Chroniques d'une sortie de route volontaire-16

romualdmartin

chroniques de ma promenade dans le monde des vivants

« J'ai beau lire n'importe quel journal, lire n'importe qu'elle notice de papier fion, jeter un œil sur les panneaux de la route, les petites annonces, je lis un message, comme quoi je suis pas tout seul, comme si au-delà de tout ce bordel qu'on cradingue y avait quelque chose. »

Ouais je vais reprendre une bière

« Ça n'a rien de formel, y a pas d'escargot collé au mur qui me gueule qu'il est mon pote, c'est pas ça, c'est beaucoup plus discret. Il n'y a juste pas de séparation entre moi et les choses ? y a ce putain de sentiment de patauger en permanence »

Merci

« Je bouge les bras comme un manchot d'handisport et je ramène tout un tas de filasses, de truc qu'on a rien à foutre là, rien à voir avec moi. Le fond du monde est gluant mec.

Si je me sors les doigts du cul, que je prends une feuille, que je pose des idées »

Ouais vas-y remet en une

« Je te disais, si je fais des croquis, même si je ne dessine que de bites à chiottes, ça finit par se mettre en place, doucement. Je sais que l'univers me vois, je ne dis pas qu'il observe, il a autre chose à foutre, mais il me voit »

Sert une pinte, même deux, ça ne sera pas perdu.

« Y a des trucs que je fais, ça fait des ronds dans l'eau à sa surface, ça fait remonter des trucs, et de temps en temps ça éclabousse… »

T'as du Ricard, je vais prendre un Ricard aussi 

« C'est ça la révélation que tout le monde attend pour se sentir vivant, incarné…si tu fais les choses bien, ça fait vibrer l'univers jusqu'à l'orgasme et toi, de ton coté, tu prends un facial. On cherche juste à faire des gonzos avec le monde finalement, rien de plus.

Je reviens, je vais pisser

T'as bien fait de mettre deux Ricards, on gagne du temps contre la mort

« Faut que je t'explique, y a ce mur, je ne sais pas si c'est physique, biologique, chimique ou simplement psy, mais y a un mur entre nous et le monde, comme un mur de flotte, tu sais que y a un bordel derrière, tu vois le bordel derrière, y a des ombres qui se déplacent, des lumières qui clignotent, mais t'as pas le bras assez long pour qu''ils attrapent la main de l'autre côté.

Désolé pour le rot..

« etc, etc.. »

Et j'étais là à taper du doigt sur la table pour empêcher que l'orateur d'en face puisse ouvrir sa gueule. On venait d'écluser une dizaine de pintes chacun, il était rouge, j'étais rouge. Lui ne croyait pas en la vie après la mort, moi si , alors on a débattu, on a fait de la philosophie d'ivrogne jusqu'à sept heures du matin, on a failli en venir au main plusieurs fois. Je me dis que là-haut, Aristote et Descartes doivent se foutre sur la gueule.

Avant qu'il ne vienne s'assoir à notre table al Capone, je dis al Capone car il était mafieux, et j'ai pas d'autres références, je suis vide comme les couilles d'un acteur porno, je chercherais une autre fois, donc avant qu'il vienne me saouler la gueule, je l'ai attraper en train de faire la danse des coups de poings dans la gueule en terrasse.je profitais des reflets des néons sur les trottoirs, la tête un peu chargée, comme j'ai entendu les bruits de volières, je lève le museau comme un cochon qu'entend son maitre et je les vois, les deux fils de fers, emmêlés a se foutre des coups de têtes, des gifles, on peut pas appeler ça des coups de poings quand on est taillé comme la bras d'un cycliste. Généralement je passe mon chemin, y a toujours des gens pour s'en mêler, dire que la violence c'est mal, que y a des mômes qui regardent, que ce n'est pas une bonne image de l'être humain, comme un concert de bonnes sœurs.

Mais ils me bouchaient l'entrée du café, c'était le troquet de la dernière chance, les autres étaient fermés, j'étais saoul mais j'avais encore un peu de place, venant de lâcher mon repas et l'alcool d'avant quelques rues plus loin.

J'ai donc attrapé le plus petit, je l'ai mis de côté come on tri ses chaussettes, je suis allé voir l'autre, je lui ai mis gentiment la main sur la poitrine, mais ma coiffe de bonne sœur et contraint à partir. L'autre revenait de temps en temps, je lui ai dit gentiment, du haut de mon épaule que je ne voulais péter la gueule à personne, je voulais juste une bière. Le temps d'expliquer mon affaire, l'autre fil de fer était parti, les autres clients replongeait le nez dans leurs verres, la musique reprenait, la rue étaient devenue calme. à peine avais-je posé mon cul que la bière arrivait. Moi, la bière, le silence des voitures et le patron qui me regardait en essuyant sa vaisselle, comme un tableau d'Hopper, voilà ce dont on avait accouché. J'ai finis la soirée comme un peintre, glissant lentement vers du Bacon, la gueule en biais avec la bière pour pinceau. J'ai regardé le rideau de fer mourir par terre vers 7h, se refermant sur un monde fini à la Pollock. Connaissant plus de peintres que de mafieux, je suis à moitié sauvé je pense. Le chauffeur de taxi en a rien eu à foutre, le canapé non plus.

Je me suis pieuté les couilles pleines, l'univers a remis sa petite culotte, l'heure n'était plus à faire de porno.

 

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