Comme quoi, hein.

S'il y a bien une chose que j'ai appris dans ma vie, c'est que rien n'est jamais complètement fini mais que tout finit toujours par passer.

Personne ne nous apprend à tomber quand on est petit, on nous apprend - avec plus ou moins de succès - à nous relever, à nous soigner ou à (ne pas) pleurer. Je tombais souvent, je n'ai pas le souvenir d'avoir chouiné mais je me souviens de mes cicatrices sans me souvenir de mes chutes. Je trouvais ça rigolo, le processus de guérison, cette peau abimée qui finissait par cicatriser toute seule. J'avais vu un épisode de "il était une fois la vie" à ce sujet où le personnage à la longue barbe et ses petits acolytes m'avaient tout expliquer, c'était simple: le corps repère la destruction et un bataillon de cellules fraîches et saines se mobilise pour se diviser, migrer et combler la blessure. Easy.

Personne n'apprend à notre corps à faire ce genre de trucs et j'ai compris très vite qu'un seul organe ne guérissait jamais tout seul: le coeur. Enfin si, après les infarctus de mon père j'ai compris le fonctionnement du truc, mais je te parle de choses plus insaisissables. Le coeur lui c'est un putain de muscle fascinant t'as vu, mais sans quelqu'un qui lui donne des ordres il n'existe pas. Une carpette, un exécutant, incapable de prendre des décisions tout seul. Alors très vite je me suis intéressée au cerveau, c'était lui le boss. 

Je devais avoir 8 ans et je posais un tas de questions très chiantes à mes parents et pourquoi le cerveau c'est moche et comment il fonctionne il y a des fils qui le relient ailleurs et comment ça se passe si les fils se coupent et pourquoi des gens mangent le cerveau des animaux (<-- enfant traumatisée).

Et puis ma grand mère a eu un accident de vélo. Un mec ouvre sa portière alors qu'elle roulait, elle vole par dessus. Traumatisme crânien, des semaines de coma, des cicatrices, une amnésie. Tu vois que la vie est bien fichue, je me posais des questions et voilà qu'on m'offre le premier évènement traumatisant de ma vie qui va me permettre de répondre à mes interrogations d'enfants. La vie n'est donc pas qu'une chienne, tu vois.

Puis à chaque fois que tu tombes et que tu butes sur un problème, soit sûr qu'elle te mettra dans des situations pour comprendre, et si tu ne comprends toujours pas, et si tu souffres encore, alors tout se répètera. La putain de voiture et sa portière t'enverront à l'hôpital autant de fois qu'il le faudra.