Ivresses séniles

Lettre II  . Ivresses séniles .

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Samedi 10 octobre 2015. 13.28

      Voyez mon amie, je reviens à mes amours anciennes, j'écris des lettres, mais là je ne les envoie plus ni à une madame de Grignan, ni à une âme levée sur le web, ni à des madame ***, et ne les mets pas dans une bouteille... Je bluffe ...

     Non je les mets sur Google Drive ou One Drive, dans un Cloud... 

     Aujourd'hui, je suis soyons lucide dans mon couloir de la mort, qu'importe qu'elle vienne me chercher demain ou après demain, rien à préparer, elle ne me demandera ni carte d'identité, ni ma carte vitale ...

     Car je ne peux plus aimer, je ne peux plus avoir de projet, je ne peux que jouer le conjoint, le père, le grand-père, m'esbaudir lorsque l'enfant paraît ...

     Regarder le bulletin météo, manger, dormir, prendre mes comprimés ...

      Plus jamais une Muse me dira comme jadis dans une nuit de Mai, d'octobre ou de décembre, " C'est moi ton immortelle, qui t'ai vu cette nuit triste et silencieux, et qui, comme un oiseau que sa couvée appelle, pour pleurer avec toi descends du haut des cieux ...

     Qui me dirait encore ; " Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu. Eveillons au hasard les échos de la vie. Parlons-nous de bonheur, de gloire et de folie. Inventons quelque part des lieux où l'on oublie ; Partons, nous sommes seuls, l'univers est à nous ... 

     Non mon amie mes muses sont aujourd'hui les héroïnes américaines de Netflix Juliette Barnes, Rayna, Scarlett O' connor, les Norma, les Bradley, les Pipper et cent autres ...

       Effacées, oubliées, les Lucie, les Marion, les Barberine, les Silvia, les Manon, les Cynthie, les Suzon et les Mimi Pinson, les Elise, les Lou, les Madeline, les Louise de Coligny, les Emma, les Madame de Rênal, et la Princesse de Clèves, Juliette, Adélaïde ... 

      Amours passionnés, coeurs déchirés, désastres sentimentaux, qu'importait, que vos lèvres m'étaient douces ... 

      Voyez mon amie, où m'entraînent mes ivresses séniles, au moins le Cloud en conservera t-il la confidentialité ...

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