Chroniques du Monde de Noël - Chapitre 1

algonior

Comme chaque année à la période de noël, la ville d’Uzos brillait de mille couleurs. Chaque maison avait son lot de décorations, disparates mais toujours harmonieuses. Certaines années, la neige avait même la bonté de tomber sur le bourg en fête. Cette année  en faisait partie. Ce qui était merveilleux devenait magique. Les enfants construisaient des bonshommes de neige ou jouaient à se lancer des boules de neige pendant que les adultes se promenaient dans les rues où vaquaient à leurs activités quotidiennes. Le boucher faisait tourner ses poulets tout en discutant avec son voisin épicier qui rangeait ses fruits. Ca et là des passants leur adressaient des sourires qui en disaient long sur la complicité qui liait tous les habitants de la ville.

Monsieur Laclos aida une femme âgée à traverser la route parcourue pour l’occasion par des dizaines de traîneaux tirés par des chevaux de toutes couleurs. Après avoir été remercié par celle qu’il venait d’aider, le trentenaire rentra chez lui. Sa femme l’accueillit par un petit baiser. Son fils Maxime fit la bise à son père avant de sortir. « Ne traîne pas trop, il faut que tu sois rentré pour sept heures, tu as école demain ! » lui rappela sa mère. Maxime avait dix ans, les cheveux châtains foncés, et même s’il n’était pas d’une grande beauté, tout le monde s’accordait à dire qu’il avait du charme.

Comme chaque soir il se rendit en courant dans la rue voisine manquant de se faire renverser par un traîneau puis de choir après un dérapage incontrôlé. Là il se dirigea vers une maison qu’il ne connaissait que trop bien et appuya sur la sonnerie à l’entrée. Quelques secondes plus tard un homme bien bâtit vînt lui ouvrir, celui-là même qui quelques années auparavant lui faisait une peur bleue. « Chloé, c’est Maxime », appela l’homme tout en souriant au nouveau venu. Arriva alors une jeune fille brune à la peau claire et aux cheveux d’un noir d’encre. Comme chaque soir, Maxime ne pouvait s’empêcher de la fixer de tous ses yeux pendant quelques secondes, fait auquel elle était habitué et qui entrainait un large sourire de sa part.

Comme les parents de Maxime, le père de Chloé rappela l’heure du couvre feu qui était la même. La jeune fille entraîna dès lors son ami en lui prenant la main pour le mener vers une ruelle sombre d’où on pouvait voir les deux maisons. On était le 23 Décembre. Chloé sortit de sa poche un foulard et sans laisser à Maxime le temps de réagir, elle le lui posa délicatement sur les yeux. Elle avait un an de moins que lui mais elle semblait en avoir au moins autant, ne serais-ce que par sa douce autorité.

-          Mais qu’est-ce que tu fais ? s’étonna le jeune garçon.

Pour toute réponse il eut le droit à un doigt fin sur ses lèvres, doigt d’une extrême délicatesse qui lui enleva la parole. Il ne put rien voir de ce qui se passait autour de lui mais entendit cependant un bruit de papier et sentit peu après la douceur des  lèvres de Chloé sur sa joue droite. Elle lui enleva alors le foulard qui l’empêchait de voir et lui tendit un petit cube entouré de papier cadeau. Tout étonné, Maxime l’observa dans ses mains pendant quelques secondes avant que Chloé ne lui dise de l’ouvrir. Aussi délicatement qu’il avait reçu le paquet dans ses mains, il commença à le déballer. Après avoir enlevé le papier, il se trouva devant une boîte en or. Machinalement il appuya sur la surface en relief du petit coffre et celui-ci s’ouvrit.

Au fond reposaient deux moitiés de « A » d’or complémentaires au bout d’une chaîne de même couleur. Il en sortit une qu’il posa dans sa main. Chloé prit doucement le collier et l’attacha au cou d’un Maxime rougissant. Cela fait, et suivi d’un doux baiser sur la joue, le jeune garçon fit de même avec l’autre collier, et bientôt chaque moitié du « A » se trouva sur la poitrine des deux enfants.

