Chroniques d'une sortie de route volontaire-8

romualdmartin

chroniques de ma promenade dans le monde des vivants

Ça devait être tranquille, j'avais suffisamment laissé trainer les yeux, râler, pester, lever mon poing contre les cons. J'avais le cul en terrasse, à regarder les poubelles d'en face. J'avais en tête que la hauteur de sacs d'ordures m'annoncerait sa mort à elle. Je ne les entendais plus baiser depuis une semaine. Je me suis dit qu'il avait enfin réussi à la buter. Elle jouissait la semaine, la tête tapant contre les murs et le week-end, il rentrait ivre et lui foutait tout ce qui lui passait sous la main à la gueule.

Là, elle dégueulait, la poubelle, mais la cour restait silencieuse. Je pensais à Bach et à ses violoncelles, le vent accompagnant le tremblement de cordes avant l'arrivée des pachydermes dans le magasin de porcelaine.

Les deux étudiantes posèrent leur cul duveteux sur la table d'à côté, reniflant presque tout le monde comme pour chercher un frère ou un ami de tisane. J'ai rangé le violon, pris ma plus belle cigarette, un de ses celles qui me mettra au trou et dans un mouvement de grâce, j'ai orienté ma chaise vers ses deux paires de loches et les visages juvéniles qui étaient posé dessus.

On échangea quelques mots sur la santé des uns et des autres, je fis une brèves présentation du haut de ma chemise élimée et sans classe. Elles m'expliquèrent que leur année étaient finie, qu'elles étaient à la picole depuis ce midi, que leur ventre hurlait famine et tout ça, diplômes en poches.

Je fis livrer trois pintes fraiches

Les pintes arrivèrent et, sans le vouloir, j'ouvris le bal. A peine de temps de leur première gorgée, la mienne était enterrée. Je pestais contre l'évaporation, mais cela ne fit rire personne, à part le taulier qui était content de m'en resservir une et qu'avait sa carte au PMU du bout de la rue.

Après quelques tournées, on a rigolé de tout, chier sur le reste. Je profitais des silences pour demander a Jean Sébastian de m'en rejouer une petite pour égayer le coucher de soleil qui se faisait désirer. La rouquine ne se sentait pas bien. On regardait les mots qui s'écrasaient sur la table, on fabriquait une réponse en faisant le tri et on prenait la peine de lui répondre.

Fin de fut en haut, pas de stock, un avant-gout du premier mardi d'après de la fin du monde.

On est passé à la cave, celle ou pour quelques balles de plus qu'une cervoise tiède on vous assassine d'un verre dont l'origine remonte à la première érection de mon arrière-grand-père. Si tu m'entends l'archi vieux, je boirais un verre pour toi.

Comme un con, je n'ai pas vu la pente et je suis resté en vitesses de croisière.

Apres quelques litres, je suis passé derrière le bar, j'ai changé la musique. Merde apres tout, on était là pour faire la fête pas pour se confondre transpirant dans la soupe.

Les gamines appréciaient, c'était le principal. Le serveur du jour les connaissait, il nous a laissé faire. Alors on a bu et on a dansé pour le remercier.

En ce qui me concerne, danser est un bien grand mot. On dit plutôt les soubresauts d'un crapaud mort dans le cul duquel on souffle avec ardeur. J'avais les bras qui partaient en traviole, essayant de ramener la plus jeune des deux sur le coin de ma bouche, possédé par une envie de lui lécher les seins.

Finalement mes bras sont restés lourds, puis c'est mon cul, il a été se vautrer dans un canapé. Je ne sais plus ce qu'a dit ma bouche mais je ne me levais plus, la bête était morte.

Jean Sébastian a rejoué sa musique jusqu'à chez moi. A six heures du matin, je lui ai dit d'arrêter, ça devenait chiant. J'ai fumé un dernier clope, caressé ses nichons du fond de mon slip, salit les draps et j'ai ronflé surement, je ne sais plus pour les ronflements, je dormais.

Signaler ce texte