Chroniques d'une sortie de route volontaire-9

romualdmartin

chroniques de ma promenade dans le monde des vivants

Ça devait être rien de plus qu'une soirée de beuverie. Personnellement, je n'étais pas parti pour embrasser encore le caniveau. Mon foie qui me faisait la gueule depuis dix jours. J'ai essayé de faire la paix, je lui ai fait des offrandes, moins de café, moins de clopes, du jus de citron, rien à foutre, il a continué à jouer l'ingrat et me faire chier liquide pendant plusieurs jours.

Pas deux mètres à pied sans avoir envie de chier, comme je n'ai pas de beaucoup de futal, je suis resté enfermé, cloitré dans mon petit cercueil en location.

Une des gamines m'a coincé l'apres midi en sortant du restaurant.

Un peu plus tôt dans la journée, j'avais l'anus qui ne pleurait plus, j'ai tenté le chinois. Bouffer chinois c'est comme une sale invocation quand t'as la chiasse, c'est comme tendre son anus au diable et jouer au poker avec la céramique.

J'ai eu quelques suées, elles sont passées avec le vent. J'ai bien vu bien au regard des cafards qui dormaient vers les poubelles que je ne n'étais pas bien. J'évite de me regarder trop dans la glace, je laisse ça aux trous du cul qu'on rien dans le ciboulot et sacralisent leur chair ? J'ai hâte de voir le temps faire son office et que leur muscles partent en gras, qu'ils se trouvent laids et se foutent sous un train ou une voiture.

Le restaurant se trouve à deux cent grands mètres de la porte de mon cimetière. J'ai trainé mes pattes fébriles par là-bas, serrant un peu les fesses, restant animé par la crainte de me chier dessus.

Elle était assise terrasse de café et m'a invité à boire des coups. Ça se lisait sur son front qu'elle ne voulait juste pas picoler seul, à moi de faire dans le social ce coup-ci. Normalement, dans ce genre de cas, je dis aux gonzesses de prendre un chien si ils veulent de la compagnie, d'autant qu'il leur lèchera la chatte surement mieux que je le ferais, question de largeur de langue.

Apres quelques pintes, j'ai cédé, forcé par la pitié, l'alcool et rassuré par le fait de ne plus me chier dessus tous les trois pas. Je n'ai pas le compas dans l'œil, c'est une mesure indicative.

On a circulé en ligne droite, portés par le vent de bière qui régnait sur la soirée. Elle était motivée la petite. Elle n'avait qu'une cible en tête, hormis celle de se faire sauter. Un cloaque où trainent les gens comme elle, les piercings posés fièrement sur la gueule, les tatouages dignes de peinture de camions que les beaufs faisaient quand elle n'était même pas au programme de ses parents.

On est rentré, y a pas grand monde, les gros bras préféraient brailler dehors, à se montrer leurs bites, pour savoir qui cognait mieux, qui buvait mieux. Je les prends tous à l'art de chier, j'aurais dû leur en parler, pas sûr qu'ils aient été motivé par ce genre de concours, ça faisait pas assez branleur de plage.

On a posé un cul, pris de la bière en pichet, c'est moins cher, mais malheureusement ça m'incite à boire. Tant de litres en train de se réchauffer, ça me fait mal au cul. Alors j'ai bu vite, la gamine à essayer de suivre, motivée par l'ambiance. Elle ne s'est pas démerdée pas trop mal.

Elle a gardé sa dignité tant qu'elle a pu, m'as foutu des gifles, a voulu que je lui écrase la main. On jouait tranquillement aux gamins de 14 ans quand il est venu jouer au prince charmant. On s'est retrouvé obligé de dire au gros nègre de la sécurité qu'on est volontaires pour se faire mal et qu'il ferait mieux de s'occuper des trois fachos qui viennent de rentrer.

Elle a profité que je le regardais partir pour me coller une mandale, traitresse.

La merde ne venait toujours pas, mais par contre coté envie de pisser, j'étais en bon chemin. J'ai laissé la petite sur place en lui servant son verre et j'ai trainé mon cul jusqu'au couloir ou se cachait les chiottes. Y a des jours où aller pisser dans les bars revient à remonter le courant, tu patauge parmi ceux qui cherchent un complice de pisse, ceux qui sont gênés d'avoir la vessie ras la gueule, s'en voulant de ne pas avoir été se vidanger avant. On est peu de chose face à l'urine.

Les gens sortaient des chiottes apres avoir lâché toute sorte de fluide. Je naviguais à vue, perdu dans les vapeurs d'alcool et le relent jusqu'à l'arrivée de l'iceberg. Hors de question de jouer le Titanic. Je me sers de mon gros bide en étrave pour lui rentrer dedans. Il a rappé le mur, m'a regardé méchamment, on ne désarçonne pas un vieux fou aussi facilement. Le couloir appartient à tous les sceaux de pisse et il ne voulait pas bouger son cul en me toisant du haut de sa jeunesse. C'était bien de lui faire comprendre que les vieux comme moi emmerdent les jeunes prétentieux comme lui.