-          Nous voici inséparables et liés à jamais, sourit la jeune fille.

-          Je n’ai pas de cadeau pour toi, soupira Maxime en baissant la tête tristement.

-          Un simple bisou serait le plus beau des cadeaux pour moi, répondit la jeune fille avec un tendre sourire.

Le garçon approcha alors ses lèvres des joues de Chloé et y déposa un baiser d’une douceur qui la fit frémir. Elle se tourna alors vers lui et le fixa les yeux dans les yeux. Ce fut au tour de Maxime de frémir :

-          J’attends un autre baiser de toi.

Maxime, même s’il ne l’avait jamais fait auparavant, avança alors son visage jusqu’au plus près de celui de la jeune fille et s’apprêtait à toucher de ses lèvres celles de Chloé quand une pluie d’étoiles juste à côté d’eux leur fit détourner la tête. Au milieu de ce qui devînt vite un nuage doré, une silhouette commença à se matérialiser.

Ne sachant pas de qui où de quoi il s’agissait, les deux enfants se précipitèrent derrière une des nombreuses poubelles tassées au fond de la rue. A peine furent-ils à couvert une vingtaine de mètres derrière le nuage qu’un père noël assez mince sortit de cette nuée qui n’avait rien de normal et qui devait être l’opération d’une magie à laquelle personne ne pouvait croire sur Terre. D’un pas décidé, il quitta rapidement la rue, comme s’il était en colère.

Chloé ne perdit pas de temps et sorti promptement de sa cachette pour aller observer de près les dernières étoiles qui s’estompaient petit à petit. Maxime essaya de la retenir mais il savait très bien que son amie n’en ferait qu’à sa tête, aussi décida-t-il de la suivre, mais avec une méfiance que toute sa bonne volonté ne parvînt à cacher. Chloé tendit la main vers l’une des étoiles qui brillait du même or que son collier. Sa main entra en contact avec l’astre et un frisson d’ivresse la parcourut une fraction de seconde. L’instant suivant elle avait disparu de la vue de Maxime.

Le jeune garçon scruta tous les environs du regard. « Chloé ? » répéta-t-il plusieurs fois tout en allant fouiller dans toutes les cachettes possibles et imaginables du petit espace dans lequel il se trouvait. Il savait que ce genre de farce était du goût de son amie, aussi ne s’inquiéta-t-il pas outre mesure. Mais après cinq minutes de recherches intensives, après qu’il ait regardé dans tous les recoins de la rue, la panique commença à s’installer en lui. « Chloé, s’il te plaît, montre toi, j’ai peur ! » lança-t-il. Mais aucune réponse n’arriva à ses oreilles, pas même le petit rire malicieux qu’il aurait du entendre dans pareille situation. La jeune fille semblait bel et bien avoir disparu.

Ne sachant plus que faire, il se laissa tomber par terre et de chaudes larmes coulèrent sur son visage. Il ne put s’empêcher de penser que si Chloé avait été là, elle l’aurait consolé par un simple baiser. Mais en l’occurrence c’était elle qui avait disparu. L’esprit égaré par la peur, le chagrin et le désespoir, il se mit immédiatement dans la tête de retrouver le père noël qui était sorti de la nuée d’étoiles. En se levant il toucha le collier qui venait de lui être offert et un nouveau flot continu de larmes sortit de ses yeux gonflés. Et c’est larmoyant qu’il se précipita dans les rues de la ville, à la même vitesse et avec la même inconscience que lorsqu’il se rendait chez son amie.

Les voitures et traîneaux manquèrent de peu de lui enlever la vie à chaque coin de rue. Il observa l’horloge de la mairie. Il était 18 heures 55. « Bonjour Maxime ! » salua le boucher, « tu as le droit d’être dans les rues à cette heure-ci? » s’étonna-t-il. L’enfant passant devant lui sans lui jeter le moindre regard, le boucher n’insista pas.    « Chloé va bien ? » demanda-t-il pour finir en haussant le son de sa voix à cause de la distance qui le séparait déjà de Maxime. Il rentra dans son magasin qu’il s’apprêtait à fermer en haussant les épaules. « Les jeunes ne prennent plus leur temps de nos jours », murmura-t-il.

