Clara

Nantes, 13 avril 1598 

Henri IV promulgue l'édit de Nantes, pour mettre fin aux guerres de Religion qui ravagent le pays depuis 1562 -particulièrement la huitième guerre, commencée en 1585 

L'édit accorde aux protestants des droits religieux, civils et politiques, dans certaines parties du royaume. Le trésor royal leur verse un subside annuel 

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Fontainebleau, 18 octobre 1685 

Louis XIV révoque l'édit de Nantes 

Des protestants (huguenots) des Cévennes, les camisards, mènent une insurrection (1702-1710) contre les persécutions qui suivent la révocation  

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Lozère. Les Cévennes, vallée des Gardons 

L'après-Mai 68. Les années 1970. Un lieu d'installation pour les jeunes, en rupture avec la société de consommation. L'authenticité de la nature ; l'agriculture raisonnée, le développement durable, le tourisme vert  

Quatre villages 

Maisons en pierres sèches. Cabanes isolées 

Châtaignes. Plantes aromatiques et médicinales  

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Dans le village cévenol, la jeune femme (19 ans) vit une vie presque normale 

une famille. Des camarades de classe, des amis 

2004. Le père loue un deux pièces dans la maison de Daniel 

le hameau n'est pas visible depuis la route ; un ruisseau sépare le terrain de la forêt 

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Des années après, Daniel surprend la jeune femme, lors d'une tentative d'effraction 

« Elle est venue ici plusieurs fois, pour tenter de squatter dans le grenier. » 

« Une sorcière, habillée de noir, sans aucune conversation. Ça fait peur. » 

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En contrebas de la maison, Jean-Pierre et son père Sully coupent du bois 

« Je connais l'histoire. Je la connais, elle aussi. Je l'ai même logée chez nous. Elle a fait un choix. 

Sa mère l'aide beaucoup. Elle lui porte à manger. L'été, pas de problème, il y a des fruits. Des jardins potagers, partout où elle se trouve. Elle trouve à manger.  

Mais les périodes d'hiver sont un problème. Sa mère l'aide.  

Jusqu'à présent, elle ne faisait fait du tort à personne.  

Elle s'infiltre dans les maisons. Elle rentre dans les maisons, non pas pour commettre des actes de vols, mais pour se nourrir ou s'habiller.  

Le problème, elle casse, ou au moins fracture, pour rentrer. Elle fait des dégradations, pas importantes.  

Moi-même, j'ai supporté des choses pendant longtemps. Dans l'une de mes locations dans les montagnes, elle a cassé un carreau, pris de la nourriture, des habits. » 

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« Elle m'a dit une, une fois, qu'elle voulait se désocialiser. Elle me l'a dit à plusieurs reprises. À une certaine période, elle vivait avec un bandeau sur un œil. Elle avait un foulard. Elle le mettait sur son œil. Elle m'a dit : "mais moi, je veux, je veux devenir borgne". 

Non, elle n'est pas folle. Elle aime sa liberté. Elle est intelligente. Elle m'a laissé plein de mots, sans aucune faute d'orthographe. Elle a toujours été correcte envers moi, ou envers ma famille. Je n'ai jamais eu de problème. 

Elle fait partie de notre vallée, on la respecte. Si on peut rendre service, il y en a plein de gens qui laissent des choses. Des vêtements, des couvertures, à manger. Elle fait des dégâts, parfois, dans les maisons. On ne peut rien faire contre elle. Ils ne la trouveront jamais. Elle doit être trop maligne. » 

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2010. Il y a quatorze ans, Chantal arrive avec son compagnon  

elle s'installe dans la vallée, à quelques kilomètres de la maison de Jean-Pierre  

au bord de la route, elle ouvre un gîte  

« J'ai appris l'histoire par sa mère. Sa fille a été choquée par les choses dans la vie. Du coup, elle ne voulait plus côtoyer les êtres humains. Elle est partie dans la nature.  

Sa mère lui met à manger, de temps en temps. Des cachettes, dans les bois. Des gens aussi mettent des choses, pour qu'elle puisse manger, l'hiver.  

Elle cambriole un peu, pour récupérer des couvertures, pour manger. Elle ne fait de mal à personne. » 

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Un élu local souhaite conserver l'anonymat 

« De nombreuses réunions ont été faites avec les victimes. Peut-être un problème psychiatrique. Pour l'instant, aucun psychiatre ne s'est prononcé, dans la mesure où l'on ne la rencontre pas. 

Des gens se plaignent. Ils souffrent de cette situation. Ils se sentent agressés, dans leur choix de vie. Tout le monde est un peu troublé. Se pose des questions. On ne sait pas répondre. Non, je ne sais pas. La plupart d'entre nous, ne savent pas.  

Cette jeune femme a une difficulté dans le rapport à l'autre. Elle est installée dans une défiance, un problème humain. Peut-être un problème lié à notre société, à la dureté de notre organisation sociale. Notre société exclut un certain nombre d'entre nous, avec une certaine violence sociale. » 

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De nouveaux arrivants. Autre génération, autre culture. Ils vivent parfois de la terre, mais pas toujours 

Certains équipent leur domicile de caméras de surveillance  

Des plaintes à la gendarmerie 

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Octobre 2023, soir. Clara (38 ans) s'approche d'une maison  

alerte caméra. La propriétaire téléphone aux gendarmes  

Clara est interpellée. Intrusion. Flagrant délit 

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Clara est amaigrie. Affaiblie 

2009 (24 ans) - 2023 (38 ans). Clara, quatorze ans dans les bois 

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Vendredi 9 février 2024. Tribunal judiciaire de Mende 

Irresponsabilité pénale 

L'affaire est classée sans suite  

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Saint-Alban-sur-Limagnole. Centre Hospitalier François-Tosquelles 

Clara (39 ans) est prise en charge par l'unité psychiatrique