Chroniques d'une sortie de route volontaire-15

romualdmartin

Chroniques de ma promenade dans le monde des vivants

On s'est refait un retour aux cafés des victoires, les victoires, elles se comptent au nombre de galettes qu'on a posé devant, au nombre de mecs que ma copine de beuverie, la fameuse sirène saoule, a réussi à ramener chez elle.

Moi j'ai zéro médaille de ce côté-là, à croire que ma tête de vieux mérou n'intéresse plus aucune criée, bref. On arrive, dimanche soir, bar vide, enfin quasi, y a toujours un ou deux paumés, genre qu'auraient loupés leur cible en sautant en parachute et qu'auraient finis là, perdus et qu'auraient pris soin de bien noyer leurs désespoirs dans les pintes à trois balles.

 Là, y avait juste un arabe, grand et sec comme une trique, des dents en moins, porté par le comptoir, célébrant le fait de pas être encore mort ou sa troisième cirrhose. Il parlait au tabouret du serveur, lui chantant des petites chansons, se prenant pour un crooner, racontait des blagues entre ses dents pourries.

Dans les bars de nuit, t'as toujours un mec ou deux qu'on besoin de copains, qui se sentent seul à se brosser la nouille devant des sites de cul, à bouffer devant un mur dans le silence des pates tièdes. C'est toujours les premiers arrivés. Ils doivent trépigner chez eux comme des gamins qu'attendraient l'ouverture d'un magasin de jouet ou tout serait gratos.

L'heure sonne, ils lavent la seule assiette qu'ils ont, se mettent de déodorant, coupables de faute de gout, et descendent en trombe pour être les premiers servis. Tu laisses tourner l'horloge et au bout d'un moment, t'as une ruine du patrimoine et de l'exception culturelle française qui dort, qui danse ou qui fait chier en bout de comptoir, le serveur dans le viseur, car lui « c'est un vrai pote » « Les autres s'est tous des enculés ».

T'avait la lumière bleue qu'arrosait tout se bordel, on a foutu les mégots dans le caniveau et on est rentrés comme des catcheurs avec un match, tu ne sais pas ce que tu vas prendre dans la gueule, mais tu sais que tu va prendre.

On a filé une raison au serveur pour se casser, limite s'il ne nous a pas dit merci. J'ai envoyé bonbonne chercher des verres, trois personnes, six pintes, c'est le passage en carte qui voulait ça et la danse à commencer, des coudes levés, des pas de trois pour aller cloper dehors, une cloche qui te bénit parce que tu lui paye son grec. C'est fou ce que l'alcool rend gentil quand on n'est pas trop merdique à l'intérieur, je parle pour le sdf. Je disais la danse, toujours la même, bières, clopes, chiotte et deux trois casse couilles qui t'empêche de pisser parce qu'ils ne retrouvent pas leur bite une fois à l'intérieur des chiottes, d'accéder au comptoir parce qu'ils ne trouvent la putain de pièce de deux euros de la monnaie des clopes et que péter un billet ça ferait chier ou qui se foutent devant la porte pour rouler et allumer leur clope, en se prenant à moitié pour des agents de sécu.

Et puis y a le petit cochon qu'est arrivé, un joli brin de fille, petit cul comme mes mains savent les tenir, une petite tête de poupée prête à manger des bites, avec sa queue de cheval en guise de poignée de tête pour faire des allers-retours. J'ai su me tenir, ma sirène s'est proposé d'aller la voir, comme pour la rabattre à la « Dutrou », mais j'ai dit non, je la trouvais trop saoule, je n'aime pas taper dans la viande saoule. C'est des coups à ce que la fille regrette, qu'elle se sente couverte de merde le lendemain, ou pire qu'elle tombe amoureuse et qu'elle te lâche plus, comme un furoncle au cul ou des envies de branlettes.

Ma sirène insistait et puis la nymphe s'est pété la gueule sans raison, comme si les jambes lâchaient sous le poids de la picole qu'elle avait dans le bide, ça a fermé le débat, un de ses potes l'a pris sous ses bras et l'a sorti. Il l'a ramené chez elle pour lui ruiné la chatte ou lui filer un verre d'eau, je ne saurais jamais comme c'est terminé le compte de la gentille petite cochonne.

Ce n'était pas la soirée à fille, enfin, entre arsouilles c'est rarement « soirée filles ». Y a un petit serveur en repos qu'est passé avec sa grognasse pour lâcher un bonjour entre collègue, comme ferait des avocats, des pompistes, voire peut-être même des ministres. Il avait mis sa belle veste, comme pour se faire croire bourgeois et au lieu de prendre un chien ou une petite vérole, se con avait ramener sa grue. Le genre de poufiasse, rien qu'en la regardant t'as envie de lui faire fermer sa gueule à grand coups de tabourets.

Elle postillonnait d'envie de pouvoir, appelant son mec « chaton », elle aurait mieux fait de le traiter de pd, de sac a merde, de toutou, ou juste de le siffler. Elle ne voulait pas qu'il cause à ses collègues, fallait « bouger », elle était trop « high », vous voyez quoi, la pétasse qui fait sa culture au salon de coiffure ou dans les chiottes de son médecin, pas celui qui la baise, l'autre.

L'autre, il est passé à côté de nous, juste une poignée de main, deux trois mots, pas de quoi foutre le feu à une église. Je revois encore cette truie, vexée, se casser du bar expliquant son ras le bol à « chaton » en lui montrant son cul qui s'éloigne, et lui avide d'y fourrer sa bite nous a lâché. Il s'est barré avec le courant d'air que sa pute a fait en ouvrant la porte.

« Chaton », encule-la sans lui demander, après tu la met dans un sac et tu la fous à la poubelle, ça va t'encombrer la vie une conne pareille.

La porte s'est refermée, l'arabe était parti, le vent est retombé, et le couperet aussi, fallait rentrer, le poisson et son mec était fatigués. On gagnera pas des guerres avec des mômes pareils, enfin, personne ne leur demande, c'est déjà bien.

Le temps de prendre un pack de bière et d'un foutre un par terre chez l'épicier du coin et on était rentré. La nuit a fait son taf et moi je n'ai pas gerbé.

 

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