Chroniques alexandrines 7

katondutick

Où il est question de sardines, de linguistique et des trente glorieuses

Le hangar , hommage bancal à l'admirable film Blue Collar, qui sert à restaurer les malheureux tombés dans le piège du Zéronimo de Vincennes vient de se voir infliger une chronique effroyable dans un journal qui fait autorité.Même, ma plume, qui pourtant ne cède guère à l'indulgence en pareil cas, n'aurait pas osé ces termes ravageurs, rédhibitoires, pour qualifier la cantine incriminée.Nous nous étions récemment alarmé sur le destin improbable du nouveau zoo de Vincennes.Les confrères de la presse écrite viennent de lui donner le coup de grâce.Après avoir décrié en quelques pages avec témoignages, affligés ou vengeurs, la déception des visiteurs devant le peu d'animaux , la scénographie aberrante mise en œuvre, les tarifs très dissuasifs et les parkings prévus inopérants, voilà que l'épitaphe est conclue. Et de quelle manière ! Cela pose un réel débat. Doit-on assassiner les ratages, les nanars, les fours de mise en scène, avec perfidie, mais en usant du langage de Molière et Stendhal ?J'avoue que c'est l'option que je privilègie depuis toujours.Ou exprimer une sainte colère en termes appuyés , venus de chez Céline et Bukowski ?Eructer quand on trompe le consommateur , le spectateur, le touriste bernés, cela sert-il à quelque chose ? Casse-toi pauv'con fut en son temps un sujet de discorde entre les Montagnards et les Girondins.Le verbe de l'avocat siégeant dans le palais de la Pompadour, visitant le salon des Labourages et Pâturages, aurait-il eu plus de lustre en haussant le niveau syntaxique ?Soyons fous, et proposons, sans chercher bien loin, une autre formule.Brisons-là Monsieur car vous n'êtes qu'un faquin ! A propos de la gargotte de Vincennes ?Le client , tout sourire, règle sa note et dit : " Il n'y a pas encore de Nobel pour la ragougnasse , mais vous en seriez digne. ".Dès demain, suite à ces quelques remarques, on va voir sans doute dans notre belle province les usages changer.Gageons que le climat ambiant s'en trouvera différent.Autrefois ,chacun d'entendre le client pressé maugréer à la caisse d'un super-marché.Pourquoi ? Parce que la belle hôtesse hésite, depuis dix-sept minutes à taper sur sa machine le nom d'un légume étrange.Côte de bette ou côte de blette ?Ledit client , parfois populiste à l'approche des élections, peut perdre sa bonhommie et lâcher " Ca va se magner un peu la gonzesse ? "Nous proposons,dans un souci de concorde , en revanche : " Au train où vont les choses, je risque de perdre ma virilité avant de sortir de céans."  Cette énigmatique remarque aura pour effet de plonger tout un staff dans l'hébétude la plus totale.Je renvoie à ce sujet les amis footeux à la phrase sur le bateau et les sardines.Elle a été  prononcée par une gloire du ballon rond,un certain Eric le rouge et  sans doute héritée de celle prononcée par Georges Pompidou après le suicide de Gabrielle Russier qui citait Eluard.Il ne saurait être question de vous quitter, lecteurs,fans de panenkas et autres ailes de pigeons, sans célébrer la Victoire en ce 8 mai.Elle a été vaillante, somptueuse, admirable, glorieuse, épique !Oui, vraiment, amis du football, vous avez , nous avons , avec l'équipe de France féminine qui a écrasé la Hongrie hier soir , à Besançon, contemplé un groupe de jeunes femmes pour lesquelles on demanderait bien à Delacroix de nous refaire un autre tableau avec le drapeau tricolore !En moins funeste, car je risquerais alors un carton rouge…

Et c'est ainsi que Cadet-Rousselle apprécie le vermicelle.

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