés, nous nous sommes perdus de vue pendant de nombreuses années.
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Débrancher les appareils médicaux
PSYCHOGENEALOGIE
Loin de moi l'envie de vous faire une analyse de la famille en fonction de notre génosociogramme, je n'ai pas les compétences requises.
Ce paragraphe n'a pour seul but que d'essayer de recenser les éléments recueillis qui pourront le cas échéant permettre à un descendant en proie à des difficultés de consulter un(e) psychogénéalogiste.
Au préalable, quelques notions :
Définitions :
1) Le génosociogramme englobe cinq à sept générations, marque les dates (mariages, naissances, décès, déracinements…), les faits importants de l'histoire de vie de la famille (niveau d'études, professions, séparations, remariages, maladies et accidents, déménagements, traumatismes, incendies, catastrophes, décès prématurés…) et les liens affectifs entre les personnes. Sigmund Freud a mis en évidence l'inconscient individuel qui nous gouverne, Carl Gustav Jung, l'inconscient collectif, les travaux de J-L Moreno nous apprennent l'existence d'un co-conscient et surtout d'un co-inconscient familial, social et groupal et nous savons maintenant que de nombreuses choses se passent dans la transmission et le non-dit. Nous ne pouvons plus fonctionner avec l'idée que tout nous est transmis par nos seuls parents. Nous avons un passé familial, des traumatismes hérités de nos grands-parents et arrière-grands-parents.
2) La psychogénéalogie est une méthode développée dans les années 1970 par le P Anne Ancelin Schützenberger selon laquelle les événements, les traumatismes, les secrets et les conflits vécus par les ascendants d'un individu conditionnent ses faiblesses constitutionnelles, ses troubles psychologiques, ses maladies, voire ses comportements étranges ou inexplicables. Depuis, cette pratique clinique a été théorisée par de nombreux psychanalystes, telsFrançoise Dolto,Didier DumasouNicolas AbrahametMaria Torok.
Ils donneront naissance à la psychanalyse transgénérationnelle.
La psychogénéalogie est une « démarche qui nous permet de comprendre et d'utiliser au mieux notre héritage psychique, ou, si besoin est, de le transformer.
Faire de la psychogénéalogie clinique, c'est pour l'individu, poser les valises de son passé et accepter de lâcher prise pour surmonter les dégâts des traumatismes qu'il a incorporés, les contrecoups, les conséquences, et les éventuels effets néfastes d'un passé familial, de ses plaies, erreurs, fautes, hontes, culpabilités, regrets, déracinements, pertes, deuils, secrets et non-dits, etc. »
La psychogénéalogie part du postulat suivant : l'individu est le maillon d'une longue chaîne générationnelle qui influe sur lui.
A partir de cette idée, la psychogénéalogie étudie les répétitions d'événements sur plusieurs générations pour découvrir ce qui, dans la vie de nos aïeux, pourrait avoir déclenché notre mal. C'est une sorte d' « imaginaire collectif » propre à la famille : une femme fait une fausse couche au même âge que sa mère et sa grand-mère, par exemple. Comme si des faits marquants ou des secrets de famille continuaient à influer sur les générations suivantes, que ce soit dans les choix ou dans les pathologies des individus. La psychogénéalogie s'attache à la transmission transgénérationnelle, et donc inconsciente, entre les membres d'une même famille.
Des origines qui remontent au début du XX° siècle
Bien avant l'utilisation du terme « psychogénéalogie », certains avaient déjà essayé d'expliquer comment des informations peuvent être transmises d'un inconscient à un autre. C'est le cas de Freud, qui évoque l'idée d'une « âme collective » dans Totem et Tabou, publié en 1913 ; ou Carl Gustav Jung (médecin et psychologue suisse allemand du XX° siècle), qui développe l'approche transgénérationnelle avec sa théorie de l' « inconscient collectif ». A leur suite, de nombreux médecins s'y sont essayé, ce qui a donné diverses théories et écoles de pensée.
3) La loyauté familiale invisible (LFI)
La loyauté familiale invisible peut se définir comme la manifestation d'un comportement familial qui se reproduit de manière invisible, inconsciente de génération en génération.
« Sans prise de conscience, sans travail sur soi, nous sommes condamnés à reproduire ultérieurement nos identifications d'enfant. Parfois à notre insu. Certains ont choisi de faire tout le contraire de leur famille. Malheureusement, vivre le contre-scénario, c'est encore vivre en fonction du scénario. Prendre le contre-pied, ce n'est pas accéder à la liberté d'être soi-même, c'est agir à l'inverse en étant constamment dans la comparaison. L'aventure d'une vie humaine, c'est avant tout l'aventure de la conscience. Plus nous devenons conscients, plus nous devenons libres. Plus nous choisissons notre vie au lieu d'obéir à nos programmations, plus nous épanouissons notre être unique, indépendant, autonome. Plus nous sommes épanouis, plus nous épanouissons les autres. »
4) Le syndrome anniversaire peut se définir comme une « répétition d'événements marquants, heureux ou malheureux, voire dramatiques, à la même date ou au même âge ou à la même période spécifique. »
Il peut être lié à :
un événement personnel, familial ;
à divers problèmes vécus par les générations précédentes ;
un choc traumatique, généralement un deuil non terminé, une perte importante (un enfant, une fausse couche, un parent, un animal familial, une maison, un terrain, une partie du corps, etc.
Cette répétition peut se faire pour un événement heureux ou malheureux, qui est resté vivace dans la mémoire familiale (date de naissance, de mariage, de baptême, d'un fait historique, etc.).
Si nous arrivons à « faire le deuil » du passé, à « réparer » celui-ci, à « nettoyer notre arbre généalogique », nous pouvons réacquérir notre libre arbitre et ne plus répéter une problématique de génération en génération.
J'ai donc tenté de recenser les évènements qui peuvent avoir une incidence sur les générations futures .
RESTE A DEVELOPPER
Alcoolisme
Perte d'enfants
culpabilité
Femme enceinte avant mariage