L’enfant, quant à lui, ne ralentit que lorsqu’il fut en vue de la place du marché de noël où circulaient une dizaine de pères noël. Il observa celui qui était le plus proche de lui, mais sa morphologie était toute autre que celle de celui apparut dans la rue une dizaine de minutes plus tôt. Il se dirigea vers un autre père noël qui était lui trop petit. Les suivants étaient soit des gens qu’il connaissait soit des personnes qui ne correspondaient pas.

Pendant sa recherche il entendit sonner les cloches annonçant la dix-neuvième heure de la journée. Mais il n’imaginait même pas rentrer chez lui sans avoir retrouvé celle qui était tout pour lui. C’est ainsi qu’il se retrouva à errer dans des endroits de la ville où il n’avait jamais été et où ses parents lui avaient défendu de se rendre. Après plus d’une heure d’intenses recherches, il revînt penaud vers la rue origine de tout son malheur.

C’est alors qu’il aperçu au fond de la nuit, dans le même endroit que précédemment, une nuée d’étoiles d’or et la silhouette du même père noël disparaissant comme il était apparut. Maxime se rua vers les étoiles mais le temps qu’il parcourre toute la distance qui les séparait, elles avaient toutes disparu. Il vit en même temps ses parents et ceux de Chloé accourir dans sa direction.

Les premières remontrances de ses parents ne l’atteignirent pas le moins du monde. Mais l’inquiétude du père de son amie le touchait plus que tout, lui, cet homme seul depuis le décès tragique de sa femme quelques mois après la naissance de leur première et par conséquent dernière fille. Même s’il ne se sentait pas la force de raconter les faits sachant que personne ne le croirait, il se décida tout de même, alarmé par la détresse du père de Chloé. Ses parents rentrèrent dans une colère encore plus grande qualifiant son histoire de « mensonge irrationnel » et s’excusèrent devant Monsieur Hucher, père de son amie, qui n’avait pas plus la force de s’emporter que celle de croire l’histoire.

A partir de ce jour le pauvre homme vécu dans une détresse que rien ne put altérer excepté les passages fréquents que Maxime tenait à faire chez lui. La Police fut alertée, toutes les hypothèses furent imaginée, jusqu’au meurtre prémédité par Maxime lui-même. Le jeune homme n’avait comme soutien que Monsieur Hucher lui-même qui savait pertinemment que jamais il n’aurait fait de mal à Chloé. L’enlèvement par une tierce personne fut finalement la thèse retenue par les agents de Police. Cependant, jamais ils ne devaient retrouver trace de la jeune fille.

Maxime eut du mal à construire sa vie sans celle qui était non seulement son amie, mais encore plus, il le savait maintenant, celle qu’il aimait. Plus jamais une autre fille ne l’intéressa. Ses parents et ses amis avaient beau lui donner leur avis sur cet inutile entêtement, rien n’y fit. Les premiers allèrent même jusqu’à lui faire consulter un psychologue l’année suivante, médecin qui ne put que constater que le refoulement était tel que seul un choc comme un nouveau coup de foudre pourrait arranger sa situation. Mais le plus grave était que peu de choses semblaient l’intéresser. Chaque soir il jetait un coup d’œil par la fenêtre pour voir s’il n’apercevait pas les étoiles dans la nuit, et plusieurs fois il se retrouva en pyjama dans la rue croyant les avoir aperçu. Tout cela faisant peur à ses parents qui craignaient que leur fils ne soit devenu véritablement fou à la suite de cet événement, d’autant plus qu’il semblait être convaincu de son histoire, l’ayant à nouveau défendue devant le psychologue. Toutes les tentatives d’interprétation de ce dernier n’avaient pas semblé les convaincre.

