Clémentine

Patria Campos

Il m’arrive
par des moments d’insolence
d’offrir mes lèvres entre ouvertes
à un quartier de clémentine.

Le serrer piano piano
et sentir une première goutte
glisser sur la lèvre inférieure
et déborder par les commissures
mais ne pas la laisser tomber,
l'en empêcher affreusement
avec le bout de la langue
sans que mes lèvres perdent
le contact avec ce quartier
maintenant explosif.

Faire de mes lèvres
une matière encore plus pulpeuse
pour serrer à nouveau secrètement
et sentir cette pluie éclatante
s’emparer de mes fibres gustatives.

Il m’arrive
par des moments d’insouciance
d’offrir mes lèvres gonflées d’envie
à un quartier de clémentine.

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