Chroniques d'une sortie de route volontaire-2

romualdmartin

chroniques de ma promenade dans le monde des vivants

La même chose, la paillasse dans le blockhaus, rien d'extraordinaire quand on vit seul à osciller entre la rue et la démerde. On a plus à raconter sur les autres que sur soi, ou alors c'est qu'on est à l'article de la mort à se branler avec un bilan stupide.

Toujours tubard ce matin, j'ai dû faire chier les voisins comme jamais. Ils doivent commencer à m'aimer, enfin d'un autre côté, je ne les vois jamais. Quand ils gueuleront sur la porte, je les inviterais à boire un coup, histoire de ne pas boire seul, mais je vais attendre d'avoir laver le pigeonnier. En attendant je les écouterais cogner, comme de la musique classique.

J'ai l'impression que le locataire d'avant prenait plaisir à chier sur le tapis, je peux au minimum voir ce qu'il a bouffé l'année dernière. Je devrais peut être penser à mettre des journaux par prudence, on ne sait jamais, un mauvais sandwich un soir de cuite.

Le matin, c'est tournée des troquets du quartier, histoire de trouver un petit refuge, la perle rare en ces temps de branleurisation avancée.

Y avais le soleil qu'arrosait la rue, j'ai en profiter pour prendre l'air, mais sans café dans les veines, y a eu des virages difficiles. J'ai pris la première terrasse qui passait, comme quand t'es en rad d'essence, tu prends la première sortie ou c'est marqué « essence », rien à foutre de qui t'engraisse et de combien tu te feras enfler.

Je suis tombé sur un bar français par excellence, des tables moches, recyclées de pmu, des chaises inconfortables, pour que tu poses un cul mais que tu restes pas longtemps, faut faire tourner le commerce bordel, y a Poujade qui t'embrasse.

J'ai posé mon cul, sous la douche et le patron est arrivé, enfin le patron, je ne sais pas, mais vu ces airs de suffisance, on pouvait y croire. Il marchait le cul en l'air, en manque de pilon, le nez fin avec ses couilles sur le front, il transpirait le pédé qui ne rêve que de se faire prendre le cul au milieu de la savane par un légionnaire saoul.

Y a des pédés qu'ont du style mais y en a qui pensent et qui parlent avec leur bite mal lavée, il était de ceux-là.

Au bas de la rue ca gueulait, je tourne un bout de tête, c'est le matin, fallait pas que je force, sinon le reste de ma cervelle se serait écrasée dans un coin de la soupière et j'aurais été bon à rien.

C'était le marché, un nuage de vieilles, de bobos en train d'acheter des trucs a douze fois le prix, chacun son petit panier en osier, son petit caddie, un banc de précieuses avec leur journal sous le bras. J'en vois un qu'arrive à s'extraire, des sacs plein les bras, il vient vers nous, heureux de s'en être sortie vivant. Il hâte le pas, surement flipper de se faire rattraper par une veille à qui il aurait volé la place au stand du fromage ou à l'atelier du saucisson.

A peine sorti du troupeau, le patron le regarde venir, enfin le regarde, il a plutôt les yeux vissés sur son paquet, et pas celui en osier. Il bombe le torse, prend sa pose de petite fiotte ou de coq en rut.

Il lui lance à la gueule un -« alors tu nous fais quoi ce midi ? »

Evidemment il fallait que toute la rue entende, y a des chiens qui veulent toujours aboyer plus fort que le bruit du monde. L'autre lève pas le nez, surement saoulé que l'autre tordue lui fasse à chaque fois et lâche

-« Je ne sais pas, j'ai pas d'urgence à décider » qu'il lui répond, phrase trop complexe pour l'autre tête de fouine. Puis il presse le pas, ne voulant pas se faire embringuer dans des conversations de bistrot.

-« T'as qu'à faire des patates sautée, hein ses bons les patates sautées, hein ! Qu'est-ce que t'en penses, des patates sautées » le voilà parti en mode psychotique, a pas démordre, jouissant de pouvoir hurler « sautées » dans la rue a qui voudrait l'entendre.

Et Fier de ses roucasseries, il ne le lâchait pas, le suivant comme un chien qui voudrait sucer de saint os.

-« Allez ! Fais-nous des patates sautées », c'était limite s'il ne sautait pas de joie à côté.

-« Sautées ! Sautées ! SAUTEES ! » Rien que le mot dans sa bouche, t'avais compris qu'il se voyait dans une piscine de bite à nager en contre-courant en gobant quelques-unes dans une nage maladroite.

Le mec au cabas, sans franchement le dénigrer finalement, prend le temps d'une dernière tirade -« c'est toi que je vais faire sauter »

Le taulier, victorieux, s'est caressé son bide poilu, se trouvant joli Sa journée était faite.

Enfin il l'avait commencé en m'enculant de 4 balles pour son café dégueulasse. Il a dû faire pareil avec les autres clients ronflant au soleil. Il a du passé sa journée, noyé dans des idées de douche au foutre, d'anus éclaté sur le bord d'un lit avec des draps à fleurs, de dents rayées au gland du premier clodo qui passe et qui suce pour dix sous.

Je me suis cassé, je ne vais pas engraisser les pédés et leur payer la tartine. Le changement de QG c'est résumé à traverser une rue, un peu physique un lendemain de cuite le ventre vide, surtout quand le soleil te biffle de sa toute-puissance des qu'il croise ta gueule.

Je me réfugie dans un PMU, quitte à me taper des blagues de merde, je préfère aller là ou on les fabrique, au moins les beaufs sont juste les ouvriers innocents de la médiocrité.

Je pose un cul à l'ombre, je perds au moins un diamètre de couilles, la faute au métal froid. Je me noie les oreilles dans le foot, des résultats d'autres sports que je ne connais meme pas, les yeux rivés sur les culs qui passent en terrasse. J'en surprends deux trois à faire comme moi, on se regarde, complices, et on devient le jury des culs de gamines qui vont en chier à l'école.

On joue à une main, je ne sais pas ce qu'ils foutent avec l'autre et ça me regarde pas, qu'ils gèrent leur colosse comme ils veulent.

5 c'est la plus haute note, à croire que ce matin c'était le réveil des gros culs capitonnés. J'ai mis un quatre à une gamine, surement une collégienne vu le dentier en ferraille. C'était les plus belles jambes du monde qui sortaient de son petit short. Obligé de mettre ma deuxième main sur la table, faudrait pas réveiller le dragon et aller se finir dans les chiottes sur un rêve de gamine. Elle s'est cassée, avec ses copines au pneu d'argile posée sur le ventre, fallait redescendre. Rien de mieux qu'une clope pour faire taire le gourdin. Je suis forgé l'haleine à grand coup de nicotine, à la Gainsbourg, un coup de briquet et six clopes d'affilé, le tout réchauffé par le café, à en avoir les dents qui saignent.

La journée commençait enfin,j'avais eu ma gaule du matin,un café pas trop dégueulasse, des nouveaux potes, j'avais été jury des plus vilains cul du monde,je puais de la gueule, fallait que j'aille chier.

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