Chute de neige sur le Nord

Pascale Pontoreau

LOU SANDERS est la fille improbable d’Obama et de Carla Bruni. Métisse à la peau assez claire, elle a le teint d’un cappuccino. Ses cheveux souples tombent en longues mèches brunes. Elle a de grands yeux vert d’eau qui pétillent autant d’intelligence que d’humour. Quand Lou regarde un homme, il perd rapidement ses moyens. Pourvu qu’elle insiste, il lui offre la lune. Cette femme-là a du chien même au réveil après une nuit d’avion.

Ses jambes, longues et athlétiques, ont la finesse et la grâce des pattes de gazelles. Galbées dans des La Perla diaphanes, chaussées de Louboutin aux talons vertigineux, elles font pâlir les top modèles. Elle ne marche pas, elle glisse. Son pas chaloupé la conduit n’importe où, des plages exubérantes du Costa Rica aux couloirs surannés du Pentagone, avec la discrétion du chat. Son 38B s’accommode parfaitement de sous-vêtements de dentelle. Ses seins sont fiers et fermes, le mamelon tendu au moindre courant d’air de plaisir. Elle aime quand un homme les pince avec une pointe de fermeté et rugit de contentement quand il les embrasse goulûment.

Elle est née dans les années 80 et porte une trentaine avertie, sevrée de tous ses dangers. Si elle apprécie les courbes racées des puissantes berlines, son intérêt pour les voitures tient dans leur seule capacité à la déplacer d’un point A vers un point B. Elle a plutôt peur en avion, appréhension qu’elle apprivoise grâce à sa longue pratique du yoga et de la méditation. Spécialiste en arts martiaux, elle s’est récemment initiée au Krav Maga, une technique d’autodéfense élue par le Mossad pour sa redoutable efficacité. Malgré tous les précieux attributs qui lui ont permis de gravir les échelons de la très stricte hiérarchie du contre-espionnage, Lou Sanders se distingue aussi pour des colères telluriques qui l’emportent quand elle se sent menacée. Mais bon, on ne peut pas avoir toutes les qualités!

CHUTE DE NEIGE SUR LE NORD

Tout est beaucoup trop calme dans cette cabane au Canada où Lou Sanders a décidé de venir s’initier à la chasse à l’ours. Ses patrons l’ont mise au repos après une mission particulièrement périlleuse dans un Moyen-Orient en ébullition. Elle se plaît à regarder le ciel d’un bleu limpide, simplement zébré du vol des Bernaches en partance vers le Sud. L’automne est relativement doux, même si chaque matin, l’herbe est invariablement blanchie par la gelée. Elle est arrivée dans ce bout du monde frileux avec son ami Paul Leblanc, cavalier émérite rencontré intimement au lendemain du rabattage de mustangs sauvages en Arizona. Alors qu’elle applique consciencieusement du vernis à ongles Chanel sur ses orteils, un ronronnement la tire de sa rêverie. À basse altitude, un bimoteur sortit de nulle part survole soudain la zone reculée. Il n’a pas de flotteurs, il n’amerrira donc pas. Lou le guette du coin de l’œil, surveillant de l’autre le vernis qui sèche. Soudain, elle entend des cris… Puis, distingue clairement le bruit d’une chute dans l’eau, avant d’apercevoir le petit avion s’éloigner. Étonnée plus qu’inquiétée par cette attraction inattendue, Lou maintenant frissonnante, rentre dans la pourvoirie pour retrouver avec appétit le repas et le corps de son amant Québécois.

Pendant la nuit, alors que Lou et Paul ravivent avec fougue le souvenir de leurs ébats, un essaim de quads vrille le silence environnant. Habillés en un clin d’œil, les amants sortent dans l’obscurité totale et partent en direction de puissantes lumières qui éclairent la nuit. Dissimulés dans une cabane de chasseurs perchée dans les branches, ils découvrent une vingtaine d’hommes qui récupèrent d’encombrants ballots pour les tirer jusqu’au rivage. Des moteurs actionnent une génératrice. Les lourdes vestes de cuir identifiées du logo d’une locale maffieuse arborent des casquettes vissées à l’envers et un arsenal d’armes d’assaut.

