City Hall

moth

Prologue

 -City Hall Security. Tout va bien, monsieur le Ministre ?

Comme à son habitude, le Ministre des finances était assis à son bureau, occupé sur sa machine à écrire. Vêtu de son peignoir, il avait un crâne dégarni, la moustache habituel de l'homme d'affaire et des lunettes sur le nez. L'on pouvait lui facilement lui donner une soixantaine d'année, il était plutôt petit par rapport aux autres personnes du ministère. Mais il était quand même très apprécié des femmes, dont il avait l'habitude de côtoyer "de près". C'est ce qui lui avait valu une certaine réputation. Malheureusement, il savait qu'elles n'étaient pas intéressés par son incroyable beauté qui lui faisait défaut, mais plutôt par son poste, qui lui attribué une certaine fortune. Quand à son peignoir, comme l'on pouvait s'y attendre, il était de marque, orné à la façon luxueuse. Dessous, il avait le costume typique des gens travaillant dans la finance : chemise blanche, surplombé d'un polo assorti, agrémenté de la petite cravate noir. Mais revenons plutôt à son occupation. La quantité impressionnante d'actes à taper lui prenait toutes ses soirées, à telle point qu'il vivait quasiment dans la grande pièce qui lui servait de lieu de travail. Cette pièce, tout en passant, était très grande, garnis de meubles luxueux, qui laissaient quand même un sentiment de vide dans le bureau. Comme l'on pouvait s'y attendre, cela lui allait très bien, et il ne demandait rien de plus, ses sièges en velours et son bureaux en bois d'ébène lui suffisait. Mais il avait quand même céder à quelques caprices, et avait de son lieu de travail une véritable suite. Inutile de la décrire, vous aurez bien compris qu'elle n'était pas des moindres en matières de luxure.

Quand la voix retentit dans l'interphone, il ne fut pas surpris. La ronde quotidienne de la sécurité lui imposait le fait de devoir manifester sa présence toutes les heures. Même si cela avait un côté dérangeant, il savait que c'était pour son bien et que tant que cette démarche aura lieu, sa vie ne sera pas en danger. Et, il fallait leur donner une réponse, ou ils allaient arriver d'une minute à l'autre dans la pièce. Alors, il appuya sur le bouton de l'interphone, pour pouvoir être entendue, et leur répondit l'habituel parole.

-Parfaitement, veillez simplement à ne plus me déranger ce soir, s'il vous plaît.

-Entendu, Monsieur.

Alors, l'homme se leva de son confortable siège, et prit une tasse de thé qu'il avait préparé plutôt dans la soirée. Il se dirigea vers la gigantesque fenêtre qui donnait sur la ville. De nuit, l'on pouvait savourer son incroyable beauté, produite par les lumières émanant des fenêtres de chaque immeuble. L'on ne s'en lasser jamais, car, au clair de lune, l'on avait l'impression de découvrir cette ville à chaque fois. C'est cette sensation que le Ministre éprouvait tous les soirs quand il s'adonnait à cette routine.

Alors qu'il porta à sa lèvre sa tasse de thé, tout en contemplant la ville, une feuille de papier apparut à la fenêtre. Sous l'effet de surprise, il laissa tomber sa tasse, et commença à s'écrouler. Mais il n'eut pas le temps de finir sa chute, qu'un énorme poing blanchâtre transperça la vitre, et l'attrapa. Ce poing détruisit toute la pièce, envoya valser les meubles, les bureaux et plein d'autres choses dont je ne citerait pas le nom, tellement la liste est grande. Il resserra son emprise sur le ministre, jusqu'à lui briser les côtes. Mais il ne périt pas pour autant, fort heureusement.

Sur le toit du bâtiment d'en face, se tenait un homme. Grand, vêtue d'une longue veste blanche, il tenait entre ces mains le même manuscrit qu'avait aperçue le vieil homme. Sur ce papier, l'on pouvait distinguer ces écrits :

"Gigantesque, robuste, pourvue de jambes solides, de bras puissant et de poings de boxeur, Créature avait tout d'un Néphilim décharné."

Tout nous indiquait que c'était le porteur de cette même feuille qui était à l'origine de cette description, qui correspondait à merveille avec la créature responsable de l'attaque sur le bâtiment du membre du Gouvernement. De l'extérieur, l'on pouvait la discerner plus en détail : de la taille d'un colosse, elle était tout aussi blanche que son poing, avec une tête vide de toutes humanités, avec seulement de léger trait sombre partant de son menton. Son corps était osseux, avec pour office de dos, une large colonne vertébrale. Il était la représentation même de ce que l'on pouvait appeler un squelette. Et son bras, long, large, et puissant, était toujours dans le bâtiment, passant par le trou qu'il avait créé précédemment.

C'est a ce moment là que tout changea. A ce moment là que Londres changea a jamais, que le monde changea a jamais. Le mystérieux spectateur sortit un briquet de sa veste, et l'alluma. A la lueur des flammes, on put le discerner un peu mieux. Il avait un masque en acier, pourvue de quatre sortes de yeux. Ses cheveux, ressemblant plus à des plumes qu'a des capillaires, étaient sombre, aussi sombre que la nuit, comme le plumage d'un corbeau. Ses mains étaient gantés de noir, ses vêtements d'un blanc éclatant, avec un bandage noir lui couvrant le bas du torse. A sa ceinture se trouvait un crayon, accolé à une sacoche de cuir, contenant un carnet. Chaussé de noirs, l'on ne saurait dire si cet personne était un homme ou une créature, mais ce n'est pas encore l'heure pour les réponses. Il approcha le briquet du papier, et il se consuma instantanément, en même temps que le colosse, qui implosa sur le champ, entraînant le ministre des finances avec lui.

Tel était la fin de sa vie, une fin incommensurable, que l'on jugerait de fantaisistes, si ces phénomènes ne redoublèrent pas d'intensité les mois suivants. Seulement, tout cela n'était pas encore arrivé. En cet instant, cela fut juste la fin de de la nuit, la fin du réel, la fin de notre époque. Car il était loin d'en avoir terminé, contrairement à la nuit, qui se finissait sur cet incroyable vacarme, entraînant le réveil de la plus grande ville d'Europe.

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