Mais plus inquiétant encore, Maxime n’allait jamais se renseigner lorsque les policiers avançaient une piste, tout juste y prêtait-il une oreille désintéressée. Tous les 23 Décembre il retournait toute la soirée au même endroit et tout en surveillant, il laisser échapper toute sa détresse par de grosses larmes. Chaque fois le père de Chloé passait une bonne partie de cette même soirée à observer tristement le jeune homme. Un an, deux ans, six ans passèrent sans que jamais le père noël ne réapparaisse. Cependant il ne put être là la cinquième année car ses parents, prenant les affaires en main, décidèrent de partir en vacances ailleurs pour ne pas qu’il puisse passer une nouvelle soirée du 23 dehors quel que soit le temps qu’il faisait. Mais ils comprirent très vite qu’ils avaient eut une mauvaise idée car toute la soirée il tenta de fuir, rendant ses parents fous, criant de colère. En revenant chez lui, il était sur d’une chose, c’est que le père noël était revenu cette année là, cinq ans après, et que ses parents lui avaient fait manquer l’occasion qu’il attendait depuis un temps interminable.

Tout cela lui coûta cher. Ses parents l’envoyèrent dans un centre spécialisé où il était censé tant se déconnecter de sa réalité par délocalisation qu’être pris en charge psychologiquement.

Cette année là, pour le noël de ses quinze ans, il reçut en cadeau un cochon d’inde qu’il appela Chocolat et qu’il put emporter avec lui au centre. Le jeune homme, dans l’âge ingrat de l’adolescence, avait perdu tout de son charme et sa beauté très moyenne s’était transformée laideur à cause des marques de tristesses récurrentes qui faisaient de lui quelqu’un de peu attirant. Tous ses amis avaient fini par ne plus l’être à cause de son isolationnisme et de ses pensées toujours tournées vers une seule et unique personne. Mais en se regardant dans la glace, il se demandait si retrouver Chloé serait véritablement le plus beau moment de sa vie. Il se trouvait repoussant et se disait qu’à peine retrouvée, il la perdrait, et plus rien alors ne le rattacherait à la vie. Mais au fond de lui il ne pouvait se résoudre à penser que Chloé pourrait changer d’avis quant à ce qu’elle avait ressenti pour lui avant de disparaître.

Ayant le droit de revenir chez lui pendant les vacances, il en profita pour surveiller de sa chambre la rue sombre où il allait avant, chaque soir du 23, ce qui lui était défendu depuis son internement. L’arrivée de Chocolat lui avait fait du bien car il constituait le seul compagnon fidèle qu’il n’avait jamais eu depuis les événements qui avaient changé sa vie. Cependant il se refusait à montrer à ses parents qu’il allait mieux de peur que ceux-ci n’imaginent que cela était dû au centre où il était. Au contraire il ne leur adressait presque plus la parole et faisait toujours la moue quand il était avec eux. La réflexion de sa mère, plus qu’agacée par ses humeurs, le soir du 23 décembre de ses 17 ans, lui fit plus de mal que tout ce qui avait pu être dit sur lui depuis toutes ses années :

-          Mon fils, cette histoire t’a détruit. Tu es même devenu laid. Chloé elle-même ne voudrait plus de toi.                      

Il se leva, larmoyant, et dans un flot de colère, d’humiliation et surtout de tristesse profonde, il hurla de sa voix muant tout ce qu’il avait sur le cœur :

-          T’es dégelasse, je te déteste, tu ne m’as jamais aimé et tu ne m’as jamais cru sur rien, et je ne parle pas de l’histoire du père noël qui est difficile à croire, mais de tout ! Tu dis des choses qui m’enlèvent tout espoir dans la vie, seule l’espérance de revoir Chloé me fait rester dans cette vie ! Je n’ai plus rien, tout ce qui se passe autour de moi n’est que malheur, et jamais plus je ne serai autre chose que malheureux ! Si même Chloé me délaisse tout le sens de ma vie est infondé et il ne me reste plus qu’une chose à faire.

