comme cette façon qu'ont les chats de partir pour crever

surletrain

Endroit et moment prévisibles à l'image cyclique et routinière du quotidien des vieux loups...

Cette façon dépossédée de demander de l'attention, de t'en justifier alors qu'il n'y a pas lieu (car tu sais tristement que c'est ma bienveillance qui te répond désormais) me rend spectatrice de la condition humaine dans ce qu'elle a de plus violent. Quand l'un tendait l'autre joue après avoir été giflé, je t'ai envoyé sur des roses sans épines avec l'humanité d'une sainte, alors que l'amour s'en allait sournoisement. Il n'y a pas tout de mauvais en toi. Il y a des merveilles en toi. Mais il y a assez de maladresses pour te mener à la solitude, enfant meurtri, jeune homme emprisonné pour avoir essayé de s'en sortir, on ne t'a pas laissé de chance, et je chéri ce prince de la cuisine que tu es devenu. Tous tes bons sentiments y passent, et on les sent dans la bouche des riches qui viennent s'extasier sans daigner regarder vers toi, toi qui mérites d'être en fait à leur place tant ton talent est immense et la reconnaissance faiblarde. Beau comme un elfe que le temps a finalement assez bien ménagé... J'ai de la peine à te voir vivre, tanto comme un vieil homme dans une extrême détresse, tanto comme un enfant victime des émotions qui le traversent (tu en donnes un peu pour que je sache) mais il n'y a plus de doute sur la victoire de cette salope de pitié sur le reste.

Après un vif incisif chagrin amoureux, le sentiment que j'éprouve dépasse en réalité toutes les peines. Je tente de guérir quand tu as en fait jeté l'éponge bien plus que sur notre histoire. Ta souffrance est infinie, et pourtant … Quand ton cerveau se braque et se ferme, je regarde tes pas qui s'éloignent pour pleurer ; c'est comme cette façon qu'ont les chats de partir pour crever, tu as cet instinct magnifique, cette pudeur atroce qui te permet de traverser les échecs sans jamais compter sur personne et sans jamais t'en remettre vraiment. Je ne vois plus d'homme, je ne vois même plus d'être sexué, je pensais innocemment que c'était la mort de l'amour mais j'ai devant moi l'image silencieuse et effrayante de ta mort toute entière.

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