Bien qu’officiellement en vacances, de retour à Montréal – réflexe professionnel oblige – Lou décide de tirer les choses au clair. Paul lui présente Vincent Lacoursière, un journaliste qui tourne depuis longtemps autour du crime organisé et des maffias. Tous les deux, ils vont fouiner partout. D’une question à l’autre, leur hypothèse prend forme, quand Lou se fait attaquer devant un club bien connu des milieux interlopes.

Laissée pour morte, la sublime métisse se retrouve à l’hôpital. Si l’un des deux policiers qui viennent l’interroger, est subjugué par les courbes de son sein, l’autre ne s’intéresse qu’aux 10 grammes de cocaïne et à la pile de documents en cyrillique retrouvés dans son sac. Il l’accuse officiellement de possession de drogue et demande son arrestation immédiate.

Menacée de mort et d’emprisonnement, Lou ne voit d’autre solution que mener son enquête par elle-même. Avec l’aide de Paul et de Vincent, elle s’enfuit de l’hôpital pour retourner à la pourvoirie. Cette fois, ils n’utiliseront pas l’hydravion trop facilement repérable et lui préfèreront le quad. Une fois arrivés sur les lieux, un comité d’accueil les attend.

Parvenus à s'enfuir en courant dans la forêt, ils sont rattrapés peu de temps après, puis emmenés au bar de la taverne du plus proche village. Là, ils serviront de monnaie d’échange entre les Hell’s Angels qui les tiennent, leurs copains Russes qui font rarement dans la dentelle et le clan sicilien qui règne sur le fructueux trafic.

Plus elle avance dans ses recherches, plus Lou mesure la hauteur du mur devant elle. Diplomates corrompus, politiciens véreux, services secrets, maffias locales et étrangères, sont tous mêlés de près ou de loin au trafic de cocaïne en provenance d’Amérique du sud. Avec ses grands espaces et la discrétion de sa pègre, le Québec est devenu leur terrain de jeu.

Pour sortir de l’impasse, la longue métisse devra fait preuve de vigilance. Autour d’elle, l’étau se resserre. Recherchée par la police, harcelée par les gangs maffieux, elle devra s’assurer de la fidélité de ses complices et agir vite pour démanteler ce réseau de trafiquants qu’elle devine de plus en plus gros.  Quand Vincent Lacoursière se fait lâchement abattre à bout portant en plein centre-ville, elle n’hésite plus un instant, elle passe en mode « action »

ACTION

... Et bien maintenant, ils sont fixés. Les lourdauds qui leur servent de geôliers ont peut-être des gros bras, mais avoir une bite dans le cerveau ne leur réussit pas. Reste que… Ils ont beau s’être débarrassé de ces primates, il faut trouver la sortie malgré l’obscurité totale qui règne dans la pièce. À quatre pattes, Lou avance en tâtonnant pour finalement trouver une porte. Paul et Vincent la suivent de près. Ils l’ouvrent le plus doucement possible. Un escalier plus loin, ils n’ont toujours croisé personne. La voie est libre. Ils s’échappent d’un pas élastique dans la forêt qui enveloppe la maison.

La fine bruine qui est tombée toute la journée a obscurci le ciel. Il n’y a pas l’ombre d’une lumière à proximité. Même la lune est absente, privant les fugitifs de son précieux éclat. Ils marchent avec un rythme de plus en plus soutenu quand ils entendent les moteurs des quads qui démarrent. Perdus sous les arbres, dans des chemins de terre boueux, ils seront rattrapés dans quelques minutes. Lou refuse de céder à la panique qui saisit ses acolytes au ventre. Elle tente de se concentrer pour retrouver le chemin qu’ils ont emprunté la veille. Ils n’ont plus rien sur eux, pas une allumette, pas un couteau. Ils avancent sur les cailloux, se tordant les pieds entre les rochers, butant sur les racines affleurantes. Les tout-terrains se rapprochent. Ils vrombissent dans le noir. Pour leur échapper, les pas accélèrent. Les pouls aussi.

