Chroniques d'une sortie de route volontaire-5

romualdmartin

chroniques de ma promenade dans le monde des vivants

Remis de la fête des pères, en gros je me suis levé en mode mal de bide, encore une victime des bitures qui te trainent la viande sur deux jours. Aujourd'hui je devais me noyer dans le monsieur et madame tout le monde, me lever, prendre un café en terrasse apres une douche et l'enfilage de vêtements propres, allez bosser, revenir du taf, sortir un peu et allez me coucher, les journées cimetières.

Je me suis bien levé, le bide sur les chiottes pendant vingt bonnes minutes, rien à lire, putain de moment d'égarement ou c'est l'anus qui te dit comment va se dérouler la journée. N'ayant pas eu le temps de faire les courses, je ne suis pas vraiment chez moi ça s'explique. Je me lave à l'eau, histoire d'enlever le plus gros de la crasse, je récup un fond de dentifrice, mon doigt qui fait la brosse. Je ne me voyais pas faire le bricoleur et découper un bout du tapis pour m'en faire une brosse à ratiches. Je ne me coiffe pas, j'ai plus de tif, c'est déjà ça de gagné. Je claque la porte, le torse bombé dans les fringues odeur lessive pas cher et me voilà près pour le petit dej.

Je vais toujours au même endroit, la café est pas dégueu, les seins de la minette qui sert non plus, le tout plongé dans la fraicheur matinal, c'est toute voile dehors pour elle. Je reluque pas vraiment, je ne suis pas au point de me laver la main sur la queue pour aller me palucher sur tout ce qui passe, mais quand le paysage est joli, c'est con de regarder ses pompes. Chacun honore la beauté comme ça l'arrange.

Tout s'est cassé la gueule rapidement, le café a refroidi pendant que j'étais perdu dans le corsage de la petite, puis y a l'autre, le filtre à vinasse, celui qu'a le visage comme un mur de chiotte qui vient se poser en bout de terrasse, histoire de taper de la caillasse à la rombière qui sort de la petite boulangerie d'a côté.

Putain de viande faisandée posée au bout de la rue, ça empestait comme une merde de chien cancéreux. Un doux mélange de pisse, de crasse, de vin vomis. Ça a inondé la terrasse, des gens se sont levés, sont partis se planquer à l'intérieur, comme d'un nuage toxique. Les portes se sont fermées, et me voilà tout seul, le combattant de la narine impossible.

Il demandait de la tune pendant que je respirais par la bouche pour ne pas trop dégueuler, dieu sait ce que j'ai avalé au passage. Le café froid n'a pas duré longtemps, je me suis arrangé pour le boire en un coup. Je lâche quatre balles sur la table. Je regarde la minette et je lui monte la tune du bout de mon doigt. Elle acquiesce de la tête, préférant ne pas sortir et se les faire taper que de vivre trois secondes sous les effluves d'entre jambe du clodo.

J'endosse mon sac, métro, autres sac à merde un peu partout, travail, rien à raconter à part les vies de merde que vous qui lisez avez surement, je ne vais pas retourner le couteau dans la plaie.

Le soir arrive, je pose mes chaines chauffées à blanc, mon sac, je marche à pied et retour métro, belote et rebelote.

Les rames arrivent couinant parce que trop lourde, je vois toutes les sardines pressées contre la boite. Je soupire un coup, faut que je rentre, même la pire des tares à des impératifs. Je vois un wagon presque vide, je traite les gens de cons, à s'entasser alors que y a de la place. Je prends mon QI de trente mille sous le bras, la porte s'ouvre, je rentre sans faire gaffe, et je pose un cul sur le strapontin au motif approximatif, entre un Vasarely et une radio du foie de Gainsbourg .

Il était là ce fils de pute, le même que le matin. Noté qu'au passage n'est rien contre sa mère. à croire qu'il attaquait encore, ne m'ayant pas tué en terrasse.

À part qu'il titubait un peu plus, c'était le même spectacle, une sale gueule puante sur un corps bancale. Sa salope de main crade ne voulait pas tenir sa pute de tète crade. C'était le combat du crade contre lui-même.

J'ai compris pourquoi y avait de la place. Nouveau reflexe de poisson mort, j'ai ouvert la bouche, deuxième tournée de je ne sais quelle saloperie le temps de rentrer chez moi.

Je suis descendu quand il avait fini de se pisser dessus, y a un moment, fallait que je garde de la place pour le diner.

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