« Et le pardon ? Tu vas le sortir de ton cul ? »

Il s'est retourné, à garder la pardon au bout de ses poings et s'est cassé.

Une fois vidé de part et d'autre et la rondelle propre comme au premier jour, je suis retourné m'assoir. La gamine, évidemment , s'est mise à taper la causette a la table à coté, deux petites pucelles de métallo, se défonçant a l'Icetea et fumant des clopes sans nicotine. A croire que c'est une manie quand t'as vingt piges d'haranguer le premier qui passe, pas foutu capable de rester en place.

Y a un des deux qui se prenait pour un mec cool, juste un sombre connard qui voulait absolument me parler. Dès que t'es gros, énervé contre la moitié de la planète, t'as tout un tas de lopettes qui veulent être ton pote. Je n'emmerdais personne le nez dans le verre, mais il insistait ce con. Je lui ai dit gentiment que je lui devais rien et surtout pas la parole. Il a lâché l'affaire, vexé que sa magnificence me donne juste envie de le foutre dehors à grand coups de pompes, mais bon, il pleurnichera dans son plumard sous ses posters de midinette aux cheveux longs.

La petite a causé musique avec les deux demi molles, le truc dont je me contre branle quand il s'agit de savoir quelle chapelle est mieux que l'autre. J'en ai profité de ne plus prendre de tarte pour regarder les gueules de ceux qui rentraient péniblement. J'avais payé mon ticket pour le zoo après tout.

Deux tables plus loin, le voilà qui s'assoit, enfin qu'elle s'assoit, sapée comme une secrétaire de mauvais films pornos. Elle lève sa petite jupe bleue, montrant à tout le monde ses cuisses d'ancien cycliste mal rasé. Elle se retouche ses fausses loches, ajuste ses lunettes pour faire salope, prête à sucer de la queue contre un petit billet.

On ne m'enlèvera jamais de la tête qu'il a des gens aux projets de vie surprenant.

Je la regardais faire son petit manège entre deux lampées. Elle a sorti sa langue d'entre ses dents pourris et a lentement lécher sa lèvre supérieure. C'était censé m'exciter. En fait j'ai tout de suite pensé à une moule qui cherche du sel sur une table.

Je tourne la tête, je reparle avec la petite faisant fuit les deux pucelles. Les litres avancent, je me reprends une envie de pisser. Même rituel, je lui en sers un, et je pars remonter le courant.

Je me retourne rapidement et je m'aperçois que j'ai la secrétaire collée au cul. Arrivé devant la porte, je lui fais comprendre gentiment que je pourrais lui défaire sa perruque d'une paire de claques et qu'il faudrait mieux qu'elle se casse essayer de sucer ou d'enculer quelqu'un d'autre. Elle se rajuste, renifle un coup et sort du rad pendant que je pisse.

Avec ce que j'avais à pisser, elle aurait eu le temps de finir ses mots croisés.

Je suis sorti vainqueur sans trop en foutre partout. J'ai regardé mes mains crades, légèrement agrémenté de parfum de bite, il avait fait chaud encore aujourd'hui. Je me suis lavé les paluches, effleurant la civilisation. Je n'aime pas les mains mouillées, c'est chiant pour les clopes, les nichons et le verre glisse une fois sur deux. J'ai allumé le souffleur, passe longuement mes mains en dessous. Ça ne voulait sécher les mains les plus fières de l'univers, encore un complot de l'industrie qui milite pour le progrès de merde.

Derrière moi, Y eu une petite voix qu'a essayé de me faire une leçon de vie, j'ai tourné la tête, on ne sait jamais de quoi est capable son interlocuteur, surtout dans un troquet ou personne ne tient debout correctement. C'était un petit cancre, le chapeau vissé sur la tête qui s'est mis à m'expliquer que ce genre d'appareil créé plus de bactéries qu'autre chose, tant que ça me fout pas des morpions, qu'est-ce que tu veux que ça me foute. Bref, il a essayé de me ramener dans le divin chemin de l'hygiène éco responsable de la serviette en papier, je lui ai gentiment fait comprendre que ce n'était pas la peine de s'angoisser que je finirais bien par trouver un con sur lequel m'essuyer.

Il avait une sorte de veste mal taillé, on aurait dit une serviette de plage, j'avais mon con. Je me suis essuyé les mains sur lui en lui souriant et je me suis cassé.

A priori il a pas apprécié, y a son pote, une sorte de pd qui se prend pour Conan qui a passé le reste de la soirée à me regarder de travers depuis l'autre bout du bar. Je l'ai salué en levant mon verre et je suis retourné à des trucs plus intéressants, attendant que ces trois fachos là retrouvent les couilles dans la chatte de leurs mères, boire des bières en charmantes compagnie par exemple.

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