Alors que Lou Sanders entraîne ses amis à un rythme qu’ils ne connaissent guère, le chemin s’enfonce soudainement. Devant eux, un lac. Derrière eux, des truands frustrés d’avoir perdu leur proie. Ils tentent d’avancer, mais le fond sablonneux engloutit leurs pas. En quelques enjambées, ils ont de l’eau en haut des cuisses. N’écoutant que son intuition, la jolie métisse bifurque et longe les arbres. – « C’est un lac de débordement provoqué par les barrages de castors. Il ne doit pas être trop large, » glisse-t-elle furtivement aux hommes restés sur le rivage. « Venez ». L’eau, moins profonde, atteint leurs genoux. Dissimulés, sans traces apparentes, ils attendent l’arrivée imminente des quatre roues. Soudain, tout se précipite. Paul est heurté par un tronc mort qui flotte. L’onde se répercute laissant soupçonner sa présence. Instinctivement, Vincent recule, perd l’équilibre et s’assomme avec une branche. Un instant plus tard, les deux hommes, paralysés par le froid et l’humidité, font face aux puissants phares des quads et aux canons des Mk. 18 pointés sur eux.

Lou Sanders est déjà loin. De l’autre côté du lac, elle court vers la seule maison qu’elle distingue. Elle s’approche à pas de loup. Toutes les lumières son éteintes. Elle fait le tour puis s’avance vers un garage en planches de bois. Un rais de lumière filtre sous la porte. Les mouvements qu’elle entend après avoir frappé laisse présumer que les occupants ne s’attendaient pas à être dérangés. D’un coup de pied, elle fait voler la porte. Dans le faisceau d’une lampe de poche, quatre caricatures de Siciliens la regardent, armes en main.

ÉROTISME

… Paul est devant elle, un verre de  Zinfandel californien à la main. Il l’observe. Le regard qu’il lui lance ne laisse aucun doute sur l’effet qu’elle lui fait. En quelques instants, Lou revoit leurs escapades amoureuses. Elle ne l’a jamais oublié. Le rôti de chevreuil attendra!

Elle a à peine le temps de se poser des questions sur le déroulement de la soirée qu’il la prend par la main et l’entraîne. Quand ils arrivent dans la chambre, Lou n’hésite pas longtemps, elle l’embrasse doucement, fermement. Elle sent son corps réagir instantanément. Leurs langues se cherchent, se touchent, s’enlacent, s’entremêlent et s’éloignent pour mieux se retrouver, elles entament un ballet dont elles seules connaissent l’issue. Lou ne retient plus sa main et la glisse sans contrainte sous sa large chemise à carreaux. Sa peau s’éveille comme une fourmilière. Elle entend ses soupirs s’amplifier, son corps se cabrer légèrement, ses mains la chercher. Quand elles saisissent ses fesses, Lou laisse échapper un cri de plaisir. Pour un peu elle bramerait!

Leurs cœurs accélèrent, leurs mains ne cessent de se harceler. Leurs vêtements ne sont plus qu’un souvenir.

Lou caresse la verge de Paul maintenant suppliante, tandis que les lèvres de son amant la happent et qu’il laisse courir sa langue le long de son cou. La main de la métisse serre maintenant le membre dressé et s’assure de son plaisir. Sa bouche quitte celle de Paul pour se glisser le long de ton torse. Lou s’arrête sur son ventre, pour descendre encore. Elle engloutit enfin son sexe juste un peu. Elle joue, s’avance, recule, revient. Elle vibre à l’unisson tout en essayant de freiner les sensations qui gonflent en elle.

Soudain, Lou n’en peut plus, elle le veut en elle. Elle veut le sentir au plus profond de son corps, qu’il explore son univers trouble et accueillant. À peine se glisse-t-il dans son con qu’elle enfonce les doigts dans sa chair. Son cœur tempête avec cet intime va-et-vient. Pourtant, il se retient aussi et se dégage d’elle coulant de leurs sucs voluptueux. Ils continuent leur chevauchée et il fait un nouveau passage dans sa bouche tandis que la sienne honore ses profondeurs.

Lou crie qu’elle ne tiendra plus longtemps. Il sent l’imminence de sa soumission au plaisir, il la retourne et prend un temps infini pour la pénétrer. Il tient fermement ses fesses, accroche ses hanches et se rapproche d’elle. Le contact de leurs peaux catalyse leurs sensations. Il suffit qu’il accélère ses mouvements pour qu’ils se retrouvent dans une extase partagée. Ça les a pris de court, c’est presque venu trop vite. Ils se sont laissés submerger, dépasser, entraîner par un moment fou.

Paul se lève et la laisse échevelée. Lou ne sait pas précisément à quel moment il est parvenu à enfiler un préservatif, mais elle le voit l’enlever et le mettre à la poubelle. Elle ne s’est rendue compte de rien. -30-

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