Et pleurant toujours à chaudes larmes, il se dirigea avec la vitesse qu’on lui connaît vers sa chambre qu’il verrouilla. En bas il entendit la voix de son père pleine de reproches envers sa mère et qui ensuite l’appelait, lui, pour qu’il revienne en bas, afin qu’ils s’expliquent calmement. Mais lui n’avait qu’une idée en tête. Une idée qui ne datait pas d’hier mais qu’il s’était toujours défendu de mettre en pratique en pensant simplement au soir du 23 décembre de ses dix ans. Il retoucha son collier, la moitié de son « A » d’or. Un instant il faillit l’enlever et le lancer de toutes ses forces par la fenêtre, mais il avait vécu ses sept dernières années avec dans son cœur Chloé, et il voulait mourir avec elle, avec la seule chose qu’il lui restait d’elle. Elle le repousserait dans son état mais tant pis, lui l’aimait et c’était ce qui comptait.

Il ouvrit sa fenêtre pendant qu’en bas son père semblait toujours réprimander sa femme et le ton montait entre les deux. Il se mit sur le rebord, près à sauter. A sa droite un grand arbre envoyait ses branches jusque sous sa chambre. Il observa pour voir comment il devait se lancer pour éviter les prolongements de l’arbre, et dans un souffle de tristesse, il commença à prendre son envole pour sa liberté. Mais à ce moment là il aperçut dans la rue de ses malheurs une nuée d’étoiles. Avec toute la volonté du monde il tenta de se retenir, mais il était trop tard, et il bascula dans le vide au dessous de sa fenêtre.

Il croyait sa dernière heure arrivée, revoyait défiler sa misérable vie, quand sa main tendue vers le haut grâce à son instinct de survie agrippa la branche de l’arbre. Son bras en prit un coup, mais il se trouvait à présent à trois mètres du sol et il se laissa tomber sur ses jambes. Il se tînt ensuite le bras qui lui était douloureux tout en prenant rapidement la direction de la rue adjacente. Mais encore une fois il arriva trop tard. Il ne restait même plus trace des étoiles. Un doute vînt alors s’installer en lui : Avait-il rêvé ? Son inconscient avait-il opéré pour l’empêcher de mourir ? Non, il était sur que non. Il attendit donc patiemment dans la rue le retour du père noël. En effet la dernière fois il était revenu, il n’y avait donc pas de raison pour qu’il opère différemment cette fois là. C’est caché derrière les mêmes poubelles que 7 ans auparavant qu’il attendit et vit ses parents sortir de chez eux, crier son nom, venir jusqu’à près de lui, mais sans jamais le voir. La police vînt même, mais ils n’eurent pas l’idée de fouiller la rue en entier.

 Les heures de la nuit passèrent et personne ne vînt. Le père noël et les étoiles semblaient être sortis de l’imagination de Maxime. Mais alors que celui-ci commençait à désespérer et que ses idées macabres en même temps que les paroles de sa mère lui revenaient en mémoire, une silhouette apparut dans l’obscurité, juste devant lui. Il le vit faire un mouvement de main dans la pénombre qu’éclaircissaient à peine les lampadaires lointains, et de sa main fut lancé un nuage d’étoiles en or. Alors que le père noël disparaissait peu à peu, le jeune homme se lança dans sa direction. Il entra en contact avec les étoiles et un frisson d’ivresse, le même que celui ressenti par Chloé plusieurs années auparavant, l’envahit.

La rue redevînt alors déserte et lui se retrouva dans un tourbillon de couleurs qui l’aspiraient sans cesse vers le néant, vers le bas. Il luttait de toutes ses forces, il souffrait le martyre. Son âme était en plénitude pour la première fois depuis des années, mais son corps tout entier hurlait de douleur et d’incompréhension. Cela dura une éternité, un temps indéfinissable pour son esprit humain. Au bout de ce temps, il atterrit en haut d’un arbre enneigé. Le froid remplaca la douleur, ce qui lui signifia qu’il était bel et bien vivant. Instinctivement, il mit sa main sur sa poitrine pour vérifier la présence de son collier. Il n’avait pas disparu et illuminait tout son corps et toute son âme. Il tourna la tête à gauche et à droite pour déterminer l’endroit où il se trouvait mais tout n’était que forêt autour de lui.    

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